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— Saint Ignucius

Dans le document Libre comme dans Liberté (Page 67-74)

Le Maui High Performance Computing Center (Centre de Calcul Haute Performance de Maui,  Hawaï   MHPCC) est situé dans un bâtiment de plain­pied, dans les collines rouges poussiéreuses juste au―   dessus de la ville de Kihei. Entouré par les paysages et les habitations des multi­millionnaires du club de golf  de Silversword, le centre représente l'ultime gâchis de ressources scientifiques. Loin des confinements étroits  de Tech Square, ou même des tentaculaires métropoles de recherche d'Argonne, Illinois, et Los Alamos,  Nouveau Mexique, le MHPCC ressemble à un endroit où les scientifiques passent plus de temps sur leur  bronzage que sur leurs travaux de recherches post­doctorales.

Cette image n'est qu'à moitié vraie. Bien que les chercheurs du MHPCC profitent effectivement des  opportunités récréatives locales, ils prennent néanmoins leur travail au sérieux. Selon Top500.org, un site  web qui référence les plus puissants supercalculateurs sur la planète, la machine IBM SP Power3 détenue par  le MHPCC s'adjuge le score de 837 milliards d'opérations à virgule flottante par seconde (FLOP), entrant de  fait dans le top 25 des plus puissants ordinateurs au monde. Propriété commune de l'Université d'Hawaï et de  l'U.S. Air Force, la machine répartit ses cycles de calcul entre de nombreuses et lourdes tâches, liées à la  logistique militaire et à la recherche physique dans les hautes températures.

En termes simples, le MHPCC est un lieu unique, un lieu où la culture cérébrale de la science et de  l'ingénierie coexiste paisiblement avec la culture détendue des îles hawaïennes. Un slogan sur le site Internet  du centre en 2000 résume tout : « Calculer au paradis ».

Ce n'est pas vraiment le genre d'endroit où l'on s'attendrait à trouver Richard Stallman, un homme  qui, en regardant la magnifique vue de la toute proche passe de Maui à travers la fenêtre du bureau d'un  membre de l'équipe, murmure une brève critique : « Trop de soleil ». Reste que, en tant qu'émissaire entre  deux paradis de l'informatique, Stallman a un message à faire passer, même si cela implique de soumettre sa  fragile peau laiteuse de hacker aux dangers d'une exposition tropicale.

La salle de conférence est déjà bondée lorsque j'arrive pour assister à la présentation de Stallman. La  proportion entre les deux sexes est sensiblement plus équilibrée qu'à la conférence de New York : 85% 

masculin et 15% féminin. Mais elle reste globalement similaire. La moitié environ de l'assistance porte des  pantalons kakis et des tee­shirts à logo. L'autre moitié semble retournée aux sources hawaïennes. Vêtus des  ostentatoires chemises à fleurs si populaires dans ce coin du monde, leurs visages sont bronzés à l'extrême. 

Les seuls indices révélant leur statut de geek sont les gadgets : téléphones Nokia, Palm Pilots, et ordinateurs  portables Sony VAIO.

Il va sans dire que Stallman, qui se tient devant cette assemblée habillé d'un simple tee­shirt bleu,  d'un baggy marron et de chaussettes blanches, fait tache. L'éclairage au néon de la salle de conférences  souligne la couleur maladive de cette peau qui ne voit le soleil que rarement. Sa barbe et ses cheveux sont  suffisants pour provoquer des rivières de sueur, y compris du plus frais des cous hawaïens. Avec en quelque  sorte le mot « métropolitain » tatoué sur son front, Stallman ne pourrait pas paraître plus étranger même s'il  le souhaitait.

Alors que Stallman s'affaire du côté de la scène, quelques membres du public portant des tee­shirts  au logo de Maui FreeBSD Users Group (MFUG) s'empressent de mettre en place l'équipement audio et  vidéo. FreeBSD, un rejeton libre de la distribution logicielle de Berkeley, la vénérable version Unix 

académique des années 1970, est techniquement un compétiteur du système d'exploitation GNU/Linux. Cela  n'empêche que, dans le monde du logiciel libre, les discours de Stallman sont documentés avec une ferveur  proche de celle vue pour le groupe Grateful Dead, et sa légendaire armée d'archivistes amateurs. En tant que  locaux du logiciel libre, il échoit aux membres du MFUG de s'assurer que les collègues programmeurs à  Hamburg, Mumbai, et Novosibirsk ne ratent rien des dernières perles de la sagesse de RMS.

