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routes inexploitables par les véhicules « Dans les années 50, la rue faisait 10m de large, dont 2,5m de trottoir Comme ils ont mis des avenues à quatre voies,

ils ont élargi le trottoir de 50 cm. Mais l’objectif était d’agrandir la section

pour les automobiles. Disons qu’ils ont agrandi le trottoir parce qu’il n’y avait

pas la place de mettre une autre voie. Quatre voies et ce qu’il restait était

pour le trottoir. Mais ce n’était pas dans le but que tu puisses marcher. »

Les

trottoirs reflètent le processus d’urbanisation de Guadalajara. Leur étroitesse ou destruction est la preuve silencieuse que les voitures ont séquestré des rues, parfois paisibles, de la ville.

Suite à substitution du patrimoine par les routes, l’attention et la protection de celui-ci va engendrer des effets sur la densification de la ville, qui impactent sur la physionomie et les usages du trottoir. (cf p. 97)

Ce problème n’est pas encore réglé, puisqu’il est culturel.

« 400 voitures par

jour s’ajoutent au parc automobile de Guadalajara. Alors piétonnaliser une

zone, ou motiver les gens à utiliser d’autres moyens de transport, induit

d’améliorer beaucoup de choses qui ne sont pas ancrées dans notre culture.

Chacun monte dans sa voiture et voilà... À moitié individualiste. »

III. 1. C. DÉMOGRAPHIE

« En 1964, il y avait 1 million d’habitants. Il a donc fallu 400 ans pour

rassembler 1 million de personnes, puis en 50 ans, ça a quadruplé. »

Ces

chiffres prouvent l’expansion monstrueuse de Guadalajara en un temps minime. La forte croissance démographique aide à un développement anarchique de la ville.

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III. 2. UN LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE

SCULPTE LE TROTTOIR

III. 2. A. LES TROTTOIRS MODELÉS PAR LE FONCIER

Il n’existe pas de plan d’usage de sol instauré par le gouvernment. Le processus de composition est guidé par les particuliers. En 1945, le célèbre architecte Tapatio, Luis Barragan, devient également promoteur immobilier. Il concevait et réalisait des plans d’urbanisme en étant lui-même le commanditaire. A Guadalajara, être maître d’ouvrage et maître d’œuvre à la fois est encore possible aujourd’hui.

«

En 1942, se créent ‘los Arcos de Vallarta’, comme porte d’entrée de la ville.

Lorsqu’ils ouvrent l’avenue Juarez, ils détruisent la prison pour faire passer

l’avenue. Cette ouverture impulse l’accroissement de la ville vers l’Ouest.

Alors de nouveaux lots de l’avenue Vallarta sont achetés par les gens les

plus aisés. Tu vois bien, de Federalismo à Chapultepec, la taille des maisons.

»

Ce marché libéral de l’immobilier va engendrer la construction d’énormes propriétés, élaborées sur un modèle colonial. Cette typologie architecturale affecte directement le trottoir. Le bâti s’implante en milieu de parcelle, ce qui donne à voir un espace ‘paysagé’ en bordure de l’avenue, sauf lorsqu’il y a des murs opaques séparant le trottoir du jardin privé. Cette ouverture visuelle que la typologie architecturale apporte offre au piéton une perspective arborée.

« Cette maison a été construite dans les années 50. A un moment, dans

cette propriété vivait une famille très aisées. Mais ce qu’il s’est passé aux

alentours , ça a généré des conditions hostiles pour continuer à exister

en tant que maison. [...] De plus, ça appartient aux grand-parents, donc 5

enfants en héritent et aucun d’eux ne peut racheter les parts. C’est difficile

pour une famille de vivre dans une maison de 50 ans. Alors, ils la vendent.

Des candidats se proposent de convertir l’édifice en commerce car la ville n’a

pas laissé de bâtiments commerciaux ou de bureaux. C’est ce processus de

composition. »

La construction anarchique de la ville a fabriqué une architecture

résidentielle. Lors d’une succession de propriété, souvent, s’opère un processus de changement d’usage. On change l’habitat en commerce, en bureaux, mais les usages du trottoir ne sont pas les mêmes pour une maison que pour un commerce. Ainsi, on peut voir s’installer des terrasses de café ou des seuils de magasins en lieu et place des petites avant-cours des maisons modernes. L’espace intermédiaire fermé et privé devient ouvert et pour le public.

COMMERCE (Après) LOGEMENT (Avant)

MAISON MODERNE

Pour les maisons traditionnelles, ayant la façade en lisière du trottoir, le système d’ouverture du commerce s’effectue grâce aux portes de garage des anciens logements. Seul apport de lumière, d’air et du fait du climat, ces portes restent toujours ouvertes. La transparence visuelle, sonore et olfactive ont un impacte direct sur le piéton. Il se créé naturellement un zone de convergence dans ce minuscule entre-deux privé-pubic, intérieur-extérieur. On peut y percevoir un aspect positif par le caractère social que l’interaction apporte, mais un aspect négatif par la gêne causée par cet encombrement.

Aujourd’hui, toutes les maisons n’ont pas le même destin. Le centre de Guadalajara a été déserté dans les années 80. « Il commence à y avoir un

abandon des habitants du centre vers la périphérie. »

Après avoir souffert

d’une destruction patrimoniale, le gouvernement a réglementé la protection sur le patrimoine sous différentes catégories. La loi classe certains bâtiments sous protection partielle ou intégrale. Il arrive alors que certains propriétaires laissent les maisons à l’abandon jusqu’à leur décomposition, dans le but de construire des logements rentables, soit des immeubles. (cf p.128)

Les propriétaires terriens ont aussi permis de créer des aérations dans l’urbanisme de Guadalajara. Cependant ces ouvertures n’ont pas été intentionnelles, elles relèvent d’une impossibilité face à l’extension urbaine.

« L’avenue Chapultepec

a cette largeur puisqu’un moment ils pensaient faire une piste d’atterrissage.

L’école militaire d’aviation est à quelques rues. Au final, ils se sont rendus

compte que c’était impossible, c’était trop proche de la ville. Ils ont donc

déplacé l’école militaire à Zapopan. »

COMMERCE (Après) LOGEMENT (Avant) MAISON TRADITIONNELLE

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III. 2. B. FINANCEMENT DE L’ESPACE PUBLIC PAR LES PARTICULIERS

Lors de remodélations de voies, le gouvernement tire son argent d’un accord entre particuliers et municipalité. Alors, l’amélioration des espaces publics s’applique seulement dans les espaces dont on pourra en tirer profit. Les travaux sont possibles, car le gouvernement en tire un bénéfice financier.

« Beaucoup

de constructions se sont faites, à Chapultepec et à Federalismo par exemple,

avec une certaine collaboration avec la municipalité : une relation entre les

privés et le gouvernement municipal. ‘On construit une avenue et comme ta

propriété va se retrouver devant une avenue, son prix va augmenter, donc

paye-nous’. Il y a eu un collaboration entre le privé et la commune pour faire

ces travaux et d’autres à Guadalajara. »

III. 2. C. UNE MATÉRIALITÉ GÉNÉRÉE PAR UN PARTICULIER