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Jacques Roumain et Jean Giono en faisant le choix d'écrire un roman paysan, s'inscrivent dans un engagement vis-à-vis des hommes et de la Nature. Les écrits journalistiques ou les essais retracent la vie de ces auteurs : une vie engagée dans le pacifisme pour Jean Giono, et une vie qui progressivement mène Jacques Roumain vers une forme de marxisme propre à Haïti. Bien que ces deux tendances soient différentes, on peut retrouver dans leurs essais et dans leurs romans la formulation du rejet du capitalisme et la valorisation d'un système de travail communiste, voire mutualiste.

1.1 Un engagement à vie : le pacifisme de Jean Giono

Jean Giono, romancier, essayiste et poète, vit en marge de la société littéraire du XXe siècle. Indépendant, il prône un engagement pacifiste toute sa vie tant dans ses œuvres littéraires que dans ses actes et écrits polémiques, qui découle de son expérience de la première guerre mondiale.

Jean Giono né en 1895 est mobilisé pour la première guerre mondiale comme messager - « tragique »859 selon Mireille Sacotte : son rôle est d'assurer la communication entre l’État major et les

soldats dans les tranchées. Pendant de nombreux mois, il voit l'horreur de la guerre et sera hanté par cette période toute sa vie. Les lettres à ses parents pendant la guerre minimisent son horreur ; mais Giono révèle son mal être dans une lettre en 1917 : « Je n'ai plus d'âme, je n'ai plus de cœur, je n'ai plus de ciel bleu, non je n'ai plus d'idéal, je ne suis qu'os, chair et arme. Et la pluie drue s'acharne sur l'acier des casques. »860 Bien qu'il n'ait écrit qu'un roman sur la guerre, Le grand Troupeau, ce thème est très

souvent référencé dans ses romans comme dans ses essais. Le roman Que ma joie demeure est alors écrit à un moment où Jean Giono craint l'arrivée de la seconde guerre mondiale. Son pacifisme découle de la peur et de l'horreur causées par la première guerre – ses amis et ses camarades sont morts. Son engagement contre la guerre est de l'ordre de la foi : « Le choc qu'il en reçoit le marque pour toute sa vie : la guerre sera toujours pour lui le mal absolu. Son pacifisme ne sera pas rationnel, mais à la fois viscéral et spirituel ; il ne se discutera pas plus qu'une foi. »861

Au début des années 1930, Jean Giono est officiellement un sympathisant communiste qui espère à travers le modèle soviétique un monde nouveau, libéré de la domination de l'argent. Les communistes et les pacifistes se rassemblent dans la lutte contre le fascisme. En 1934, il adhère à l'Association des écrivains et des artistes révolutionnaires862. Il participe au premier numéro de la revue

859 Dans l'émission de France Culture, « La compagnie des auteurs » animée par Matthieu Garrigou-Lagrange, avec Mireille Sacotte comme invitée, première partie « Se retirer du mal », diffusée le 13 mars 2017.

860 Ces mots sont rapportés par Henri Godard, dans Giono, Le roman, Un divertissement de roi, Paris, Gallimard, 2004,p. 19.

861 Pierre Citron, Giono, op. cit., p. 17.

862 L'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, fondée en 1932 en France est une section de l'Union internationale des écrivains révolutionnaires fondée à Moscou au mois de novembre 1927. L'association est

Vendredi863 en 1935, sorte de voix du Front populaire – année où il rédige également Que ma joie demeure. Cependant, Staline se déclare favorable à la politique de défense nationale de la France en 1935864, etla même année, les révélations sur les premiers procès de Moscou apparaissent. Giono perd

ses illusions et rompt avec le Parti Communiste en 1936. Dans le Poids du ciel, en 1938, il affirme publiquement sa rupture avec le Parti Communiste : les astres dont il est question tout le long de l'essai, sont les événements de l'actualité politique. Il critique alors les dictatures hitlérienne et stalinienne, la mécanisation et l'industrialisation massive de l'URSS. A partir de là, Jean Giono considérera le Parti Communiste Français comme le nouveau parti « fasciste ». Leur position envers la guerre et leur capacité d'endoctrinement seront ses cibles : « Défaut de tous ces systèmes qui font sacrifier une génération au profit des générations futures : guerre ; communisme, oui, communisme ; religion. »865

