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OU SALLE PUBLIQUE DE LECTURE « OUVERTE À TOUT VENANT »

À LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

AU XIX

e

 SIÈCLE (1868-1905)

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L’

histoire de la « salle B », créée en 1868 pour accueillir ce que nous appellerions aujourd’hui le « grand public » ou les « lecteurs non chercheurs », mais que le xixe siècle appelait le « tout venant »,

par opposition à un lectorat lettré composé de savants et fréquentant les salles de travail des départements spécialisés, demeure assez peu connue. Seul un article d’Ève Netchine et Edmée Strauch1, paru en 1998, y est spé-

cifiquement consacré. La « salle B » pose pourtant, dès le Second Empire, une question fondamentale qui est celle de la place du lectorat populaire à la Bibliothèque nationale. En ce sens, elle renvoie à la mission de lec- ture publique de l’établissement. C’est une problématique qui, loin de se cantonner à la seconde moitié du xixe siècle, aux administrations de Jules-

Antoine Taschereau (1858-1874)2 et de Léopold Delisle (1874-1905), dont

il sera plus précisément question dans cet article, trouve au xxe siècle, et

encore actuellement, de nombreux échos3.

Il convient de préciser que les sources archivistiques relatives à cette salle sont peu nombreuses et peu disertes. Il s’agit principalement des archives de l’établissement ou «  archives modernes  »4, conservées au

département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, et des « archives

1 Ève Netchine et Edmée Strauch, « La salle B ou 70 ans de lecture publique à la Bibliothèque nationale  », in Bruno Blasselle, Laurent Portes (dir.), Mélanges autour de l’histoire des livres imprimés et périodiques, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1998.

2 Marie Galvez, « Jules-Antoine Taschereau : « un grand administrateur », 1858-1874 », Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2012, n° 40, Arts du mime, pp. 50-55.

3 Marie Galvez, Accueillir le grand public à la Bibliothèque nationale de France  : origines, per- manences et évolutions, mémoire d’étude de conservateur des bibliothèques, sous la direc- tion de Dominique Varry  : enssib, 2011, <  http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/docu- ment-49074 >.

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administratives », consultables sur le site François Mitterrand. Les verse- ments du ministère de l’Instruction publique, ministère de tutelle de la Bibliothèque, conservés aux Archives nationales5, représentent également

une source d’information précieuse. Enfin, la presse du temps, sélection- née et conservée dans des registres au département des Manuscrits6, se

révèle riche d’enseignements (même s’il convient d’utiliser avec précau- tion cette nature de documents, souvent de parti pris). Cette discrétion des sources, à une époque où les enquêtes de publics n’existent pas, conduit moins à étudier des lectorats effectifs, sur lesquels il n’existe que peu d’information, que des discours et des structures, dont il est parfois diffi- cile d’évaluer l’impact.

LES DÉBUTS DE LA « SALLE B » SOUS L’ADMINISTRATION DE JULES-ANTOINE TASCHEREAU (1858-1874)

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Après une première et éphémère expérience commencée en 1833, la ques- tion de l’ouverture d’une salle publique de lecture à la Bibliothèque natio- nale est à nouveau abordée par la Commission de réorganisation présidée par Prosper Mérimée en 1858. La réflexion qui y est menée au cours des débats entraîne la décision de créer la « salle B ».

Vers une salle publique de lecture

Pendant le premier tiers du xixe siècle, la Bibliothèque ne fait pas de distinc-

tion entre ses catégories de lecteurs, accueillant de fait plutôt des érudits dans ses départements spécialisés, et des lecteurs aux motivations diverses dans l’unique salle de lecture des Imprimés. Cette situation est à l’origine de nombreuses plaintes répétées, émanant de « lecteurs sérieux » gênés par le voisinage de ceux qui ne viennent à la Bibliothèque que pour se chauffer ou lire le journal. La figure du clochard ou du dilettante fait en effet partie de ces clichés que les journaux véhiculent à plaisir tout au long du xixe siècle.

