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1-L’intérêt d’une modélisation pour appréhender les pratiques informationnelles dans une situation de construction de connaissances :

« Les projets du système de modélisation ne sont pas donnés : ils se construisent » Jean-Louis Le Moigne (1990)

1.1- Qu’entendre par modélisation ?

La modélisation est une opération par laquelle on établit un modèle d’un phénomène social, afin d’en proposer une représentation interprétable, reproductible voire simulable ; bien que dans notre cas, le volet de la simulation ne sera ni abordé ni retenu. Lorsque le système à modéliser est de type « complexe », associant intentions, individus, dispositifs et ressources, se pose alors la question d’identifier le système d’actions et celui des représentations qui revient à délimiter et considérer le problème étudié. Le raisonnement de type heuristique qui est mis en œuvre pour élaborer une modélisation, procède également par une succession de tâtonnements de la part du chercheur.

Notre objectif principal à travers une modélisation est de pouvoir à terme accompagner des protocoles de recherche ou des thèses de doctorat qui viseraient l’identification de composantes majeures à considérer pour appréhender la complexité du rapport du sujet aux pratiques d’information-documentation dans un contexte (personnel et/ou collectif) de construction de connaissances et de saisir un ensemble de dimensions permettant de capter les logiques d’acteurs en situation. De plus, la modélisation constitue selon nous l’opportunité de créer un espace de rencontre et d’échange entre chercheurs du même champ scientifique et s’interrogeant sur des thématiques et problématiques voisines. La représentation de la réponse de la situation aux actions correspond bien à une modélisation, même lorsqu’elle reste informelle, voire totalement implicite (Le Moigne, 1990). Nous insistons sur le fait que derrière ce vocable, les chercheurs, notamment en sciences de l’information et de la communication, cherchent à modéliser des situations, des objets, des activités extrêmement variables. Pour illustration, mentionnons les approches par modélisation de la recherche d’information (par exemple, les études de Nathalie Denos et Yves Chiaramella sur la modélisation de la pertinence, ou, celles de Pauline Côté et Christian Bielle, se centrant sur l’utilisateur en contexte de recherche d’information), d’autres recherches modélisant une approche multi-agents notamment en vue d’optimiser les systèmes d’information ou de gestion à l’échelle d’un secteur d’activités (Abdelaziz Elfazziki, Jean-Louis Le Moigne…) ou des recherches inscrites dans les modélisations de process en industrie ou productique (par exemple, Stéphane Brunel récemment autour du concept d’ingénition, 2008).

Pour se faire, la démarche de modélisation systémique nous semble être une entrée à privilégier, car elle vise à expliciter les points de vue de l’observateur (le

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chercheur modélisateur) qui la met en œuvre et à proposer une démarche compréhensive intelligible du phénomène sans prétendre pour autant l’expliquer en totalité. L’identification des composantes permet d’attribuer un cadre de pensée et d’appréhender le terrain. Cette modélisation est centrée sur les relations et les interactions entre diverses entités organisées sous forme de sous-systèmes. Cette approche décrit et repère les relations entre les fonctions remplies par les diverses structures et les actions menées par les divers acteurs observés.

Enfin, pour comprendre le système modélisé, organisé en composantes internes voire externes, le chercheur doit passer par une phase initiale de description la plus précise possible de chaque sous-système, notamment ceux liés aux profils des acteurs, aux ressources, aux dispositifs dédiés, aux configurations individuelles et collectives d’activité de travail. Toutefois comme l’indique Annette Béguin-Verbrugge (2008)162 « La théoriser suppose une réflexion globale qui ne peut

s’arrêter à la [seule] description des objets, des acteurs ou des dispositifs, mais devrait se donner pour but d’étudier le mouvement même de leurs interactions, ce qui pose de nouvelles questions sémiotiques ». Cette formalisation serait en mesure

d’aider à préciser l’organisation des sous-systèmes imbriqués, l’organisation des descriptions et ses éventuelles variations individuelles ou génériques.

