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PARTIE  2   : MEMOIRE PROFESSIONNEL 46

4.   Le transdisciplinaire et les organes de subventions publiques ; analyse et

4.1.   La sectorisation des disciplines 76

À Genève, le service cantonal de la culture et le service culturel de la ville, qui sont les deux organes de financement public les plus importants de la culture à Genève, segmentent celle-ci au sein de leur organisation en fonction des diverses disciplines artistiques. Tous deux reconnaissent sept catégories de disciplines artistiques :

- Musique ; - Théâtre ; - Cinéma ;

- Art contemporain ;

- Littérature (nommée « Livre » pour le canton de Genève) ; - Danse ;

- Projets pluridisciplinaires.120

Toutefois l’organisation interne quant au soutien des diverses disciplines n’est pas la même au canton et à la ville. À la ville de Genève, chaque domaine artistique est représenté par une commission et dispose d’une ligne budgétaire propre à cette discipline. Chaque commission est composée de plusieurs spécialistes du domaine artistique représenté. André Waldis, conseiller culturel aux projets pluridisciplinaires à la ville de Genève, explique que « les commissaires font vraiment le travail d’expert, (…) ils étudient les dossiers en fonction des critères du fond »121

. Chaque semaine, les conseillers culturels de chaque commission se réunissent122

et se répartissent les dossiers en fonction de la ou des disciplines présentées. Les dossiers sont ensuite traités par commission. Au canton, il existe également des spécialistes de chaque discipline représentée, cependant, les lignes budgétaires ne sont pas réparties par discipline. En effet, les domaines de la musique, du théâtre, de la danse et du pluridisciplinaire sont regroupés sur une même ligne budgétaire, appelée « aide ponctuelle ». Le Fond cantonal d’art contemporain (FCAC) s’occupe des fonds de soutien à l’art plastique, et pour le soutien aux œuvres cinématographiques, le canton de Genève fait partie de Cinéforom,

120 Site web du service cantonal de la culture de Genève, http://www.ge.ch/scc/, et site web du service de

la culture de la ville de Genève, http://www.ville-geneve.ch/ - consultés le 10.09.2015

121 Cf. Retranscription de l’entretien avec André Waldis, annexe n°9

fondation romande pour le cinéma, qui attribue les différentes aides au cinéma pour le canton de Genève123. Donc, si le canton divise aussi la culture en plusieurs domaines artistiques, l’attribution des subventions est plus souple, car les lignes budgétaires sont regroupées, contrairement à la ville ou chaque discipline à son budget propre.

Cette sectorisation de l’art semble nécessaire au vu des organes publics, pour une meilleure répartition des tâches et ainsi une meilleure qualité d’écoute envers les acteurs de la culture. En effet, la sectorisation dans n’importe quel domaine, « a permis la phase dite de modernité (…) qui succédait à la phase classique où tout le monde pensait sur tout avec une grande dispersion de l'attention et de l'énergie »124

. Michèle Freiburghaus, directrice du FMAC et conseillère culturelle de la commission art contemporain pour la ville de Genève, explique que cette sectorisation est « nécessaire » ; « Il faut qu’on sache qui traite quoi »125

. Dans un premier temps, cette division des tâches permet une meilleure organisation à l’interne et un gain de temps dans le traitement des dossiers. À cet avantage plutôt bureaucratique, Michèle Freiburghaus ajoute que cette catégorisation est même « une meilleure garantie pour les artistes d’avoir des commissions qui sont spécifiques et avec des spécialistes et des experts qui correspondent aux domaines qui sont concernés ». La catégorisation permet également un regard plus « pointu » sur l’actualité artistique126. Cette plateforme culturelle sectorisée apporte donc à la fois un meilleur fonctionnement en interne et une proximité avec les acteurs de la culture. De plus, dans un souci d’archive et de recherche, André Waldis ajoute que « c’est aussi important de pouvoir renseigner les pratiques, d’avoir des traces ; la danse en 2002, en 2015 en 2020 »127

. Enfin, le fonctionnement des services culturels des communes voisines de la ville de Genève sur le même canton, est à l’inverse, simplifiés. Par exemple, la commune de Meyrin, ne sectorise pas son fond de subvention à la culture. Le service de la culture de la commune de Meyrin étudie les dossiers dans une commission unique. Ce fonctionnement est probablement évident dans des communes qui disposent de moyens humains et financiers beaucoup moins importants qu’une ville de la taille de Genève. Cette sectorisation, pour les services de la culture du canton et de la ville de Genève, est donc également justifiée par la taille et par la masse de projets culturels à traiter.

123http://ge.ch/culture/aide-financiere/cinema

124 Définition de Interdisciplinarité sur Wikipédia.com, consulté le 07.09.2015 125 Cf. Retranscription de l’entretien avec Michèle Freiburghaus, annexe n°10 126 Cf. Retranscription de l’entretien avec Joëlle Comé, annexe n°7

Ainsi, cette organisation divisée semble nécessaire à grande échelle à la fois en interne, pour une meilleure organisation administrative, mais aussi en externe, en apportant une expertise par discipline qui permettrait de mieux répondre aux acteurs de la culture. La sectorisation des domaines artistiques pourrait aussi s’avérer utile à des fins documentaires pour renseigner l’évolution des pratiques artistiques. En dépit de cette division des tâches, autant la ville de Genève que le canton insistent sur les nombreux échanges qui existent entre les spécialistes des divers domaines artistiques. Il semble exister tout de même une certaine « perméabilité »128

, une « fluidité »129 entre les commissions. Malgré tout, cette organisation semble en retard sur les évolutions de la création contemporaine. En effet, la sectorisation des disciplines, bien que nécessaire à l’interne, se situe tout de même à l’opposé de la transversalité des pratiques que l’on observe dans la création contemporaine. Alors, comment le canton et la ville de Genève ont-ils essayé, ces dernières années, de s’adapter aux évolutions dans les pratiques artistiques ?