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Des rizières plus productives

De nombreux producteurs de riz élèvent du poisson dans les rizières pour produire des aliments, lutter contre les ravageurs et fertiliser la culture. Les résultats: baisse des coûts, accroissement des rendements et amélioration de la nutrition du ménage.

Zones productrices de riz en Asie

et qui occupent quelque 20 pour cent de sa surface. Des écrans de bambou ou des filets empêchent le poisson de s’échap-per. Dans les systèmes traditionnels riz-poisson, le poisson se nourrit des adventices et des sous-produits de la transformation des cultures, cependant, une production plus intensive demande généralement un apport d’aliments com-merciaux pour nourrir le poisson. Avec une bonne gestion, un hectare de rizière peut produire chaque année de 225 à 750 kg de poissons ou de crustacés et, parallèlement, 7,5 à 9 tonnes de riz5. L’association de différentes espèces végétales et animales rend les sys-tèmes riz-poisson productifs et riches du point de vue nutritionnel. Les in-teractions entre espèces végétales et espèces animales qui contribuent à améliorer la durabilité de la production jouent un rôle tout aussi important. Il est ressorti d’études réalisées en Chine que l’incidence de la pyrale du riz était inférieure d’environ 50 pour cent dans les champs associant la production de riz et celle de poisson. À elle toute seule, une carpe commune peut consommer jusqu’à 1 000 larves d’escargots am-pullaires par jour; la carpe herbivore se nourrit du champignon responsable du flétrissement des gaines du riz2.

La lutte contre les adventices est gé-néralement simplifiée dans les rizières où un système riz-poisson est mis en

œuvre, parce que l’eau y est plus pro-fonde que dans les autres rizières. En outre, le poisson peut être plus effi-cace que l’herbicide ou le sarclage ma-nuel2. Forts du rôle joué par le poisson dans la protection intégrée, les systèmes riz-poisson produisent des rendements comparables, voire supérieurs, à ceux de la monoculture de riz, tout en consom-mant jusqu’à 68 pour cent de pesticides en moins. Ce résultat contribue à la préservation de la qualité de l’eau et à la conservation de la biodiversité6.

Dans le cadre du système, les inte-ractions entre espèces végétales et ani-males favorisent aussi l’amélioration de la fertilité du sol. Les éléments nutritifs des aliments du poisson sont recyclés dans les champs par les déjections et mis immédiatement à la disposition de la culture de riz. Des rapports en prove-nance de Chine, d’Indonésie et des Phi-lippines font valoir que les producteurs qui appliquent le système riz-poisson dépensent moins en engrais2.

L’élevage du poisson entraîne une réduction de la surface affectée à la culture du riz. Cependant, la hausse des rendements du riz, les recettes tirées de la vente du poisson et les économies réalisées sur les engrais et les pesticides se traduisent par des bénéfices nets plus élevés que ceux de la monoculture de riz |Figure 3.8|2. Les marges bénéficiaires des agriculteurs élevant des espèces aquatiques à forte valeur marchande

Un hectare de rizière peut produire chaque année jusqu’à 750 kg de poisson et 9 tonnes de riz

Les escargots ramassés dans les rizières indonésiennes sont considérés localement comme un mets de choix

peuvent être supérieures de plus de 400 pour cent6.

La production de poisson dans les rizières a également des retombées po-sitives sur la santé des communautés. Le poisson se nourrit de vecteurs de mala-dies graves, notamment les moustiques qui transmettent le paludisme. Lors d’enquêtes conduites dans les champs en Chine, on a constaté que la densité de larves de moustiques dans les rizières où le système riz-poisson était appliqué était égale au tiers de la densité observée dans les rizières simples. Dans une zone d’Indonésie, la prévalence de la malaria qui était de 16,5 pour cent est tombée quasiment à zéro après l’intégration de la production de poisson dans les rizières2.

L’association de la riziculture et de l’aquaculture contribue aussi à amélio-rer l’efficience de l’utilisation de l’eau.

