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2-2-1 Ruptures politique

Pour construire un modèle de développement viable, il est impératif d’apaiser la guerre civile larvée qui paralyse l’action gouvernementale et de favoriser l’émergence d’une coalition des forces politiques pour affronter les nouveaux défis du pays. Cette dernière peut être constituée par le dialogue ou la négociation comme elle peut être imposée par l’histoire sous une forme imprévisible et contraignante pour l’ensemble des acteurs politiques. Quoi qu’il en soit, elle s’incarne dans l’État-national qui pilote le processus de la construction du modèle de développement post-Covid

2-2-2 Rupture sociétale

La crise du Covid-19 a lié le destin sanitaire de l’individu à la société à laquelle il appartient et réciproquement. En effet, le concept de société solidaire s’impose désormais et la conscience d’un destin solidaire s’intensifie encourageant des formes d’économie solidaire et d’économie verte protégeant l’environnement. Les tendances centripètes favorables au communautarisme et au régionalisme peuvent être apaisées au profit d’une intégration du tissu social et productif et en se préoccupant à la fois de la santé et de l’environnement. Et si conflits il y a, ils peuvent être résolus pacifiquement grâce à la confiance restaurée dans les institutions fortifiées de l’État-national. Pour que le modèle post-Covid réussisse, il faut que les acteurs sociaux, politiques et économiques s’engagent dans une conscience collective d’appartenir à une même nation fondée sur un nouveau contrat social. Ce modèle suppose une intégration plus forte des jeunes et de la femme rurale dans le tissu social, économique et politique favorisant leur participation à la vie publique et renforçant leur citoyenneté.

2-2-3 Rupture économique

La rupture économique fondamentale consiste à abolir irréversiblement la connivence entre le politique, l’économique et la corruption car elle empêche l’avènement d’un nouveau modèle de développement qui ne sert pas leurs intérêts immédiats. C’est à la classe politique de se réinventer pour échapper à la pression des groupes d’intérêt économique et éviter que le nouveau modèle Covid lui soit imposée d’une manière autoritaire. Cette phase de la relance post-Covid doit bénéficier d’une politique d’expansion budgétaire et d’investissement qui vise les industries, augmente la productivité, booste l’emploi et insère le pays dans la chaîne mondiale de la valeur. Pour ce faire, un effort de restructuration du budget national en intégrant le secteur informel dans le formel est nécessaire, en élargissant l’assiette financière, en digitalisant l’économie et en rationalisant la gestion des entreprises publiques. Ces mesures permettront de dégager des ressources propres au profit de l’investissement dans l’économie productive, créatrice de l’emploi, dans la santé et l’éducation. L’économie de la santé, de la vie et de l’environnement devient un levier économique. Ce sont donc des secteurs créateurs d’emploi mais qui exigent aussi beaucoup d’investissements. La configuration sectorielle change aussi, l’industrie et l’agriculture doivent l’emporter sur le secteur des services. La Tunisie doit effectivement reconstruire une industrie à forte valeur ajoutée et orientée vers l’exportation ainsi que développer le secteur agricole en vue d’assurer la suffisance alimentaire l’exportation des produits agricoles aussi à haute valeur ajoutée. Le modèle post-Covid suppose la réhabilitation de l’agriculture sur plusieurs plans : économique (augmenter les investissements, technique en favorisant des cultures agricoles respectueuses de l’environnement), culturel (valoriser auprès des jeunes le métier d’agriculteur et gratifiant le retour à la terre) et foncier (libérer les terres collectives et les terres domaniales et favoriser leur exploitation par les jeunes et les communautés locales dans des structures d’économie solidaire).