Consciente de cette situation et désireuse d’y remédier, la Bibliothèque crée dès 1833 une salle de lecture ouverte à tous, sur laquelle il n’existe presque pas d’information. Située au premier étage de l’aile est de la cour d’honneur, à l’emplacement de l’ancienne salle de lecture des manuscrits

5 Archives nationales, sous-série F17 (AN/F17).

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occidentaux faisant face à la Galerie Mazarine7, elle possède un fonds

de 20 000 ouvrages, mis à la disposition des lecteurs, avec la possibilité de communiquer d’autres livres des Imprimés grâce à un monte-charge. Chauffée et confortable, la salle souffre bientôt de son abondante fréquen- tation et, dès 1845, le bibliophile Jacob8 évoque les difficultés qu’entraîne,

selon lui, l’afflux d’un public peu choisi rue de Richelieu : « La Bibliothèque du roi ne sert plus à personne pour avoir voulu servir à tout le monde, elle n’offre aucune ressource efficace aux études élevées et profondes ; elle favorise l’oisiveté lisailleuse [alors qu’elle] est fuie et redoutée par les travailleurs sérieux »9.

Il rapporte également les impressions de Joseph Van Praet10, direc-

teur de la Bibliothèque, qui s’inquiète de cette « invasion de barbares »11

lisant installés sur les barreaux des échelles ou à même le parquet. Cette affluence prouve que la salle publique rencontra un vif succès qui n’em- pêcha cependant pas sa fermeture, à une date et pour des raisons qui demeurent inconnues12. En 1857, il n’est, en tout cas, plus du tout fait

mention de son existence.

L’année 1858 marque un tournant dans l’histoire de la Bibliothèque nationale, alors impériale. Elle est en effet marquée par les travaux de la Commission Mérimée, qui se réunit de janvier à mars13. Cette importante

réunion de fidèles de l’Empire, dirigée par l’éminent sénateur, ancien inspecteur des monuments historiques, Prosper Mérimée, a pour mis- sion de réorganiser complètement la Bibliothèque, qui peine à assimiler l’héritage de la Révolution française et l’extraordinaire afflux de collec- tions nouvelles que cet évènement a entraîné. Au cours de ses séances, la Commission pose la question de la place du lectorat « populaire » et

7 Ève Netchine et Edmée Strauch, « La salle B ou 70 ans de lecture publique à la Bibliothèque nationale  », Mélanges autour de l’histoire des livres imprimés et périodiques, op. cit. Simone Balayé semble, quant à elle, considérer que cette salle se situait au rez-de-chaussée du petit hôtel de Cotte, Simone Balayé, « Les publics de la Bibliothèque nationale », Histoire des biblio- thèques françaises, t. III, Les bibliothèques de la Révolution et du xixe siècle, 1789-1914, [Paris],

Éditions du Cercle de la Librairie, 2009.

8 Paul Lacroix, dit le « bibliophile Jacob » (1807-1884) est une personnalité du monde savant de l’époque.

9 Paul-Louis Jacob, Réforme de la Bibliothèque du roi, Paris, Alliance des arts ; et chez M. Téchener libraire, 1845, p. 9.

10 Joseph Van Praet (1754-1837).

11 Paul-Louis Jacob, Réforme de la Bibliothèque du roi, op. cit., p. 9.

12 Cette fermeture s’explique peut-être par la vétusté des locaux. Il est possible, également, que la très grande affluence des lecteurs dans cette salle qui n’avait pas particulièrement été aména- gée pour un lectorat populaire, soit devenue trop difficile à gérer pour le personnel.

13 AN/F/17/3457, Procès-verbaux des séances de la Commission Mérimée. Voir aussi Marie Galvez, « Mérimée, les bibliothèques et la bibliothéconomie », Cahiers Mérimée, 2011, n°3, pp. 35-51.

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de sa cohabitation avec les savants (ce qu’elle appelle la « publicité »14 à

donner à l’institution) : « La Bibliothèque impériale doit-elle être publique, ouverte à tout venant ou bien ne faut-il y admettre que des personnes conduites par l’amour de l’étude et munies d’une autorisation ? »15.

