• Aucun résultat trouvé

Sébastien Lemire: Madame la Présidente, je salue mon col‐

Dans le document Débats de la Chambre des communes (Page 55-58)

ORDRES ÉMANANT DU GOUVERNEMENT

LOI D'EXÉCUTION DE L'ÉNONCÉ ÉCONOMIQUE DE 2020

M. Sébastien Lemire: Madame la Présidente, je salue mon col‐

lègue, que j'ai vu sur mon territoire il y a à peine deux ans, alors qu'il participait à une activité de la Conférence des préfets de l'Abi‐

tibi-Témiscamingue.

Effectivement, le fédéral a un rôle à jouer, parce que nous payons la moitié des nos impôts et de nos taxes à Ottawa. À mon sens, la part que reçoit le Québec est totalement insuffisante. C'est le gou‐

vernement du Québec qui effectue les dépenses relatives à la pan‐

démie qui sévit actuellement. Nous parlons d'une augmentation des transferts en santé de l'ordre de 35 % parce que les dépenses en san‐

té sont effectuées par le Québec.

La responsabilité du fédéral, pour aider les provinces dans le contexte de la pandémie, aurait été de simplement fermer les fron‐

tières. C'est une responsabilité qu'il n'a pas prise et qu'il tarde en‐

core à prendre. Les provinces attendent que cela se fasse. Hier, l'Ontario a décidé de prendre sa propre initiative, parce qu'elle était tannée d'attendre qu'Ottawa agisse.

Je ne parle même pas de la question des vaccins ni d'autres en‐

jeux qui minent notre économie. Le fédéral doit s'acquitter de ses responsabilités s'il veut assurer le développement des régions.

[Traduction]

L’hon. Kerry-Lynne Findlay (Surrey-Sud—White Rock, PCC): Madame la Présidente, je prends la parole à distance pour débattre du projet de loi C-14, une loi ayant pour but de faire adop‐

ter certains éléments de la plus récente mise à jour économique dé‐

posée l'automne dernier par le gouvernement libéral, après une longue attente.

D'abord, j'aimerais souligner l'anniversaire de ma petite-fille, Avery Chapman, qui a un an aujourd'hui. Je me soucie beaucoup du Canada dans lequel elle vivra, de ses premiers pas jusqu'à sa vie d'adulte.

En tant que fiers Canadiens, prenons le temps d'examiner la si‐

tuation actuelle et comment nous en sommes arrivés là. Au cours des cinq dernières années, le gouvernement libéral a ouvert le porte-monnaie du Canada, faisant grimper notre dette nationale à des sommets historiques. Malgré des recettes plus élevées que ja‐

mais grâce aux solides assises financières laissées par le gouverne‐

ment conservateur précédent, les libéraux accumulent les déficits, année après année. Ces déficits s'élevaient à 19 milliards de dollars en 2016, à 19 milliards de dollars encore une fois en 2017, à 14 milliards de dollars en 2018 et à 26 milliards de dollars en 2019.

Durant leur campagne électorale de 2015, les libéraux avaient promis un budget équilibré et un excédent de 1 milliard de dollars, mais les libéraux de Trudeau ne disent plus un mot de ces pro‐

messes. Ils dépensent sans compter...

La vice-présidente adjointe (Mme Alexandra Mendès): Je rappelle à la députée qu'elle ne doit pas nommer les députés actuels à la Chambre.

L’hon. Kerry-Lynne Findlay: Je m'excuse, madame la Prési‐

dente.

Déjà avant la pandémie, les libéraux dépensaient sans compter au lieu de se préparer à un possible ralentissement économique, alors que les économies sont toujours cycliques. Les coffres étaient donc vides bien avant l'apparition du premier cas de COVID–19.

La pandémie exige des dépenses supplémentaires, certes, mais les dépenses prioritaires devraient aussi nécessiter de la transpa‐

rence et des explications. Il faudrait donner priorité à des solutions pratiques qui aident ceux qui en ont le plus besoin et qui favorisent la survie des petites entreprises canadiennes, qu'elles soient nou‐

velles ou bien établies.

Le gouvernement libéral a accumulé un déficit de 381 milliards de dollars en 2020. Avec ce déficit correspondant à 17 % du PIB, le Canada s'est retrouvé avec un ratio dette-PIB plus élevé que pen‐

dant la Première Guerre mondiale, la Grande Dépression et la grande récession.

