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Nous revenons maintenant en France avec Jacques Lacan, figure majeure de la psychanalyse dans ce pays. Nous présenterons sa conception de l’autisme car la théorie lacanienne, comme nous le verrons, se trouve être au cœur même de l’approche de l’école niçoise des médiations thérapeutiques (Vinot & Vivès, 2014) sur laquelle nous basons notre propre approche. Nous présentons ainsi une revue et une analyse critique de l’enseignement lacanien sur l’autisme.

2.3.1 Méthode

Nous nous intéresserons premièrement aux apparitions du terme « autisme » puis, dans un deuxième temps, aux textes et élaborations théoriques qui relèvent de l’autisme dans son sens diagnostique. Nous avons également intégré dans notre revue les textes relatifs aux psychoses de l’enfant car, jusqu’à récemment, cette classification comprenait le tableau clinique de l’autisme. L’ouvrage Genèse de l’autisme de Marie-Claude Thomas et Klaus-Jürgen Neurmärker (2014) nous a permis de repérer une dizaine d’apparitions du terme « autisme » dans l’enseignement lacanien, toutes résumées et développées dans ce même ouvrage. Nos recherches nous ont ensuite amenées à découvrir et à étudier cinq textes de Lacan relatifs au tableau clinique d’autisme et aux psychoses de l’enfant : les leçons VI, VII et VIII du séminaire I (Lacan, 1953-1954) et les écrits Allocution sur les psychoses de l’enfant (Lacan, 1967) et Note

sur l’enfant (Lacan, 1969).

2.3.2 Signification du terme « autisme » chez Lacan

Dans l’ouvrage Genèse de l’autisme (Thomas & Neumärker, 2014), Marie-Claude Thomas recense, sur l’ensemble de l’œuvre de J. Lacan, neuf textes où apparaît le terme « autisme » (Lacan, Claude & Migault, 1931 ; Lacan, 1935, 1958, 1959, 1962, 1968, 1975a, 1975b, 1977). Cependant, dans ces neuf textes, l’emploi du terme « autisme » ne nous permet pas de nous faire une idée tranchée de la signification de ce terme pour Lacan. Néanmoins, Marie-Claude Thomas émet l’hypothèse que la signification « autisme » pour Lacan se rapproche davantage de la conception bleulerienne du terme – c’est-à-dire un relâchement de la pensée logique accompagné d’un détachement de la réalité et d’une prédominance de la vie intérieure – plutôt que de sa conception diagnostique (Thomas & Neumärker, 2014).

Si nous souhaitons véritablement connaître et approfondir la pensée de Lacan sur l’autisme en tant que classification, nous devons nous intéresser plus spécifiquement à certains

de ses textes qui sont les leçons VI, VII et VIII du séminaire I – Les écrits techniques de Freud (Lacan, 1953-1954) mais qui ne font pas explicitement référence à l’autisme. Nous commencerons ainsi par la leçon VI de ce séminaire qui reprend le cas Dick et qui posa, tout comme Mélanie Klein, de nombreuses difficultés à Lacan et à son auditoire .

2.3.3 Le cas Dick de Mélanie Klein revisité par Jacques Lacan

a. Réel, Imaginaire et Symbolique

L’élaboration théorique de Lacan sur le cas Dick se base sur le titre de l’article de Mélanie Klein en se délimitant à « la région comprise entre la formation du symbole et le discours du moi » (Lacan, 1953-1954) pour venir ensuite nous éclairer sur la fonction dynamique du Moi dans l’analyse tout en reprenant le débat houleux sur l’éducation qui éclata entre Mélanie Klein et sa concurrente Anna Freud.

Tout d’abord, Lacan pointe le manque de contact chez Dick ainsi qu’un problème majeur : « son ego n’est pas formé » (Lacan, 1953-1954).

Pour préciser la pensée de Lacan à ce moment du développement de sa théorie, la notion d’Ego fait directement référence à l’Ego-psychology des Etats-Unis. Cette psychanalyse freudienne "américanisée" reprend les écrits de Freud sur le Moi, une instance qui, selon l’Ego-

psychology serait censée représenter le sujet. Cependant, cette approche va à l’encontre de

l’esprit freudien car le Moi se retrouve au centre de la thérapeutique, dont l’objectif serait de renforcer cette instance afin de la normaliser et sans prendre en compte la question du ça et des pulsions.