En réponse à cette question, le Rapport de la Commission propose la création de deux salles de lecture au département des Imprimés : l’une réservée aux « travailleurs sérieux », aux « personnes dûment autori- sées » ; et l’autre « absolument publique », « ouverte à tout venant »16.

Le ministre de l’Instruction publique, Gustave Rouland, en ratifiant cette proposition17, investit officiellement la Bibliothèque impériale d’une

double mission de recherche et de lecture publique, en même temps qu’il reconnaît l’existence au sein de l’établissement de deux catégories bien distinctes de publics ayant chacune un usage différent des collections. La mesure, qui figure dans le décret impérial de réorganisation du 14 juillet 185818, tarde cependant à être appliquée, en raison des importants travaux

de rénovation et de reconstruction que connaît la Bibliothèque au cours de cette période. Si l’aménagement de la salle de travail des Imprimés occupe l’attention des contemporains, devenant pour Henri Labrouste prétexte à un véritable manifeste architectural19, celui de la salle publique de lecture

n’est que tardivement étudié par l’administration de la Bibliothèque.

Le tournant de 1868 : la création de la salle B

L’administrateur général Taschereau n’aborde la question de la salle publique de lecture qu’en juin 1866, assez tardivement donc, puisque l’ou- verture des deux salles est prévue pour 1868 et que, depuis la signature du

14 Le terme est employé dans les procès-verbaux de la Commission. Il désigne l’accueil du public à la Bibliothèque.

15 Prosper Mérimée, Rapport présenté à Son Excellence le ministre de l’Instruction publique et des Cultes, Paris, Imprimerie impériale, 1858, pp. 10-11.

16 Notons que Prosper Mérimée s’exprime peu sur cette question, pourtant très importante. Il est vrai que le président a le plus souvent tendance à raisonner en fonction de ce qui passe alors pour le modèle bibliothéconomique de la période : le British Museum de Londres (dont le direc- teur Antonio Panizzi est de ses amis). Notons aussi que, parmi les membres de la Commission, seul Armand Louis Marie Marchand, conseiller à la cour de cassation, se déclare contre cette scission des publics, considérant que la Bibliothèque doit être une et ne pas créer de distinc- tions. Voir AN/F/17/3457, Procès-verbaux des séances de la Commission Mérimée.

17 Gustave Rouland, Rapport à l’Empereur par Son Excellence le ministre de l’Instruction publique et des Cultes concernant les améliorations à apporter à l’organisation de la Bibliothèque impériale, Paris, Dupont, 1860.

18 Recueil des lois et actes de l’Instruction publique, année 1858, onzième année, Paris, Jules Delain, 1858.

19 Claire Lesage, « Henri Labrouste et le département des Imprimés », Mélanges autour de l’his- toire des livres imprimés et périodiques, op. cit.

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décret de 1858, la constitution de la salle de travail est un sujet presque quotidiennement abordé à la Bibliothèque. Le comité consultatif, organe décisionnel de l’établissement présidé par Jules-Antoine Taschereau, déclare que les collections de la salle publique seront composées majori- tairement de doubles provenant du département des Imprimés ou obtenus par voie d’échanges avec des libraires20. En septembre 1866, c’est la ques-

tion du coût financier de la mise en place du fonds qui est abordée. Dans la mesure où la nouvelle salle doit compter 30 000 ou 40 000 volumes adaptés aux besoins spécifiques de son public, Taschereau demande une augmentation de 50 000 francs du budget consacré aux acquisitions et reliures pour 1867 (lequel est habituellement de 72 000 francs). L’objectif est de parer au plus pressé en créant un premier fonds d’ouvrages, destiné à s’accroître grâce à un crédit particulier de 10 000 francs annuels (qui ne sera cependant pas toujours versé avec régularité)21.