1.2- Les intentions de notre proposition de modélisation :

Nous pourrions dire que la modélisation correspond à un agencement de composantes à prendre en considération en tant que chercheur, afin d’élaborer une matrice d’analyse de la construction de connaissances intégrant également les démarches de pratiques d’information. Car, il s’agit bien pour nous, de s’intéresser à l’organisation d’une forme de culture de l’information à visée professionnelle en action, en cherchant à identifier et caractériser les composantes de cette construction de connaissances, opérant à l’aide de différents sous-systèmes associés les uns aux autres (Belkadi, 2004). Selon notre approche, la culture de l’information professionnelle n’émane pas de prescriptions ni ne surmonte l’acteur (approche de type Top-down), mais bien de convenir que, comme toute culture, elle est le fruit d’activités combinées, d’interactions entre les acteurs, de systèmes de représentations dominants, tout en considérant les cadres environnants émanant de l’écosystème et influençant les acteurs (approche Bottom-up). Notre proposition de modélisation nécessite un niveau de précision raisonnable pour éviter de surcharger le modèle par une infinité de détails tout aussi inutiles que potentiellement problématiques et difficiles à interpréter ; en effet, la modélisation vise à simplifier une réalité sociale complexe sans pour autant la caricaturer. Un des grands intérêts de l’approche par modélisation systémique est de pouvoir restituer les interactions

162 BEGUIN-VERBRUGGE, Annette. Entre modélisation et représentation : le knowledge management, un défi pour les SIC. In L’information dans les organisations : dynamique et complexité.

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entre les différents sous-systèmes convoqués par l’acteur. Il s’agit donc pour nous de modéliser un ensemble complexe, avec une intention davantage de compréhension que d’explication ; un modèle analytique peut ainsi contribuer à ce qu’un chercheur tente de repérer des solutions acceptables, sans forcément trouver des remèdes, des réponses à des dysfonctionnements ou des causalités évidentes. Le modèle analytique et compréhensif n’est donc pas là pour enfermer le chercheur dans un registre de réponse, mais pour l’aider à identifier les composantes de la complexité, l’inciter à intégrer la pluralité des objets qui composent le modèle lui-même et dégager les logiques dominantes des acteurs observés.

La délimitation stable du modèle est impossible à opérer, car celui-ci est loin d’être fini, sa surface étant variable, le nombre de composantes oscillant également et les intensités des interactions pouvant fluctuer d’un sujet à l’autre163. La seule délimitation acceptable est celle énoncée et pensée par le chercheur, après enquête et administration des données. De plus, nous ne devons pas omettre que les comportements des acteurs restent également imprévisibles, notamment parce que le processus de construction de connaissances par le sujet est au cœur de ses activités et que ce dernier procède constamment par réajustements.

1.3- Les principales composantes de la modélisation SEPICRI :

Le modèle que nous proposons de présenter au cours de cette troisième partie de transition est essentiellement organisé autour de trois sous-systèmes renvoyant pour chacun d’eux à une délimitation à plusieurs niveaux, à des choix méthodologiques et à des référents privilégiés.

Le premier Sous-Système est Orienté « Acteur(s) » (SSOA) et tentera de caractériser les pratiques info-documentaires de l’acteur, d’apprécier son degré d’autonomie à l’égard des environnements et des dispositifs, tout en essayant de caractériser son système de représentations.

Le second Sous-Système est Orienté « Interaction(s)» (SSOI) ; l’objectif est de situer l’acteur dans les diverses interactions communautaires, les projets visés et/ou engagés, vis-à-vis du/des collectifs humains considérés.

Pour finir, le troisième et dernier Sous-Système est Orienté « Environnement(s) » (SSOE) et vise, à travers une approche écologique, à positionner les intentions et les actions de pratiques informationnelles en dissociant les environnements potentiels des environnements effectifs. Pour caractériser ces deux types, se posera alors la question de la performance (Denos, Chiaramella,

163 CURTIS, B., KRASNER, H., ISCOE, N. A Field Study of the Software Design Process for Large Systems. Communications of the ACM, n° 11, 1988, pp. 1268-1287.

