En avril, mai et juin, le caractère hivernal s’estompe progressivement pour les
dépressions et beaucoup plus rapidement pour les anticyclones. Par exemple, les mois d’avril
et mai, montrent que l’activité dépressionnaire reste proche de la moyenne annuelle alors que
pour les anticyclones, le mois de mai montre une activité nettement plus faible (les fréquences
des dépressions sont supérieures à la moyenne annuelle contrairement à la fréquence des
anticyclones qui chute au cours du mois de mai. De plus, pour les dépressions, les durées
d’existence sont plus longues, les vitesses de déplacement sont plus rapides, les trajectoires
sont plus méridionales montrant une continuité du caractère hivernal persistant jusqu’en mai
et juin, contrairement aux anticyclones qui entrent dans leur phase estivale dès le mois de
juin).
La répartition spatiale des systèmes dépressionnaires et anticycloniques en AMJ
(Figure 2.11) se rapproche de celle observée en JAS, avec des dépressions circulant sur le
continent asiatique et des anticyclones concernant davantage la zone sub-tropicale du centre et
de l’Est du Pacifique Nord.
(a) Dépressions AMJ 1950-54
100 150 200 250
0
204
0
608
0
1000
1010
1020
1030
100°E 150°E 160°O 110°O
(b) Anticyclones AMJ 1950-54
100 150 200 250
0
2
04
0
6
08
0
1000
1010
1020
1030
Figure 2.11. Exemples de trajectoires des dépressions (a) et des anticyclones (b), et PNM moyenne de 1950 à
1954 en AMJ. Le symbole « * » matérialise le début de trajectoire.
100°E 150°E 160°O 110°O
De manière générale, la persistance hivernale est beaucoup plus longue pour les
caractéristiques des dépressions et inversement plus courte pour les anticyclones. Ainsi, pour
le printemps, avril, mai et juin sont des mois de transition pour les dépressions et seulement
les mois d’avril et mai pour les anticyclones. Cette réalité est également perceptible en
automne avec une nette persistance du caractère estival de l’activité dépressionnaire,
contrairement aux anticyclones qui entrent dans la saison hivernale beaucoup plus rapidement
avec des fréquences et intensités très fortes dès les mois de novembre et décembre. Les
anticyclones présentent donc une transition rapide, au cours du mois d’octobre, alors que
l’activité dépressionnaire met 3 mois (OND) pour atteindre son caractère hivernal en
particulier pour les paramètres de durée des trajectoires et vitesse de déplacement ainsi que
pour les caractéristiques spatiales en latitude.
Les effets océaniques et continentaux semblent donc avoir un impact sur la
saisonnalité des caractéristiques des dépressions et des anticyclones respectivement, car les
dépressions circulent majoritairement sur l’océan alors que les anticyclones sont
particulièrement sous l’influence du continent asiatique dès le mois d’octobre (formation de
Chapitre 2 : Climatologie des dépressions et des anticyclones dans le Pacifique Nord
l’Anticyclone de Sibérie). La zone de fréquentation maximale des dépressions (Figure 2.12)
se concentre progressivement sur la région des Aléoutiennes et les anticyclones en
provenance de Sibérie sont plus fréquents. La structure de circulation en OND se rapproche
de celle de JFM et plus particulièrement pour l’activité anticyclonique.
(a) Dépressions OND 1950-54
100 150 200 250
0
204
0
608
0
1000
1010
1020
1030
100°E 150°E 160°O 110°O
(b) Anticyclone OND 1950-54
100 150 200 250
0
204
0
608
0
1000
1010
1020
1030
100°E 150°E 160°O 110°O
Figure 2.12. Exemples de trajectoires des dépressions (a) et des anticyclones (b), et PNM moyenne de 1950 à
1954 en OND. Le symbole « * » matérialise le début de trajectoire.
Au cours de la période de janvier 1950 à décembre 2001, l’étude climatologique des
caractéristiques des systèmes transitoires montre que la fréquence des dépressions ayant
atteint le Pacifique Nord durant au moins un jour, est plus faible que celle des anticyclones.
Les seuils de pression, de durée des trajectoires et l’espace géographique utilisé pour
identifier les systèmes atmosphériques des moyennes latitudes du Pacifique Nord, influencent
les caractéristiques et particulièrement celles des fréquences.
La présence du continent asiatique à l’ouest de notre secteur, générant un fort déficit
radiatif en hiver est associé à la présence de nombreux noyaux anticycloniques qui atteignent
la façade occidentale de l’Océan Pacifique. En revanche, en été, les fréquences des
dépressions et anticyclones tendent à s’équilibrer.