L'analogie avec Grateful Dead est brillante. Stallman l'utilise souvent pour décrire les possibilités de  business inhérentes au modèle du logiciel libre. En refusant de restreindre la possibilité pour les fans 

d'enregistrer leurs concerts publics, les membres de Grateful Dead devinrent plus qu'un groupe de rock. Ils  devinrent le centre d'une communauté tribale gravitant autour de leur musique. Au cours du temps, cette 

communauté tribale devint si importante et dévouée, que le groupe put se passer de contrat avec une maison  de disque, pour se financer avec les seuls tournées et concerts live. En 1994, pour leur dernière année de  tournée, les Grateful Dead levèrent 52 millions de dollars grâce aux seules entrées des concerts.[1]

Alors que peu nombreuses sont les entreprises privées de logiciel ayant réussi à égaler un tel succès  financier, l'aspect tribal de la communauté du logiciel libre est une raison pour laquelle beaucoup de  personnes, dans la seconde moitié des années 1990, commencèrent à accepter l'idée que la publication du  code source pourrait être une bonne chose. En espérant pouvoir constituer leurs propres troupes de dévots  loyaux, des entreprises telles que IBM, Sun Microsystems, et Hewlett Packard en vinrent à accepter la lettre,  sinon l'esprit, du message de Stallman sur le logiciel libre. En décrivant la GPL comme la « Magna Carta »  de l'industrie des technologies de l'information, Evan Leibovitch, le chroniqueur informatique de ZDNet, voit  l'affection grandissant pour tout ce qui est GNU comme quelque chose de plus qu'une simple tendance. « Ce  changement sociétal permet aux utilisateurs de reprendre le contrôle de leur avenir », écrit Leibovitch. « Tout  comme la Magna Carta donnait des droits aux sujets de l'Empire britannique, la GPL assure les droits et  libertés au nom des utilisateurs de logiciels informatiques ».[2]

L'aspect tribal de la communauté du logiciel libre explique aussi pourquoi quarante programmeurs  dépareillés, qui pourraient travailler sur des projets de physique ou encore parcourir l'Internet à la recherche  d'informations météorologiques pour le windsurfing, ont préféré s'enfermer dans une salle de conférence afin  d'écouter le discours de Richard Stallman.

Contrairement à la conférence de New York, Stallman n'est pas présenté par un tiers. Il ne propose  d'ailleurs pas d'auto­présentation. Quand les gens de FreeBSD finissent par lancer leur équipement, Stallman  s'avance simplement, commence à parler, et recouvre toute autre voix dans l'assistance par la sienne.

« La plupart du temps, quand les gens s'intéressent à la question des règles qu'une société devrait  privilégier pour l'utilisation du logiciel, ceux qui s'occupent d'en débattre font partie d'entreprises vendant des  logiciels, et ils considèrent la question d'un point de vue intéressé », dit Stallman, ouvrant son discours. 

« Quelles règles pouvons­nous imposer à tout un chacun afin qu'il soit obligé de nous payer un maximum  d'argent? J'ai eu la chance, dans les années 1970, de faire partie d'une communauté de programmeurs qui  s'échangeaient leurs logiciels. C'est pourquoi je préfère considérer systématiquement la question sous un  angle différent et me demander quelle sorte de règles rendent­elles possible une société qui soit bonne pour  ceux qui en font partie? J'en arrive à des conclusions complètement différentes. »

Encore une fois, Stallman revient rapidement sur l'anecdote de l'imprimante laser Xerox, se réservant  un instant pour reproduire le même jeu qu'à New York, en prenant l'audience à partie. Il consacre aussi  quelques minutes à l'explication du nom GNU/Linux.

