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2.4. Revue exploratoire

2.4.2. Revue exploratoire de la littérature

Nous pouvons retrouver dans la littérature de la discipline infirmière de

nombreux éléments pouvant entraver ou faciliter l’utilisation de la recherche

dans la pratique. En effet, les recherches d’articles que nous avons

effectuées pour cette revue exploratoire démontrent principalement les

perceptions des infirmières concernant les barrières et les facteurs

facilitateurs de l’utilisation de la recherche. Selon Parahoo (2000), la

recherche produit un nombre croissant de nouveaux éléments de preuve

importants pour les soins de santé, ce qui ne se retrouve pas dans la plupart

des soins que reçoivent les patients.

Pour réaliser ces recherches, les auteurs de certains des articles que nous

avons sélectionnés ont utilisé la technique du questionnaire, afin d’obtenir

des données objectives et quantitatives. De plus, certaines recherches ont

laissé la liberté aux personnes interrogées d’ajouter des barrières

supplémentaires afin de compléter le questionnaire.

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Les principales barrières identifiées dans la littérature étudiée sont :

La recherche elle-même pose parfois problème, car il ressort de la

littérature qu’il y a un manque de compétences et un problème de langue qui

induisent des difficultés de compréhension des analyses statistiques. En

effet, Dalheim, Hartung, Nilsen et Nortvedt (2012) affirment qu’effectuer,

trouver et comprendre les recherches demandent un certain savoir et ceci

est donc entravant dans l’utilisation de l’EBP si celui-ci fait défaut. Aussi, ils

prétendent que les recherches et les revues de littérature sont aujourd’hui

pratiquement toutes en anglais, ce qui est un réel problème à la

compréhension des textes, car toutes les infirmières n’ont pas le niveau

requis pour lire et comprendre les différents articles. Les lacunes au niveau

des compétences professionnelles induisent un manque de personnel qualifié

et donc un manque de leaders dans le domaine de la recherche infirmière.

En découle un manque de motivation, principalement de la part des

infirmières pratiquant depuis de nombreuses années qui ne veulent pas

changer leurs pratiques.

Les attitudes négatives de collègues plus âgées, qui ont été décrites

comme « ancrées dans leurs habitudes » et « ayant un manque de

connaissances de la recherche », ne sont pas un soutien et sont donc

un frein pour les plus jeunes employées qui ont plus de formation à la

recherche dans leurs programmes de formation infirmière et qui

« voient la nécessité de faire des changements » (traduction libre,

Parahoo, 2000, p.94).

Ceci fait souvent référence à la culture de l’équipe qui n’est pas favorable

au changement. Les pratiques sont les mêmes depuis tellement longtemps

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que certains soignants ne souhaitent pas les changer (Dalheim et al., 2012).

Ce phénomène est principalement renforcé par les infirmières qui ont

l’impression de ne pas avoir assez de pouvoir pour changer les protocoles de

soins. En effet, Parahoo (2000) mentionne que « la résistance des médecins

a été répertoriée comme un sérieux obstacle à l'utilisation de la recherche.

Certains répondants ont blâmé le modèle médical et la soumission aux

médecins » (traduction libre, Parahoo, 2000 p.94).

Du point de vue de Dalheim et al. (2012), les soignants ne font pas

confiance aux revues, il y a donc un réel manque de confiance en la qualité

des recherches. Aussi, il y a de nombreuses difficultés à mener les études sur

le terrain, dans les hôpitaux notamment, car il est difficile de définir quelles

interventions devraient changer. De ce fait, il existe peu de voies pour

intégrer la recherche à la pratique.

Finalement les avis de Parahoo (2000) ainsi que de Dupin, Borglin,

Debout et Rothan-Tondeur (2014) se rejoignent pour dire que l’utilisation de

la recherche est très entravée par les caractéristiques organisationnelles ainsi

que par une mauvaise communication des résultats.

Le temps est un item qui fait la controverse. En effet, Dalheim et al.

(2012) le situent clairement dans la catégorie des facteurs obstruants. Ces

auteurs affirment que non seulement les infirmières n’ont pas de temps

disponible pour faire des recherches (ni au travail ni en dehors), mais aussi

qu’elles manquent de temps pour trouver des informations organisationnelles

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(protocoles, guides de soins, …). De plus, même si les recherches sont

effectuées, ils relèvent la difficulté d’implanter des changements de pratique

en défaut de moments disponibles au travail.

Pourtant, Parahoo (2000) nuance ces propos, car selon lui, cet item du

temps se retrouve autant dans les facteurs facilitateurs que dans les

barrières. En effet, s’il est suffisant, il est un facteur facilitateur. Par contre, si

les infirmières n’en ont pas suffisamment pour effectuer des recherches, il se

retrouve dans les barrières.

D’autres items peuvent ainsi se retrouver catégorisés à la fois comme un

agent facilitateur ou obstruant tels que le support des managers et des

collègues ou encore les ressources financières (Parahoo, 2000).

Dans sa recherche, Parahoo (2000) a conclu que l’item le plus fréquent

concernant les facteurs facilitateurs à l’utilisation de la recherche est le

support des managers et des collègues.

Dupin et al., (2014) rejoignent cet avis en mentionnant que le contexte

influence la recherche. Si l’hôpital valorise et a une organisation qui permet

la recherche, celle-ci est optimisée. De plus, faire partie d’une équipe qui

utilise régulièrement la recherche et pouvoir intégrer directement les

résultats sur les soins seraient des éléments qui facilitent l’engagement des

infirmières envers l’EBP.

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