• Aucun résultat trouvé

Comités de

gestion

Féderation

Extraction de ressources Décisions de gestion Information

forêts sacrées est similaire dans tous les villages d’un même groupe. Le dispositif final de l’étude comprend donc 6 villages (Figure 14).

Nous avons ensuite rassemblé les données primaires et secondaires sur les villages étudiés. Les données primaires sont le résultat d’entretiens menés pendant la période de juillet à octobre 2003. Dans chaque village, 10 membres des comités de gestion ont été interrogés. Il s’agissait d’entretiens semi directifs, réalisés en kannara (la langue vernaculaire de la région), avec une grille d’entretien servant de guide aux enquêteurs.

L’objectif de ces entretiens était double :

• Vérifier l’existence éventuelle d’un système informel d’information sur l’état des forêts, et le caractériser. Cela dans le but d’identifier les pré-indicateurs déjà en place.

Explorer l’intérêt des comités pour la mise en place d’un système d’information, ainsi que leur volonté d’implication dans le développement de l’outil.

Figure 14 : Villages sélectionnés. Le premier groupe, comprenant les villages Rudraguppe,

Kuttandi et Badagarakeri, est situé dans la marge sempervirente du district (à gauche). Le deuxième groupe, comprenant les villages de Chennayanakote, Devarapura et Devanur, est situé dans la zone décidue.

Le canevas d’entretien est présenté en annexe. Au total, 60 entretiens individuels ont été tenus. En plus de cela, nous avons réalisé 2 entretiens groupés in situ, où nous avons réuni les membres de plusieurs comités à l’intérieur d’une forêt sacrée. Cela a permis de confronter les opinions des différents comités, et a permis d’asseoir les discussions en prenant des exemples concrets à notre disposition dans la forêt. Ces réunions de groupe ont été réalisées uniquement dans la zone de forêt sempervirente, pour des raisons de disponibilité des participants.

II

I

Les questions étant largement ouvertes, les réponses ont ensuite été analysées et regroupées en grandes catégories afin de faciliter la lecture des résultats. Par exemple, sur la question des raisons derrière la conservation des forêts sacrées, 8 types de réponses différentes ont été notées, mais il est possible de le rassembler en trois grandes familles : raisons environnementales, religieuses ou d’utilité publique. Quand cela est possible (nombre de réponses suffisant) et pertinent, des comparaisons entre les deux groupes de villages sont réalisées par des test de χ².

Figure 15 : Conduite des entretiens. La plupart des entretiens avec les membres des

comités de gestion se faisaient de façon individuelle, dans la maison de l’interlocuteur (à gauche). A deux reprises, des entretiens de groupe en forêt (ici la forêt sacrée de Rudraguppe, à droite) ont permis de confronter les représentations des différents comités et de prendre des exemples concrets.

Les données secondaires ont été obtenues auprès des différentes administrations et des données du recensement. Les données recueillies sont la population ainsi que l’usage du sol. Dans le cadre d’une étude précédente, réalisée par l’IFP, les changements d’usages du sol sur les 20 dernières années ont été enregistrés. Ces données ont aussi été exploitées ici pour caractériser les villages sélectionnés. Nous avons ainsi analysé les taux d’accroissement de la population par village, le taux de déboisement, et comparé les deux groupes par des tests non paramétriques (Mann Whitney) quand les effectifs sont suffisants.

5.3 Mode de gestion des forêts sacrées.

Avant de proposer et de construire un système d’information pour la gestion des forêts sacrées, il est nécessaire de comprendre l’environnement dans lequel ce système doit s’insérer. Il a donc fallu, a travers les enquêtes, analyser le mode de gestion actuel des forêts sacrées étudiées. Nous nous attacherons donc à décrire l’environnement écologique et social dans lequel s’insèrent les comités de gestion. Il faudra ensuite recenser les usages actuels de la ressource et les objectifs de gestion des comités. Enfin, la description des pré-indicateurs servant à la collecte informelle des données fournira les bases pour la co-construction du système d’information à base d’indicateurs.

5.3.1 Diagnostic de la situation actuelle.

Du fait des études précédentes (Ramakrishnan et al. 2000, Garcia 2003), les facteurs écologiques régissant l’évolution des forêts sacrées sont assez bien connus. Les données secondaires permettent de compléter le tableau et de décrire le contexte social dans les villages sélectionnés.

Tableau 6 : Caractéristiques des groupes de villages.

Groupe I Groupe II

Densité de population 65,7 ± 13,2 140,2 ± 41,7

Taux d’accroissement naturel 0,01 ± 0,01 0,01 ± 0,02

% de population tribale (ST)8 18,1 ± 5,7 23,1 ± 6,7

% de population Dalit (SC)9 2,7 ± 3,8 16 ± 7

% Exploitant marginal 10 17,1 ± 10,4 35,1 ± 13,3

% Grands exploitants (> 2,5 ha) 4,1 ± 1,3 10,6 ± 3,8

% Surface Rizière / Café 64,8 ± 18,2 48,7 ± 7,7

% Surface en forêt 19,3 ± 7,1 26,7 ± 40,1

Surface boisée (ha) per capita 0,4 ± 0,1 0,5 ± 0,8

Les villages des groupes I et II présentent bien des différences importantes, ce qui concorde avec les éléments déjà connus à l’échelle du district. Les taux d’accroissement naturel sont similaires dans les deux cas, mais le groupe de villages dans la zone sempervirente présente une densité de population deux fois plus faible que la moyenne du district. Les travailleurs immigrés (assimilés ici aux Dalits) sont rares. Les rizières sont encore très présentes dans le paysage. La majorité des exploitants sont des petits et moyens exploitants (surfaces comprises entre 1 et 2,5 ha).