De manière générale, sur notre espace d’étude, l’activité transitoire montre un
contraste fort entre l’hiver (JFM) et l’été (JAS). Durant la saison de type hivernal (estival), les
systèmes atmosphériques sont généralement plus (moins) nombreux, surtout les anticyclones,
et plus (moins) intenses. Les dépressions parcourent des distances plus réduites (grandes) et
les anticyclones des distances plus grandes (réduites). Les systèmes transitoires ont une durée
de vie plus courte (longue) et des vitesses de déplacement plus rapides (lentes). Ils adoptent
des trajectoires plus méridionales (septentrionales, figure 2.13) et les dépressions ont un
espace de couverture en latitude plus restreint (large) alors que celui des anticyclones est plus
large (restreint). Les cyclones des moyennes latitudes concernent davantage le Pacifique
Nord-Est (Nord-Ouest) avec un espace couvert en longitude plus restreint (large) et
inversement les anticyclones circulent davantage sur le Pacifique Nord-Ouest (Nord-Est) avec
un espace couvert en longitude plus large (restreint).
120 140 160 180 200 220 240
30
40
50
60
J
MD
A
M
J
JA S
O
JFMDNO S
F
N
A MAJJ
- <=990 <=992 <=994 - <=996 - <=998 - <=1000 - <=1002 -- >= 1020 - >= 1022 >= 1024 - >= 1026 - >= 1028-Figure 2.13. Position et intensité moyenne mensuelle de l’activité dépressionnaire et de l’activité anticyclonique.
Les lettres représentent les mois et les couleurs la pression moyenne (en hPa).
120°E 180° 120°O
Les caractéristiques moyennes saisonnières des dépressions et des anticyclones sont
cohérentes avec la circulation moyenne saisonnières de surface et en altitude.
En hiver (été) :
- les dépressions circulent plus (moins) fréquemment sur le centre et l’Est du
Pacifique Nord et en particulier sur la région des Aléoutiennes ;
- les dépressions sont plus (moins) creuses ;
- les anticyclones circulent plus fréquemment sur le continent asiatique et l’Ouest du
Pacifique Nord (l’Est du Pacifique Nord) ;
- les anticyclones ont une pression centrale plus forte (faible).
Ceci est associé en surface à (cf. Annexes, figures A2.1, 2, 3) :
- une dépression des Aléoutiennes intensifiée (affaiblie) et décalée vers le sud-est
(nord-ouest);
- un anticyclone de Sibérie intensifié (absent) ;
- une ZCIT et un anticyclone sub-tropical décalés vers le sud (nord) ;
et en altitude à (500 hPa, cf. Annexes, figures A2.4, 5, 6) :
- un courant jet sub-tropical intensifié (affaibli)
- une circulation méridienne renforcée (réduite) avec un talweg froid sur l’Est de
l’Asie et une dorsale chaude sur le centre et l’Est du Pacifique Nord.
Nous devons également souligner que les effets océaniques et continentaux semblent
avoir une influence sur la saisonnalité de l’activité dépressionnaire et anticyclonique
Chapitre 2 : Climatologie des dépressions et des anticyclones dans le Pacifique Nord
respectivement. Le caractère hivernal de l’activité dépressionnaire tend à persister au cours du
printemps et le caractère estival tend à persister au cours de l’automne, contrairement à
l’activité anticyclonique qui change de phase (hivernale/estivale) brutalement lors de ces
même saisons.
Selon Petterssen (1956), Klein (1957,1958), Zishka et Smith (1980), c’est au cours de
la saison hivernale que le contraste est maximal entre l’activité dépressionnaire et
anticyclonique. Nos résultats rejoignent cette observation. L’analyse du cycle annuel de
l’activité transitoire (l’étude de l’ensemble des caractéristiques relatives aux dépressions et
aux anticyclones) nous a permis de définir plus précisément la saison hivernale au sein du
Pacifique Nord. L’hiver est principalement centré sur les mois de janvier, février et mars
(JFM), excluant le mois de décembre qui comporte certaines influences automnales
notamment au point de vue de la circulation des systèmes dépressionnaires. De plus selon
Gulev et al. (2001), la variabilité inter-annuelle des caractéristiques des dépressions
extra-tropicales, pour chacun de ces trois mois (JFM), présente une meilleure relation entre eux
plutôt qu’avec le mois de décembre. Livezey et al. (1997) ont montré également que ces trois
mois tendent à être plus consistants par rapport à la variation inter-annuelle de la circulation
atmosphérique moyenne sur la région Pacifique Nord / Amérique du Nord.
Ainsi, au cours de l’hiver (JFM) l’activité dépressionnaire est fortement concentrée sur
la région des Aléoutiennes et l’activité anticyclonique sur le continent asiatique. Dans les
chapitres suivants, nous nous intéresserons uniquement à la saison hivernale (JFM). La
période choisie de 1950 à 2001, recouvrant 52 hivers, est suffisamment longue pour étudier
plus précisément la climatologie de l’activité dépressionnaire et anticyclonique hivernale,
ainsi que pour estimer l’influence de la variabilité de leurs caractéristiques sur les
températures et les précipitations hivernales en Amérique du Nord-Ouest.
PARTIE II : Relations entre l’activité
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L'activité dépressionnaire et anticyclonique hivernale des moyennes latitudes du Pacifique Nord
(Page 70-75)