“ […] Instead, the knowledge must be constructed in a social and evolutionary process involving all

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1997), pour savoir quelles capacités doit mettre en œuvre un sujet pour solliciter aux mieux son écosystème et parallèlement déceler les contournements possibles.

2-Premier volet : le niveau individuel des pratiques informationnelles en contexte professionnel :

Comprendre les pratiques info-documentaires et la démarche de construction de connaissances, ne peut se faire sans assimiler le niveau nucléaire d’un système humain collectif, en se focalisant sur les logiques et les modes d’appropriation de chaque individu. Nous baptiserons ce stade de sous-système orienté « acteur(s) » (SSOA). Pour autant, le niveau individuel ne peut être le seul stade à appréhender pour analyser les pratiques info-documentaires et les modes de construction de connaissances. En effet, le stade collectif dépasse la seule agrégation des appréciations et des actions individuelles.

Ce premier sous-système centré individu est donc à considérer dans toute sa complexité, notamment en s’appuyant sur trois composantes essentielles à savoir : le parcours individuel de la personne, la démarche d’autonomie du sujet, enfin, son système de représentations. Nous induisons que le point de départ pour comprendre l’individu est de tenter d’identifier son parcours individuel, car celui-ci influencera ensuite les deux autres (autonomie et représentation)164.

2.1- Le parcours individuel du sujet :

Une méthode basique à l’aide d’un questionnaire à base essentiellement de questions fermées et/ou à choix multiples pourrait être suffisante dans un premier temps, pour cerner le cursus de l’individu interrogé, son parcours professionnel et sa situation au moment de l’enquête. Ce type d’investigation ne vise pas fondamentalement à dégager des facteurs explicatifs puis à voir le poids de ces facteurs sur les pratiques et les comportements du sujet. L’intention première est de connaître chaque individu et de situer chacun d’eux par rapport aux autres, puis de s’assurer que l’échantillon constitué reste bien conforme à la population mère devant être étudiée.

Donc à l’aide d’un questionnaire, voire d’une grille synthétique d’entretien, le chercheur veillera à caractériser a minima les dimensions suivantes :

- les éléments d’identité : genre, tranche d’âge, zone de résidence, zone d’exercice professionnel, distance entre les deux zones précédentes… ;

- les éléments de parcours d’étude : période, durée, lieu(x) des études, type de parcours, diplômes, validation(s) en lien avec le sujet, certification, validation d’acquis (expérience, professionnelle…), études abandonnées, équivalence(s)… ;

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- les éléments de parcours professionnels : secteurs d’activité, fonctions et responsabilités, réorientations, promotions, passation de concours ou de certification, coupures d’activité, expériences ponctuelles, les concours passés, les concours obtenus, nombre d’années dans le secteur d’activité observé, nombre d’années sur le poste actuel, responsabilités dans l’organigramme, responsabilités « tacites » déclarées, activités de formateur, gestion de missions, type de missions, activités de formation professionnelle (interne/externe), domaines de compétences, domaines d’excellence, activités de conseil, activités de jury-de commission professionnelle, les formations professionnelles suivies dernièrement (nom, identification, durée…)…

Cet ensemble d’items permettra en l’occurrence de situer par codification chaque acteur et plus généralement de caractériser les profils et les éléments dominants de l’échantillon constitué.

2.2- La démarche autonome du sujet :

Très fréquemment dans l’esprit de tous, l’autonomie est de l’ordre de l’individu et donc par glissement de sens de l’individualité voire de l’individualisme. Or, comme l’indique Norbert Elias (1997) dans « La société des individus », le principe d’autonomie du sujet est paradoxal dans le sens où l’individu se croit autonome alors qu’il est soumis à des interdépendances de plus en plus contraignantes et des interrelations complexes en situation d’autonomie et de travail autonome. L’acteur pense et revendique de plus en plus son autonomie, tout en insistant sur son besoin d’appartenance au groupe social ou professionnel dans notre cas165. Comme le mentionne Philippe Meirieu166, « L’autonomie n’est ni un

don, ni une qualité à laquelle il suffirait d’exhorter les sujets : elle se construit progressivement quand chacun d’eux ajuste ses moyens à ses fins, identifie ses savoirs et ses savoir-faire, les mobilise à bon escient et évalue les résultats obtenus. (…) ». L’autonomie ne saurait donc être confondue avec l’individualisme, elle ne peut