Les villages du groupe II sont caractérisés par une forte densité humaine, et une forte proportion de hors castes. De la même façon, les grands propriétaires sont plus nombreux, ce qui explique l’abondance des ouvriers agricoles (assimilés ici aux exploitants marginaux). Les surfaces en café sont aussi plus étendues.

Une de nos hypothèses originales était que les ressources forestières seraient moins abondantes dans la zone décidue (groupe II), ce qui aurait pu se traduire par une plus forte pression sur les forêts sacrées. Si la densité de population est effectivement plus importante dans le groupe II, la surface de forêt par habitant en revanche est similaire dans les deux groupes de villages. Cette hypothèse est donc partiellement invalidée. Il reste que les surfaces classées administrativement en forêt dans la forêt décidue comprennent des plantations gouvernementales, et ne sont donc pas accessibles au public.

5.3.2 Usages des ressources des forêts sacrées.

Les forêts sacrées fournissent différentes ressources aux habitants des villages étudiés, tout comme ils offrent une variété de services. Précisions cependant qu’il s’agit ici de noter les perceptions que les gestionnaires ont de ces services, et non pas leur existence réelle ou supposée.

8

Les populations tribales sont recensées par le gouvernement indien comme Scheduled Tribe. Cela leur garantit l’accès à un certain nombre d’aides et de programmes mis en place pour lutter contre leur marginalisation. La présence de ces populations tribales dans le district est attestée par toutes les sources historiques. Ils sont souvent définis comme les premiers habitants.

9

Le terme Dalit signifie opprimé en sanscrit. Il désigne ici les hors castes, recensés par le gouvernement en tant que Scheduled Castes. Ici il s’agit essentiellement d’ouvriers agricoles en provenance des états voisins, récemment installés dans le district avec le développement des grandes plantations.

10

Est considéré comme marginal tout exploitant ayant trop peu de terre pour subvenir aux besoins de son ménage et devant trouver d’autres sources de revenu. Ceci regroupe les ouvriers agricoles sans terre et les très petits exploitants.

Figure 16 : Ressources et services générés par les forêts sacrées, selon les perceptions

des membres des comités de gestion. Dans les deux groupes, la valeur symbolique et religieuse des forêts sacrées apparaît comme prépondérante.

Les enquêtes mettent en évidence trois grands types de services rendus par les devarakadus :

• Les forêts sacrées jouent un rôle dans la vie spirituelle et sociale des habitants, comme espace sacré mais aussi lieu de rencontre lors de cérémonies rassemblant tout le village. C’est leur fonction première, et c’est la raison de leur maintien dans un paysage en cours de transformation.

Viennent ensuite les services environnementaux que fournissent ces lambeaux forestiers, essentiellement en termes de rétention d’eau et d’augmentation des précipitations11. Les forêts sacrées garantissent aussi un minimum de couvert arboré, et peuvent servir de refuge à la faune sauvage (oiseaux, chauve-souris, cochons sauvages).

• Enfin, des ressources naturelles renouvelables sont extraites des forêts sacrées.

Du bois d’œuvre y est exploité pour les besoins du temple, ainsi que du bois de feu et des perches (pour des manches d’outils, pour des barrières de champ). Le bétail peut y trouver du fourrage (pâturage divaguant), et du sol et de la litière en sont extraits pour les pépinières et les rizières alentour. Parmi les produits forestiers non ligneux cités occasionnellement dans les entretiens on trouve des plantes médicinales, des fruits et des tubercules comestibles.

Les autres études menées dans la zone (Garcia 2003) décrivent les mêmes types de ressources et d’usages associés aux forêts sacrées. Seule l’extraction illégale de bois n’est pas apparue lors des entretiens, alors qu’elle est documentée par ailleurs. Il est possible cependant que les forêts sacrées de la zone d’étude n’aient pas été affectées.

Quantifier les flux sortants des devarakadus est délicat, puisque la plupart de ces usages sont au mieux tolérés et résultent souvent d’une exploitation illégale. C’est d’ailleurs cela qui a justifié en partie la création des comités de gestion. Remarquons cependant que conformément à notre hypothèse de départ la fonction des forêts sacrées sources de produits forestiers ligneux et non ligneux est plus importante dans le groupe de villages de la zone décidue (groupe II). Et ce malgré le fait que la surface de forêt disponible par habitant est similaire dans les deux groupes.

11

Il convient de signaler que les enquêtes se sont déroulées pendant une année où la sécheresse a sévi dans le district. Le manque de pluie a ainsi été associé aux changements observés dans le paysage pendant les 20 dernières années.

Cluster I

Resource extraction

Environmental Services

Religious role

Cluster II

Extraction de ressources

Documents relatifs