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Globalement, la mise en place des TROD COVID-19 s’est révélée plus simple (d’un point de vue organisationnel et par le temps que cela a nécessité) que la mise en place de la vaccination. Cela s’explique probablement par des conditions de déploiement moins exigeantes que pour la vaccination, par un acte technique plus simple à réaliser (s’apparentant par de

nombreux aspects à la mesure d’une glycémie capillaire) et par une situation d’urgence nécessitant une mise en place rapide des tests.

Dès le début du déploiement des TROD, nous avons observé une demande inégale entre les deux pharmacies. Elle s’est en effet révélée plus importante dans l’officine de village (Pharmacie de la Gare), ce qui s’est à terme confirmé puisque sur la période allant de fin juillet 2020 à fin septembre 2020, 50 tests ont été réalisés dans l’officine de village contre seulement 17 dans l’officine de ville. Durant cette période, 67 tests ont donc été, en tout, réalisés.

Nous avons décidé, dans ces deux pharmacies, de réaliser un questionnaire (annexe 8) court et anonyme à remplir avec le patient avec plusieurs objectifs :

− Définir si le patient savait, avant la réalisation du test, en quoi celui-ci consistait et quelle était son utilité ;

− Savoir comment le patient avait eu connaissance de l’existence des TROD ; − Définir pour quelles raisons les tests ont été le plus souvent réalisés, en lien avec

les recommandations d’utilisation de la HAS ;

− Définir la fréquence de positivité et une éventuelle corrélation avec un test PCR ou sérologique précédemment réalisé en laboratoire.

Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que la plupart des patients soit ne différenciaient pas les tests PCR des TROD, soit souhaitaient remplacer un test PCR par un TROD. Dans cette deuxième situation, deux raisons étaient le plus souvent avancées : la peur de l’acte de prélèvement (prélèvement nasopharyngé) du test PCR et la difficulté d’obtenir un rendez-vous pour un test PCR et un résultat rapide (inférieur à 7 jours). Il nous a donc paru important, à chaque demande de renseignements sur les TROD, de rappeler que ces tests ne permettaient pas de donner d’information sur la contagiosité d’une personne et le potentiel portage du SARS-CoV-2. De plus, nous avons systématiquement demandé à ce niveau les raisons pour lesquelles le patient souhaitait réaliser un TROD afin de l’aiguiller, si besoin, vers un test PCR.

67 tests ont donc été réalisés au total pour 66 patients. Sur ces 66 personnes, 5 ont eu un test positif ce qui correspond à une séroprévalence de 7,6%. Cette séroprévalence est cohérente avec ce qui a été observé à plus grande échelle durant cette période en France(88)(89). De plus,

nous n’avons observé aucune discordance entre les résultats des TROD et une éventuelle sérologie ou test PCR qui aurait été antérieurement réalisés.

Figure 15 : proportion de TROD positifs et négatifs obtenus (en pourcentages et valeurs absolues)

Deux cas positifs ont été obtenus à la Pharmacie du Village. Ces deux patients avaient été préalablement testés positifs par test PCR.

La première patiente est une professionnelle de santé (pharmacienne) dont le test PCR était positif un mois avant la réalisation du TROD.

Figure 16 : TROD COVID-19 positif obtenu

Le second patient a réalisé à la pharmacie un premier TROD dix jours après avoir eu un test PCR positif (patient cas contact ne présentant pas de symptômes). Ce premier TROD est

87,5% ; 14

94% ; 47

92,4% ; 61

12,5% ; 2 6% ; 3 7,6% ; 5

Pharmacie du Village Pharmacie de la Gare Total

Négatifs Positifs

9; 14%

8; 12%

30; 45% 14; 21%

5; 8%

Moyen d'information sur les TROD COVID

Affiches présentes en pharmacie Autres

Connaissances Médias

Réseaux sociaux

sorti négatif. Il en a réalisé un deuxième deux mois après le test PCR qui est sorti positif pour les IgG.

Trois positifs ont été obtenus à la Pharmacie de la Gare. Sur ces trois, un seul avait réalisé au préalable un test PCR qui s’était révélé positif un mois avant la réalisation du TROD. Le TROD réalisé était positif pour les IgG et les IgM. Sur les deux autres patients, l’un a obtenu un TROD positif en IgG et l’autre positif en IgM uniquement. Ce dernier travaillait comme personnel dans un établissement collectif.