Dans son retour à Freud, Lacan se distinguera de cette approche en distinguant premièrement le Moi du Sujet puis en rappelant que l’instance Moi c’est la somme des identifications du sujet et qu’il n’assure qu’une fonction imaginaire unificatrice, de « captations gestaltistes » (Lacan, 1954-1955), dans laquelle le sujet peut se reconnaitre. Toutefois, le sujet peut certes s’identifier à ces images mais ces dernières ne peuvent le représenter dans sa globalité.

Selon Lacan, le sujet c’est l’inconscient et serait dépendant du système symbolique du langage qui, à l’aide de la chaîne signifiante, viendrait façonner sa structure. Le signifiant permettrait au sujet de s’intégrer et de se coordonner à cette structure préétablie et extérieure à lui mais qui, toutefois, le détermine. Lacan propose ainsi une définition dynamique du sujet indissociable du signifiant : « un signifiant est ce qui représente un sujet pour un autre

signifiant » (1960) Pour Lacan, le sujet ne serait pas le Moi et se situerai d’ailleurs au-delà de ces captations imaginaires en tant que mise en mouvement d’un sujet en devenir. Pour souligner ce devenir du sujet, Lacan reprendra l’aphorisme freudien de 1933 « Wo es war, soll ich werden – généralement traduit par « où était le ça, le Moi doit advenir » – en le traduisant de la façon suivante « Là où c’était, Je dois advenir ». A travers cette traduction, Lacan souligne ainsi l’éthique de la psychanalyse, une éthique du singulier.

L’élaboration théorique de Lacan sur la distinction du Moi et du Sujet ainsi que son rappel sur l’éthique de la psychanalyse, nous la retrouveront dans son approche de l’autisme et plus spécifiquement avec le cas de Dick.

Selon Lacan, l’arrêt du développement du Moi chez Dick serait dû à un jeu faiblement réciproque de la triade Réel, Imaginaire et Symbolique de par une difficile jonction entre le symbolique et l’imaginaire dans la constitution du réel, c’est-à-dire dans la formation de la réalité psychique4. Cette jonction difficile n’aurait donc pas permis à Dick de s’intégrer et de se coordonner au système symbolique du langage. En effet, pour Lacan, même si « le réel, ou ce qui est perçu comme tel, est ce qui résiste absolument à la symbolisation » (Lacan, 1953- 1954), il n’en reste pas moins que le psychisme, à l’aide de l’Imaginaire et du Symbolique, réussit malgré tout à en intérioriser une partie à l’aide d’images (Imaginaire) et de mots (Symbolique) sur lesquels le sens commun se fonde. Cependant, Lacan repère que ces processus se trouvent être touchés chez Dick due à une altération des mécanismes élémentaires de jugement d’existence, d’introjection et d’exclusion des objets ainsi que de projection d’affects sur ces derniers, empêchant tout mouvement d’aller-retour entre la réalité psychique et le Réel5 pourtant si nécessaire à la distinction du monde extérieur et intérieur mais aussi de ce qui fait partie du Moi et du non-Moi. Lacan souligne ensuite que le développement moïque chez Dick se trouverait arrêté à quelques identifications élémentaires venant former « une symbolisation anticipée, primaire, figée » (Lacan, 1953-1954). Dick serait, selon Lacan, « tout entier dans la réalité, à l’état pur, inconstituée » faisant que « dans le bureau de Mélanie Klein, il n’y a pour lui ni autre, ni Moi, il y a une réalité pure et simple » (Lacan, 1953-1954). Cependant, la triade Symbolique, Imaginaire et Réel ne serait pourtant pas hors fonction car Lacan repère bien chez Dick « quelques éléments de l’appareil symbolique » du fait qu’il « possède tout de même

4 Au début de son enseignement, Lacan utilise les termes de Réel et de réalité psychique comme synonymes. Ce ne sera que plus tardivement dans son enseignement que ces deux notions se distingueront.

