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Dès qu’on cherche à décrire le contenu de documents texutuels par des concepts, on se heurte à l’articulation entre les termes présents dans le domaine, les mots utilisés dans les textes et les concepts de l’ontologie. Si, pour des besoins d’analyse du langage naturel on a besoin de stocker des informations associées aux mots qui évoquent ces concepts, et que l’on veut gérer ces mots, alors le modèle d’ontologie est insuffisant. Il faut alors soit l’associer à une terminologie, soit enrichir le modèle d’ontologie en lui associant des structures pour gérer les termes. [Maedche, 2002] et [Cimiano, 2006] parlent les premiers d’ontologies à com- posante lexicale. D’autres auteurs ont défini la notion de Ressource Termino-Ontologique ou RTO [Aussenac-Gilles et al., 2006] [Reymonet et al., 2007].

Définition d’une Ressource Termino-Ontologique

Une RTO est une ressource comportant une composante conceptuelle, l’ontologie, et une composante lexicale, la terminologie. Plusieurs travaux comme [Maedche, 2002], [Ci- miano, 2006] et [Aussenac-Gilles et al., 2006] évoquent la nécessité d’associer un lexique (les termes) indépendant de sa composante conceptuelle, l’ontologie. La RTO contient alors non seulement les concepts du domaine, mais aussi les termes associés (termes "dénotant" les concepts). Des RTO sont disponibles en ligne comme le portail multidisciplinaire Term-

Siences7ou la banque termino-ontologique du génome humain Genoma.8

Une RTO se compose donc d’une ontologie et d’une terminologie associée. La termino- logie liste l’ensemble des termes propres à un domaine, à un groupe de personnes ou à un

individu9. La terminologie sert à étiqueter les concepts et les relations de l’ontologie mais

7. http ://www.termsciences.fr/article.php3 ?id article=38 8. http ://genoma.iula.upf.edu :8080/genoma/index.jsp

9. Office de la langue française, 2000 d’après le grand dictionnaire terminologique : http ://w3.granddictionnaire.com/btml/fra/r motclef/index800 1.asp

aussi à conserver des informations morphologiques et grammaticales qui peuvent être utiles pour retrouver des variantes des termes en corpus, analyser des textes, réaliser une anno- tation sémantique, etc. Un vocabulaire contrôlé, un glossaire ou un thesaurus (voir section 1.1.1) sont des types de terminologies.

On peut donc penser qu’une ontologie en OWL avec beaucoup de labels peut être assi- milée à une RTO. Or, le champ label ne permet pas de représenter des informations linguis- tiques ou grammaticales d’un terme.

Instance, terme et concept

Nous avons énoncé dans la section 1.1.1 qu’un concept peut être désigné par un ou plu- sieurs termes. Il peut aussi avoir des instances. Quelle est alors la différence entre ces trois éléments ?

Cette question a été soulevée depuis longtemps par les terminologues. En effet, terme et concept semblent se confondre car traditionnellement le concept est étiqueté par un des termes qui le désignent.

Pour éclaircir la frontière entre terme et concept, nous pouvons commencer par un exemple simple. L’idée du concept de "VOITURE" se matérialise dans l’esprit sous forme d’une représentation abstraite d’une carrosserie avec des roues, un volant, des pare-brises, etc. Cette idée peut aussi se matérialiser sous forme d’une voiture particulière (par exemple la voiture de monsieur X ou la Peugeot blanche du voisin, etc.). Il s’agit d’une instance du concept. Pour exprimer ce concept, nous utilisons des formes linguistiques (les termes) telles que "auto", "véhicule", "voiture", "bagnole", etc. Les termes servent donc de moyen d’expri- mer les concepts.

Wüster définit le terme comme le représentant linguistique d’un concept dans un do- maine de connaissances [Wüster, E, 1976], le concept étant considéré comme stable et exis- tant indépendamment de la langue. François Rastier rappelle que la tradition wuserienne

s’appuie sur le triangle sémiotique10(Figure 1.4) pour montrer la distinction et la relation

entre les objets du monde (il s’agira d’instance pour nous), leur désignation dans un langage textuel (en l’occurrence les termes), ou iconographique (par exemple des images), etc. et leur abstraction conceptuelle (les concepts) [Rastier, 1990].

L’objet est un observable, une chose proprement dite, par exemple : une personne, un animal ou une maison. Il existe des objets concrets ou matériels tels que une voiture, une maison, etc. Il peut aussi y avoir des objets abstraits ou immatériels tels que la vitesse et par- fois même imaginaires tels qu’une licorne. Selon le contexte d’utilisation, des mots comme chose, référent, ou instance peuvent remplacer le mot objet.

Le signe a pour fonction de représenter ou de désigner un objet. Les termes tels que Terme, symbole, signifiant, iconographie, etc. sont aussi utilisés pour désigner le signe.

Le concept, quant à lui, est une abstraction qui se rapporte à l’objet de la réalité et qui est symbolisé (ou dénoté) par le signe. Il peut exister des concepts abstraits et des concepts

10. La sémiotique : Science générale des modes de production, de fonctionnement et de réception des dif- férents systèmes de signes qui assurent et permettent une communication entre individus et/ou collectivités d’individus.

Signe

(Terme, symbole, signifiant)

Objet

(Réalité, référent, chose) Concept

(Représentation mentale, idée, signifié)

Figure 1.4 — Le triangle Sémiotique.

concrets. La représentation mentale de "VOITURE" est un concept de type concret, car il ren- voie à un objet de la réalité. En revanche, les concepts tels que "Tout", "Vitesse", etc. sont des concepts de type abstrait. Des termes tels que signifié, idée, représentation mentale peuvent être substitués au terme concept.

Sur l’exemple de la figure 1.5, le concept de "VOITURE" est symbolisé par les termes Voiture, Auto, Bagnole et une image d’une voiture (Carrosserie ayant 4 roues, des feux, etc.). Le signe voiture permet de désigner une voiture particulière (la BMW du voisin). Enfin, le concept de "VOITURE" se matérialise dans l’esprit car il se rapporte à un objet du monde (la BMW du voisin).

Donc terme et concept ne sont pas la même chose. Un concept est une représentation mentale, générale et abstraite d’un objet. Il peut être exprimé par un terme, un symbole ou autre. Ainsi, les termes représentent la manifestation linguistique d’objets réels ou immaté- riels qui partagent des propriétés communes. Quant à la relation concept/instance, celle-ci est analogue à celle de classe/objet. L’instance représente ainsi un objet particulier dans le monde ou encore un membre de l’extension d’un concept.

Le terme est une unité signifiante constituée d’un mot (terme simple) ou de plusieurs mots (terme complexe) et qui désigne une notion de façon univoque à l’intérieur d’un do-

maine11. Un terme prend son sens dans son domaine d’application particulier. Un même

terme prend un ou plusieurs sens suivant les domaines (on dit alors qu’il est polysémique) ou même au sein d’un même domaine. Par exemple, le terme note peut signifier :

– une note de musique : Le violoniste a fait une fausse note ;

– une remarque ou une explication située au bas de la page : Si tu ne comprends pas ce mot, lis la note en bas de page ;

– un nombre écrit pour évaluer un devoir : Il a réussi son examen. Il a eu une bonne note.

11. Office de la langue française, 1985 d’après le grand dictionnaire terminologique : http ://w3.granddictionnaire.com/btml/fra/r motclef/index800 1.asp

VOITURE

Voiture, Auto, Bagnole,...

La BMW du voisin.

Figure 1.5 — Exemple d’un triangle sémiotique associé à la conceptualisation d’une voi-

ture.