Dans les trois cas où un test PCR avait été préalablement réalisé, le temps entre l’obtention d’un TROD positif et la date du test PCR est cohérente avec la cinétique d’apparition des anticorps anti-SARS-CoV-2.

L’ensemble des données obtenues est résumé dans les figures suivantes :

25; 38%

41; 62%

Connaissance du principe des TROD COVID

Non Oui

6; 9%

9; 14%

10; 15% 41; 62%

Raisons ayant amené à réaliser un TROD

Symptomatologie en cours datant de +7J Symptomatologie passée

Contact avec un sujet infecté datant de +7J

9; 14%

6; 9%

51; 77%

Activité professionnelle

Professionnels de santé

Professionnels d'hébergement collectif Autres

Concernant la connaissance des TROD (que nous avons évaluée en demandant à chaque patient s’il savait en quoi consistait le test et ce que nous allions rechercher), nous avons observé qu’environ deux tiers des patients testés (41 patients soit 62%) ne connaissaient pas initialement le principe des TROD.

En ce qui concerne le moyen par lequel les patients ont connu les TROD COVID, il a été pour près de la moitié (45% soit 30 personnes) le bouche-à-oreille, par l’intermédiaire de connaissances. Arrivent ensuite les médias (21% soit 14 personnes), l’affichage dans la pharmacie (14% soit 9 personnes) et les réseaux sociaux (8% soit 5 personnes).

Presque un quart (23%) des personnes testées étaient soit des professionnels de santé (14% soit 9 personnes), soit des personnels d’hébergement collectif (9% soit 6 personnes).

Concernant les raisons ayant motivé la réalisation d’un TROD, environ autant de patients sont venus à la suite d’une symptomatologie passée (14% soit 9 patients) que suite à un contact avec un sujet infecté (15% soit 10 patients). Parmi les personnes ayant précédemment développées des symptômes, un était un professionnel de santé ayant eu un test PCR positif et deux travaillaient en hébergement collectif (l’un des deux ayant réalisé un test PCR rendu négatif). Parmi les personnes cas contact se trouvait un professionnel d’hébergement collectif. 9% des patients testés présentaient des symptômes ayant débuté depuis plus d’une semaine (dont un professionnel de santé en attente du résultat du test PCR et un professionnel d’hébergement collectif). Enfin, la grande majorité des patients se sont fait dépister pour des raisons autres que celles proposées (62% soit 41 personnes).

Pour de nombreuses personnes, les TROD ont été réalisés hors recommandations de la HAS. Pour autant, dans un cadre où la réalisation d’un test PCR pouvait être très long, notamment dans l’officine de village sans laboratoire de biologie médicale à proximité, les TROD ont pu participer à l’orientation diagnostique de rattrapage chez des patients symptomatiques et des professionnels concernés par ces recommandations, après confirmation des résultats obtenus par une sérologie réalisée en laboratoire.

En conclusion, la mise en place des TROD COVID-19 nous a permis de mettre en exergue le rôle éducationnel majeur du pharmacien d’officine à travers deux situations :

− Lorsque les patients ne connaissaient pas le principe des TROD. Pour ces patients, finalement nombreux, nous avons pris systématiquement le temps d’expliquer leur mode de fonctionnement, les éléments détectés et la signification des résultats ;

− Lorsque les tests étaient réalisés en-dehors des recommandations de la HAS, ce que nous avons systématiquement précisé lorsque c’était le cas. Compte tenu du mésusage qui pouvait être fait des TROD, nous avons à chaque fois réexpliqué quelles étaient normalement les situations dans lesquelles l’utilisation des tests était recommandée et les limites de la valeur d’orientation diagnostique du TROD. Il était particulièrement important d’être certains que dans ces circonstances, un patient dont le test était négatif ne soit pas convaincu de ne pas être contagieux, avec le risque que cela pouvait entrainer en termes de dissémination du virus. Nous avons donc particulièrement insisté sur la signification des résultats, la nécessité de continuer à respecter les gestes barrières et l’importance de réaliser un test diagnostic par PCR.

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