5 Nous utilisons ici le terme de Réel, ce qui existe indépendamment du sujet et de sa réalité psychique, tel que Lacan le conçoit ultérieurement dans son enseignement afin d’apporter plus de précision à notre développement

quelque chose du langage » et « une ébauche d’imaginification […] du monde extérieur » qui est « là prête à affleurer, mais elle n’est que préparée » (Lacan, 1953-1954). Dick serait bien intégré et coordonné au système symbolique du langage mais il l’aurait intériorisé de façon assez rudimentaire car, malgré ces quelques éléments imaginaires et symboliques, l’imaginaire de Dick se trouverait être altéré car, comme nous le dit Lacan, « les inclusions imaginaires d’objets réels, ou inversement, les prises d’objets imaginaires à l’intérieur d’une enceinte réelle » se trouvent défaillantes chez Dick ce qui empêche « une démultiplication, un déploiement en éventail de toutes les équations imaginaires » qui sont normalement sous- jacentes au jeu avec imagination / jeu symbolique. Dans le texte de Mélanie Klein, nous constatons, en effet, que chez Dick, « ce qui ne se produit pas, c’est le jeu libre, la conjonction entre les différentes formes, imaginaire et réelle, des objets » (Lacan, 1953-1954). Cependant, cette altération imaginaire serait également la conséquence d’une défaillance de la fonction symbolique que Lacan nous a appris à identifier avec le langage. En effet, Lacan précise dans son séminaire que l’introjection des objets se fait à la fois sur le plan imaginaire mais aussi sur le plan symbolique car cette introjection « s’accompagne toujours d’une dénomination symbolique » (Lacan, 1953-1954). Or, chez Dick, « la parole ne lui est pas venue […] le langage ne s’est pas accolé à son système imaginaire dont le registre est excessivement court – valorisation des trains, des boutons de portes, du lieu noir. » (Lacan, 1953-1954) Ainsi, « pour Dick, la réalité est bien fixée, mais parce qu’il ne peut faire ces allers et retours. Il est immédiatement dans une réalité qui ne connaît aucun développement. » (Lacan, 1953-1954)

Mais encore, outre l’altération de la parole, Lacan constate que la dimension de l’appel est également altérée. De plus, Lacan souligne que cette altération serait même :

au-dessous du langage, si on parle de niveaux. Vous n’avez qu’à observer un animal domestique pour voir qu’un être dépourvu de langage est tout à fait capable de vous adresser des appels, des appels pour attirer votre attention vers quelque chose qui, en un certain sens, lui manque. A l’appel humain est réservé un développement ultérieur, plus riche, parce qu’il se produit justement chez un être qui a déjà acquis le niveau du langage. (Lacan, 1953-1954)

Cette absence d’appel suggérerait également une atteinte spécifique du circuit de la pulsion invocante et potentiellement au niveau de ses trois temps : 1. Etre entendu ; 2. Entendre ; et 3. Se faire entendre.

Selon Lacan, « le système par où le sujet [Dick] vient à se situer dans le langage est interrompu, au niveau de la parole. » (Lacan, 1953-1954) Cette interruption pourrait venir s’expliquer par un défaut de l’Imaginaire et du Symbolique car « la vertu de la parole, en tant que l’acte de la parole est un fonctionnement coordonné à un système symbolique déjà établi, typique et significatif » (Lacan, 1953-1954). La solution pour Dick se trouverait ainsi dans cet acte et cette coordination car « le développement n’a lieu que dans la mesure où le sujet s’intègre au système symbolique, s’y exerce, s’y affirme par l’exercice d’une parole véritable. » (Lacan, 1953-1954)

Mais « […] qu’a-t-elle donc fait Mélanie Klein ? » pour relancer « l’inertie moïque » de Dick si ce n’est « rien d’autre que d’apporter la verbalisation. » (Lacan, 1953-1954) En effet, même si Mélanie Klein semble faire seulement partie du décor « comme si elle n’existait pas, comme si elle était un meuble », elle n’hésite pas à parler directement à Dick et à le considérer comme un sujet à part entière :

Elle donne littéralement des noms à ce qui, sans doute, participe bien du symbole puisque ça peut être immédiatement nommé, mais qui n’était jusque- là, pour ce sujet, que réalité pure et simple. (Lacan, 1953-1954)