Dans son Journal en 1936 Giono se confie sur sa rupture avec le Parti Communiste comme sur ses orientations politiques et la véhémence de son engagement : « Je suis anti-fasciste […] Anti-fascistes, ne vous laissez pas embrigader par les nouveaux fascistes d'extrêmes-gauches. Ni Hitler, ni Mussolini, ni Staline. »866 Dans Les Vraies Richesses ou dans La Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix le monde

paysan est mis en opposition à la classe ouvrière, un monde urbain présenté comme négatif867 ; il ne

prend pas la parole pour le prolétariat constitué d'ouvriers mais pour les paysans.

Dès 1934, Jean Giono devient un militant du pacifisme, et essaie de convaincre son lectorat des méfaits de la guerre ; mais seuls ceux qui ont vécu l'horreur de la première guerre mondiale sont capables de le comprendre. Les politiques pour valoriser la guerre louent l'idéologie de l'héroïsme du soldat mobilisé qui se sacrifie pour sa communauté868. Giono démontre la supercherie de cette

propagande en dénonçant la peur qui est la véritable nature de l'homme face à l'horreur et à la violence

donc sous l'autorité du Parti Communiste Français et a pour organe Commune. A la tête de l'association, Louis Aragon, et font parti également de l'association Paul Nizan, André Breton, Henri Barbusse, Robert Desnos, André Gide, André Malraux, Max Ernst et bien d'autres personnalités.

863 Revue dont le premier numéro date du 8 novembre 1935, dirigée notamment par Jean Guéhenno et André Chamson.

864 Georges Vidal évoque ces faits dans un article intitulé « Le PCF et la défense nationale à l’époque du Front populaire » dans Missions et attachés militaires. Défense et Front populaire, Paris, PUF, « Guerres mondiales et conflits contemporains », 2004, en ligne [https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits- contemporains-2004-3.htm].

865 Jean Giono, Journal, poèmes, essais, op. cit., p. 31, juillet 1935. 866 Ibid, p. 158, 28 novembre 1936.

867 Michel Gramain, Dictionnaire Giono, op. cit., p. 230 « communisme, communiste » : « Après la publication des

Vraies Richesses en 1936, ouvrage dans lequel le monde urbain […] et le prolétariat sont présentés de façon

négative, Giono évoque avec force, dans Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix (1938), un monde paysan plein de rancœur à l'égard des ouvriers, susceptible de se lever en masse contre un gouvernement de gauche. »

868 Jean Giono, Refus d'Obéissance, dans Écrits Pacifistes, Paris, Gallimard, « folio », 1978, p. 13: « On dit encore cette vieille dégoûtante baliverne : la génération présente doit se sacrifier pour la génération future. » Dans

Précisions, dans Écrits Pacifistes, op. cit., p. 145: « Il y a une grande libération accomplie quand on comprend clairement que le héros militaire est un dupe, n'est pas un héros. »

de la mort869. En effet, dans les Écrits Pacifistes, il s'exclame contre cette tendance à la glorification de la

guerre : les politiques comme certains auteurs participent à l'élaboration d'une image héroïque de la France et de l'Histoire nationale870. Suite à la publication de Que ma joie demeure et à l'engouement des

jeunes pour ce roman, naît une forme d'utopie incarnée dans le Contadour. L'expérience commence grâce aux auberges de jeunesse qui proposent une nouvelle façon de voyager et demandent à Giono de guider un groupe de jeunes sur la montagne de Lure. Une trentaine de jeunes engagés admirateurs de Jean Giono arrivent alors, composés de communistes, de pacifistes et de féministes. Une blessure au genou pendant la marche force Giono à s'arrêter au lieu-dit du Contadour : le voyage se transforme en expérience intellectuelle et fraternelle. Naissent alors « Les Rencontres du Contadour »871 qui se

déroulent du mois de septembre 1935 au mois de septembre 1939. Giono dédie aux Contadouriens872

Les Vraies Richesses où il évoque à de nombreuses reprises l'expérience humaine et communautaire qui s'apparente à un « milieu libre »873.

