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La plupart des gouvernements africains avaient beaucoup progressé avant la crise en augmentant le rapport des recettes publiques au PIB, qui

est passé d’une moyenne de 21 % à plus de 27 % entre 2001 et 2008 pour l’Afrique subsaharienne et a excédé 40 % pour l’Afrique du Nord en 2008.

Le taux d’épargne intérieure, qui couvre tant l’épargne publique que l’épar-gne privée, a moins fortement progressé au cours de cette période. Cela étant, il est estimé que le pourcentage des recettes publiques rapportées au PIB est retombé à 22,7 % en 2009 sous l’effet de la forte baisse des prix des matières premières et de réductions/exonérations d’impôt octroyées dans le cadre d’une politique budgétaire anticyclique plus expansionniste.

Par ailleurs, les résultats en la matière continuent d’être inégaux même en-tre des pays aux économies comparables : si la moitié des pays d’Afrique collectent aujourd’hui des recettes intérieures équivalant à plus de 20 % du PIB, pour un quart des pays d’Afrique subsaharienne, ce pourcentage reste inférieur à 15 %.

Les progrès réalisés vers les objectifs en matière d’affectation sec-torielle sont disparates, encore que des données plus complètes et recueillies de manière plus systématique soient nécessaires pour se prononcer sur ce point. De plus, l’accroissement de l’épargne intérieure est concentré dans des pays richement dotés en ressources : dans l’en-semble, le taux d’épargne reste très inférieur à celui des autres régions en développement.

Les partenaires au développement ont tenu bon malgré les tensions budgétaires provoquées par la crise, encore que l’accroissement de l’aide ait nettement marqué le pas :

• Il est maintenant estimé que les donneurs parviendront en 2010 à ac-croître leur aide à l’Afrique d’un montant inférieur environ de moitié à ce-lui qu’ils s’étaient engagés à verser en 2005. Cet écart est imputable à deux facteurs : les donneurs ne devraient verser qu’environ les deux tiers du surcroît d’aide globale qu’ils s’étaient engagés à fournir et l’Afrique ne devrait bénéficier que d’un tiers environ de cet accroissement de l’aide plus modeste que prévu (alors qu’elle aurait dû s’en adjuger la moitié si les prévisions de 2005 n’avaient pas été remises en cause). Les enga-gements spécifiques pris en 2009 concernant le soutien aux organismes multilatéraux ont en revanche été honorés, ce qui a dégagé un volant non négligeable de ressources supplémentaires ;

• Il n’existe que peu de données systématiques sur les progrès réalisés sur le plan de l’efficacité de l’aide depuis l’adoption du Plan d’action d’Accra en 2008, et il reste probable qu’un grand nombre des objectifs spécifiques pour 2010 qui sont énoncés dans la Déclaration de Paris de 2005, ne seront pas atteints. On doit disposer de données complémentaires avant la Conférence de Séoul sur l’efficacité de l’aide qui se tiendra en 2011.

De nets progrès ont été réalisés en matière de transparence fiscale et

d’échange de renseignements : près de 400 accords d’échange de ren-seignements à des fins fiscales ont été signés depuis le Sommet du G8 tenu en avril 2009 ;

• Les engagements souscrits concernant l’allègement de la dette ont été respectés dans une large mesure, mais la soutenabilité de la dette dans plusieurs pays africains éveille des interrogations ;

• Des progrès limités ont été accomplis dans la mobilisation de fonds sup-plémentaires destinés à financer la lutte contre le changement climatique sur la période 2010-2012 et un Groupe d’experts de haut niveau a entre-pris d’élaborer des propositions pour le financement à plus long terme de cette action, dans la perspective de la prochaine Conférence de la CC-NUCC qui se tiendra au Mexique en décembre 2010.

quels ont été les résultats ?

Les crédits totaux affectés au financement du développement (re-cettes intérieures, apports du secteur privé et aide publique au développe-ment confondus) ont augdéveloppe-menté en 2008, comme cela a été le cas chaque année depuis 2002, atteignant ainsi un nouveau niveau record de plus de 550 milliards de dollars EU. Ce montant était trois fois supérieur à celui de 2002, soit 160 milliards de dollars EU. Il a toutefois fortement baissé en 2009, tombant à 438 milliards de dollars EU, principalement en raison des effets de la crise sur les recettes intérieures – lesquelles sont passées de 472 à 367 milliards de dollars EU. La décrue des recettes intérieures est à mettre pour l’essentiel sur le compte des exportations de pétrole. En valeur relative, les recettes intérieures ont reculé d’un peu plus de 20 % en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Les crédits totaux affectés au finan-cement du développement provenant de l’ensemble des trois sources de financement a été en 2009 inférieur de plus de 20 % au niveau de 2008.

