Sensibilisation et formation

La détection, l’évaluation, l’intervention et le suivi auprès des jeunes ayant un TDAH et de leurs proches requièrent une connaissance appropriée du trouble et de ses

manifestations dans les différentes sphères de vie. La mise en œuvre d’une trajectoire optimale de services pour cette clientèle nécessite la réalisation d’activités de

sensibilisation et de formation ainsi que la mise en place de conditions favorables au maintien du développement des compétences requises pour l’ensemble des

professionnels ou intervenants, incluant les enseignants. Une telle sensibilisation devrait également être envisagée auprès de la population en général [Wright et al., 2015]. Les activités de sensibilisation et de formation devraient couvrir tous les groupes d’âge, et le contenu proposé nécessiterait de s’appuyer sur des pratiques soutenues par des données probantes. Les contenus doivent également être modulés de manière à s’ajuster en fonction du rôle que les professionnels ou intervenants exercent auprès du jeune et de ses proches, ainsi qu’au milieu d’intervention concerné. L’accès à des activités de sensibilisation et à une formation peut faciliter la mise à contribution de l’expertise de chacun des professionnels auprès du jeune, selon leur champ d’exercice respectif, et améliorer la fluidité du processus d’évaluation dans son ensemble. De telles activités peuvent également avoir un impact positif pour diminuer la stigmatisation et la discrimination, comme le souligne d’ailleurs le MSSS dans son Plan d’action en santé mentale 2015-2020 − Faire ensemble et autrement. « Afin de lutter contre la

stigmatisation et la discrimination au sujet de la maladie mentale et des personnes qui en sont atteintes ou qui ont présenté un trouble mental dans le passé : le MSSS poursuivra ses campagnes d’information et de sensibilisation » [MSSS, 2015, p. 17].

La revue systématique réalisée dans le cadre du présent avis a permis de déterminer plusieurs interventions psychosociales efficaces auprès de différents groupes d’âge. De nombreux guides de pratique consultés mettent de l’avant l’importance d’offrir également, selon les besoins, des interventions d’éducation psychologique ayant pour objectif, notamment, d’informer le jeune et ses proches sur la nature dutrouble et les problèmes qui y sont associés (par exemple : sommeil, alimentation) ainsi que sur les facteurs de risque et de protection associés à leurs difficultés. De la même façon, s’il y a un traitement pharmacologique proposé, le jeune sera informé quant à la nature de la médication prescrite, aux cibles de traitement, au type de suivi requis et à la gestion des effets indésirables possibles. L’éducation psychologique devrait faire partie de toute activité de sensibilisation et de formation.

Selon les guides de pratique consultés, des investissements pour améliorer le niveau de connaissance du TDAH ainsi que pour assurer sa détection et l’adhésion au traitement devraient être réalisés à l’intention, tout particulièrement, des parents et des

enseignants. En effet, la sensibilisation des parents et la formation des enseignants sur le TDAH influencent grandement leurs perceptions des besoins de soutien du jeune et leur degré de mobilisation afin d’obtenir des services visant à répondre à ces besoins [Power et al., 2013]. L’identification d’un professionnel affecté à la formation des enseignants est considérée comme une stratégie gagnante [Taylor et al., 2004 dans Wright et al., 2015].

Cette formation doit être continue pour favoriser l’intégration optimale des stratégies éducatives et produire des changements significatifs dans les pratiques [DuPaul et al., 2006 dans Wright et al., 2015]. Elle devrait également faire l’objet d’un accompagnement auprès des enseignants pour que ces changements se produisent : « … l’impact des

formations sur les pratiques quotidiennes des enseignants peut être limité par le fait que ces formations sont ponctuelles et qu’une fois de retour dans leur milieu, les enseignants sont laissés à eux-mêmes pour appliquer ce qu’on leur a présenté. En effet, des études révèlent que ce type de formation (formation de groupe) semble surtout efficace pour améliorer les connaissances des enseignants sur les caractéristiques du TDAH et les interventions recommandées, sans pour autant susciter une meilleure utilisation des interventions, des attitudes plus positives à l’égard de ces élèves ou une augmentation de leur confiance à gérer le trouble au quotidien » [Graber, 2011; Jones et Chronis-Tuscano, 2008; Zentall et Javorsky, 2007, cités par Massé et al., 2014, p. 89]. Finalement, pour optimiser la réponse aux besoins des élèves ayant un TDAH, les programmes de formation des enseignants devraient être accompagnés de mesures visant à améliorer la

collaboration entre les établissements du secteur de la santé et ceux du secteur scolaire [Power et al., 2013].

Sur la base des informations recueillies en ce qui concerne la sensibilisation et la formation, l’INESSS énonce la recommandation suivante.

RECOMMANDATION 17(R17)*

SENSIBILISATION ET FORMATION

ÉTANT DONNÉ LA NÉCESSITÉ D’AMÉLIORER LES CONNAISSANCES SUR LE TDAH ET D’ASSURER LE NIVEAU DE COMPÉTENCE REQUIS CHEZ LES PROFESSIONNELS OU INTERVENANTS IMPLIQUÉS DANS LA TRAJECTOIRE DE SERVICES, IL EST RECOMMANDÉ :

- de poursuivre les efforts de sensibilisation du grand public sur le TDAH;

- de réaliser des activités de sensibilisation dans le réseau des services éducatifs à l’enfance, dans les réseaux scolaire et communautaire ainsi que dans le RSSS;

- dans le respect des champs d’exercice des professionnels, de tenir des activités de formation pour l’évaluation du TDAH et la contribution des intervenants associés au processus d’évaluation;

- de réaliser des activités de formation sur les interventions pharmacologiques et psychosociales efficaces associées au TDAH auprès des différents groupes d’âge.

*Recommandation transversale

Figure 14 : Les activités de sensibilisation et de formation à l’intérieur de la trajectoire optimale de services