« Certains me demandent : 'Pourquoi faire tant de bruit pour redonner à GNU le crédit que Linux lui  a subtilisé? Après tout, le plus important est que le but soit atteint, pas que l'on sache grâce à qui il a été  atteint'. Et bien, cela serait un sage conseil si c'était vrai. Mais le but n'était pas de construire un système  d'exploitation ; le but est de répandre la liberté vers les utilisateurs d'ordinateur. Et pour cela, il nous faut  rendre possible le fait de pouvoir tout faire avec son ordinateur, en toute liberté.[3] »

Et Stallman d'ajouter : « Il reste énormément de travail à faire. »

Pour certains dans le public, tout cela n'est pas nouveau. Pour d'autres, c'est un peu obscur. Quand un  membre du clan des tee­shirts commence à piquer du nez, Stallman arrête son discours et demande à 

quelqu'un de réveiller l'étourdi.

« Quelqu'un m'a dit une fois que ma voix était si relaxante qu'il se demandait si je n'étais pas un  quelconque guérisseur », dit Stallman, provoquant les rires du public. « Je pense que ça veut dire que je peux  vous faire gentiment plonger dans un sommeil doux et paisible. Et certains d'entre vous pourraient en avoir  besoin. Peut­être que je ne devrais pas m'opposer à ça. Si vous avez besoin de dormir, alors faites­le coûte  que coûte. »

Le discours s'achève avec une discussion rapide sur les brevets logiciels, un problème de plus en plus  omniprésent et qui touche à la fois l'industrie du logiciel, et la communauté du logiciel libre. Comme dans le  cas Napster, les brevets logiciels reflètent la nature inopportune de la transposition de concepts créés pour le  monde physique au nouvel univers des technologies de l'information.

La différence entre la protection d'un programme sous copyright et la protection d'un programme  sous brevet logiciel est subtile mais importante. Dans le cas du copyright, un créateur de logiciel peut 

restreindre la reproduction du code source, mais pas celle de l'idée ou de la fonctionnalité relayée par ce code  source. En d'autres termes, si un développeur décide de ne pas utiliser un logiciel suivant les termes initiaux  posés par son créateur, il reste libre de rétro­ingénierer le programme. C'est­à­dire dupliquer la fonctionnalité  originale du programme en écrivant un nouveau code source depuis une feuille blanche. Une telle habitude  de copie des idées est chose commune dans l'industrie du logiciel commercial, où les entreprises isolent  souvent leurs équipes de rétro­ingénierie afin de se prémunir des accusations d'espionnage ou de 

malhonnêteté des développeurs. Dans le jargon du développement logiciel moderne, les entreprises évoquent  cette technique en employant le terme d'ingénierie en « salle propre ».

Les brevets logiciels fonctionnent différemment. Selon le bureau américain des brevets, des 

entreprises ou individus sont libres d'enregistrer des brevets pour des algorithmes innovants, à la condition de  soumettre leurs propositions à la relecture publique. En théorie, cela permet au possesseur du brevet 

d'exploiter son invention en lui assurant un monopole limité à vingt ans à compter de la date de la rédaction  du brevet. En pratique, la révélation de ces informations par le détenteur du brevet n'a qu'une valeur 

restreinte, puisque la façon de fonctionner du programme est souvent évidente. Contrairement au copyright,  un brevet donne à son possesseur la capacité de décapiter les développeurs indépendants travaillant sur des  logiciels aux fonctionnalités similaires ou identiques.

Dans l'industrie du logiciel, où 20 années peuvent couvrir le cycle de vie entier d'un marché, les  brevets ont une importance stratégique. Alors que des entreprises comme Microsoft et Apple s'affrontaient  sur le copyright, l'apparence et le ressenti de diverses technologies, les industries actuelles de l'Internet  utilisent les brevets pour placer les applications individuelles et les modèles de business sur écoute. 

L'exemple le plus connu est la tentative par Amazon, en 2000, de breveter son processus d'achat en ligne 

"one­click". Pour la plupart des entreprises, cependant, les brevets logiciels sont devenus des armes 

défensives, avec des accords bidirectionnels équilibrant un portefeuille de brevets par rapport à l'autre, sur un  qui­vive général avec de faux airs de détente corporatiste. Malgré tout, dans quelques cas notables de 

cryptage informatique ou d'algorithmes d'imagerie, des vendeurs de logiciels ont réussi avec succès à museler  toute technologie rivale.

