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bioclimatique de végétation

3. Matériel et méthodes

5.4. Rythmes d’activités diurnes

Peu d’études ont été effectuées sur le budget temps du Flamant rose Phoenicopterus roseus dans le monde où dans le Paléarctique (Cramp & Simmons 1977), alors que la plus part des études sont apportées sur l’écologie de reproduction et l’écologie alimentaire. En Afrique du nord peu de travaux ont été réalisés sur l’éthologie de cette espèce emblématique des zones humides de cette partie

de l’Afrique, nous citons le travail de Boukhriss (2007) en Tunisie (Golf de Gabès) et une étude faite dans le cadre d’une thèse doctorat par Ouldjaoui (2009) dans les zones humides des hauts plateaux de l’Est-Algérien.

L’étude du bilan du rythme d’activité diurne du Flamant rose dans deux sites de la vallée de Oued Righ (Chott Merouane et Chott Tindla) a montré que l’activité dominante est l’alimentation dans les deux plans d’eau. L’oiseau passe plus de la moitie de la journée en alimentation. Les données que nous rapportons ici sur la dominance de nourrissage sont confirmées par d’autres travaux réalisés en Algérie par Ouldjaoui (2009) chez les flamants roses hivernants dans les zones humides des hauts plateaux de l’Est Algérien, en Tunisie par Boukhriss (2007) pour les Flamants roses hivernants dans le Golf de Gabès (Tunisie), en France par Schmitz & Baldassarre (1992) ou par Christophe (2000) pour le Flamant nain et par Ricardo (1989) pour le Flamant des Caraïbes.

Le taux relativement élevé du temps alloué à l’alimentation dans le Chott Merouane par rapport au Chott Tindla due probablement au degré de dérangement dans ce dernier site, par ce qu’il se trouve près des agglomérations, la décharge publique de la commune de Tindla et à coté de la piste reliant les agglomérations et les exploitations agricoles (palmeraies). Le dérangement humain a déjà été mis en évidence par plusieurs auteurs qui signalent la grande influence des activités humaines sur la distribution et le comportement des oiseaux (Roweland et al., 2000, Nellemann et al., 2001, Cole et al., 2004 Collen 2008).

Les Flamants roses sont aussi très sensibles aux dérangements humains (véhicules, piétons) (Galicia & Bladassarre 1997, Arengo & Bladassarre 2000, Yosef 2000, Beauchamp 2005) et spécialement si cette espèce est ciblée par les chasseurs locaux (Lima & Dill 1990, Frid & Dill 2002, Collen 2008).

La réaction des oiseaux vis-à-vis aux dérangements anthropogénique dépend de plusieurs caractéristiques liées soit a l’animal soit au type et au degré de dérangement. Pour les espèces qui vivent en groupe, le degré d’affectation est variable selon la taille des groupes et de leur dynamique sociale (Manor et Saltz. 2003), les facteurs environnementaux tels que le climat (Creel et al. 2002), l’habitude à ce type de dérangement (Enggiste-Dublin et Ingold 2003) et aux prédictions de risque des prédateurs (Cramp & Simmons 1977, Del Hoyo et al., 1992, Cézilly et al 1996, Altendorf et al., 2001, Beauchamp 2005, Collen 2008). Les prédateurs qui sont aussi à signaler près du Chott Tindla sont le Corbeau Corvis corax et le Busard des roseaux Circus aerugenosus qui fréquentent la décharge à proximité du site. Certains mammifères par leur passage prés des périphéries des plans d’eau peuvent aussi perturber les activités naturelles des Flamants roses; le Renard Vulpes vulpes et le Chacal Canis aureus.

L’augmentation des taux d’alimentation à la fin du mois de février et durant le mois de mars coïncide avec la période de regroupement prénuptiale avant le retour vers les lieux de reproduction pour les individus qui se reproduisent ailleurs. Ces oiseaux accumulent de grandes quantités de réserves lipidiques pour couvrir les besoins énergétiques des longs trajets et l’initier aux activités de reproduction. Ces résultats sont similaires à ceux observés par Ricardo (1989) chez les Flamants des Caraïbes. Pour cet auteur, l’alimentation diminue durant la période de construction des nids et pendant l’incubation. Egalement, nos observations dans les deux sites ont montré un abaissement des taux d’alimentation durant le mois d’avril et de mai qui correspondent à la période de ponte chez dans la vallée (Bensaci et al., 2010).