Avec l'ajout de ce déficit de 381 milliards de dollars au bilan fi‐

nancier du pays, la dette nationale a franchi dernièrement un seuil tragique: elle dépasse, pour la première fois de l'histoire du Canada, le billion de dollars. Autrement dit, c'est une dette de 1 000 mil‐

liards de dollars, gracieuseté du parti dont le chef a prononcé cette phrase célèbre: « Le budget s'équilibrera tout seul. »

Comme il peut sembler impossible d'imaginer des chiffres de cette ampleur, voici une explication simple. Il s'agit d'une somme que nous devons collectivement à titre de contribuables du Canada.

Il s'agit d'une dette dont les intérêts s'accumulent jour après jour.

C'est une somme que nous avons l'obligation de rembourser et que nos enfants et, fort probablement, nos petits-enfants, comme la pe‐

tite Avery, un an, rembourseront encore dans plusieurs décennies.

Est-ce vraiment l'héritage que nous souhaitons léguer? Nous pou‐

vons et devons faire mieux.

Que signifie une telle dette pour les Canadiens? Ce n'est pas qu'un banal nombre sur un bilan comptable. Cela signifie que les Canadiens pourraient être confrontés à des hausses d'impôts afin de rembourser la dette et ses intérêts, et de tels impôts risquent d'étouf‐

fer l'économie encore davantage. Cela signifie que les mesures de soutien et les programmes sociaux sur lesquels comptent de nom‐

breux Canadiens risquent de se détériorer. Cela signifie que nous pourrions être plongés dans une autre crise économique qui entraî‐

nerait une baisse de la valeur résidentielle, un déclin du marché boursier, la disparition des économies personnelles, une réduction de la valeur des pensions et une hausse du chômage durant beau‐

coup plus longtemps qu'il ne le faudrait.

J'espère que les députés des deux côtés de la Chambre sont conscients des conséquences qu'aurait une autre crise financière sur le plan humain, notamment sur la santé mentale, la toxicomanie, la dépression, la violence familiale et l'itinérance. Ces situations se déroulent tout autour de nous et leur nombre augmente à un rythme alarmant depuis un an. Les résidants de ma circonscription et moi-même sommes très préoccupés par ces défis, sur lesquels nous nous penchons déjà au comité de la justice dont je fais partie.

C'est ce qui m'amène à la situation actuelle. À la fin de 2020, après des mois de pression de la part de l'opposition, qui réclamait un budget complet afin que les Canadiens sachent à quoi sert l'argent de leurs impôts et connaissent le détail de toutes ces dé‐

penses financées à grand renfort d'emprunts, les libéraux ont enfin présenté un « budget allégé » aux Canadiens, suivi d'un « budget famélique » portant le titre de mise à jour budgétaire. Cette mise à jour proposait d'ajouter pour 25 milliards de dollars de nouvelles dépenses et de créer un plan de relance de 100 milliards de dollars, mais là encore, sans préciser d'où proviendrait tout cet argent ni comment il serait dépensé.

Le lendemain du jour où cette mise à jour a été présentée, le sous-ministre des Finances, c'est-à-dire le fonctionnaire le plus haut placé du ministère des Finances, a abruptement annoncé qu'il dé‐

missionnait. Son départ s'ajoute à la liste de plus en plus longue de personnes bien en vue qui ont démissionné depuis l'arrivée au pou‐

voir des libéraux. Revoyons-la ensemble: l'ancienne gouverneure générale Julie Payette; l'ex-ministre des Finances Bill Morneau;

l'ex-présidente du Conseil du Trésor Jane Philpott; la députée de Vancouver Granville et ancienne ministre de la Justice et procu‐

reure générale; l'ancien greffier du Conseil privé Michael Wernick;

l'ex-secrétaire principal du premier ministre, Gerald Butts; de même que le député de Mississauga—Malton et ex-ministre de l'In‐

novation, des Sciences et de l'Industrie.

Pour remplacer le sous-ministre des Finances, les libéraux ont nommé Michael Sabia, l'un des créateurs de la TPS, qui a été mise en œuvre dans les années 1990. La bonne gestion financière du gouvernement Harper avait par la suite permis d'abaisser cette taxe.

