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Une femme porteuse de mémoires, source de discours ,un personnage très présent

au cours de la narration au premier et deuxième livre (livre de Grenade, livre de Fès) Le premier ,où le narrateur raconte son enfance à Grenade ,en ce moment

d’innocence , la mère est un membre actif ,fournisseur de souvenirs .Hassan parle de sa mère avec beaucoup d’affection ,il est son confident pendant un bon nombre d’années ,elle est son historien ,sa source de mémoires ,elle est sa jumelle. La naissance de Hassan était une résurrection pour une mère au bord du désespoir . « Sa joie (la joie du père) exubérante n’avait toutefois ni la profondeur ni l’intensité de celle de Selma, qui en dépit de ses douleurs persistantes et de son extrême faiblesse, se sentait naître une seconde fois par ma venue au monde, car ma naissance faisait d’elle la première des femmes de la maison et lui attachait les faveurs de mon père pour de longues années à venir. »1

Elle lui raconte sa venue au monde, la fête organisée en son honneur, son cri lors de sa circoncision, elle lui décrit l’atmosphère ambiante dans laquelle il a baigné. « A ma circoncision aussi, insistait ma mère, il y avait des musiciens et des poètes. Elle se rappelait même des vers qui avaient été déclamés à l’adresse de mon père. » 2 Au second, livre le narrateur passe plus de temps auprès de sa mère et de sa famille maternelle, suite au divorce de ses parents, cette séparation a rapproché encore l’enfant

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Amine Maalouf, Léon l’Africain, Casbah, Alger.1998.p15.

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de sa génératrice, il adhère aux angoisses de cette femme délaissée par le chef de famille pour une chrétienne, ce père qui se perd dans les tavernes et s’engouffre dans le désespoir.

Si nous avons déjà détecté une analogie entre le père de Hassan et le sultan,

parallèlement à cela, la mère de Hassan est un décalque de Fatima l’épouse du sultan ; elles ont subi le même sort, mariées à leur cousin ,elles ont partagé la trahison

conjugale et puis l’abandon , voila une filière de l’originalité de l’œuvre, un

personnage fictif inspiré d’un autre réel, ce sont ces ressemblances qui imprègnent l’œuvre d’effet réel , créent la confusion et offre l’originalité à l’œuvre qui semble composée de deux volets jumelés sur lesquels le lecteur pratique un exercice de saut entre des événements historiques et d’autres romancés sans y perdre le pied ,puisque l’auteur maitrise l’outil qui lui permet d’imbriquer les deux volets en douceur .

1-1-4- « Khâli », l’oncle de Hassan

Ce parrain et parent, qui prend en charge Hassan et sa mère quand le père devient négligeant. L’oncle qui a adopté en quelque sorte Hassan, il est aussi le conteur du passé, comme Mohamed et Selma, il a contribué au conte de l’histoire de Grenade et sa chute ; cet éden duquel ils ont été chassé.

Cet oncle a eu le rôle d’initiateur, c’est avec lui que Hassan a fait son premier voyage, et sous ses directifs il réalise sa première ambassade.

« Je me voyais donc subitement investi d’une ambassade, moi qui n’avais pas encore achevé ma dix-septième année. Mon oncle me fit accompagner de deux

cavaliers et me munit de quelques cadeaux que je devais offrir en son nom à cet aimable seigneur. »1

Avec cet oncle et futur gendre, Hassan découvre une grande partie de l’Afrique

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« Cette année-là fut celle de mon premier grand voyage, qui devait me conduire, à travers l’Atlas, Segelmesse et la Numidie, vers l’étendue saharienne, puis vers

Tombouctou, mystérieuse cité du pays des Noirs. Khâli avait été chargé par le nouveau sultan de Fès de porter un message au puissant

souverain du Soudan, l’Askia Mohamed Touré, lui annonçant son accession au pouvoir et promettant d’établir entre leurs deux royaumes les rapports les plus amicaux. »1

Un personnage crée par l’auteur, nul ne peut confirmer son existence, mais l’auteur à trouvé le moyen pour faire de lui une réalité, il le met en contacte directe avec des personnalités historiques véridiques, citées dans les ouvrages d’Histoire. C’est ce que nous pouvons lire dans ce passage :

« Jusqu’au moment où Khali réussit, au bout de mille intercessions, à approcher le fils aîné du souverain, le prince Mohamed le portugais, ainsi surnommé, parce qu’il avait été pris à l’âge de sept ans dans la ville d’Arzilla et emmené en Portugal pour de longues années de captivité. Il avait maintenant quarante ans, l’âge de mon oncle, et ils restèrent un long moment ensemble à parler de poésie et à rappeler les malheurs de l’Andalousie. »2

Ce personnage provoque le doute, il laisse l’esprit du lecteur en promenade permanente entre le référentiel et l’imaginaire. L’auteur attribut à l’oncle une rédaction d’une lettre qu’il lègue à son neveu, un moyen pour authentifier le

personnage, celui qui laisse un manuscrit a certainement existé. L’écrit est une preuve palpable. Cette lettre débute ainsi :

« Au nom d’Allah, le clément, le miséricordieux, maître du jour jugement, Celui qui envoie aux hommes dont la vie s’achève des signes dans leur corps et dans leur esprit afin qu’ils s’apprêtent à rencontrer Sa face resplendissante.

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Amine Maalouf, Léon l’Africain, Casbah, Alger.1998.p160

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C’est à toi, Hassan, mon neveu, mon fils, que je m’adresse, toi à qui je ne laisse en héritage ni mon nom ni ma modeste fortune, mais uniquement mes soucis, mes erreurs et mes vaines ambitions. »1

L’oncle est une autre personne parmi d’autres qui eut le rôle d’instaurer l’ambiguïté au sein de l’œuvre, un personnage de frontière entre le véridique et l’imaginaire

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