• Aucun résultat trouvé

Séances d’éducation et partage de connaissances

A. Approche pédagogique systémique

3) Séances d’éducation et partage de connaissances

Après l’établissement du contrat, on réalise les séances d’éducation en faisant intervenir des éducateurs choisis en fonction des compétences visées. L’élaboration de ces séances nécessite d’une part de sélectionner les contenus à enseigner et d’autre part de choisir les méthodes et techniques pédagogiques appropriées. Enfin il convient de veiller à ce que le rythme des séances soit adapté aux capacités d’apprentissage du patient.

Page | 88

a. Compétences à acquérir par le patient : plan d’enseignement

Une compétence constitue un but à atteindre afin de gérer sa maladie et son traitement. Le patient doit acquérir toutes les compétences nécessaires à la gestion optimale de sa maladie. La conception d’un plan d’enseignement préalable aux séances est donc indispensable afin d’atteindre les objectifs visés.

Ce parcours d’enseignement doit être adapté aux capacités du patient. Les compétences à acquérir par le patient pour garantir le succès du programme d’ETP font appel [34]:

 au domaine cognitif qui est le domaine des compétences intellectuelles

 au domaine sensorimoteur qui concerne les gestes, techniques et habiletés

Page | 89 Compétences Objectifs spécifiques : exemples

1/Faire connaître ses besoins, informer son entourage Exprimer ses besoins, ses valeurs, ses connaissances, ses projets, ses attentes, ses émotions

2/Comprendre, s’expliquer Comprendre son corps, sa maladie, s’expliquer la physiopathologie, les répercussions socio-familiales de la maladie. Expliquer les principes de son traitement.

3/Repérer, analyser, mesurer Repérer des signes d’alerte, des symptômes précoces, analyser une situation à risque, des résultats d’examen.

Mesurer sa glycémie, sa pression artérielle, son débit respiratoire,…

4/Faire face, décider Connaître, appliquer la conduite à tenir face à une crise (hypoglycémie, hyperglycémie, crise d’asthme, ..)

Décider dans l’urgence 5/Résoudre un problème de thérapeutique

quotidienne, de gestion de sa vie et de sa maladie, résoudre un problème de prévention.

Ajuster le traitement, adapter les doses d’insuline, … Réaliser un équilibre diététique sur la journée, la semaine, … Prévenir les accidents, les crises

Aménager un environnement, un mode de vie favorable à sa santé

6/Pratiquer, faire Pratiquer les techniques (injection d’insuline, autocontrôle,…) Pratiquer les gestes

Pratiquer les gestes d’urgence

7/Adapter, réajuster Adapter sa thérapeutique à un autre contexte de vie (voyage, sport, grossesse)

Réajuster un traitement, ou une diététique

Intégrer les nouvelles technologies médicales dans la gestion de sa maladie et de son traitement

8/Utiliser les ressources du système de soins, faire valoir ses droits

Savoir où et quand consulter, qui appeler, rechercher l’information utile.

Faire valoir des droits (travail, école, assurances,…) Participer à la vie associative de patients.

Tableau 5 : Matrice de compétences et objectifs pédagogiques [34]

b. Méthodes et techniques pédagogiques

Les méthodes d’apprentissage sont différentes selon qu’il s’agisse d’un adulte, d’une personne âgée ou d’un enfant. Les méthodes diffèrent aussi selon qu’elles sont collectives, individuelles ou en auto-apprentissage. Dans tous les cas, les séances d’ETP doivent aborder le domaine cognitif, le domaine sensorimoteur et le domaine psychoaffectif.

Page | 90 Les méthodes collectives ont plusieurs vertus : elles permettent de traiter d’une même compétence avec plusieurs patients (gain de temps pour les éducateurs soignants) mais aussi de solliciter tous les patients qui peuvent entrer dans une interaction favorisant l’apprentissage. Pour apporter des connaissances sur le plan cognitif, on peut recourir à des exposés interactifs, réaliser des études de cas en simulant des situations, faire des réunions « table ronde », pratiquer le « brainstorming », utiliser des procédés mnémotechniques. Pour enseigner les bons gestes, on peut réaliser des travaux pratiques en groupe, comme des ateliers cuisine, des analyses de menu, des simulations gestuelles et techniques, des activités sportives. A cela, on peut ajouter des jeux de rôle, des visionnages de témoignages, documentaires, ou tout autre activité qui met en évidence la manière de percevoir et de gérer sa maladie dans la vie quotidienne, et qui permettent d’aborder la dimension psychoaffective. [28]

Les entretiens individuels sont utilisés chez des patients n’ayant pas la possibilité de suivre des séances collectives, ou pour aborder un problème spécifique au patient. La séance individuelle permet également, sous la forme d’entretien de réévaluer les besoins du patient et ses compétences. Là aussi, des études de cas, des simulations, des travaux pratiques, des jeux de rôle, des visionnages peuvent être utilisés. [28]

Enfin, l’éducation thérapeutique peut se faire en l’absence d’un éducateur soignant : l’utilisation de méthodes d’auto-apprentissage rend le patient autonome et permet une éducation continue. Cependant, l’auto-apprentissage nécessite une documentation appropriée, non erronée et validée par les éducateurs : brochures de lecture, cédérom, sites internet dont le contenu et la clarté des informations sont parfaitement adaptés, fiches techniques, vidéo mode d’emploi. Le patient pourra aussi éventuellement être orienté vers des associations de patients et des forums de discussions. [34]

Il est possible de pratiquer des séances d’ETP par téléphone, ce qui présente l’avantage de ne pas mobiliser le patient.

c. Déroulement des séances

Les séances se déroulent à un rythme permettant le bon apprentissage chez le patient. La patient pourra décider de leurs modalités. De plus, il faut tenir compte des disponibilités des différents acteurs. [34]

Page | 91 Avant le début de chaque séance, le ou les éducateurs soignants intervenant devront consacrer du temps à la préparation de la séance :

 prendre connaissance du parcours éducatif du ou des patients du jour (via le dossier éducatif, les compte-rendus des réunions multidisciplinaires) afin de suivre la bonne évolution de leur programme éducatif.

 prévoir l’organisation matérielle de la séance d’ETP.

La séance d’éducation doit être structurée. Dans un premier temps, il convient de présenter les objectifs de la séance. Dans un second temps, il faut assurer le programme éducatif de manière pédagogique en centrant toujours l’éducation sur le patient et son vécu. Enfin, l’éducateur soignant doit toujours s’assurer en fin de séance que le patient a été réceptif aux compétences transmises. Pour ce faire, il peut notamment demander au patient de faire le résumé de la séance.

d. Implication d’autres personnes

L’éducation thérapeutique doit également permettre d’intégrer l’entourage du patient aux séances. Les séances d’apprentissage des gestes d’urgence et de l’attitude à adopter dans des situations extrêmes justifient particulièrement cette sollicitation de l’entourage pendant la séance. [34]