Différentes méthodes de recherche de nourriture sont décrites par plusieurs chercheurs, mais l’utilisation de ces techniques par les flamants est généralement conditionnée par le niveau d’eau et la

disponibilité des ressources trophiques dans le site (Allen 1956, Johnson 1997). D’après la classification de Johnson (1983), les deux techniques dominantes de la recherche de la nourriture ont été observées dans les deux sites d’étude (l’alimentation par piétinement pivoté et l’alimentation par piétinement sur place) sont adaptées aux milieux à faible profondeur d’eau ne dépasse généralement pas les 50 cm, à l’exception des années pluvieuses où peut y arriver à 70 cm. Les résultats obtenues dans les deux sites d'étude nous montrent que les juvéniles de flamant s’alimentent plus que les adultes; résultats confirmés par plusieurs auteurs (Amadon 1964, Ashmole 1971, Keith et al., 1991).

Chez plusieurs oiseaux d’eau coloniaux, les juvéniles sont moins efficaces dans la recherche de la nourriture (Bildstein 1983, Keith et al., 1991). Les juvéniles commencent souvent la filtration à partir de la deuxième semaine (Chapman 1905, Studer-Thiersch 1975, Henderson 1981 et MacLean 1986 Keith et al. 1991). Dans les deux sites d’étude et à travers les bagues lues nous avons enregistrés la présence considérable de jeunes de l’année parmi les immatures expliquant ainsi son augmentation de l’alimentation chez ces immatures.

Dans le Chott Tindla nous avons observé plusieurs fois que certaines perturbations conduisent généralement à la cesse d’alimentation et a une accentuation de la marche. Dans certains cas où le degré de dérangement était élevé les oiseaux sont obligés de se déplacer vers d’autres endroits afin de satisfaire leurs besoins énergétiques journaliers (Stock 1993, Madsen 1995, Réamann 2000), ce qui s’explique par le taux relativement élevé du vol dans le chott Tindla par rapport le Chott Merouane.

D’une manière générale les vols observés et générés souvent par des dérangements se résument souvent à des petits envols collectifs qui favorisent le regroupement des individus dans un autre endroit plus sécurisé que le premier. Les vols de longues distances sont réalisés principalement durant la nuit (Brown in Kear et Duplaix Hall 1975, Curry Lindahl 1981, Johnson 1989a, Shirihai 1996, Williams et Velasquez 1997, Rendon Martos et al., 2000, McCulloch et al., 2003, Cézilly 2007).

Plusieurs observations nocturnes de groupes des flamants (entre 20 et 100 individus) ont été notées particulièrement pendant les périodes d’arrivées ou de départs sur plusieurs points de la vallée à savoir : El Meghaier le 08 octobre 2004, le 06 septembre 2005 et 16 mars 2010 et à Djamaa le 24 et 25 août 2005 et 22 février 2009. Des observations similaires ont été rapportées par les habitants des agglomérations prés des zones humides appartenant aux communes de Ain Cheikh, Tindla, Oum Tiour et Hamraia.

Johnson (1975) a noté en Camargue que le Flamant rose est souvent bénéficière de la production alimentaire associée à la construction des bacs de sels utilisés dans l’industrie de sels. Le même cas a été noté dans le Chott Merouane où les installations de bacs industriels de sédimentations de sels par l’ENASEL sont riches en Artemia et sont souvent exploités par les flamants en fin de journée pour une alimentation particulière.