La nomination de M. Sabia indique-t-elle aux Canadiens que les li‐

béraux ont l'intention d'augmenter les impôts? Le gouvernement commencera-t-il réellement à imposer une taxe sur la valeur nette des propriétés des Canadiens, comme on le rapporte un peu par‐

tout? Seul le temps le dira.

S'il y a une chose dont je suis sûre en tant que députée et en tant qu'ancienne ministre du Revenu national, c'est qu'il est tout à fait inadmissible que l'on ne nous ait pas encore présenté de budget fé‐

déral. Le budget n'est pas seulement un outil de planification pour le gouvernement. C'est le moyen par lequel le gouvernement an‐

nonce en détail aux Canadiens d'un océan à l'autre ce qu'il compte faire avec les milliards de dollars que les contribuables ont dure‐

ment gagnés.

● (1545)

Selon le site Web du gouvernement:

Le budget est le plan détaillé qu’entend suivre le gouvernement pour établir le programme économique annuel du Canada, et il appartient au ministère des Fi‐

nances de le préparer.

Ordres émanant du gouvernement Le dernier budget fédéral a été présenté le 19 mars 2019. C'était

il y a 686 jours. Pour un budget censé être annuel, on repassera.

Est-ce cela, la transparence promise?

Pour ce qui est de certains détails qu'on a donnés aux Canadiens, je dirais que l'élément le plus troublant du projet de loi à l'étude est la modification qu'il propose à la Loi autorisant certains emprunts.

Cette modification consiste à augmenter le pouvoir d'emprunt du gouvernement de 1,1 billion de dollars et à fixer à 1,8 billion de dollars la nouvelle limite de la carte de crédit du pays. Voilà qui établit un autre record, car, de toute l'histoire du pays, on n'a jamais demandé une plus importante augmentation du pouvoir d'emprunt.

J'invite les députés à y réfléchir un moment. C'est plus que lors de la Deuxième Guerre mondiale ou des récessions mondiales anté‐

rieures.

À ce stade-ci, pourquoi les Canadiens feraient-ils confiance au gouvernement? Nous avons tous vu les manchettes: « L'Agence du revenu du Canada admet que le message ambigu entourant la PCU a entraîné des demandes non admissibles »; « La frustration au su‐

jet du remboursement de la PCU se poursuit »; « Plus de 636 mil‐

lions de dollars en PCU versés à 300 000 adolescents âgés de 15 à 17 ans, selon des documents »; « Le programme controversé de la subvention d'urgence pour le loyer prend fin aujourd'‐

hui — aucun programme ne le remplace »; « Un club de golf exclu‐

sif enregistre un surplus de 1 million de dollars, grâce aux mesures fédérales de soutien liées à la COVID-19 »; et enfin « 150 millions de dollars de plus à SNC-Lavalin ». Vraiment? SNC-Lavalin, la so‐

ciété embourbée dans des scandales et des manquements à l'éthique?

Les conservateurs veulent aider les Canadiens à joindre les deux bouts. Ils sont conscients que le virus a eu une foule de consé‐

quences pour des millions de Canadiens, y compris ma famille. Je sais qu'un trop grand nombre de résidants de ma circonscription ont été mis à pied dans le secteur de l'hébergement et du tourisme ainsi que dans les commerces de détail. D'innombrables propriétaires d'entreprise de Surrey-Sud—White Rock m'ont dit qu'ils peinent à poursuivre leurs activités. Partout dans la circonscription, des res‐

taurants et des commerces dynamiques, y compris les nombreux commerces situés le long du pittoresque quai de White Rock, ont subi une baisse d'achalandage et de revenus désastreuse, et ce n'est que la pointe de l'iceberg.

Notre industrie aérienne, qui emploie nombre de résidants de ma circonscription, est en pleine hémorragie. J'appuie évidemment les mesures comme la Prestation canadienne d'urgence, la subvention salariale et le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, mais il faut que ces programmes soient mis en œuvre de la bonne façon et que les fonds soient offerts en temps opportun et dépensés au pays de manière à aider efficacement les Canadiens.

Nous devons veiller à ce que ces milliards de dollars soient dé‐

pensés de façon à ce qu'aucun Canadien ne soit laissé pour compte.

