Risques de cancer :

Pour l’OMS, les PE jouent un rôle important dans la survenue des cancers. Les œstrogènes endogènes et thérapeutiques, les xénoestrogènes ont tendance à donner des cancers du sein, des ovaires, de l’endomètre et de la prostate. Les dioxines, polychlorobiphényles et solvants auraient tendance à provoquer des cancers du sein mais ces produits chimiques n’ont pas un potentiel œstrogéniques important ou sont non spécifiques. Les polychlorobiphényles, cadmium et arsenic seraient impliqués dans les cancers de la prostate et les dioxines dans les cancers de la thyroïde. Mais dans ce rapport de 2012, il n’est pas précisé à quelle période de la vie se fait l’exposition à ces substances (24). Nous ne reviendrons pas plus sur le sujet des cancers, les PE ayant tendance à provoquer plutôt des cancers génitaux, sujet déjà détaillé dans les précédentes parties de ce mémoire.

3.7. Risques thyroïdiens :

Le rapport de l’OMS de 2012 trouvait dans certaines études une association entre les PE (notamment les Polychlorobiphényle, Polychlorobiphényle, Phtalates, Bisphénol A, composés perfluorés) et la fonction thyroïdienne. Cependant il n’y a pas assez d’études qui rapportent ce lien (24).

Référence Type d’étude Type de modèle PE Effets Discussion (25) Revue des effets connus Etude épidémio- logique n = 270 femmes enceintes Etude épidémiol ogique n = 76 femmes enceintes Polybromo- diphényléther Perfluorates Phtalates

Le niveau d’hormones thyroïdiennes et le taux de PBDE dans le sang de cordon ne serait pas corrélé, mais il y a parfois des preuves d’une association négative entre les niveaux sériques de TSH et de PBDE.

Pas d’études identifiées chez les femmes enceintes. Association significative négative entre niveau élevé de phtalates urinaires et T4 e T4 libre

Bisphénol A : pas d’études identifiées chez l’humain.

(40) Etude épidémi ologique Etude prospectiv e de cohorte Dichlorodiph ényldichloroé thylène et phtalates Polychlorobip hényls et phtalates

Les filles dans le quartile de l’exposition prénatale le plus élevé ont montrées une augmentation des niveaux de T4, par rapport au quartile le plus bas, la différence est significative après ajustement entier pour les covariables. Chez les garçons les résultats retrouvés ne sont plus significatifs après l’ajustement des covariables.

L’exposition prénatale aux PCB et DEPH n’est pas associée avec les taux de T4 chez les garçons et les filles.

Ces résultats sont non retrouvés dans les autres études : pour eux pas d'association ou association inverse ; petite population de cette étude (moins de 40% de filles) : interpréter les résultats avec prudence. Les données disponibles sur l'effet de l'exposition intra utérine sont limitées et les résultats jusqu'ici équivoques. D’autres recherches sont justifiées pour clarifier les associations dose-réponse entre l'exposition prénatale entre DDE et T4 chez le Nné. Les niveaux de phtalates observés dans cette population sont faibles par rapport à ceux retrouvés pour d'autres cohortes de naissance. Ainsi la puissance de l'étude est réduite par la division en quartiles et la stratification des résultats pour tenir compte des facteurs de confusion. La difficulté de recueil des échantillons de sang de cordon et de lait maternel fait que l’étude regroupe un petit échantillon. Plus de recherche est nécessaire, le moindre petit changement de thyroïde peut avoir un effet sur la santé des enfants.

Risque thyroïdiens : que retenir ?

Il y a assez peu de preuves littéraires d’une association entre exposition prénatale aux PE et une altération thyroïdienne. S’il y en a, elles ne sont pas très significatives.

3.8. Discussion :

Pour ce travail, j’ai donc recherché principalement des revues de la littérature et des études, la plupart des sources sont des revues spécialisées en endocrinologie. J'ai aussi pu trouver des références récentes, ce qui est évidemment un atout pour ce mémoire. En analysant ces travaux avec les fiches de lecture de la HAS, il m’est apparu que certains documents pouvaient manquer de pertinence. La plupart des revues de la littérature ne décrivent pas leurs procédures de sélection des études, ne précisent pas leurs critères d’inclusion, d’exclusion etc … J’avais initialement une cinquantaine d’œuvres potentiellement utilisables. Après la procédure de sélection il m’en restait 19. Les principales raisons qui ont fait que je n’ai pu inclure ces documents, sont que la période d’exposition n’était pas la grossesse ou que les résultats portaient sur les effets directs sur les individus exposés, et non pas leurs descendants. Ce gros travail de sélection me permet de présenter des résultats tout à fait en cohérence avec mon objectif de mémoire. Enfin, il y a aussi certaines sources que j’avais sélectionnées sur résumé et auxquelles je n’ai pu avoir accès : j’ai donc du renoncer à les inclure également. Cependant, du fait de l'éviction d'une grosse partie de mes lectures, j’ai pu dans certaines parties de ce mémoire ne pas avoir beaucoup de preuves scientifiques, ce qui peut évidemment fausser mes conclusions. Enfin les études les plus nombreuses et que j’ai donc utilisées dans mon travail concernent les substances connues comme le bisphénol A et les phtalates ; tandis qu’il existe encore assez peu de travaux sur les autres perturbateurs endocriniens, ne me permettant pas de répondre totalement à ma problématique.