Il s’agit d’acquérir les grandes collections que l’établissement ne pos- sède pas en double ainsi que tous les ouvrages d’arts et métiers, dont le dépôt légal, ne fournit qu’un seul exemplaire, car il faut « être en mesure de donner aux lecteurs, dans la salle publique comme dans l’autre, un exemplaire de toute nouvelle édition de ces ouvrages techniques publiés avec les progrès nouveaux de la Science »22. En octobre 1866, le comité

consultatif s’occupe de former, avec les doubles du département des Imprimés, la collection « d’ouvrages divers » devant servir de noyau aux 30 000 ou 40 000 volumes appelés à composer le fonds de la « salle B » dite aussi « salle Colbert » en raison de son emplacement le long de la rue Colbert. L’activité de Taschereau et de ses collaborateurs s’accélère l’année suivante, en mars 1867 : il ne s’agit plus alors d’envisager des échanges, de demander des crédits ou de répertorier des doubles, mais bien d’étudier enfin le cœur de la question, c'est-à-dire la nature des ouvrages à disposer dans la salle publique et la place qui doit être laissée au libre accès.

20 BN/AM/70, registre des procès-verbaux de la Bibliothèque impériale, séance du 28 novembre 1866. Des exemplaires du Catalogue des manuscrits hébreux et samaritains de la Bibliothèque impériale, récemment publié par la Bibliothèque, sont échangés contre des ouvrages provenant de la maison Firmin-Didot destinés à la salle publique de lecture.

21 En octobre 1868, par exemple, Taschereau rappelle au ministre que 30  000 francs, sur les 50 000 reconnus nécessaires à la dotation de la salle publique, n’ont toujours pas été versés. Or, « si nous ne mettons pas, sans nouveaux délais, la salle publique de lecture où nous désirons appeler les industriels, les ouvriers, en état de leur fournir les livres qui leur sont indispen- sables, cette création deviendra stérile et la combinaison des deux salles sera complètement manquée », BN/AM/208 (dossier 25).

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Pour mener à bien ce travail, le directeur fait appel à un personnel élargi, composé des conservateurs du département des Imprimés et de leurs adjoints, et répartit les tâches. Olivier Barbier23 est chargé de réfléchir à

l’élaboration d’un nouveau règlement. Paulin Richard et Edme Rathery sont chargés de dresser la liste des livres devant composer le fonds de la salle publique. Ils dressent un premier bilan de leur travail en avril 1867 : pour eux, ce fonds doit en priorité se constituer d'ouvrages de références et de grands recueils généraux de nature historique ou scientifique, comme les Mémoires sur l'Histoire de France par exemple, afin d’éviter d'acquérir des ouvrages séparés consacrés spécifiquement à une époque ou à la vie d'un homme illustre. Mettant à profit la fermeture annuelle de la quinzaine de Pâques, les conservateurs poursuivent sérieusement leur étude, dépouillant le Catalogue de l’Histoire de France, faisant appel à l’expérience des employés afin d’avoir un aperçu des ouvrages les plus demandés et allant, pour Paulin Richard, jusqu’à examiner les collections conservées à la bibliothèque du Conservatoire des arts et métiers. Le personnel se déclare favorable à ce que des recueils d’ornementation et des livres à figures, quelque élevé que puisse en être le prix, soient inscrits sur la liste des acquisitions de la salle publique. La consultation de ces registres d’acquisitions pour l’année 186824

permet de reconstituer une petite partie du fonds d’ouvrages que la « salle B » devait avoir à ses débuts. Grâce à des accords passés avec des libraires parisiens (comme le libraire Charles Poquet), la Bibliothèque acquiert des numéros du Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie natio- nale, des volumes de la Collection des principaux économistes, des Annales de chimie, un Traité de la charpente, un autre sur les ponts métalliques, un Dictionnaire du mobilier français, etc. Il est précisé que « Toutes ces col- lections sont nécessaires pour la future salle publique de lecture. Elles ne seraient payées que l’an prochain ». Un accord passé avec la maison Firmin- Didot permet d’acquérir des ouvrages plus généraux tels que : Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaire des Beaux-arts, Encyclopédie pratique d’agriculture, Encyclopédie d’histoire naturelle, un Traité d’électri- cité ou encore un Précis de minéralogie…

