• Aucun résultat trouvé

Sécurité professionnelle et collaboration médico-psychologique : écouter,

5. Analyse et discussion de l’étude

5.1.2. Sécurité professionnelle et collaboration médico-psychologique : écouter,

psychologique : écouter, jusqu’où ?

Nous savons que le rapprochement de divers acteurs de santé concernés par la santé de l’enfant et son devenir est une donnée récente de la médecine (1). Ce rapprochement a permis la rencontre de deux mondes bien distincts mais également complémentaires : la culture somatique et la culture psychologique permettant ainsi une prise en charge plus adaptée de familles en difficulté.

« Les professionnels, avec l’expérience, ont appris à parler aux parents et à déceler certaines fragilités et c’est en partie grâce au renforcement des collaborations médico-psychologiques et à la facilité d’accès aux spécialistes de l’écoute », comme nous pouvons le constater dans nos résultats : tel était un des objectifs de la Circulaire du Dr Molénat en Juillet 2005 repris par la suite dans le Plan Périnatal 2005-2007.

 Le psychologue : un intervenant indispensable

Un des praticiens évoque la présence indispensable d’un psychologue dans une maternité : « je pense que s’il y a bien un professionnel avec qui nous devons

travailler, c’est eux, il est impossible de travailler sans. »

L’importance accordée à la présence du psychologue nous informe que le suivi psychologique des patientes fait partie intégrante du suivi de grossesse : ce point

représente un des objectifs du Plan de Périnatalité 2005-2007. De plus, la totalité des praticiens interrogés met l’accent sur l’importance accordée à

la facilité de ces échanges ainsi que la disponibilité des psychologues du service. En effet, la présence d’un psychologue pourrait sécuriser les professionnels de

71

dans son livre cité précédemment (41), rapporte les paroles d’un responsable de médecine fœtale au sujet de l’introduction des psychologues au sein de son service : « Au début nous voulions qu’elles rencontrent tous les couples, de ce fait nous nous sommes sentis plus en sécurité. Puis nous avons réalisé que cet accompagnement relevait de notre responsabilité mais que nous avions besoin de ne pas être seuls, et d’apprendre à reconnaître les indicateurs de consultation spécialisée. »

La phrase rapportée précédemment décrit de façon claire la crainte qu’ont certains professionnels de se retrouver seuls face à certaines situations qu’ils ne pourraient gérer. Dr Molénat met l’accent sur ce point : l’insécurité des professionnels renvoie au manque de formations. Ainsi, elle propose le renforcement des collaborations médico-psychologiques pouvant permettre aux psychologues de former les praticiens. Un professionnel exprime l’importance de ces collaborations « Nous avons vraiment besoin d’eux, on ne peut pas travailler sans eux et il faut qu’il y en ai un nombre dans la maternité en rapport avec le nombre de patientes. »

Comme l’écrit Jean-Pierre Visier (42): « Les psys doivent repérer derrière la

demande des professionnels non psys de rencontrer un patient – au demeurant

résistant – la demande implicite de ne pas rester seuls ».  Quelle prise en charge, pour quelle patiente ?

Les professionnels de « première ligne » ont désormais la charge de pressentir, puis d’accompagner – ce que J.-L. Graber appela joliment le « passage » (43) vers une demande de soins psychiques, mais comment s’en sortent-ils et sur quels critères reposent ces orientations ?

Au vue de nos résultats, nous constatons qu’il y a deux raisons qui dominent dans les demandes d’orientations : les antécédents de dépression ainsi que le manque de temps. En essayant de croiser nos résultats, nous sommes en mesure de nous demander si la qualité des formations (initiale, continue) joue un rôle dans les décisions d’orientations vers un suivi psychologique :

Mis à part les antécédents de dépression qui ont été cités par la majorité des professionnels, nous pouvons mettre en lumière certains points :

72

Parmi les praticiens jugeant suffisante leur formation initiale, la moitié d’entre eux a évoqué la prévention de la dépression du post-partum contrairement aux autres professionnels ne l’ayant pas évoqué. Les professionnels l’ayant mentionné justifient cette réponse par l’ importance d’un premier contact avec un psychologue permettant ainsi d’instaurer une relation de confiance avant la période sensible du post-partum ; un des praticiens énonce : « des fois, il n’y a rien pendant la grossesse mais je me

dis que cette personne sera fragile en suites de couches et donc je préfère qu’elle

établisse un premier contact avec le psychologue. » ; le second ajoute « une patiente qui a déjà vu le psychologue en pré-partum, elle va oser le rappeler en post-partum ; un des psychologues qui travaille avec nous est persuadé que le contact avec un psychologue en pré-partum est un élément clef » . Il est difficile d’en tirer des conclusions du fait de notre faible échantillon ; cependant, nous pouvons émettre, au vue des résultats précédents, l’hypothèse suivante : les professionnels formés initialement pourraient mettre en place plus facilement « des stratégies de prévention de la dépression post-natale » en pré-partum, probablement du fait de connaissances théoriques plus solides entrainant ainsi une reconnaissance de ses conséquences.

Parmi les praticiens jugeant insuffisante leur formation initiale, deux praticiens ont évoqué le manque de temps et un professionnel a évoqué le fait qu’il n’orientait que sur demande de la patiente, les deux autres abordent l’aspect enrichissant d’une consultation avec un psychologue : Nous pouvons souligner que ces motifs d’orientations et spécifiquement les deux premières ne nécessitent pas de réel dépistage de la part du professionnel.

Notre première hypothèse est partiellement affirmée : en effet, la formation initiale est dite insuffisante pour cinq professionnels sur les neuf interrogés ; cependant la formation continue est quasi inexistante.

Nous ne pouvons parler de dépistage sans aborder le facteur temps représentant une limite majeure, la disponibilité psychique renvoie à la disponibilité de temps des praticiens : la seconde hypothèse traite de cette notion.

73

5.2. Les sages-femmes et obstétriciens disposent d’outils adéquats (dossier obstétrical, temps imparti à chaque consultation) au repérage des femmes à risque de développer une dépression post-natale