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L’église, de dénomination catholique, a été fondée en 1965 explicitement pour la communauté portugaise de Montréal, mais elle ne correspondait pas au bâtiment que l’on connait aujourd’hui sous le nom de Santa Cruz39. La première église Santa Cruz était située tout près de l’église actuelle,

et elle a été transformée en Centre culturel pour la communauté. L’église Santa Cruz actuelle a été inaugurée en 1986. À notre connaissance, il n’y a pas d’autre église chrétienne portugaise sur l’île de Montréal, mais nous avons repéré quelques églises s’identifiant comme brésiliennes ou lusophones. À l’intérieur de la Mission se trouve également l’école Santa Cruz, dispensant notamment de cours de portugais.

Entre les années 1950 à 1970, des milliers de portugais ont fui la dictature de Salazar pour s’installer dans d’autres pays européens ou en Amérique du nord, dont au Canada. Ils provenaient du Portugal continental, des Azores et de Madère, et leur immigration se poursuivit jusqu’à la stabilisation de la situation politique et économique au début des années 198040. Ils furent nombreux

à s’établir dans une partie spécifique de l’actuel Plateau Mont-Royal, à proximité de l’église. Cette dernière a justement été fondée en pleine vague migratoire. Aujourd’hui, on désigne encore par le nom de « Quartier portugais » la zone dans laquelle les Portugais se sont ancrés à l’époque de leur immigration, bien qu’après les années 1980, leur immigration ait fortement diminué41. Le Plateau-

Mont-Royal, l’arrondissement où est située l’église, demeure aujourd’hui l’arrondissement le plus habité par des portugais42.

39https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/la-foi-au-service-de-lidentite-les-eglises-et-les-missions-

portugaises (consulté le 12 août 2019)

40https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/la-communaute-portugaise-de-montreal (consulté le 13 août 2019)

41https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/le-plateau-mont-royal-ravive-par-la-communaute-portugaise (consulté le 13 août 2019)

42http://www.quebecinterculturel.gouv.qc.ca/publications/fr/diversite-ethnoculturelle/com-latino-americaine-

À l’heure actuelle, alors que la majorité des personnes d’origine portugaise au Québec sont nées ici43, la plupart des personnes d’origine brésilienne ont immigré44, puisque l’immigration brésilienne

correspond à une immigration plus récente. Or, les Brésiliens représentent une petite minorité à Santa Cruz, tout comme les Açoriens. Notons que la langue officielle au Portugal et aux Açores est le portugais, et qu’au Brésil, il s’agit du portugais brésilien. Nous ne disposons d’aucune information sur les éventuels autres immigrants ou descendants d’immigrants lusophones fréquentant l’église. Les plus jeunes de l’église correspondent pour la plupart à la troisième génération d’immigrants. Quelques personnes non-originaires d’un pays lusophone côtoient aussi l’église, généralement en tant que conjoints ou conjointes de membres lusophones.

43http://www.quebecinterculturel.gouv.qc.ca/publications/fr/diversite-ethnoculturelle/com-portugaise2011.pdf (consulté le 13 août 2019)

44http://www.quebecinterculturel.gouv.qc.ca/publications/fr/diversite-ethnoculturelle/com-bresilienne-2011.pdf (consulté le 13 août 2019)

Figure 5 – Photo de groupe à UPC après le service du dimanche matin (la chercheuse se trouve vers l’extrémité de droite)

Les rapports sacrés, sociaux et culturels aux

langues dans les cinq églises : nos données ethnographiques

Conformément à ce que nous avons énoncé dans notre introduction, lors de notre collecte de données, nous avons repéré trois types de rapports distincts liant les églises et les langues qui y sont parlées. En premier lieu, le rapport liturgique, en deuxième, le rapport social, et en troisième, le rapport culturel; ces trois rapports sont le résultat des pratiques des fidèles au sein de ces institutions religieuses, et constituent nos thématiques d’approche de nos données. Dans la première partie, nous répertorierons les données concernant les langues employées pendant les services rituels d’une part, et pendant les cours de catéchèse d’autre part, pour ensuite les compléter avec des observations que nous avons faites ainsi que des témoignages de la part de nos participants quant aux liens qu’ils perçoivent entre leur foi et leur langue d’héritage, mais aussi les autres langues parlées. Dans la deuxième partie, nous débuterons par un classement des différentes générations d’immigrants dans les cinq églises, et examinerons leurs pratiques linguistiques, c’est- à-dire les langues à travers lesquelles les différentes générations socialisent de façon habituelle. Encore une fois, nous nous appuierons sur nos observations ainsi que des éléments recueillis lors de nos entretiens. Dans cette même partie, nous nous attarderons ensuite sur les points de vue de nos répondants quant au rôle « socialisateur » de leur église, notamment pour ce qui est de leur langue d’héritage, puis sur leurs rapports aux langues majoritaires, pour enfin nous pencher sur leur socialisation générale à la langue d’héritage (au quotidien, en dehors des églises) et leurs motivations ou non à la transmettre. Dans notre dernière partie, nous illustrerons d’abord, église par église, les types d’activités et événements sociaux/culturels que les fidèles y partagent, avant de mettre de l’avant les références que l’on y trouve en lien avec leur culture d’héritage, d’exposer les liens que nos répondants ont fait entre langues, communautés, identités et cultures, puis de voir ce qu’ils disent et ce que l’on voit dans les églises à propos des langues et de la culture québécoises. Enfin, il s’agira d’invoquer les données faisant transparaître la diversité des identités culturelles, ethniques et linguistiques au sein de ces églises et chez leurs fidèles.

Puisqu’il est question d’un chapitre de « données » à proprement dit, nous tenterons d’exposer le fruit de notre récolte de données sans expliquer, interpréter, ni analyser ce que nous avons recueilli,

bien que le fait-même de les avoir triés et catégorisés par thématique constitue un biais à la « neutralité scientifique », plus idéale que réellement atteignable.

4.1. La liturgie, la catéchèse (ou Sunday school) et le rapport