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Galien définit la santé dès le premier chapitre du premier livre de son traité, fondée sur des éléments physiologiques :

« […] health consists in a definite pro- « […] la santé consiste en une proportion portion of so-called constituent elements, of précise d’éléments communément appelés warm, cold, moist, and dry, and is fulfilled primordiaux, le froid, le chaud, le sec et l’ by the composition of the same organic ele- humide, et est accomplie par la combinai- ments, their quantity, size, and conforma- son de ces mêmes éléments organiques, en tion. So that whoever is able to preserve quantité, taille et conformation. Celui qui se- these, will be the best guardian of health »1. ra capable de les préserver sera un bon pro-

tecteur de la santé »2.

C’est donc le « bon » mélange (eukrasia — εὐκρασία) des proportions adéquates (summetria — συμμετρία) de ces éléments primordiaux qu’il convient de préserver ou de rétablir pour conserver (ou recouvrer) la santé.

Un plus loin, Galien complète cette définition de la santé d’une dimension plus fonctionnelle :

1Green1951a, livre I-1, p. 5.

2Santé : hygeia - ὑγεία ; proportion : symmetria –συμμετρία ; froid : psukros – ψυχρός ; chaud : thermos – θερμός ; sec : xeros – ξερός ; humide : hugros – ὑγρός ; combinaison : synthesis – συνθέσις.

« For we all need health, not only for « Car nous avons tous besoin de la san- the functions of life which diseases impede, té pour accomplir les fonctions de la vie interrupt, or destroy, but also that we may que les maladies entravent, interrompent avoid disease. For we are afflicted no little ou suppriment, mais également pour éviter with pain ; but that condition in which we les maladies. En effet, nous sommes empê- do not suffer pain, and are not impeded chés de façon non négligeable lorsque nous in the activities of life (bion energeia – βίον sommes en proie à la douleur. Or voilà ce ἐνεργείας), we call health »1. que nous appelons la santé, cet état dans

lequel nous n’éprouvons ni douleur ni obs- tacle à l’accomplissement des fonctions de la vie. »

La santé selon Galien est donc définie par l’absence de douleur et la capacité in- tacte du corps à accomplir les fonctions de la vie quotidienne. On peut en rapprocher la définition plus récente de René Leriche, que George Canguilhem discute dans Le

Normal et le Pathologique (Canguilhem1966, page 52) : « La santé, c’est la vie dans le silence des organes. »

On peut également en rapprocher par son esprit celle de la Classification interna-

tionale du fonctionnement, du handicap et de la santé de l’Organisation Mondiale de la

Santé, classification de la santé qui décrit les fonctions organiques et les structures anatomiques, les activités et la participation, les facteurs de l’environnement et insiste sur la manière dont chacun peut vivre au maximum de ses possibilités (Organisation Mondiale de la Santé2001). Cette classification insiste sur le fonctionnement global, intégré de l’organisme dans son environnement, contrairement à la Classification In- ternationale des Maladies.

La maladie se place donc au niveau des phénomènes. Pour la reconnaître il faut que ses manifestations soient évidentes aux sens. Elle n’existe donc pas avant d’être symptomatique ou de produire des signes que le médecin peut percevoir lors de son examen.

« For everywhere perception is our cri- « Car partout la perception est notre cri- terion in the functions of life. So that by per- tère des besoins de la vie. C’est par la percep- ception we shall judge temperateness (eukra- tion que nous en jugeons le caractère tem- sia – ἐνκρασία) and intemperateness (dyskra- péré ou non. Nous ne reconnaitrons donc sia – δυσκρασία). Similarly the impairment un déficit fonctionnel contraire à la nature of any function contrary to nature we shall comme maladie que quand il aura atteint un recognize as disease only when it reaches a degré perceptible, que nous considérions la perceptible degree, whether one considers maladie comme la détérioration de la fonc- the disease to be the impaired functions or tion ou comme les conditions qui mènent à the conditions by which they are impaired, cette détérioration, ou que nous souhaitions or wishes to call them causes or effects »2. l’appeler cause ou effets. »

Comme tous les individus ne peuvent prétendre à une santé parfaite, qui n’existe sans doute pas, il ne faut considérer comme maladies que les dyscrasies importantes qui empêchent le fonctionnement normal, contraires à la nature ; les autres dyscrasies,

1Green1951a, livre I-5, p. 15. 2Green1951a, livre I-5, p. 16.

celles qui laissent les fonctions se dérouler normalement, même si elles n’atteignent pas un niveau de performance parfait, sont conformes à la nature.

« […] one ought not, therefore, to deter- « […] on ne devrait donc pas définir la mine health and disease merely by vigor or santé ou la maladie seulement par la vi- weakness of function, but one should apply gueur ou la faiblesse des fonctions, mais to the healthy the term “in accordance with [nous devons] plutôt appliquer à ce qui est nature” (κατὰ φύσιν), and to the sick the sain le terme “selon la nature”, et à ce qui est term “contrary to nature” (παρὰ φύσιν) since malade l’expression “contraire à la nature”, health is a condition producing function in car la santé est une disposition produisant accordance with nature, and disease a condi- les fonctions “selon la nature”, et la mala- tion (διάθεσις) producing function contrary die une disposition produisant les fonctions

to nature »1. “contraires à la nature” ».

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