Cependant, le système riz-poisson demande environ 26 pour cent d’eau en plus que la monocul-ture de riz2. C’est pourquoi, dans les zones où les ressources en eau sont limitées, l’intro-duction du système n’est pas recommandée. Cepen-dant, la Fao a estimé que, à l’échelle mondiale, près de 90 pour cent du riz produit provenaient

d’environne-ments se prêtant à l’élevage de pois-son et autres organismes aquatiques6. En Chine, l’aquaculture dans les ri-zières a progressé régulièrement au cours des deux dernières décennies et, en 2010, la production a atteint 1,2 mil-lion de tonnes de poisson et autres ani-maux aquatiques6. De nouvelles pistes de diversification de la production se profilent en Indonésie, où l’escargot tutut, un aliment traditionnel des ha-bitants des zones rurales, est en passe de devenir un aliment diététique pri-sé par les consommateurs urbains4. La relance du système de production riz-poisson est activement encouragée par le gouvernement indonésien qui a

0 • au système riz-poisson et à la monoculture de riz en indonésie (usD/ha)

Source: Adapté du tableau 15, p.502

récemment lancé un programme visant l’établissement de ce système sur 1 mil-lion d’hectares7.

Cependant, alors que les avantages sociaux, économiques et environnemen-taux de l’aquaculture pratiquée dans les rizières sont clairement démontrés, le taux d’adoption du système demeure faible en dehors de la Chine. Partout ailleurs en Asie, le système de produc-tion riz-poisson est appliqué seulement sur un peu plus de 1 pour cent de la surface totale de riziculture irriguée. Il est intéressant de noter que le système est mis en œuvre sur une surface pro-portionnellement plus étendue hors d’Asie, à Madagascar, où elle est voisine de 12 pour cent2.

De multiples raisons expliquent la marginalité du système riz-poisson, notamment le manque d’informations sur ses avantages, la disponibilité sur le marché de pesticides peu onéreux et l’accès limité des petits exploitants agricoles au crédit dont ils ont besoin pour investir dans la production de poisson2. Il est difficile de surmonter ces obs-tacles qui mettent en jeu des

politiques relatives à plusieurs secteurs.

Le système riz-poisson doit être promu par les hauts responsables agricoles

et les agronomes qui ont conscience des avantages que présente l’intégration de l’aquaculture et de la

ri-ziculture, et qui peuvent délivrer ce message aux communautés de producteurs de riz. De même qu’à une certaine époque, les stratégies de développement agricole ont promu la monoculture de riz à grande échelle, elles peuvent aujourd’hui encourager l’exploitation du potentiel des systèmes intensifs mais durables de production riz-poisson.

A

u Malawi et en Zambie, la sécurité alimentaire repose sur la produc-tion de maïs. Cependant, dans les deux pays, les rendements moyens ne sont que de 1,2 tonne par ha. Gros-sièrement, seul un petit producteur sur quatre en Zambie et un sur cinq au Ma-lawi produisent suffisamment de maïs pour en vendre sur les marchés. Pluviale dans sa quasi-totalité, la culture du maïs est extrêmement vulnérable face aux fluctuations des précipitations et des températures, une vulnérabilité qui ne peut que s’aggraver avec le changement climatique. Au Malawi, en 2004–2005, une sécheresse a fait tomber les ren-dements moyens du maïs à seulement 0,76 tonne par ha, de sorte que 5 millions

d’habitants, soit près de 40 pour cent de la population, ont eu besoin d’une aide alimentaire1.

L’un des principaux obstacles aux-quels les agriculteurs sont confrontés lorsqu’ils tentent d’accroître la produc-tion du maïs est la faible fertilité du sol.

Un grand nombre de producteurs ne peuvent ni se payer des engrais miné-raux ni se procurer des quantités suf-fisantes d’engrais organique, tel que le fumier animal. Des décennies de culture intensive sans fertilisation ont épuisé les éléments nutritifs du sol, notamment l’azote1. Pour surmonter le problème, l’Union nationale des agriculteurs de Zambie (Zambia National Farmers’

Union) a étudié les moyens d’intégrer

< 0,5 0,5-2,5 2,5-4,5 4,5-6,5 6,5-8,5

> 8,5

MOYENNE MONDIALE RÉPUBLIQUE

DÉMOCRATIQUE DU CONGO

RWANDA BURUNDI

ZAMBIE ANGOLA

NAMIBIE

ZIMBABWE BOTSWANA

AFRIQUE DU SUD

SWAZILAND LESOTHO

RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE

MOZAMBIQUE MALAWI

CONGO OUGANDA

Zones productrices de maïs en Afrique australe

FAO/IIASA GAEZ

Zone agroécologique Pluviale tropicale Céréale dominante Maïs Autres cultures/produits Viande, lait, fourrage, bois de chauffe

PRODUC

TION EN TONNES PAR HECTARE

9 · Maïs/foresterie Afrique australe

Quand des arbres et des arbustes