A partir de ces nominations, « l’enfant se met à jouer avec son petit train, et il dit le mot

station, c’est-à-dire gare. Moment crucial, où s’ébauche l’accolement du langage à l’imaginaire

du sujet. » (Lacan, 1953-1954) La fonction symbolique du sujet de l’inconscient se trouve être ici relancée. En effet, dans sa verbalisation, Mélanie Klein « greffe brutalement sur l’inertie moïque initiale de l’enfant les premières symbolisations de la situation œdipienne » et, « à partir de là, tout se déclenche. Elle ne lui en fera que des comme ça, et pas d’autres. Et très vite l’enfant progresse. C’est un fait. » (Lacan, 1953-1954) Ainsi, suite à cette interprétation, nous voyons comment le monde de l’enfant « se met en mouvement » et comment Imaginaire, Réel et Symbolique « commencent à se structurer » à travers le développement d’investissements successifs venant délimiter sa réalité permettant alors au Moi de reprendre son développement et au sujet de se structurer :

[Dick] s’engouffre dans une série d’équivalences, dans un système où les objets se substituent les uns aux autres. Il parcourt toute une suite d’équations […] Il déplie et articule ainsi tout son monde. Et puis, de la bassine d’eau, il

passe à un radiateur électrique, à des objets de plus en plus élaborés. (Lacan, 1953-1954)

Enfin, le circuit de la pulsion invocante s’enclenche de nouveau, « l’enfant verbalise un premier appel – un appel parlé. Il demande sa nurse, avec laquelle il était entré et qu’il avait laissé partir comme si de rien n’était. Pour la première fois, il produit une réaction d’appel qui n’est pas simplement un appel affectif, mimé par tout l’être, mais un appel verbalisé, qui dès lors comporte réponse. C’est une première communication au sens propre, technique, du terme. » (Lacan, 1953-1954)

Lacan conclut sur ces quelques éléments qu’il a pu repérer dans la prise en charge de Mélanie Klein et nous dit alors que :

[…] c’est vraiment la clef – une clef très réduite ; Je vous ai déjà indiqué qu’il y avait très probablement tout un trousseau de clefs. (Lacan, 1953-1954)

Ce trousseau nous essaierons de le trouver.

b. Limites des interventions de Mélanie Klein

Lacan remarque pertinemment les effets favorables des interventions de Mélanie Klein mais néanmoins il n’hésite pas à revenir sur la technique de cette thérapeute en précisant que « cette façon de faire prête évidemment à des discussions théoriques » (Lacan, 1953-1954). Tout d’abord, il souligne que « nous devons prendre le texte de Mélanie Klein pour ce qu’il est, à savoir le compte rendu d’une expérience » (Lacan, 1953-1954) mais que, toutefois, « ce texte est précieux parce qu’il est d’une thérapeute, d’une femme d’expérience. Elle sent les choses, elle les exprime mal, on ne peut le lui reprocher » (Lacan, 1953-1954). Lacan se concentre ensuite sur la technique de l’interprétation et reprend ainsi les interprétations de Mélanie Klein qu’il qualifie « d’intrusion, de placage sur le sujet » (Lacan, 1953-1954) et ajoute :

Elle lui fout le symbolisme avec la dernière brutalité, Mélanie Klein, au petit Dick ! Elle commence tout de suite par lui flanquer les interprétations majeures. Elle le flanque dans une verbalisation brutale du mythe œdipien, presque aussi révoltante pour nous que pour n’importe quel lecteur – Tu es le

De plus, Mélanie Klein ne fait aucune forme d’interprétation au sens technique du terme car elle ne se base pas sur un matériel fourni par le patient mais bien de ses idées préconçues sur ce qui se passe au stade où se situe Dick, à l’âge de 4 ans, c’est-à-dire le début du complexe d’œdipe :

Elle a le minimum de matériel. Elle n’a pas même de jeux – cet enfant ne joue pas. Quand il prend un peu le petit train, il ne joue pas, il fait ça comme il traverse l’atmosphère – comme s’il était un invisible, ou plutôt comme si tout lui était, d’une certaine façon, invisible. (Lacan, 1953-1954)

Lacan nous fait comprendre que les interprétations de Mélanie Klein sont de l’ordre de l’imagination car « les histoires concernant les portes, les gares et les trains, c’est surtout chez Mélanie Klein, que ça a lieu » (Lacan, 1954).

