2 Traitements régionalisés et adaptatifs des données radar 2.5 Séparation et traitement par type de pluie Les figures 2.1 et 2.2 illustrent la diversité des types de précipitations que l’on peut observer sur une image radar. Nous distinguons principalement les situations convectives et les situations stratiformes à bande brillante, en faisant référence aux travaux de Rosenfeld et Ulbrich (2002) et Steiner et al. (1995). La bande brillante correspond à une augmentation solides qui apparaissent comme des grosses gouttes liquides (voir annexe A2.4.1). Les cellules convectives à fort développement vertical coexistent avec les formations stratiformes géographiquement plus étendues. Ces structures de facteurs de réflectivité constituent les signatures de processus microphysiques très variables dans le temps et l’espace au sein du champ précipitant (annexe A2). La bande brillante est caractéristique de la zone stratiforme. Elle occasionne de forts gradients verticaux de réflectivité. Ce critère d’identification est cependant relatif car (i) avec l’ouverture du faisceau, la résolution verticale des mesures radar diminue avec la distance (Andrieu et Creutin, 1995) et (ii) la bande brillante est détectable une fois seulement les précipitations stratiformes bien installées (Steiner et al., 1995). L’étude de la variabilité horizontale (ou par PPI) du champ, à la recherche de pics de réflectivité, permet la détection des zones convectives (Steiner et al., 1995). La portée de cette technique peut être significative (environ 150 km). Une procédure doit séparer automatiquement le type stratiforme du type convectif (figure 2.9). En l’absence d’information sur la cinématique verticale des champs précipitants (voir annexe A2), l’approche choisie se base sur les données 3D de facteurs de réflectivité seuls. Figure 2.9 – raffinage successif du champ pluvieux dans le traitement des données radar. (a) identification du domaine de détection ; (b) détection d’occurrence de la pluie sur le domaine (traitement de l’intermittence) ; (c) séparation du type de pluie au sein du champ pluvieux. Nous nous plaçons dans la lignée des travaux de Steiner et al. (1995) pour le type convectif, et de Sanchez-Diezma et al. (2000) pour le type stratiforme. Nous faisons une limites et les principales adaptations effectuées pour leur implémentation au contexte de l’expérience. Le lecteur intéressé pourra se reporter à la thèse de B. Chapon (2006). 2.5.1 les algorithmes existants Steiner et al. (1995) ont proposé de déterminer les zones convectives à partir de critères morphologiques caractéristiques des cellules convectives. Ces dernières présentent (i) un fort facteur de réflectivité (> 40 dBZ en général), (ii) une extension horizontale limitée (associée à gradients horizontaux de facteur de réflectivité significatifs) pour un développement vertical marqué. Des trois critères initialement proposés par Steiner et al. (1995), deux critères, qui identifient le centre de cellules convectives, sont effectivement utilisés par image radar (PPI) dans le contexte d’étude. • le premier critère est un seuil de facteur de réflectivité (ex : 43 dBZ) au-delà duquel les précipitations sont considérées ne pouvoir résulter que de processus convectifs. Notons que ce seuil ne discrimine pas complètement le pic de facteur de réflectivité associé à la bande brillante du type stratiforme observé en bande S ; • le second critère porte sur les gradients horizontaux de facteur de réflectivité. Un pixel est considéré comme le centre d’une cellule convective, si son facteur de réflectivité est supérieur d’un seuil fixé au facteur de réflectivité moyen au voisinage. Sanchez-Diezma et al. (2000) ont proposé une méthode pour détecter les zones stratiformes à partir des données volumiques. Il s’agit de rechercher un pic correspondant à la bande brillante sur la structure verticale du facteur de réflectivité. Le pic est défini par une différence ∆Zbb par rapport aux valeurs au dessus et en dessous. L’identification des zones de bande brillante se fait en deux étapes : • des pics de bande brillante intense sont recherchés (∆Zbb > 5 dBZ) à toute altitude. Une altitude moyenne de bande brillante est définie ; • la recherche s’étend géographiquement en inspectant les altitudes voisines (intervalle d’altitude ± 0.6 km autour du pic), avec une différence moins marquée (∆Zbb > 2 dBZ). 2.5.2 implémentation des deux algorithmes En raison des caractéristiques d’échantillonnage du radar, l’implémentation des deux algorithmes dans TRADhy a conduit à certains compromis. Figure 2.10 - typologie des précipitation le 9 septembre à 02h00 T.U. ; (a) champ de facteur de réflectivité moyen observé au site 0.8°, après traitement des échos fixes. Le trait noir indique la position de la coupe verticale dans le champ ; (b) résultats de la partition du type de pluie avec les algorithmes de Steiner et Sanchez-Diezma : les zones convectives sont en rouge, les zones stratiformes en jaune et les régions de type indéterminé (ou « de transition » entre deux types) en bleu clair. Notons que les cartes de types de pluie sont élaborées à partir de données volumiques. (c) coupe verticale du champ après traitement des échos fixes ; (d) les bandes de couleurs indiquent les résultats de la partition le long de la coupe verticale. pouvoir bénéficier de l’échantillonnage complet de l’atmosphère à 10 min. Mais la non stationnarité des cellules pluvieuses oblige à utiliser les algorithmes sur des volumes de données à 5 min., malgré la perte de résolution verticale. L’utilisation des deux algorithmes a en outre motivé certains constats : • l’algorithme convectif peut identifier comme convectifs des pixels correspondant en fait à la bande brillante de régions stratiformes. Il est nécessaire de palier à ce genre de fausse détection ; • l’efficacité de l’algorithme stratiforme dépend du protocole de balayage et de l’altitude de la bande brillante. Elle diminue avec la distance (i) car le volume de résolution s’élève en altitude et augmente en taille, et (ii) en raison de la baisse d’échantillonnage à la verticale d’un point. La bande brillante est constatée difficile à détecter au-delà de 80 km du radar. Un avantage est trouvé à fusionner les régions stratiformes déterminées à deux pas de temps successifs (combinaison des deux cycles du protocole de balayage). De manière générale, les deux algorithmes sont limités en distance au radar (environ 80 km). Une procédure complémentaire est donc utilisée pour identifier les types de pluie à longue distance du radar. Elle est basée sur la reconnaissance de forme des structures verticales de réflectivité (voir paragraphe 2.7). Ces différents constats incitent à élaborer un arbre de décision afin de séparer correctement les types de pluies, en utilisant conjointement les deux algorithmes à proximité du radar. Cette première partition est couplée avec le calcul du Profil Vertical de Réflectivité conditionné par le type de pluie. En retour, les PVRs identifiés sont utilisés pour opérer une séparation à plus grande distance. Cette méthode est basée sur l’hypothèse de stationnarité spatiale de la structure verticale des précipitations sur le domaine de détection du radar. L’identification du PVR conditionné par le type de pluie est abordée dans le paragraphe suivant. Dans le document ESTIMATION QUANTITATIVE DES PRECIPITATIONS PAR RADAR METEOROLOGIQUE : INFERENCE DE LA STRUCTURE VERTICALE DES PLUIES, MODELISATION DES ERREURS RADAR-PLUVIOMETRES. (Page 45-50)