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Jusque dans les années 1990, les données sur les îles des Marquises ne provenaient essentiellement que de missions de terrain exploratoires. De ce fait, les modèles géochimiques du fonctionnement du point chaud marquisien publiés de 1986 à 1993 ne reposaient que sur un échantillonnage très partiel. Ils ont, d’une part fortement sous-estimé les interactions entre les magmas issus du point chaud et la lithosphère océanique, et d’autre part négligé la complexité de l’origine des laves évoluées (trachytes et phonolites) parfois très abondantes. Plus récemment, des études ponctuelles précises (Caroff et al., 1995 ; 1999 ; Le Dez et al., 1996 ; Ielsch et al., 1998) ont montré que l’évolution géochimique des laves au cours du temps variait considérablement d’une île à l’autre, reflétant l’hétérogénéité à petite échelle du panache ainsi que des interactions lithosphère-asthénosphère complexes.

Le programme de cartographie des îles du groupe central des Marquises a été initié par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) en 2000. Ce projet visant la première édition des cartes géologiques des îles de Nuku Hiva, Ua Pou et Ua Huka a permis leur cartographie et l’étude de leurs structures, ainsi qu’un échantillonnage complet en vue d’études géochimiques détaillées.

Avant même de partir sur le terrain, un premier travail pour l’équipe « Marquises » et leurs collaborateurs a consisté en la rédaction d’une synthèse des données et travaux réalisés sur l’archipel des Marquises afin de dresser un état des lieux des connaissances de l’époque. Cette synthèse fait l’objet du premier chapitre de ce travail.

La cartographie des trois îles a été réalisée par l’équipe « Marquises » composée de Sylvain Blais, Gérard Guille, Christelle Legendre, René Maury, Philippe Rossi et Dominique Savanier au cours de plusieurs missions étalées entre 2001 et 2003. La combinaison des observations de terrain faites par l’équipe « Marquises » et des études géophysiques menées par Marc-André Gutscher permettent une approche de la structure profonde de l’archipel proposée dans le chapitre II de ce manuscrit.

La carte de Nuku Hiva, essentiellement levée par Dominique Savanier, paraîtra vraisemblablement en 2004 ; celles de Ua Huka et de Ua Pou suivront jusqu’en 2006. Un état provisoire de l’avancement de ces cartes fait l’objet du troisième chapitre de ce travail.

L’échantillonnage détaillé des îles de Ua Pou et de Nuku Hiva permet une étude détaillée de chacune d’entre elles (chapitres V et VI). Des analyses minéralogiques, chimiques (roches totales), isotopiques et géochronologiques ont été réalisées pour chacune d’entre elles.

distribution bimodale basanite-phonolite très nette. L’île de Nuku Hiva est connue pour présenter une série alcaline continue depuis les laves mafiques jusqu’à des laves évoluées (trachytes), bien que ces dernières soient nettement moins abondantes qu’à Ua Pou. L’étude de la pétrogenèse des laves de ces îles met en évidence des processus complexes, notamment à Ua Pou dont plus de la moitié est de composition phonolitique, qui illustrent l’importance des échanges entre panache et lithosphère océanique en contexte intraplaque.

Le dernier chapitre de ce travail traite de l’hétérogénéité géochimique de l’archipel. Il intègre les nouvelles données isotopiques acquises sur les îles de Ua Pou et de Nuku Hiva, ainsi que les données de la littérature sur l’ensemble des îles de l’archipel. En supposant que l’hétérogénéité géochimique des laves des Marquises résulte du mélange en proportions variables des trois pôles mantelliques EM II, HIMU et DMM, il est possible d’en estimer les proportions et de quantifier les interactions entre le panache des Marquises et la lithosphère océanique sous-jacente.

II- E

TAT DES CONNAISSANCES

ACTUELLES SUR L

ARCHIPEL

l . . i . .

HAAKAKAI TE HENUA ENANA

Les légendes, les histoires appartiennent à ceux qui savent les dire, les bien dire … Et aussi à ceux qui savent rêver en les écoutant. Clé de voûte de la mytho ogie marquisienne et reflet de l'âme d'un peuple, cette légende raconte sur un mode allégorique la création des îles Marquises (Henua Enana : Terre des hommes)

A l'aube de l'humanité, le soleil brillait sur la mer, mais dans la mer, il n’y avait pas d’îles. Deux divinités, Oatea et Atuana, régnaient sur l'immensité océanique. Un jour, Atuana émit le voeu de vivre dans une maison Oatea, son époux, ne sut que faire. Il se résolut à recourir aux pouvoirs divins qui étaient en lui. L’emplacement fut choisi : dans le milieu de l’océan.

Oatea promit à Atuana d'achever la maison avant le lendemain à l'aube. Il se livra alors à des incantations et cho sit un emplacement pour la future maison : au beau milieu de l’océan. Il commença en dressant deux poteaux et s'exclama : "Voici UA POU!". Il prit ensuite une poutre faîtière qu'il posa sur les deux poteaux. Après l'avoir attachée avec des cordes en fibres de coco, il dit : "Voici HIVA OA !". Il poursuivit son travail d'assemblage. En installant les chevrons, il dit : "Voici NUKU HIVA !". Il confectionna ensuite la couverture de la maison avec neuf palmes de cocotier et s'écria : "Voici FATU HIVA !". Pour enfouir les résidus végétaux qui jonchaient le sol, il creusa un trou Atuana devina le scintillement de l'aube à l'horizon. "C'est TAHUATA(l'aurore)!", clama alors Oatea. Et Atuana d'ajouter : "Le chant de l'oiseau du matin se fait entendre!". Otea répondit : "Voici Mohotani (MOTANE)!". Il jeta vite les déchets dans le trou et prononça : "Voici UA HUKA !". Dans un dernier souffle, sentant ses pouvoirs divins le quitter avec le lever du soleil, il murmura : "Voici EIAO ! (l'aube)".

Voici donc les îles au complet, toutes neuves, ruisselantes de lumière dans le soleil levant. Malgré leur dispersion géographique, les terres du HENUA ENANA forment un tout dont aucun élément ne peut être retranché sans s’effondrer.

Ce mythe fondateur assimile la création de l'archipel à l'érection d'un hae (maison) Il ne concerne que les îles qui furent jadis habitées. Motane et Eiao ne le sont plus.

- Remplacer Parson et Sclater (1979) par Parson et Sclater(1977).

- Fig. 1 : L’île d’Eiao ne comprend pas de volcan interne. Cette île devrait être représentée en couleur rose de volcan bouclier. Pour cette île, remplacer le figuré de limite d’effondrement par celui de ligne de crête.

- Fig. 5. : a1 et a2 : Données des isotopes du Sr, Nd et Pb des îles marquisiennes. b1

et b2 : Comparaison avec les données des alignements polynésiens. c1 :

143

Nd/

144

Nd

en fonction de

87

Sr/

86

Sr et c2 :

207

Pb/

204

Pb en fonction de

206

Pb/

204

Pb représentés

selon la nature basaltique ou évoluée des laves, lorsque celle-ci est connue.