Jean Giono a été très engagé dans le pacifisme, avec une tendance polémique et pamphlétaire dans les Écrits pacifistes, comme dans Refus d'Obéissance publié en 1937 – publiés pendant le Contadour -, il participe aussi à de nombreux manifestes874, articles et parutions pacifistes. Il milite pour

le refus face à la mobilisation875, et ne cesse de réitérer dans ses écrits cette position de

« désobéissance ». Il prêche comme Henry David Thoreau un siècle plus tôt une forme de « désobéissance civile »876 :

869 Jean Giono, Précisions, op. cit., p. 138-139 : « Savez-vous qui nous a sauvé la vie à tous ? La peur. La peur la plus saine, la plus raisonnable, la peur de l'homme devant l'inhumain. [...]Tous nos révolutionnaires à la manque n'en reviennent pas. Ils sont là avec leur faux parti communiste entre les mains. »

870 Jean Giono, Écrits pacifistes, Refus d'obéissance, op. cit., p. 23 : « Je me disais : "Tu barreras dans l'Histoire de France de ta fille tout ce qui est exaltation à la guerre." Mais il aurait fallu tout barrer […]. »

871 Christian Morzewski, Dictionnaire Giono, op. cit., p. 232, « Contadour (Rencontres du) » : « Giono joua un rôle décisif, sinon d'initiateur du moins de cristallisateur, dans cette aventure collective hors du commun, [...], en compagnie d'un groupe de fervents lecteurs de Que ma joie demeure. »

872 Au fur et à mesure, les Contadouriens sont de plus en plus pacifistes. Parmi eux, Jean Lescure, Henri Fluchère, Christian Michelfelder ou son ami Lucien Jacques publient les Cahiers du Contadour, textes et écrits produits par ces réunions – il y en aura huit.

873 Un milieu libre est une petite société d'inspiration libertaire, de durée variable, basée sur le principe d'autogestion et d'épanouissement personnel, rejetant la participation à la société établie. En France, c'est surtout après 1870 que commencent à s'installer des milieux libres, à l'initiative de groupes ou de leaders anarchistes.

874 Jean Giono, Précisions, op. cit., p. 143, « manifeste des Ajistes lyonnais » : « Aussi, c'est fidèles à l'idéal de notre mouvement que nous crions à tous nos camarades : / […] Qu'on nous ment lorsqu'on essaie de nous amener à l'idée d'un conflit inévitable. […] / Qu'on nous ment lorsqu'on dit que nos armées défendront la démocratie contre le fascisme, que la mobilisation activera les négociations ; la mobilisation, premier échelon de la servitude, ne peut que faire accepter par tous l'idée de prochaines hécatombes et exciter les passions de chaque côté des frontières. »

875 Dans un texte paru initialement dans Le Monde, dans le numéro du 25 juillet 1935, rapporté dans Précisions,

op. cit., p. 161 : « Je ne suis pas un immobile défenseur de la paix./ Je suis un cruel défenseur de la paix./ Je ne

veux plus servir de matière première au gouvernement. »

876 Dès le titre, la comparaison s'impose : Refus d'Obéissance (1937) de Giono, Désobéissance civile (1848) de Thoreau. Dans la première partie, nous avions déjà remarqué des similitudes avec sa pensée et sa philosophie.

« Intention de créer une organisation Jean Giono – contre la guerre. Avoir trois cents noms inscrits d'hommes qui s'engageront à se réunir et à résister à un ordre de mobilisation. Se faire fusiller en bloc, si on l'ose. Des deux façons c'est la démolition de ce rouage graissé qu'est l'ordre de mobilisation. L'organisation Contadour qui est déjà l'espoir de tant de jeunes resterait l'organisation dirigeante de toutes les initiatives adjacentes. »877

Il transforme alors l'entreprise intellectuelle du Contadour en organisation politique pacifiste engagée contre la mobilisation et les ordres de l’État. Obsédé par son refus de la guerre, Jean Giono n'a pas cerné l'importance de la menace nazie878. Son pacifisme le mènera aussi à deux emprisonnements879. Un

pacifisme quasi exacerbé qui le fera approuver les accords de Munich, organiser une rencontre avec Hitler en 1938 pour le faire renoncer à la guerre et qui le conduira à refuser toutes les idées de la Résistance880 - inscrit sur la « liste noire » et jugé « collaborateur », il sera privé de publication en France

pendant plusieurs années. Pierre Citron le défend en postulant que les idées de « retour à la terre » étaient prônées bien avant Pétain, comme nous le verrons dans Que ma joie demeure.