Pour Stallman, la question des brevets logiciels souligne, s'il en était besoin, l'importance d'une  vigilance de tout instant de la part des hackers. Cela souligne aussi l'importance de d'élever les avantages  politiques des programmes libres au dessus de leurs avantages commerciaux. En montrant du doigt la 

capacité des brevets logiciels à créer des zones hermétiques dans un marché, Stallman dit que la performance  compétitive et le prix, deux domaines où des systèmes d'exploitation libres tels que GNU/Linux ou FreeBSD  détiennent déjà un avantage conséquent sur leurs contreparties commerciales, sont de la poudre aux yeux  comparés aux vastes problèmes de la liberté des utilisateurs et des développeurs.

« Ce n'est pas que nous soyons incapables d'écrire de meilleurs logiciels », dit Stallman. « Le fait est  que nous n'en avons pas le droit : on nous interdit d'aider le public. Alors, que va­t­il se produire quand les  utilisateurs se retrouveront confrontés aux lacunes du logiciel libre? Et bien, si le mouvement open source les  a persuadés que ces libertés sont bonnes car elles permettent des logiciels plus puissants et fiables, ils diront  probablement : « Vous ne tenez pas vos promesses. Ce logiciel n'est pas plus puissant. Il lui manque cette  fonctionnalité. Vous m'avez menti ». Mais s'ils sont en accord avec le mouvement du logiciel libre, dans le  fait que la liberté est importante en elle­même, alors ils diront, 'Comment ce fait­il que ces gens osent  m'empêcher d'accéder à cette fonctionnalité et à ma liberté'. Et avec ce type de réponse, nous pourrons peut­

être survivre aux coups qui nous atteindront lorsque ces brevets exploseront. »

Bien entendu, de tels commentaires suscitent un certain degré d'agitation. La plupart des avocats de l'  open source sont autant, si ce n'est plus, acerbes que Stallman quand il s'agit de s'opposer aux brevets 

logiciels. Reste que la logique sous­jacente de l'argument de Stallman   à savoir que les avocats de l' ― open  source insistent plus sur les avantages fonctionnels du logiciel libre que sur les avantages politiques   est―   incontestable. Au lieu de souligner le sens politique du logiciel libre, les avocats de l' open source ont choisi  de mettre l'accent sur l'efficacité technique du modèle de développement de type hacker. Se référant à la  puissance des comités de relecture, l'argumentaire de l'open source dépeint des programmes tels que 

GNU/Linux ou FreeBSD comme étant mieux construits, mieux inspectés et, par extension, plus fiables pour 

l'utilisateur lambda.

Il ne s'agit pas de dire que le terme open source n'a pas d'implications politiques. Pour les défenseurs  de l' open source, le terme sert à deux objectifs. D'abord, cela élimine la confusion associée au mot « libre »,  un mot que les entreprises interprètent comme signifiant « gratuit ». Ensuite, cela permet aux entreprises  d'examiner le phénomène du logiciel libre sur un plan technique, et non éthique. Eric Raymond, cofondateur  de l'Open Source Initiative, un des plus importants hackers à avoir adopté ce terme, a effectivement résumé  sa frustration de suivre Stallman sur le chemin de la politique dans un article publié en 1999, intitulé Fermez  vos gueules et montrez­leur le code :

La réthorique de RMS est très séduisante pour le type de personnes que nous sommes. Nous, les  hackers, sommes des penseurs et des idéalistes qui répondent automatiquement aux appels, aux 

« principes », à la « liberté » et aux « droits ». Même si nous sommes en désaccord avec certaines  parties de son programme, nous voudrions que la réthorique de Stallman fonctionne, nous pensons  qu'elle devrait fonctionner mais nous avons tendance à être perdus et incrédules quand elle n'a aucun  impact sur 95% de la population qui n'est pas câblée de la même façon que nous.[4] 