La pression de dérangement exercée sur les Flamants roses dans le Chott Tindla et manifestée par une activité de marche accrue. Ceci corrobore avec d’autres travaux qui affirment que le dérangement par les activités humaines a un effet marqué sur la distribution spatio-temporelle de l’avifaune non nicheuse. Cette dernière réduit efficacement la capacité de charge de plusieurs sites (Korschgen et al., 1985, Tamisier et Pradel 1992, Gill et al., 1997 Réamann 2000). L’accroissement du taux alloué à la marche conduit à l’augmentation des coûts de déplacements et à la perte des opportunités d’alimentation (Papouchis et al., 2001, Fahrig 2007, Collen 2008). Le dérangement n’affecte pas seulement les habitudes alimentaires et les mouvements mais peut aussi modifier l’activité du repos (sommeil) de l’avifaune et installe un stress sur l’oiseau, particulièrement pendant les périodes où il est déjà stressé par d’autres facteurs tels le mauvais temps et l’insuffisance alimentaire (Madsen 1995, Riddington et al., 1996, Gill et al., 1997). C’est le cas observé dans le

Chott Tindla où le pourcentage du repos et réduit de moitié par rapport à ce qui a été observé dans le Chott Merouane. La réponse de l’avifaune aux dérangements variés d’une espèce à l’autre et d’un site à l’autre. Certaines espèces sont plus sensibles que d’autres et s’adaptent moins aux différentes formes de dérangements (Tuite et al., 1984, Keller 1989, Ward 1990, Ward & Andrews 1993, Madsen 1998a).

Globalement les Flamants roses s’alimentent dans des groupes mixtes. L’existence de plusieurs individus de classes d’âge différentes peut générer une compétition sur les ressources trophiques entre les individus. Cette compétition se manifeste par quelques attaques (Antagonisme).

L’augmentation de ce comportement à partir du mois de mars (3 à 5% dans les deux sites) peut être interpréter par l’accroissement des besoins énergétiques et par la réduction de la surface d’alimentation sous l’effet de l’évaporation excessive.

Le comportement d’antagonisme chez les oiseaux d’eau a été bien documenté par plusieurs chercheurs (Boase 1935). Cette activité est observée même en hiver. Elle répond souvent aux exigences sociales de la population locale. Nos résultats diffèrent de ceux du Golf de Gabès trouvés (Tunisie) où l’interaction agressive a été notée avec des taux inferieur à 1% du budget temps diurne des flamants roses hivernants dans ce site (Boukhriss 2007).

Le comportement de parade dans les deux sites (Chott Tindla et Chott Merouane) a été noté dés le mois de décembre. Nos observations concordent avec ceux de Ouldjaoui (2009) dans les Hauts plateaux de l’Est algérien. En France, cette activité débute en hiver à partir du mois de janvier (Johnson 1983), soit un mois de retard par rapport à nos zones humides, ce qui peut paraitre logique du fait du décalage dans les périodes des pontes.

Le taux partiellement élevé de la toilette dans le Chott Merouane par rapport au Chott Tindla est conditionné par la salinité élevé de l’eau dans le Chott Merouane ce qui pousse l’oiseau à entretenir plus son plumage afin d’éviter l’accumulation des sels sur leur plumes (Ricardo 1989) souvent handicapante pour les juvéniles. La toilette augment durant la fin de la saison d’hivernage dans les deux sites vérifiant les résultats de Ricardo (1989).

Les Flamants roses hivernant au niveau du Chott Tindla et du Chott Merouane se nourrissent pendant une grande partie de la journée. Résultats identique de ceux de Boukhriss (2007) mais différent de ceux trouvés en Espagne (Robert 1990), en France (Studer-Thiersch 1972) et dans les Caraïbes (Rooth 1965) qui affirment une alimentent nocturne accrue (Robert 1990).

Les observations crépusculaires (une heure et demie après le couché du soleil) ont montré que les oiseaux restent sur place. A l’aube du lendemain, soit deux heures avant le lever du jour, les effectifs nous ont semblés inchangés, ce qui nous a permet de penser que les deux chotts concernés par l’étude jouent un rôle double pour cet échassiers (terrain de gagnage diurne et de remise nocturne).

5.5. Analyse statistique des données de rythme d’activités diurnes chez le Flamant rose