2-2-4 Rupture technologique

Le modèle de développement post-Covid connaît l’instauration de l’identifiant unique qui permet de résoudre les problèmes de fonctionnement des institutions bancaires (généralisation du decash), financière (impôts), sociale (ciblage des citoyens ciblés par l’aide sociale permettant d’alléger le poids de la caisse de compensation), sanitaire (assurance maladie et dépistage et traçage). Le culturel est déjà digitalisé mais nécessite de faire bénéficier les couches défavorisées des services de l’internet. La Tunisie a un fort potentiel en matière de compétences digitales et peut s’engager dans une politique d’industrie 5.0, en tablant sur l’énergie renouvelable et sur l’intelligence artificielle.

2-2-5 Rupture culturelle et environnementale

La rupture culturelle s’incarne dans le réaffirmation et l’exaltation de la citoyenneté des individus qui doivent se percevoir comme appartenant à une nation en premier lieu. Les valeurs de solidarités l’emportent sur les valeurs de l’individualisme tribal ou régional. Solidarité entre les individus mais aussi entre les régions, les corporations et les groupes sociaux. Le système social et économique doit s’ouvrir aux jeunes pour valoriser la créativité et l’innovation à la fois dans l’économie et la culture. Les choix de politique économique sectorielle interdisent le dumping social (précarité de la main d’œuvre), économique (bas salaire), environnemental (pollution industrielle). Les avantages comparatifs doivent être recherchés dans une production à haute valeur ajoutée respectueuse de l’environnement.

L’environnement et la santé deviennent des facteurs de production et des critères de productivité qui s’intègrent dans le calcul du PIB selon les recommandations récentes de l’OMS.

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CONCLUSION

Il est dans la nature de la pandémie d’accélérer les tendances des modèles économiques tout en ouvrant la voie à un nouveau modèle en rupture avec les précédents. La crise du Covid-19 a été un choc dévastateur pour le modèle néolibéral occidental révélant sa vulnérabilité et sa faible résilience. Dans un tel contexte, la Tunisie a plus que jamais besoin d’un Plan de relance ambitieux, temporaire et ciblé afin de sortir l’économie de sa dépression et éviter un affaissement fort déstabilisant sur le plan social et politique. Pour résorber la contrainte de la dette publique et éviter le pire, il suffirait d’adopter une approche hétérodoxe de financement du déficit budgétaire, associée à une trêve sociale et à l’activation de certaines réformes. Un changement d’échelle dans l’action publique est également un enjeu de taille. Les méthodes comptent autant que les politiques, les deux devant viser la performance. Pour ce faire, l’action publique doit s’inscrire dans la réflexion prospective, la gestion axée sur les résultats, l’évaluation et la coordination des politiques publiques ainsi que la concertation active, en mettant en place l’Instance du développement durable et des droits des générations futures et en renforçant le dialogue Social. Le nouveau cadre de développement post-Covid devra se baser sur le principe de la soutenabilité lequel repose sur l’autonomie, l’inclusion et la durabilité. Ce paradigme relève de la globalité et du pragmatisme des politiques de développement, de la solidarité et la responsabilité sociétale ainsi que de l’intégration de la dimension écologique dans la transformation structurelle de l’économie. En outre, le modèle post-Covid sera nécessairement en rupture avec le modèle néolibéral vide de la transition démocratique, au niveau politique, économique, sociétal, technologique, culturel et environnemental, faisant intervenir à tous les niveaux les concepts de santé publique et d’environnement. Toutefois, sans un État fort, le modèle post-Covid ne peut ni émerger ni fonctionner. Pour y accéder, la Tunisie doit surmonter sa crise politique. Au vu de l’incapacité de la formation politique actuelle, voire son désintérêt, quelle formation politique va prendre en charge l’instauration du nouveau modèle ? Dans quelles conditions apparaîtra celle-ci et à quel prix l’actuelle formation serait-t-elle poussée vers la sortie ? Un réaménagement du cadre politique actuel est-il possible ? Peut-il favoriser l’émergence et l’instauration d’un modèle post-Covid à la faveur d’une forte coalition des forces vives de la nation ?.

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