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Approche « enquête en élevage » : effets des pratiques d’élevage sur la lipolyse du lait chez la vache laitière

RESULTATS ET DISCUSSION

Soixante-sept éleveurs ont répondu à l’enquête. Les valeurs de lipolyse obtenues étaient comprises entre 0,27 et 1,20 mEq/100g de MG, avec une moyenne de 0,61 mEq/100 g de MG. Les principaux facteurs explicatifs de la variabilité du taux de lipolyse mensuel mis en évidence ont été la saison et

91 l’alimentation, en lien avec la lipolyse spontanée, ainsi que les caractéristiques du lactoduc et l’utilisation d’un pré-refroidisseur, en lien avec la lipolyse induite.

Les taux de lipolyse ont présenté des variations saisonnières, avec des pics estivaux (Figure 1), observés également dans d’autres élevages français (Le Guénic, 2008). Si la chaleur ou la photopériode peuvent expliquer ces pics saisonniers, l'évolution des rations en été est une autre cause possible.

Figure 1 : Variations saisonnières de lipolyse (n=770). Les lettres a et b représentent des différences significatives au seuil de p<0,05.

L’alimentation des vaches laitières affecte en effet la lipolyse des élevages enquêtés (p<0,001). Les rations ayant comme fourrage principal l’herbe fraiche ou l’ensilage de maïs ont été associées à des taux de lipolyse plus élevés que des rations à base d’herbe conservée ou des rations complexes à base d’herbe, d’herbe conservée et d’ensilage de maïs. Dans la littérature, dans le cas de rations équilibrées, l’herbe est associée à de plus faibles taux de lipolyse que l’ensilage de maïs. Le niveau énergétique plus faible des rations à base d’herbe pourrait expliquer une lipolyse élevée (Deeth et Fitzgerald, 2002). Cette hypothèse est corroborée par le fait que les taux de lipolyse soient faibles (p<0,05) lorsque que la ration comporte des concentrés protéiques et énergétiques (tourteau de soja). De même, il a été mis en évidence une corrélation négative entre lipolyse et TP. Même si cette corrélation est faible (R2 = 0,13 ; p<0,001), elle indique que des taux de lipolyse élevés sont associés à des TP faibles, qui peuvent être dus à un déséquilibre énergétique ou protéique de la ration.

92 Le fait que le lactoduc de traite soit estimé “satisfaisant” (combinaison pente, diamètre intérieur et état correct) par les techniciens OT a été associé à des taux de lipolyse plus faibles (p=0,001). D’autres études ont montré un effet du lactoduc sur la lipolyse : la présence de coudes par exemple augmenterait les niveaux de lipolyse (Park et Haenlein, 2009). Enfin, l’utilisation d’un pré-refroidisseur a été associée à des taux de lipolyse plus faibles (p=0,036). Ce résultat est en accord avec d’autres études ayant montré que la température du lait à son arrivée dans le tank (lait chaud sur lait froid) augmente les taux de lipolyse (Deeth et Fitzgerald, 1976).

CONCLUSION

Cette enquête auprès de 67 élevages a permis de recueillir 770 valeurs mensuelles de lipolyse et de les analyser en relation avec différentes pratiques d'élevage. La saison, l’alimentation (nature du fourrage, équilibre de la ration), la conformité du lactoduc de traite et l’utilisation d’un pré-refroidisseur ont été identifiés comme des facteurs de variation de lipolyse.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier chaleureusement les éleveurs enquêtés pour leur patience et disponibilité.

REFERENCES

Les références sont fournies pour l’ensemble du manuscrit dans la partie « références bibliographiques »

93 Ces deux approches ont permis de réévaluer, dans les troupeaux actuels, l’effet de plusieurs facteurs en lien avec la LS :

- la race : les vaches Normande ont été moins susceptibles à la LS que les vaches Holstein. La race Normande n’avait jamais été étudiée auparavant.

- le stade de lactation : la LS augmente en fin de lactation/gestation, surtout chez les VL Holstein, comme déjà souligné dans les années 80. L’augmentation de la LS en fin de lactation/gestation pourrait être due aux modifications hormonales et physiologiques de la GM. La LS a également été plus élevée en début de lactation. Cette période n’avait pas été détectée comme sensible à la LS dans les années 1970-1980. Cela peut s’expliquer par l’élévation des niveaux de PL qui induirait un déficit énergétique plus important chez VL pendant cette période, potentiellement lié à une augmentation de la LS.

- la parité : les multipares ont été plus susceptibles que les primipares en début de lactation et moins susceptibles en milieu et fin de lactation. La plus grande sensibilité des multipares en début de lactation n’avait pas encore été mise en évidence. Les multipares seraient plus susceptibles en début de lactation car plus fortes productrices que les primipares. Le déficit énergétique associé à cette plus forte PL serait la cause de l’augmentation de la LS.

- le moment de la traite : la LS est plus importante dans les laits issus de la traite du soir que dans les laits issus de la traite du matin.

- l’alimentation : une restriction alimentaire et/ou un déficit énergétique et/ou protéique semblent accentuer la sensibilité à la LS. Cette observation a été faite lors des enquêtes en élevage et par l’approche expérimentale. Pour l’approche expérimentale, cet effet de l’alimentation a surtout été démontré en début de lactation, et n’a pas été retrouvé en milieu de lactation, lorsque les vaches étaient au pâturage. Cela peut s’expliquer par les écarts plus faibles des bilans énergétiques entre les deux lots au pâturage et/ou par une moindre sensibilité à la restriction alimentaire lorsque les VL sont nourries à l’herbe fraîche (déjà observé par Thomson et al., 2005) et en milieu de lactation. Dans cet essai, il est difficile de dissocier les effets de la restriction alimentaire des effets de la nature du fourrage et du stade de lactation. Le pâturage est classiquement associé à des niveaux de LS bas, sauf en cas de restriction drastique des quantités d’herbe offertes, comme cela paraît pouvoir avoir été le cas l’été dans les élevages enquêtés. L’impact de l’ensilage de maïs vs ensilage d’herbe n’a pas pu être clairement identifié. Un schéma expérimental permettant de différencier les effets de la nature du fourrage de la restriction alimentaire a été mis en place et commenté dans le chapitre 3.

- la saison : Comme indiqué par l’interprofession, un pic estival de lipolyse a été mis en évidence dans les enquêtes. Il peut être expliqué à la fois par la saison en elle-même, notamment la chaleur (et/ou

94 la photopériode) mais également par les variations alimentaires qui ont lieu pendant cette saison. Cet effet n’a pas été observé lors de l’approche expérimentale, peut-être à cause de la confusion d’effets déjà importante.

L’approche expérimentale et l’approche « terrain » nous a également permis de conclure qu’il n’y avait a priori pas de liens forts (corrélations) entre la LS et le TB, TP et la taille des GG (R² <0.16).

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Chapitre 2

Etude de différents facteurs zootechniques influençant les