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10. Marché des drogues

10.3. Saisies

Le marché composé de petites annonces

Enfin, l’une des dernières facettes du marché est la vente de produits par petites annonces.

L’OFDT a réalisé courant 2010 un travail de recherche qui portait sur « l’accréditation »206 des informations sur Internet à propos des drogues en général. Ce travail a permis de réaliser une typologie des sites en ligne relatifs aux NPS (Delprat 2011) et référencés par les moteurs de recherche. La majeure partie des produits phares du moment est ainsi apparue comme disponible sur des sites de petites annonces, insérées dans des catégories génériques. La plupart des annonces renvoie à des adresses basées en Afrique (Nigéria, Cameroun), parfois en Chine. Des sites d’usagers ont réagi en listant les coordonnées et adresses mails de celles qui s’apparentent à des arnaques.

Les quelques informations qualitatives recueillies sur le comportement d’achat des usagers semblent montrer que peu d’entre eux ont réellement recours à ce mode d’approvisionnement.

La présence persistante et massive des sites de petites annonces interroge toutefois.

Stratégie de communication de la part des vendeurs

Les vendeurs développent des stratégies de communications relativement sophistiquées. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Youtube servent d’emplacements publicitaires aux produits ou aux sites. Les moyens de communication de type Twitter sont également utilisés.

Des blogs dédiés à une activité sociale et bénévole de rédaction d’articles, les « webzines », servent à éditer des écrits qui ont une apparence journalistique mais qui informent en fait de la disponibilité d’un produit.

D’autres sites, émanant parfois d’institutions publiques, sont « cannibalisés ». Ce qui signifie que les espaces ouverts à une utilisation publique pour l’édition de vidéos ou d’écrits personnels permettent de faire passer des clips et annonces d’ouverture de sites de vente en ligne.

Enfin, des forums généralistes non spécialisés sur les produits ou bien les plates-formes IRC207 sont également des lieux possibles d’échanges d’informations. Ce mode de communication demande à un utilisateur d’être accepté par les autres personnes qui utilisent le même moyen de communication, avant d’accéder à des informations et de les partager.

En 2011, le nombre de saisies de stupéfiants effectuées par les services répressifs (police, douanes, gendarmerie)208, tous produits confondus, a atteint 157 395, soit une augmentation de plus de 20 % par rapport à l’année précédente. Ce niveau est le plus élevé de la décennie et témoigne du caractère dynamique du marché des drogues en France. Les données ne sont pas disponibles pour l’année 2012.

Cannabis

Les tendances à la baisse enregistrées pour la résine de cannabis depuis l’année 2004, année qui marqua l’apogée historique des saisies en France avec une centaine de tonnes, se confirment en 2012 avec une chute de 9 % par rapport à l’année 2011 (tableau 10.1). Cette tendance s’expliquerait par l’atomisation des lieux de stockage et du transport de résine, lequel s’organiserait autour de convois plus nombreux et moins chargés en marchandise. Ainsi, en 2011, les convois routiers dits go fast interceptés transportaient en moyenne 400 kg contre 600 kg en 2010. En outre, depuis quelques années, est apparue la technique plus discrète dite des go slow, axée sur des véhicules automobiles classiques, transportant de moindres quantités et empruntant le réseau routier secondaire. Autre phénomène, mis en évidence par les services répressifs, la fragmentation des filières d’importation qui rend le démantèlement des réseaux plus difficile.

Entre 2011 et 2012, la tendance à l’augmentation des saisies d’herbe observée depuis quelques années s’interrompt. Les saisies chutent en effet de 40 %.

Tableau 10.1 : Quantités de drogues saisies (en kg) entre 2007 et 2012 et évolution 2011-2012 (en %)

Drogues saisies 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Évolution

2011-2012

Cannabis : Résine 34 182 71 075 56 073 52 795 55 641 51 118 -8,8

Cannabis : Herbe 3 047 3 422 3 495 4 564 5 450 3270 -40

Cannabis : Graines 51 30 45 22 nd 13 nd

Héroïne 1 035 1 117 970 1087 883 701 -20

Cocaïne 6 578 8 214 5 211 4 125 10 834 5 602 -48

Crack 6 12 12 14 13 14 +7,6

Amphétamines 307 10 564 176 601 279 -53,1

Ecstasy (comprimés) 1 359 912 342 923 106 597 663 595 1 510 500 156 337 -90

LSD (buvards) 13 107 90 021 10 209 28 411 nd 4 135 nd

Kétamine 2 65 3 14 nd 4,6 nd

Source : OSIRIS (OCRTIS) nd : non disponible

Héroïne

Les saisies d’héroïne en 2012 sont en forte baisse et viennent confirmer la tendance observée depuis quelques années. Cependant, elles demeurent élevées au regard de celles réalisées dans les années 2000, puisqu’elles sont deux à trois fois plus importantes que celles de la période 1999-2001. L’atomisation du trafic d’héroïne, dispersé entre des myriades de petites

208 Nous ne disposons pas des données relatives au nombre de saisies réalisées pour chacune des substances illicites en question.

structures diffusant des quantités réduites de produit, pourrait expliquer le contraste entre une baisse régulière des saisies et la disponibilité certaine du produit sur le territoire français.

Cocaïne

Les saisies de cocaïne en 2012 sont en forte baisse par rapport à une année 2011 qui avait été exceptionnelle − le cap symbolique des 10 tonnes avait été dépassé – du fait de grosses saisies maritimes réalisées dans les Antilles (Guadeloupe, Martinique) et par l’augmentation des prises liées au vecteur aérien réalisées dans les aéroports français. Toutefois, ces résultats s’inscrivent dans la norme : alors que dans les années 1990, la moyenne des saisies sur le territoire français se situait dans des valeurs tournant autour de la tonne, depuis le début des années 2000, cette moyenne dépasse régulièrement les 5 tonnes (Gandilhon 2012).

Les saisies de crack connaissent une évolution en dents de scie depuis le début des années 2000. Bien qu’elles soient en augmentation depuis 2007, il est difficile de percevoir une tendance de long terme.

Ecstasy

En 2012, les saisies de comprimés d’ecstasy s’effondrent de 90 % et reviennent à leur niveau de 2009, année exceptionnelle du fait de la pénurie de MDMA due à la destruction massive au Cambodge d’un précurseur indispensable à sa fabrication. Cependant, contrairement à la situation qui prévalait alors, cette très forte baisse ne s’explique pas par une situation de pénurie, mais plutôt par le caractère très aléatoire des saisies en France lié à l’éclatement du trafic.

Autres drogues de synthèse : les nouveaux produits de synthèse (NPS)

Entre 2008 et 2011, le nombre de saisies de NPS a été multiplié par 6, passant de 21 à 133. De début 2012 au mois de juin 2012, 83 saisies de NPS ont été effectuées (Lahaie et al. 2013). À la fin de la même année, les douanes ont intercepté des colis pesant jusqu’à 2 kg. Ce poids est très supérieur aux quelques grammes transférés habituellement, témoignant probablement d’achats à des fins de trafic.

10.3.2. Quantités et nombre de saisies de précurseurs chimiques utilisés dans la production de drogues illicites

Les données sur les saisies de précurseurs sont inexistantes parce que la France n’est pas, ou très marginalement, un pays producteur.

10.3.3. Nombre de laboratoires et autres sites de production démantelés et types précis de drogues illicites produits

La dernière affaire de démantèlement d’un laboratoire de production clandestin remonte à 2005.

Il s’agissait d’une unité de production de cocaïne installée au Perreux dans le Val-de-Marne.

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