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Sciences, une encyclopédie

Dans le document LE JOURNAL (Page 62-66)

Lumières, c’est bien une encyclopédie du XXIe siècle, qui se dessine depuis trois ans et dont les premiers volumes sont parus en septembre 2020. À l’heure où la curiosité se satisfait plus souvent d’un clic sur Internet que d’une lecture approfondie, et même si l’édition scientifique française a vu fondre ses tirages, ce pari un peu fou est né dans la tête de Sami Ménascé, le président d’Iste, maison d’édition spécialisée dans les ouvrages scientifiques.

« Ce n’est pas un état des connaissances sous forme alpha-bétique, mais des livres, écrits par plusieurs auteurs, dont chaque chapitre traite un point de la science », expose Jean-Charles Pomerol, président du conseil scientifique d’Iste.

Ce professeur d’informatique et d’intelligence artificielle, qui a présidé l’université Pierre et Marie Curie entre 2006 et 2011, insiste sur « l’organisation hiérarchique » de ces connaissances. Il explique la méthode : « À la tête de chaque grand domaine de recherche, un responsable définit des thèmes de la science, de la technologie et des humanités, puis recrute des spécialistes de ces thèmes qui vont eux-mêmes assurer la coordination d’un ou plusieurs ouvrages, avec les auteurs les plus pointus du domaine, des chercheurs et ensei-gnants reconnus dans le monde entier, dont de nombreux Français ». Bien sûr, des propositions d’article ou d’ouvrage peuvent émaner du bas de cette pyramide, et remonter, validées par les spécialistes du thème.

800 ouvrages en perspective

Fruits du travail entamé il y a trois ans, les premiers titres sont parus fin septembre. « L’encyclopédie souhaite répondre aux questions dans tous les champs du savoir, par exemple sur l’énergie, les océans, la biologie et l’écologie pour reprendre des problématiques très actuelles », précise

Jean-culture scientifique

Sciences. C’est le titre donné à une encyclopédie en construction dont les premiers volumes sont parus en septembre 2020. Ce travail de titan réunira à terme 20 000 auteurs pour dresser l’état des savoirs.

PAR MURIEL FLORIN

Sciences, une encyclopédie contemporaine

BIOMIMÉTISME

Imiter le vivant, ses formes, ses matières, ses structures ou ses règles de

fonctionnement pour en tirer des solutions ingénieuses n’est pas une idée nouvelle.

« Apprenez de la nature, vous y trouverez votre futur », préconisait déjà Léonard de Vinci, sans doute le pionnier du biomimétisme. « C’est cette démarche vertueuse, de compréhension du vivant et de durabilité, qui est au cœur de la nouvelle exposition présentée à la Cité des sciences et de l’industrie », explique Philippe Grandcolas, directeur de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité 1 et membre du comité scientifique de l’exposition. On y comprend que la bio-inspiration n’est pas seulement une solution d’innovation industrielle, à l’image de la fleur de bardane qui a pu inspirer le scratch. Elle nous invite surtout à porter un autre regard sur notre environnement et sur le vivant, à habiter le monde

autrement ».

Immergé dans trois écosystèmes naturels – un récif corallien et son appareil

de phyto-épuration, une mangrove et ses palétuviers, un sol forestier et son jardin en permaculture –, le visiteur découvre certains rouages du vivant ainsi que des technologies alternatives auxquelles ceux-ci pour-raient donner naissance, tels que des solvants inspirés…

par les moules.

« L’objectif de ce parcours immersif est aussi de faire passer le message au cœur de la philosophie de la bio-inspi-ration : la sobriété, qui règne en maître dans la nature, est la première des solutions bio-inspirées à adopter », conclut Philippe Grandcolas.

Bio-inspirée, une nouvelle approche, exposition permanente à la Cité des sciences et de l'industrie, Paris. En partenariat avec le CNRS et Inrae.

Pour en savoir plus : cite-science.fr À voir

Lire notre article complet sur lejournal.cnrs.fr 1. Unité CNRS/MNHN/Sorbonne Université/EPHE.

CNRS LE JOURNAL

Charles Pomerol qui vise un public « curieux et éduqué ».

L’ensemble est divisé en neuf départements, trente-quatre domaines, et environ trois cents thèmes. Une tra-duction en anglais est prévue, d’autres, en espagnol et japonais, envisagées. « Le modèle classique, ce sera un livre de trois cent cinquante pages en une dizaine de chapitres, écrit chacun par un ou deux auteurs », détaille Gilles Pijaudier-Cabot 1. Ce professeur à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, spécialiste de la géomécanique, a en charge l’ensemble des sciences pures et appliquées. « Si on regarde l’édition scientifique internationale, personne ne propose cela. Soit on se tourne vers des ouvrages grand public qui ne permettent pas vraiment de comprendre les choses, soit vers des ouvrages trop techniques ». La machine est lancée : « Une quarantaine de volumes sortiront d’ici la fin 2020, puis le travail se poursuivra au rythme de 150 à 200 ouvrages par an, jusqu’à 800 au total. À terme, nous réunirons autour de 20 000 auteurs », s’enthousiasme-t-il.