Malgré un déclin marqué, les recettes intérieures sont restées de loin la source de financement la plus importante puisqu’elles sont encore en-trées pour plus de 80 % dans le total généré par les trois sources de finan-cement, encore que la situation soit très variable selon que l’on considère les pays exportateurs de pétrole, les pays à revenu intermédiaire, les pays à faible revenu ou encore les États fragiles. Le pourcentage global est main-tenant de l’ordre de 75-85 % depuis 2002 pour l’Afrique et de plus de 90 % pour l’Afrique du Nord – ce qui témoigne d’une appropriation beaucoup plus forte par l’Afrique de ses efforts de développement depuis l’adoption des réformes qui ont suivi la création de l’UA / NEPADau début du millénaire.

Les apports du secteur privé ont diminué tant en 2008 qu’en 2009, là encore sous l’effet de la crise. L’investissement direct étranger (IDE) a bien

résisté dans un premier temps : il a légèrement augmenté en 2008 puis est retombé en 2009. Les investissements de portefeuille, en repli en 2008, se sont redressés en 2009. Toutefois, d’autres flux sont devenus fortement né-gatifs lorsque l’accès aux marchés obligataires internationaux a été fermé.

L’aide publique au développement (APD) a été portée à 44 milliards de dollars EU en 2008. Elle s’est maintenue à peu près au même niveau (43 milliards de dollars EU) en 2009, chiffre sensiblement inférieur au montant d’environ 61 milliards de dollars EU (aux prix de 2009) que les engagements pris en 2005 avaient laissé escompter.

En retenant l’hypothèse d’un nouvel accroissement modeste en 2010, l’Afrique devrait recevoir environ 75 % des 61 milliards de dollars EU déjà mentionnés, soit environ 15-16 milliards de dollars EU d’écart par rapport à la somme initialement espérée. Cette perte vient s’ajouter au déficit, beaucoup plus lourd, de recettes intérieures évoqué plus haut. Elle est en partie compensée par des ressources additionnelles fournies en 2009 par les institutions financières internationales (hors APD) comme les allocations de droits de tirages spéciaux. La part de l’Afrique dans l’APD globale sera toutefois largement restée inchangée,

21,79,8

252,6 197,2 129,1

18,027,1 23,929,5 36,5

36,6

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Recettes intérieures Apports privés APD 0

Sources (pour les trois graphiques) : Banque mondiale, Financement du développement dans le monde (2010), FMI, Perspectives économiques régionales (avril 2010), CAD/OCDE.

Crédits affectés au financement du développement en Afrique (milliards de dollars EU)

V

ued

ensemble

MRDE 2010 •

23

Recettes intérieures Apports privés APD 2,9

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

0 50 100 150 200

au taux de 30-35 %, depuis 2000 (si l’on exclut les hausses temporai-res dues à des opérations exceptionnelles d’allègement de la dette), un chiffre très en deçà des 44 % enregistrés en 1990 et de la proportion de la population pauvre mondiale qui vivra en Afrique en 2015, laquelle devrait atteindre 40 %.

Principales priorités pour l’avenir

Les gouvernements africains devraient :

• renforcer la mobilisation des recettes intérieures dans les pays où les résultats en la matière laissent actuellement à désirer, et se doter de nou-velles sources de recettes pour remplacer les droits de douane au fur et à mesure de l’intégration régionale ;

• veiller à ce que ces recettes soient effectivement affectées à la réalisation des OMD ;

• continuer à améliorer la gouvernance économique et l’environnement du secteur privé afin d’attirer davantage d’investissements privés, tant intérieurs qu’extérieurs (voir aussi Groupe thématique I et Groupe thématique III).

Les partenaires au développement devraient :

• appuyer les efforts déployés par les gouvernements africains pour mo-biliser les recettes intérieures en renforçant sensiblement l’action visant les paradis fiscaux et les prix de transfert ainsi que les flux illicites de capitaux (voir aussi Groupe thématique IV) ;

• respecter les engagements actuels concernant l’accroissement de l’APD totale sur la période 2010 2015, et accroître la part de ce montant destinée à l’Afrique à la mesure de la part de la population pauvre mondiale qui vivra en Afrique en 2015 ;

• intensifier notablement les efforts visant à améliorer l’efficacité de l’aide afin d’atteindre les objectifs convenus dans le Programme d’action d’Accra avant la troisième Conférence sur l’efficacité de l’aide prévue à Séoul en 2011 ;

• honorer les engagements souscrits à Copenhague en ce qui concerne le financement de la lutte contre le changement climatique, en veillant à ce que les concours prévus aient un caractère « additionnel », à ce que des ressources substantielles soient allouées à l’Afrique compte tenu de ses be-soins et des contraintes pesant sur ses propres ressources, et à ce que le mécanisme d’acheminement de l’aide soit efficace par rapport à son coût.

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

0

Recettes intérieures Apports privés APD Crédits affectés au financement du développement

en Afrique du Nord (milliards de dollars EU) Crédits affectés au financement du développement en Afrique subsaharienne (milliards de dollars EU)

© Banque Mondiale/Eric Miller

PARTIE II

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