Finalement, Lacan se recentre sur une des techniques fondamentales de la psychanalyse qui est celle des associations d’idées du patient car, chez Dick, « ce réel primitif est pour nous littéralement ineffable. Tant qu’il ne nous en dit rien, nous n’avons aucun moyen d’y pénétrer, si ce n’est par des extrapolations symboliques qui font l’ambiguïté de tous les systèmes comme celui de Mélanie Klein – elle nous dit par exemple qu’à l’intérieur de l’empire du cops maternel, le sujet est là avec tous ses frères, sans compter le pénis du père, etc. Vraiment ? » (Lacan, 1953-1954) De plus, outre le fait que ces interprétations soient infondées, la psychanalyse nous enseigne également que ce serait une illusion que de croire que toute la technique et la thérapeutique analytique reposent seulement sur la révélation au patient de ses représentations inconscientes.

c. Le diagnostic de Dick chez Lacan

A la fin de la leçon, Mme Gélinier, qui présenta le texte de Mélanie Klein lors de ce séminaire, annonce qu’elle a « laissé tomber la fin du chapitre sur le diagnostic » (Lacan, 1954). Lacan approuvera cette décision et ne reviendra plus sur le diagnostic de Dick alors que le texte de Mélanie Klein accorde une part importante au diagnostic et surtout à la démarche de diagnostic différentiel comme nous l’avons vu. Pourtant, la leçon du séminaire se déroule en 1954 soit onze années après la publication de l’article de Léo Kanner Autistic Disturbances of

Affective Contact (Kanner, 1943). Ce silence de Lacan à propos du diagnostic d’autisme restera

autisme ne fut introduit en Europe qu’en 1952 par van Krevelen en Hollande et par Stern en France ? (Kanner, 1965) Pourtant, dans sa Conférence à Genève sur "le symptôme" du 04 octobre 1975, Lacan ne sera jamais aussi proche du terme « autisme » dans son sens diagnostic comme nous le révèlent ses échanges avec l’auditoire et plus spécifiquement avec le Dr Cramer:

Dr Cramer – Je pensais aux autistes, par exemple. Ce serait un cas où le réceptacle n’est pas en place, et où l’entendre ne peut pas se faire. (Lacan, 1975a)

Cependant, la réponse de Lacan reste de nouveau tout à fait ambiguë et ne nous permet pas de trancher réellement sur la signification du terme « autiste » :

Lacan – Comme le nom l’indique, les autistes s’entendent eux-mêmes. Ils entendent beaucoup de choses. Cela débouche même normalement sur l’hallucination et l’hallucination a toujours un caractère plus ou moins vocal. Tous les autistes n’entendent pas des voix, mais ils articulent beaucoup de choses et ce qu’ils articulent, il s’agit justement de voir où ils l’on entendu. (Lacan, 1975a)

Il conclura sa réponse par : « Vous voyez des autistes ? » (Lacan, 1975a)

Voici la suite de la conversation :

Dr Cramer – Oui ; Lacan - Alors, que vous en semble, des autistes, à vous ? ; Dr Cramer – Que précisément ils n’arrivent pas à nous entendre, qu’ils restent coincés. ; Lacan - Mais c’est tout à fait autre chose. Ils n’arrivent pas à entendre ce que vous avez à leur dire en tant que vous vous en occupez. ; Dr Cramer - Mais aussi que nous avons de la peine à les entendre. Leur langage reste quelque chose de fermé. ; Lacan – C’est bien justement ce qui fait que nous ne les entendons pas. C’est qu’ils ne vous entendent pas. Mais enfin, il y a sûrement quelque chose à leur dire. (Lacan, 1975a)

Cependant, les réponses ultérieures de Lacan viendront finalement brouiller toute compréhension possible de l’emploi du terme « autiste » en venant se mêler à la schizophrénie :

Dr Cramer – Est-ce que le symbolique, ça s’apprend ? Est-ce qu’il y a en nous quelque chose dès la naissance qui fait qu’on est préparé pour le symbolique, pour recevoir précisément le message symbolique, pour l’intégrer ?

Lacan – Tout ce que j’ai dit l’impliquait. Il s’agit de savoir pourquoi il y a quelque chose chez l’autiste, ou chez celui qu’on appelle schizophrène qui se gèle, si on peut dire. Mais vous ne pouvez pas dire qu’il ne parle pas. Que vous ayez de la peine à entendre, à donner sa portée à ce qu’ils