« Nous souhaitons être le plus exhaustif possible », explique Bernard Reber, son alter ego pour les sciences humaines et sociales. Sciences n’oubliera pas l’économie, la géographie, les sciences du langage, l’architecture, l’éducation, la sociologie et autres disciplines sous-déve-loppées au XVIIIe siècle. « Nous avons tous besoin de la science et de la technologie pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et sortir des impasses actuelles, avance le philosophe, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po 2. C’est devenu encore plus évident avec la crise du Covid-19 et les polémiques plus

Pages intérieures du volume consacré aux océans.

Sciences, une encyclopédie contemporaine

lire l’intégralité de l’article sur lejournal.cnrs.fr

ou moins étayées qui l’accompagnent. Les sciences humaines et sociales apportent leur éclairage, que ce soit sur les ques-tions climatiques, l’impact des technologies sur les sociétés, la façon dont les sciences contribuent à l’innovation, ce qu’on peut espérer ou ce qu’on risque. »

Une vision pluraliste des savoirs

Gilles Pijaudier-Cabot et Bernard Reber avancent le carac-tère collectif et exigeant des ouvrages. « Nous présentons un état de l’art consolidé. Et c’est plus facile avec plusieurs auteurs. Le devoir d’une encyclopédie, c’est de faire la part des choses, de proposer une vision pluraliste. Nous ne cher-chons pas à imposer notre conviction ou celle d’une école, nous ne livrons pas une vérité toute faite, mais nous appor-tons les bases, les raisonnements tenus par les uns et les autres avec des éléments de connaissance. Ensuite, ce sont les lecteurs qui se positionneront à partir de ces éléments scientifiques », souligne le premier.

« Les auteurs ne sont pas des gens qui donnent des avis, mais des avis argumentés. Lorsqu’il y a plusieurs argumen-tations pour défendre tel ou tel point de vue, elles seront à disposition du lecteur. Ces argumentaires seront très bien documentés sur le plan scientifique et sur le plan moral et éthique quand il y a lieu », renchérit le second, avant de conclure : « L’encyclopédie sera utile pour des étudiants, des chercheurs, mais aussi tout citoyen honnête, qui cherche de l’information certifiée, documentée, ou qui veut mettre à l’épreuve ce qu’il croit savoir ».  ii

1. Laboratoire des fluides complexes et leurs réservoirs (CNRS/Université de Pau Pays de l’Adour/Total SA). 2. Unité CNRS/Sciences Po Paris.

© ISTE ÉDITIONS

N° 301

CNRS LE JOURNAL

N° 301

…de Psikharpax, le robot-rat autonome que j’ai développé lors de ma thèse, il y a plus de dix ans à l’Institut des sys-tèmes intelligents et de robotique 2. Ce petit robot bioinspiré reproduisait le plus fidèlement possible les méca-nismes neurobiologiques du rat, l’ani-mal de référence en neurosciences.

Psikharpax est doté de trois sens : l’audition, pour détecter et reconnaître

les sources sonores ; la vision, pour identifier les formes qui l’entourent ; et le toucher, à travers ses vibrisses, des moustaches en tige carbone, pour percevoir les textures et les formes des objets. Nous avions également reconstitué un museau sensible, re-couvert d’une peau artificielle capable de ressentir les déformations et les vibrations de son environnement. Ici,

il est en train d’évoluer dans le couloir d’un labyrinthe parcouru d’obstacles.

Après un temps d’adaptation, il était capable d’explorer et d’apprendre tout seul de son environnement et de construire, par apprentissage, sa propre carte cognitive. Aujourd’hui, je travaille toujours avec des robots, mais humanoïdes ceux-là 3…”

PHOTO : © BENOIT RAJAN/ISIR/CNRS PHOTOTHÈQUE

1. Unité CNRS/Bordeaux INP/Université de Bordeaux. 2. Unité CNRS/Sorbonne Université. 3. Steve N’Guyen participe à la Robocup, la coupe du monde de football robotique, avec l’équipe Rhoban du Labri, déjà quadruple championne du monde.

J e me souviens…

PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE-SOPHIE BOUTAUD

Steve N’Guyen,

ingénieur au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (Labri) 1

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