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6. Résultats et discussion

6.1 Marie-Andrée Regnard Duplessis

6.1.3 Deux scriptrices du XVIII e siècle

En raison de la faible quantité de données présente dans le texte de Marie-Andrée Regnard Duplessis, il était pertinent de pouvoir comparer les résultats précédents à ceux provenant d’un autre texte. Les résultats de l’analyse de l’extrait du texte de Marie-Élizabeth Bégon Rocbert de la Morandière52, faite par Cournane et

Tailleur (2008), sont dans une certaine mesure comparables à ceux de Marie-Andrée Regnard Duplessis. Les deux textes dont il est question sont tous les deux des correspondances personnelles qui ont été écrites entre le début et le milieu du XVIIIe siècle (1718 à 1758 pour Duplessis et 1748 à 1752 pour Bégon), et ce, par des

femmes faisant partie de l’élite canadienne nées à la fin du XVIIe siècle et décédées vers la fin du XVIIIe siècle.

La comparaison des analyses des deux textes montre que les scriptrices ont une utilisation similaire du système des pronoms relatifs. Effectivement, Mme Bégon utilise les pronoms relatifs selon la norme moderne dans 97,1 % des cas, tous pronoms confondus : sur 245 occurrences au total, 238 sont utilisées conformément aux prescriptions modernes. Sa maîtrise du système des pronoms relatifs moderne varie de 60 % à 100 %, selon les pronoms, avec une moyenne de 91,8 %. Quant à la conformité aux attestations de l’époque, Cournane et Tailleur (2008) concluent que l’usage des trois scriptrices qu’elles ont étudiées est

52 Un tableau détaillé contenant les données et résultats en lien avec le texte de Mme Bégon, recueillis à partir des

informations disponibles dans Cournane et Tailleur (2008), se retrouve à l’Annexe 6. Le texte de Mme Bégon, utilisé par Cournane et Tailleur (2008), provient du Corpus MCVF.

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étroitement lié aux prescriptions et observations de l’époque. Selon les données disponibles, cette conformité semble être de 100 % pour Mme Bégon. Cette comparaison appuie la proposition précédente, selon laquelle Marie-Andrée Regnard Duplessis utilise les relatifs conformément à l’usage de son époque.

Ainsi, les occurrences des deux textes ont été additionnées afin d’accroître la valeur des données statistiques sur l’usage des scripteurs du XVIIIe siècle. Le corpus se retrouve donc avec 1447 occurrences, dont 1411 sont

standards (97,5 %). Le système des pronoms relatifs correspond à la norme moderne en moyenne à 91,9 %, et ce, de 75 % à 100 % selon les pronoms. Ces résultats indiquent à nouveau la conformité des occurrences à la norme moderne. De plus, il est possible d’affirmer que le système des pronoms relatifs de ce nouveau corpus est tout à fait conforme — à 99,9 % — aux attestations et usages de la première moitié du XVIIIe siècle.

Élizabeth Bégon, pour sa part, utilise six occurrences non standards typiquement historiques sur sept occurrences non standards au total. Considérant qu’il ne s’agit que de l’analyse d’un extrait de texte, il est possible qu’un nombre plus élevé de ce type d’occurrences ait pu être relevé chez la scriptrice. Ces six erreurs sont toutes des cas du pronom où utilisé à la place d’un autre relatif53, ce qui est conforme aux attestations de

l’époque.

De plus, Mme Bégon n’a utilisé que quatre pronoms lequel — ayant aussi la fonction de complément indirect — dans l’extrait analysé (Cournane et Tailleur, 2008), ce qui ne représente que 1,6 % de toutes les occurrences du texte. Comme chez Marie-Andrée Regnard Duplessis, cette faible quantité de lequel respecte les tendances du XVIIIe siècle.

Tout bien considéré, le système des pronoms relatifs de Marie-Andrée Regnard Duplessis est presque entièrement conforme aux attestations, exemples et explications disponibles dans la documentation utilisée dans le cadre de ce travail sur le français moderne et sur le français du XVIIIe siècle. Les analyses ont permis

d’affirmer, entre autres choses, que ses utilisations non standards modernes sont typiques du XVIIIe siècle,

mis à part une seule occurrence. Étant donné que celle-ci ne représente que 0,01 % de toutes les occurrences du texte de Marie-Andrée Regnard Duplessis, elle n’a pas été prise en grande considération dans les résultats : ce faible écart ne fait pas de Marie-Andrée Regnard Duplessis une scriptrice non conforme à l’usage de son époque. La présence de cette occurrence apporte malgré tout l’information selon laquelle le pronom que était encore attesté, bien que conservateur, dans l’usage du XVIIIe siècle lorsqu’il résume une

phrase ou une partie de phrase sans l’usage du pronom ce.

53 Dans Cournane et Tailleur (2008), les types d’erreurs pour Mme Bégon ne sont pas précisément indiqués. Il n’est donc

pas possible de préciser les informations ni de les comparer davantage avec les données du texte de Marie-Andrée Regnard Duplessis.

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De plus, l’analyse qualitative a révélé que la scriptrice ne respecte pas tout à fait les règles établies par les grammairiens et remarqueurs de son époque — dont le qui et le que résumant une phrase antérieure sans ce; le quoi ayant un antécédent inanimé défini et le dont utilisé à la place d’un autre pronom —, ce qui laisse parfois l’impression que quelques-uns de ses usages sont un peu conservateurs. À ce propos, il ne faut pas oublier que Marie-Andrée Regnard Duplessis a écrit sa correspondance au XVIIIe siècle, mais qu’elle est née

à la fin du XVIIe. Il faut également tenir compte du fait que les cinq usages non standards ne représentent que

0,4 % des usages de la scriptrice.

Enfin, il est intéressant d’ajouter que pour une scriptrice ayant vécu aux XVIIe et XVIIIe siècles, Marie-Andrée

Regnard Duplessis présente peu de variation dans son système des pronoms relatifs (types d’usages, types d’antécédents, sens de l’antécédent, etc.), pour ce que le nombre d’occurrences présentes dans le texte permet d’en juger. À ce propos, la faible variation observée tient aussi au fait que le texte analysé provient de l’élite, par rapport aux classes modestes où plus de variation risque de se trouver. De même, la scriptrice utilise peu d’occurrences caractéristiquement historiques.

6.2 François Gendron

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