être envisagée sans un rapport à l’autre, sans un système d’échange, de communication. Cela implique donc de sortir du modèle de la communication simple, linéaire et descendant, de l’expert vers le novice, suivant le schéma shannonien de l’émetteur et du récepteur. Par conséquent, la capacité d’un acteur à être autonome, dans des situations de construction de connaissances, est multidimensionnelle ; le chercheur veillera en particulier à caractériser le positionnement de l’individu dans les divers projets engagés et au-delà, la place qu’occupe le projet dans son activité quotidienne. Bernard Huet (1992) indique que le projet est en soi « une composante

centrale de l’autonomie du sujet ». L’identification de projets permet ainsi d’apprécier,

d’une part, les actions et initiatives de l’acteur sur ceux-ci, d’autre part, de considérer la place des projets dans son champ d’activités professionnelles.

165 ELIAS, Norbert. La société des individus, Ed. Pocket, 1997, p. 202. L’auteur écrit : « Le besoin

d'autonomie va de pair avec celui d'appartenance au groupe social ».

166 Cf. le site personnel de Philippe Meirieu. Histoire et actualité de la pédagogie. http://www.meirieu.com/

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Au-delà de la production/participation au(x) projet(s), la gestion par l’individu de son autonomie, passe également par la question de la planification de la tâche et donc de la capacité personnelle à pouvoir/savoir s’organiser (Elfazziki, Nejeovi, Sadgal, 2005). Parmi les nombreux critères permettant de délimiter la planification des tâches, quatre nous semblent particulièrement importants :

- l’individualisation du temps et des situations d’auto-apprentissage, permettant à l’acteur de dégager un temps personnel de pratiques informationnelles et de réactualisation des savoirs et compétences ;

- l’organisation, la planification, puis la conservation des contenus d’apprentissage, notamment à partir d’activités proposées ;

- l’application et l’utilisation d’(auto)- méthodes d’apprentissage ;

- enfin, la connaissance et la sollicitation régulière de lieux et d’espaces de formation et d’information.

Anne-Marie Polet-Masset, par exemple, souligne que l’autonomie s’organise autour de deux pôles : la connaissance de soi et celle de l’environnement compris dans un sens large167. Le rapport de l’individu autonome à son environnement professionnel consiste donc à l’expertiser puis l’intégrer dans sa dimension matérielle (ressources disponibles, documents…) et sa dimension humaine (les différents intervenants dans les processus de pratiques info-documentaires et de construction de connaissances).

La dimension temporelle est, elle aussi, essentielle ; en effet, l’idée sous-jacente est qu’il est possible de délivrer des mini-séquences d’activités cognitives juste à temps168, à savoir au moment où un acteur, sur son lieu de travail (pratiques formelles) voire de vie (pratiques non formelles), est confronté à un mini-déficit de savoir ou souhaite répondre à un besoin d’information voire de distraction. L’organisation de la tâche est également considérée dans cette approche « autonome » des pratiques info-documentaires, notamment : comment faire le point sur ses propres connaissances et comment caractériser sa propre structure informationnelle interne, penser la gestion et l’organisation de l’information à son échelle, comment intégrer et gérer l’incertitude ?