Le pacifisme de Giono fut un engagement de longue durée et guida l'auteur jusque dans ses choix de vie et d'écriture. « Il ne suffit pas d'être pacifiste, même si c'est du fond du cœur et dans une farouche sincérité ; il faut que ce pacifisme soit la philosophie directrice de tous les actes de votre vie. Toute autre conduite n'est que méprisable lâcheté. »881 Jean Giono est conquis par un pacifisme total

qui peut aller jusqu'à imposer la paix par la force et la violence, comme exprimé dans Les Vraies Richesses. Néanmoins, après ce dernier essai, il sera plutôt en faveur d'une paix pacifiste et militera toujours pour le désarmement882. Par ailleurs, Jacques Roumain, lui, loue les actions non violentes de

Gandhi, dans des chroniques datant de mars 1928883. Il en dégage une doctrine globale de la non-

violence.

La lecture de la Lettre aux paysans sur la pauvreté et sur la paix révèle les influences communistes et marxistes de la pensée de Giono. Les théories sur l'argent et sur l'agriculture 877 Jean Giono, Journal, poèmes, essais, op. cit., septembre 1935.

878 Nicole Racine, « Giono et l'illusion pacifiste », dans L'Histoire, n°106, décembre 1987, p. 38-47. Son pacifisme « lui masqua la spécificité expansionniste et raciste d'un régime dont il avait pourtant dénoncé le totalitarisme. C'est dans cette illusion persistante, et non dans la volonté passionnée de faire reculer la guerre, que réside le drame de Jean Giono pacifiste. », cité par André-Alain Morello dans Dictionnaire Giono, op. cit., p. 687, « pacifisme, pacifiste ».

879 Il sera accusé de distribution de tracts pacifistes la première fois en septembre 1939 et de propos collaborationnistes la deuxième fois en septembre 1944 sous le régime Vichy. Ces deux accusations s'avèrent infondées et aboutirent sur des non-lieux. Sa popularité en Allemagne, son désir de retour à la terre jugé trop proche des idées du régime de Vichy contribuèrent à son isolement – bien qu'il n'ait jamais dit être pour ce régime ou pour le nazisme. Giono était contre Hitler et le fascisme et hébergea des juifs et des Résistants. 880 Jean Giono pour parler des Résistants emploie parfois les mots de « réfractaires » ou de « dissidents »... 881 Jean Giono, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, op. cit., p. 154.

882 André-Alain Morello, Dictionnaire Giono, op. cit., p. 687 : « La pacifisme de Giono veut mobiliser la violence pour, par exemple, détruire les usines d'armement. » Par ailleurs, dans Naissance de L'Odyssée, il désarme Ulysse.

883 Ces chroniques publiées dans Le Petit Impartial n'ont pas toutes été retrouvées. La premier article de la série est reproduit dans les Œuvres complètes, op. cit, p. 44, et s'intitule « Un homme contre un empire : Mahatma Gandhi ». Il cite Lao Tseu : « Un bon chef d'état n'est pas violent », et loue la non-violence de Gandhi.

productiviste se rapprochent des thèses marxistes. L'imprégnation du marxisme dans son esprit se reconnaît lorsqu'il se questionne sur les bénéficiaires du profit de l’État capitaliste, et lorsqu'il reconnaît une lutte des classes où les paysans et les ouvriers sont les exploités de la société des années 1930. Il est en cela proche du communisme des Surréalistes qui pensent un monde meilleur à travers l'expérience d'un collectivisme fraternel. Il lit notamment Trotski, Lénine, Marx, Engels et Sorel. S'il s'écarte du Parti Communiste à cause de sa politique de réarmement et ses idées sur le plan international, les idées sur la productivité et sur le travail sont mentionnées dans ses essais884. Dans le texte paru dans Europe en

novembre 1934, intitulé « Je ne peux pas oublier », puis publié dans les Écrits Pacifistes, Jean Giono utilise des termes marxistes, la guerre est le « cœur de l’État capitaliste ».