Le travail mené par les conservateurs est donc essentiellement d’ordre pratique ; aucun développement théorique sur la nature précise du public à accueillir, sur ses besoins spécifiques ainsi que sur les missions de la salle de la rue Colbert n’est énoncé. Cependant, en filigrane, à travers

23 Olivier Barbier (1806-1882), Paulin Richard (1798-1871) et Edme Rathery (1807-1875) sont tous trois conservateurs-sous-directeurs adjoints aux Imprimés depuis 1864.

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l’évocation des ouvrages se rapportant aux sciences et à l’industrie, l’allu- sion aux arts et métiers ou aux documents figurés, c’est bien un public populaire de commerçants et d’artisans qui s’esquisse. Pourtant, rien n’est clairement dit, ce qui est étonnant de la part de conservateurs, capables d’avoir recours à des trésors d’éloquence quand le sujet (catalogues, acquisitions, dons) les passionne. Cela veut-il dire que la constitution de la salle B aux 30 000 ouvrages jugés « largement suffisants »25 ne les inté-

resse pas ? Ou bien faut-il voir dans cette discrétion inhabituelle l’expres- sion d’un travail mené à la hâte, une simple manière de « parer au plus pressé » (à une époque où la Bibliothèque est également occupée par les préparatifs de l’Exposition universelle de 1867)26 ?

Inauguration et réception de la « salle B »

En définitive, la salle publique de lecture est inaugurée le 2 juin 1868 et celle réservée aux « travailleurs autorisés », le 12 du même mois. L’ouverture simultanée des deux salles que souhaitait l’administrateur Taschereau n’a finalement pas été possible, cependant il a été en partie tenu compte de ses avis : la « salle B » a ouvert avant la salle Labrouste.

Les sources manquent sur l’inauguration de la salle publique puis sur son fonctionnement. Il est certain cependant que, compte tenu du retard des travaux et des échecs répétés de Taschereau pour acquérir les maisons formant l’angle de la rue Colbert et de la rue Vivienne27, elle

se situe encore à l’emplacement de l’ancienne salle de lecture unique des Imprimés. Pour des raisons de surveillance, elle possède sa propre entrée, au numéro 3 de la rue Colbert : une porte discrète sur le côté, écartée de la grande entrée donnant sur le square Louvois qu’empruntent les lecteurs de la salle de travail. Comme la nouvelle salle construite par

25 BN/AM/71, séance du 3 avril 1867 : « Certaines collections, le recueil général des Mémoires sur l'Histoire de France, par exemple, dispenseront d'acquérir des ouvrages séparés sur une époque et sur la vie d'un homme. D'autres collections offriront le même avantage en ce qui concerne la science ou la littérature et, bien que MM. les conservateurs n'aient pas encore terminé l'examen préalable [...] ils estiment dès à présent que le chiffre de 30 000 volumes déterminé par le décret impérial sera largement suffisant pour répondre aux besoins des lecteurs de la salle publique ». 26 Taschereau espère un temps pouvoir ouvrir les deux salles de lecture des Imprimés pour l’Ex-

position universelle de 1867. La chose se révélant impossible en raison de l’inachèvement des travaux, il se consacre à l’organisation de petites présentations des derniers documents acquis ou obtenus grâce aux missions scientifiques menées par le ministère de l’Instruction publique. BN/AM/71, séance du Comité consultatif du 29 mai 1867.

27 La Bibliothèque ne forme pas encore à cette époque un quadrilatère autonome. Les maisons particulières situées à l’angle des rues Colbert et Vivienne n’ont pas encore été rachetées par l’État. Elles ne le seront que sous l’administration de Delisle.

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Labrouste, la « salle B » accueille le public de 10 heures à 4 heures, mais se distingue par son ouverture le dimanche, caractéristique d’un projet de lecture populaire. Prévue pour accueillir 200 personnes, elle se compose