Parmi ces 95%, écrit Raymond, on retrouve le noyau des managers, investisseurs et utilisateurs  simples d'ordinateur qui, au travers du poids clair des chiffres, tendent à décider la direction générale du  marché du logiciel commercial. Sans moyen pour séduire ces gens, argumente Raymond, les programmeurs  sont condamnés à développer leur idéologie en marge de la société :

Quand RMS insiste pour que nous parlions des « droits des utilisateurs d'ordinateur », il nous fait une  proposition dangereusement attractive qui nous conduirait à répéter les erreurs du passé. Nous  devrions rejeter cette idée ­­ non parce qu'elle est fausse en principe, mais parce que ce type de  discours, appliqué au logiciel, ne convainc personne sauf nous. En fait, cela déroute et refoule la  plupart des gens étrangers à notre culture.[5] 

En regardant Stallman dérouler son argumentaire politique en personne, il est difficile de voir quoi  que ce soit de confus ou repoussant. Son apparence physique pourrait certes sembler repoussante, mais son  message est logique. Quand un membre du public demande si, en évitant les logiciels propriétaires, les  utilisateurs de logiciels libres renoncent aux joies des plus récentes avancées de la technologie, Stallman  répond à la question selon ses propres convictions. « Je pense que la liberté est plus importante que les  avancées technologiques », dit­il. « J'opterai toujours pour un logiciel libre légèrement en retard du point de  vue technologique au détriment d'un logiciel propriétaire plus avancé, parce que je ne renoncerai pas à ma  liberté pour une telle chose. Ma règle est que si je ne peux pas le partager librement, je ne le prends pas. »

De telles réponses, cependant, renforcent la nature quasi­religieuse du discours de Stallman. Comme  un juif mangeant uniquement kasher ou un mormon refusant de boire de l'alcool, Stallman entoure sa  décision d'utiliser du logiciel libre des couleurs de la tradition et de la croyance personnelles. Comme les  évangélistes du logiciel, Stallman se refuse à inculquer de force ces préceptes sur son public. Mais encore  une fois, le public de Stallman quitte rarement la salle sans savoir où se trouve le vrai chemin menant à la  vertu logicielle.

Comme pour accompagner son message, Stallman ponctue son discours d'un rituel inhabituel. 

Sortant d'un sac plastique une robe noire, Stallman l'enfile. D'un second sac, il sort un disque informatique  jaune réfléchissant et le place sur sa tête. Le public laisse échapper un rire soudain.

« Je suis St. Ignucius de l'Église Emacs », dit Stallman, levant sa main droite en simulant une  bénédiction. « Je bénis ton ordinateur, mon enfant. »

Stallman habillé en St. Ignucius. Photo par Wouter van Oortmerssen.

Les rires deviennent applaudissements à tout rompre après quelques secondes. Alors que le public  applaudit, le disque informatique sur la tête de Stallman accroche la lumière d'un spot de la scène, révélant  une auréole parfaite. En un clin d'œil, Stallman passe du statut d'étranger bizarre à celui d'icône religieuse  russe.

« Emacs était initialement un éditeur de texte », dit Stallman, expliquant la panoplie. « En fin de  compte, c'est devenu un style de vie pour beaucoup, et pour certains une religion. Nous appelons cette  religion l'Église Emacs. »

Le sketch est un moment léger d'auto­dérision, une réponse humoristique aux nombreuses personnes  qui pourraient voir l'ascétisme logiciel de Stallman comme une forme déguisée de fanatisme religieux. C'est  aussi le signe qu'il se sent définitivement comme à la maison. C'est comme si, en enfilant cette robe et cette  auréole, Stallman rassurait finalement le public en disant : « C'est normal de rire. Je sais que je suis bizarre. »

Le sketch est un moment léger d'auto­dérision, une réponse humoristique aux nombreuses personnes  qui pourraient voir l'ascétisme logiciel de Stallman comme une forme déguisée de fanatisme religieux. C'est  aussi le signe qu'il se sent définitivement comme à la maison. C'est comme si, en enfilant cette robe et cette  auréole, Stallman rassurait finalement le public en disant : « C'est normal de rire. Je sais que je suis bizarre. »

Dans le document Libre comme dans Liberté (Page 67-74)