C'est peut-être d'une forme d'anarchisme885 que Giono est le plus proche : « Se méfier des

coalitions qui vont se faire contre le parti communiste. Il ne faut y entrer sous aucun prétexte. Ne pas se débarrasser d'un parti pour entrer dans un autre parti : le partisan est obligatoirement guerrier. Se libérer de tout. »886 Giono en rejetant l’État, l'argent et en prêchant la liberté à travers la

« désobéissance civile » se rapproche des thèses de Proudhon. Il questionne tout le long de ses écrits le principe de gouvernement et remet en cause l'existence de l’État. Il prend également pour modèle son père qui était un homme maître de sa vie, un cordonnier libre. Il dit avoir reçu de son père l'amour de la liberté et de la justice ; et le présente à Robert Ricatte comme un véritable anarchiste887: « mon père n'a

jamais voulu faire partie d'un parti ou d'un syndicat, mais c'était un anarchiste pur. »888 Dans Jean le

Bleu, le personnage du père, inspiré de son propre père accueille des fugitifs dont un anarchiste ; le petit garçon – le jeune Jean Giono fictif – écoute des conversations sur Bakounine, Jean Grave, Laurent Taillade et Proudhon. Giono fréquentera deux anarchistes, Henry Poulaille et Louis Lecoin889, fondateurs

de la revue Nouvel âge qui publie un texte de Giono en 1931. Marginal, les intellectuels de gauche comme de droite lui reprocheront un pacifisme démobilisateur face à la menace nazie. Après la deuxième guerre mondiale, Giono adhère en 1957 comme Camus, l'Abbé Pierre ou André Breton au

884 Jean Giono, Journal, poèmes essais, op. cit., p. 57 : le 28 septembre 1935, Giono écrit à Louis Brun : « Je n'ai pas quitté le parti communiste dont je n'ai jamais fait partie. J'étais et je suis toujours un sympathisant avancé. J'ai nettement expliqué que je n'allais de ce côté que pour défendre éperdument la paix et la vie. J'ai pleinement réservé ma liberté d'action et mon droit de critique […]. Mais je reste à côté de lui, ne lui demandant rien, l'aidant sans bénéfices, conservant seulement le droit de rester moi-même. »

885 Jean-Paul Pilorget, Dictionnaire Giono, op. cit., p. 44, « anarchisme, anarchiste » : D'abord inscrit dans sa tradition familial par son grand-père carbonaro et son père anarchiste et idéaliste, Giono devient anarchiste par son attitude : il quitte l'AEAR en 1934, se détache des communistes... Il est indépendant et le revendique. 886 Jean Giono, Écrits pacifistes, op. cit., p. 155.

887 Robert Ricatte, « Notice » de Jean Le Bleu, Œuvres complètes, tome II, op. cit., p. 1228. Il note que l'image qu'il donne de son père anarchiste est quelque peu inventée et que Giono « a transféré à son père une partie de sa culture à lui » ; néanmoins le père de Giono lui a communiqué l'aspiration à la liberté et à l'indépendance. 888 Ces propos sont de Jean Giono et rapportés par Robert Ricatte dans Ibid, p. 1227.

889 Louis Lecoin, pacifiste anarchiste engagé lui aussi. Il écrit le manifeste Paix immédiate en septembre 1939 qui est distribué en tract. Jean Giono est un des signataires avec Poulaille.

« Comité de secours » pour soutenir les réfractaires au service militaire ; il reste engagé en faveur d'un pacifisme.

Même après la guerre, son pacifisme est une philosophie qui prône la vie et qui valorise un homme héroïque : « Le héros n'est pas celui qui se précipite dans une belle mort ; c'est celui qui se compose une belle vie. »890 Le héros n'est pas le soldat qui meurt à la guerre, c'est celui qui prône la paix

et qui sait jouir de la vie ; l'auteur détourne le terme pour révéler sa vision personnelle de l'héroïsme et