A l’issue de ce mémoire, il me semble qu’il faut donc être prudent pendant la grossesse face aux PE. Il y a peu de preuves certaines pour le moment, mais les effets suspectés sont importants. Pour améliorer ce travail, il faudrait le poursuivre d’ici quelques années, et pouvoir ajouter plus de références. Il est nécessaire d’attendre que de nouveaux travaux soient faits et que ceux-ci soient en capacité de conclure de manière plus certaine sur l’effet des perturbateurs endocriniens sur les générations futures, et qu’ils étudient de manière plus exhaustive l’ensemble des substances susceptibles de perturber le système endocrinien.

Devant autant de questions restées sans réponse, il apparait que de nouvelles études de grande ampleur doivent être menées sur du long terme pour affirmer et infirmer les effets néfastes des PE sur les générations futures. En l’attente de ces nouvelles recherches et éventuellement législations qui pourraient en découler, et en présence de ces nombreux risques pour la santé de leurs enfants, il semblerait logique et d’intérêt public qu’une information et mise en garde à destination des femmes enceintes soit mise en place. Il est évident que dans cette perspective, les professionnels rencontrés par la femme pendant sa grossesse joueraient un rôle important. Il faudrait penser à plus de formation (initiale ou continue) dans le parcours des médecins et sages-femmes sur le sujet des polluants environnementaux. Ils seraient ainsi capables d'informer et de mettre en garde les femmes enceintes des dangers potentiels pour l'avenir de leurs enfants, au décours des consultations par exemple. Il peut aussi être intéressant de se pencher sur la conception de plaquette d’information à mettre à

4. Conclusion :

Les perturbateurs endocriniens sont depuis quelques années suspectés de nombreuses affections. Le mécanisme d’action de ces substances est principalement la perturbation du système hormonal. Le dérèglement du système endocrine peut induire de nombreuses pathologies : infertilité, cancers, obésité, diabète, déficits neurocomportementaux, maladies thyroïdienne … Les effets des perturbateurs endocriniens peuvent toucher directement les individus exposés. Mais une des problématiques importantes est que ces substances chimiques peuvent aussi avoir des conséquences sur la santé des descendants des individus exposés.

Au vu de ces conséquences potentielles, et bien que les preuves d’un lien entre PE et pathologies humaines soient minces, les autorités en santé nationales et internationales légifèrent régulièrement sur des restrictions ou interdictions d’utilisation des substances suspectes. Certaines sont bien connues comme le bisphénol A, les phtalates, les parabènes. Mais il en existe bien d’autres, qui elles n’ont pas été aussi bien étudiées, et qui n’ont donc pas bénéficié d’une législation. De plus, une des propriétés des substances chimiques est d’être persistante dans l’environnement, et bien que l’on ait interdit l’utilisation de certaines substances, elles peuvent encore être présentes dans les eaux, l’air, les sols ….

La femme enceinte est donc loin d’être protégée de ces substances chimiques, et cela peut avoir des conséquences sur son enfant à naître et son avenir.

Le but de ce mémoire était donc de faire un point des connaissances actuelles sur les effets qu'une exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse peut avoir sur les générations futures.

Les recherches initiales ont permis de rassembler une cinquantaine de travaux sur le sujet des perturbateurs endocriniens et de leurs effets chez l’homme. Le processus de sélection a permis d’inclure dans ce travail 19 documents dans l’analyse. Ceux-ci sont majoritairement représentés par des revues de la littérature, mais aussi par des rapports de l’OMS et des études simples.

Les travaux étudiés retrouvent donc quasiment tous des effets des perturbateurs endocriniens sur les enfants qui y sont exposés pendant la grossesse. Les perturbateurs endocriniens les plus souvent cités sont : le bisphénol A, les phtalates, les dioxines (dont les polychlorobiphényles), bien que d’autres soient aussi capables de causer des pathologies aux générations futures.

Un des organes les plus sensibles aux substances chimiques semble être l’appareil génital humain. Les PE semblent responsables de malformations, d’altération de la qualité du sperme, perturbations des taux d’hormones. L’autre organe très sensible aux PE est le cerveau. Cet organe au cours du développement est d’ailleurs sensible au taux d’hormones thyroïdiennes. Or la thyroïde est aussi altérée par les PE in utero. Cela implique chez l’enfant des troubles (retards) du développement neurocognitifs, avec potentiellement un QI plus faible ou le développement de troubles du spectre autistique, d’hyperactivité, d’anxiété.