Ce n'est pas ce qui s'est produit jusqu'à présent. Ma collectivité compte beaucoup de nouvelles entreprises qui ont fait tous leurs in‐

vestissements avant le début de la pandémie et qui ne sont pas ad‐

missibles aux programmes de subvention en vigueur parce qu'elles ont ouvert leurs portes après le mois de mars 2020. Qui est là pour les aider?

Compte tenu de la taille colossale de la dette canadienne, on ne peut absolument pas se permettre de rater la relance. Il faut dépen‐

ser, mais dépenser judicieusement. Il faut de la transparence et il faut un vrai budget complet. Plus important encore, il faut que les

Canadiens puissent retourner au travail et que le Canada se dote d'un plan de relance clair.

● (1550)

L’hon. Larry Bagnell (secrétaire parlementaire de la ministre du Développement économique et des Langues officielles (Agence canadienne de développement économique du Nord), Lib.): Madame la Présidente, j'aimerais rappeler à tout le monde que, sous le gouvernement Harper, la plupart des budgets étaient déficitaires. Même si ce sont les libéraux qui ont été au pouvoir le plus souvent dans l'histoire du Canada, ce sont les conservateurs qui ont le plus creusé la dette. D'ailleurs, à la veille de la pandémie, les libéraux avaient réussi à obtenir le meilleur coût du service de la dette, en proportion de l'économie, des 100 dernières années, et cela comprend toutes les années où les conservateurs étaient au pouvoir.

La députée parle de réduire les dépenses, mais les membres de son parti — comme elle, d'ailleurs, à la fin de son discours — de‐

mandent que nous dépensions davantage pour les entreprises.

Quelles dépenses substantielles vraiment nécessaires pour la popu‐

lation et les entreprises — qui ont creusé la dette mais que la dépu‐

tée et son parti ont appuyées — n'appuie-t-elle pas maintenant?

L’hon. Kerry-Lynne Findlay: Madame la Présidente, il est mal‐

heureux que le député n'ait pas vraiment écouté ce que j'ai dit, alors je vais le répéter. J'ai dit que j'étais favorable à l'idée d'aider les Ca‐

nadiens, à l'instar de mes collègues conservateurs. Comme il le sait, nous avons adopté l'approche « Équipe Canada » et appuyé de nombreuses mesures pour aider les Canadiens. Les conservateurs croient qu'il faut agir de façon responsable et ne pas accorder d'énormes sommes d'argent à ceux qui n'en ont pas besoin.

Les 150 millions de dollars accordés à SNC-Lavalin l'année der‐

nière illustrent bien mon argument. Je m'inscris en faux contre les propos du député concernant le gouvernement conservateur précé‐

dent et les déficits, car il n'a pas parlé des circonstances entourant ceux-ci. Les mesures qui ont contribué aux déficits visaient à faire sortir lentement le Canada d'une récession mondiale, ce que le gou‐

vernement conservateur précédent a réussi à faire tout en laissant un excédent.

[Français]

Mme Louise Charbonneau (Trois-Rivières, BQ): Madame la Présidente, je remercie ma collègue de son énoncé, qui était très in‐

téressant.

Par contre, elle brosse un tableau très sombre de la situation, contrairement à mon collègue qui a présenté des solutions inno‐

vantes. Je voudrais savoir si elle juge que le modèle québécois pré‐

senté par mon collègue pourrait être exporté dans le reste du Canada.

[Traduction]

L’hon. Kerry-Lynne Findlay: Madame la Présidente, en fait, je suis une grande optimiste. C'est un trait de ma personnalité. Je crois sincèrement que le Canada et les Canadiens se sortiront de la crise actuelle grâce à l'innovation et à l'ingéniosité canadiennes et en fai‐

sant preuve de responsabilité à l'égard des dépenses et des pro‐

grammes. Le gouvernement doit aider les gens, mais il doit le faire en toute transparence. Il ne peut certainement pas le faire sans pré‐

senter ni un budget ni un plan adéquat. En ce moment, le gouverne‐

ment libéral ne fait rien de tel. Je faisais remarquer que le gouver‐

nement nous a présenté des mises à jour financières plutôt que des budgets.

Dans le document Débats de la Chambre des communes (Page 55-58)