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PARTIE 3 : QUELLES AMELIORATIONS ENVISAGER ?

C. Le sous-secteur pharmaceutique

Les activités du sous-secteur pharmaceutique public et privé, sont relatives à l'importation, la distribution, la dispensation et la production des médicaments.

1. Une politique pharmaceutique en construction

a. La Direction des Pharmacies, du Médicament et des Explorations Diagnostiques

Les activités du sous-secteur pharmaceutique sont contrôlées par la Direction des Pharmacies, du Médicament et des Explorations Diagnostiques (DPMED). Sa vocation est de rédiger et de faire appliquer la politique pharmaceutique nationale et de conduire les initiatives pour atteindre les objectifs du secteur qui sont :

- L'amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité aux médicaments essentiels, - L'amélioration de l’usage rationnel et de la qualité des médicaments,

- L'amélioration du financement et de la gestion du sous-secteur pharmaceutique, - La diminution de la vente illicite des médicaments.

La DPMED s'occupe entre autres de la promotion du médicament générique, du contrôle et de l'harmonisation des prix des médicaments, aussi bien dans le secteur public que privé (61).

La délivrance des Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) au niveau national, est assurée par la Commission Technique du Médicament (CTM) (45).

48 Le contrôle de la qualité des médicaments est assuré par le Laboratoire National de Contrôle de Qualité des Médicaments et Consommables Médicaux (LNCQ) créé en 1999 (45).

Le service d'inspection de la DPMED compte trois pharmaciens inspecteurs chargés de vérifier l'application des règles de gestion des médicaments en vue de l'assurance qualité.

b. Les médicaments essentiels génériques

La politique pharmaceutique du secteur public est basée sur l'accès aux médicaments essentiels génériques. Depuis 1989, le Bénin s'est doté d'une Liste Nationale des Médicaments Essentiels (LNME) (51). Cette liste est révisée, selon les recommandation de l’OMS, tous les 2 ans par la CTM (42)..

c. Le financement des médicaments

Le système de financement basé sur le recouvrement des coûts, est renforcé depuis quelques années, par les crédits délégués que le Gouvernement alloue chaque année, aux formations sanitaires. Ce système de financement permet le renouvellement des stocks mais ne permet pas de diminuer de façon substantielle la part des ménages qui demeure importante avec plus de 50% des dépenses de santé supportées par la population (59).

2. Un secteur privé autonome

L’approvisionnement des médicaments dans le privé est assuré par cinq grossistes- répartiteurs qui alimentent en spécialités pharmaceutiques les 186 officines privées (45) qui distribuent à leur tour les médicaments vers 260 dépôts pharmaceutiques privés répartis sur tout le territoire (54). La répartition des officines et des grossistes est inégale sur le territoire béninois, la majorité (47,8%) de ces structures étant située au sud, dans le département du Littoral (45).

Il importe de souligner que certaines ONG et organismes caritatifs interviennent dans le sous secteur pharmaceutique, mais que leurs activités sont pour la plupart mal cernées.

49 3. Un secteur public en pleine structuration

Le circuit du médicament dans le secteur public dispose de quatre niveaux de stockage que sont la CAME de Cotonou, les dépôts régionaux de la CAME, les dépôts répartiteurs des zones sanitaires et les pharmacies des hôpitaux et des centres de santé (63) (Figure 9).

Le secteur public pharmaceutique du Bénin ne compte dans ses effectifs que très peu de pharmaciens seulement 27 sur les 230 inscrits à l'Ordre National des Pharmaciens(59). Ces pharmaciens sont essentiellement en poste dans les administrations du Ministère de la Santé, à la CAME et ses dépôts régionaux et dans les centres hospitaliers (CHNU et CHD).

a. La Centrale d'Achat des Médicaments Essentiels et consommables médicaux (CAME)

La CAME a une fonction de grossiste répartiteur à but non lucratif. Elle est chargée de l’achat, du stockage et de la distribution en médicaments essentiels et en consommables médicaux (56). C'est une structure autonome financièrement, administrée par un pharmacien, placée sous la tutelle administrative de la DPMED. Ainsi, elle apporte un appui au Ministère de la Santé pour l’acquisition et la gestion des produits pharmaceutiques (51). Elle est uniquement autorisée à fournir des produits inscrits sur la LNME en plus des dispositifs médicaux et des réactifs de laboratoire.

La CAME de Cotonou stocke et distribue également certains produits ayant fait l'objet de dons et les produits fournis indépendamment par le biais de programmes verticaux tels que les antirétroviraux. Elle possède deux dépôts régionaux : les CAME de Parakou et de Natitingou chargées respectivement de l'approvisionnement des dépôts de zones et des centres hospitaliers du Borgou-Alibori, du Zou-Colline et de l'Atacora-Donga.

Étant une structure de santé publique, elle accompagne le Ministère dans la mise en place de la politique pharmaceutique nationale. Cependant, d’après son directeur, elle essaie de ne pas se substituer au Ministère de la Santé et à ses structures administratives dans leurs fonctions, comme pour les inspections des établissements pharmaceutiques.

b. Les dépôts répartiteurs de zone

Les dépôts de zone ont été créés pour améliorer l’accessibilité géographique des produits pharmaceutiques dans les zones sanitaires éloignées de la CAME et de ses dépôts régionaux. Ils servent ainsi de relais entre la CAME et les formations sanitaires. Le dépôt de zone est un élément fondamental de la politique de décentralisation pharmaceutique. En 2012, on compte 24 dépôts répartiteurs de zone au Bénin.

50 c. Les pharmacies des formations sanitaires

Les pharmacies des formations sanitaires distribuent à la population les médicaments essentiels génériques (54).

Figure 9.Organisation du circuit du médicament au Bénin (64)(51)

4. Un secteur informel bien présent

Le marché parallèle du médicament est très actif et difficile à cerner au Bénin. Les médicaments servant à l'approvisionner proviennent essentiellement du Nigeria voisin, mais certaines filières se ravitaillent en passant par les unités de dispensation légales (4).

Pour pallier ce phénomène, des opérations de saisie et d'élimination sont régulièrement dirigées par la DPMED qui mène également les activités de sensibilisation à l’égard des

51 populations face aux dangers de ce marché où sont commercialisés des médicaments de qualité douteuse (45).

D. Le Borgou-Alibori