Sur le plan métabolique les PE in utero provoqueraient de l’obésité, de l’intolérance au glucose, l’altération de la production de l’insuline et la résistance à celle-ci, notamment par le biais de l’altération de l’épigénôme.

L’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse peut causer sur les descendantes filles : altérations de la structure et/ou fonction de l’ovaire, de la poitrine, avec comme conséquence des soucis de fertilité et d’allaitement. Enfin les PE sont suspectés d’altérer le sexe-ratio secondaire. Je n’ai pas retrouvé assez d’études pour pouvoir conclure sur d’éventuels effets thyroïdiens.

Dans la plupart des travaux analysés, les preuves certaines étaient issues de données animales. Cependant ces résultats sont généralement non-extrapolables à l’Homme. Les protocoles utilisés peinent à imiter l’exposition humaine : problèmes de dose, utilisation d’un seul produit, problèmes de date d’exposition. Pour les études épidémiologiques, les principales limites sont : le nombre insuffisant de ce genre d’étude, la trop courte période de suivi, des protocoles d’étude pas toujours adaptés pour le suivi. Ainsi que ce soit chez les animaux et les humains, les résultats sont souvent non significatifs, notamment de par une méconnaissance des mécanismes d’action. Enfin on ne connait pas encore toutes les substances susceptibles d’être des PE, et donc on n’a pas encore pu en étudier les effets.

Il semble donc fort intéressant de pouvoir poursuivre ce travail de recherche quand nous aurons plus de connaissance et de recul sur les perturbateurs endocriniens et leurs mécanismes d’action. On pourra alors conclure de manière plus certaine sur les potentiels effets néfastes de l’exposition aux perturbateurs endocriniens sur l’avenir des générations futures. Cela permettrait de pouvoir sensibiliser les médecins et les sages-femmes sur le sujet, et qu'eux-mêmes mettent en garde les femmes pendant leur grossesse.

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Annexe I : Tableau de sélection

TITRE AUTEUR DATE SOURCE ACCESS

IBLE

TYPE DE DOCUMENT

TYPE

D'ETUDE RESUME RESULTATS SELECTION

Revues, rapport etc Cohorte, synthèse, comparatives etc Humaine ou animale Données originales Population cible Concluants ou non Effects of endocrine disruptors on the human fetal testis

Rouiller

Fabre etc May 2014

Annales

d'endocrinologie Oui Revue Comparatives

entre testis humain foetal et rongeur comparaison données litérrature, et expérimentatio n human et Mise testis effets chez rongeur pas chez humain

regarder sur quoi il se base

Executive Summary to EDC-2

Gore A C etc September 2015 Endocrine Rewiew Oui résumé à la deuxième déclaration scientifique de l'Endocrine Society examen exhaustif de la littérature épidémio et epérimentatio n animale littérature pré- existance , plus de connaissances sur le focntionnement si explicitation des effets dus à l'exposition in utero FIGO opinion on reproductive health impacts

Di Renzo etc September 2015 International Federation of Gynecology and Obstetrics Oui Recommandati ons un peu d'examen de la literrature , recommandatio ns basés sur de la littérature , protection indispensable regarder leur littérature Perturbateurs endocriniens environnementau x et K sein Fénichel P oct-08 Gynécologie Obstétrique & Fertilité

Oui Revue examen de la

littérature , basé sur de la littérature existantes pour prouver qcch sein à confirmer oui si exposition in utero et regarder la littérature correspondante State of the

Perturbateurs endocriniens environnementau x et cancers hormonodépenda nts. De nouveaux facteurs de risque ?

Fénichel P juin-11 Médecine &

Longévité NON Article issus de colloques revue des effets connus , , , , ? Perturbateurs endocriniens environnementau x et maladies endocriniennes de l’enfant

Sultan sept-11 Médecine &

Longévité NON

Article issus de colloques

revue des

effets connus , , , , si in utero ??

Possible developmental early effects of endocrine disrupters on child health

OMS 2012 ,,,, OMS Oui

summary of the current knowledge endocrine disrupters child health revue des

effets connus humain , enfants , oui

Perturbateurs de la fonction endocrinienne et santé : un point non exhaustif sur les

connaissances

Desmots

Sophie etc 01/05/05

environnement risques et santé Oui

Point sur les connaissances

revue des

effets connus humain , ,

oui si exposition in utero Impact des xénoestrogènes sur la reproduction Roger Mieusset 01/03/06 Médecine Thérapeutique / médecine de la reproduction NON Evaluation du CICR Evaluation , , , Oui, si accessible et in utero Carcinogenicity of polychlorinated biphenyls and polybrominated biphenyls Lauy-secret etc avr-13 The Lancet

Oncology Oui étude

études épidémiologiqu e exposé-non exposé humaine oui enfants atteints de TSA concluants,