Nous pourrions schématiser le « positionnement autonome du sujet » sous la forme suivante :

167 POLET-MASSET, Anne-Marie, LAURENS, Nicole. Un pas vers l'autonomie : profil d'apprentissage

et canaux de communication. Institut de recherche sur le profil d'apprentissage, 2001-2003.

www.irpa.qc.ca/pautonom.htm#Note3#Note3

168 On utilisera l’expression « Just in case, just in time » dans les travaux de Sophie Kenel, notamment.

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Figure 7. L’acteur dans un dispositif favorable à l’autonomie

(schéma inspiré de R. Brunet & L. Grosjean)

2.3- De la prise d’information à la construction de connaissances :

Dans une situation d’autonomie, l’information est avant tout un message plus ou moins élaboré, enrichi et complexe, qui est le résultat d’un processus de communication, et qui permet à celui qui y accède de l’interpréter, de l’intégrer ou de la rejeter selon son degré de connaissance du thème abordé. Trois critères de sélection de l’information semblent se démarquer : la temporalité, le caractère brut ou traité de l’information, enfin, l’utilité de celle-ci. La démarche de tout acteur désirant construire son propre parcours de connaissance, consiste à trouver un ensemble de méthodes pour apprendre seul ou avec les autres : nous parlerons alors d’auto-socio construction. Jean Meyriat (1985) souligne que « l’information n’existe pas en tant

que telle si elle n’est pas effectivement reçue. Pour l’esprit qui la reçoit, elle est connaissance, et vient modifier son savoir implicite et explicite »169. La connaissance est bien une construction de l’acteur, qu’il convient d’interroger dans une démarche réflexive et de compréhension. Franc Morandi (2002) souligne que le savoir repose, à la différence de l’information, sur un ensemble de méthodes de travail plus ou moins élaborées par le sujet. Pour construire du savoir, encore faut-il imaginer un ensemble de stratégies de recherche, d’expertise, de lecture, de sélection et d’appropriation de données. L’individu sera appelé à évoluer au fur et à mesure de la construction de savoirs de référence et devra être en mesure d’auto-transférer des connaissances acquises à d’autres situations professionnelles.

169 MEYRIAT, Jean. Information vs communication ? L’espace social de la communication : concepts

et théories / sous la direction d’A.-M. Laulan, Retz-CNRS, 1985, p.65.

L’ACTEUR

Veille sur la recherche et l’édition Recentre les activités et démarches sur des méthodes

Evalue : diagnostic intermédiaire et final

Stimule, sollicite, diffuse aux pairs

Organise ses activités Mobilise des ressources Accompagne les pairs

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L’approche fractale (De Rosnay170 ,1975) s’appuyant sur un ensemble de méthodes et d’outils, renforce ces démarches d’acquisition, d’organisation et de mémorisation des connaissances plutôt que de tendre vers l’accumulation de savoirs encyclopédiques. Dans sa démarche d’autonomie, l’acteur va croiser un ensemble de processus cognitifs associant des technologies, des techniques, des méthodes, des modalités individuelles et collectives de travail. In fine, il prendra lui-même la décision de mobiliser ou pas les ressources qui seront à sa disposition. Il devra étudier et appréhender les « possibilités cognitives de son environnement » (Morandi, 2002). L’apprenant devient alors un « individu-plus » (Perkins, 1995) à même de mobiliser des ressources, des outils, des situations pour résoudre ses propres difficultés d’apprentissage.

Dès lors, afin d’appréhender les différents types et niveaux d’autonomie, le chercheur disposera d’une batterie de méthodes, dont notamment : l’entretien semi-directif individuel voire collectif, pour comprendre le « positionnement autonome » de l’acteur en matière de pratiques info-documentaires, combiné, ou non, à l’observation de situations en contexte professionnel ou de questionnements complémentaires171. Une autre procédure, basée celle-ci sur le repérage des styles cognitifs172, consistera à analyser les modes d’organisation du travail, notamment dans les espaces numériques personnels/ de travail.

Pour conclure, pour qu’existe l’autonomie, il faut compter avec l’environnement proche, la considérer dans un processus d’interactions et de régulations, l’inscrire dans une dynamique d’actions, enserrée dans un système de lois, de règles et de valeurs. D’où l’intérêt de travailler le collectif et les représentations en jeu. L’individu autonome fonctionne grâce au « moteur » de l’intérêt intellectuel avec pour « carburant », l’activité cognitive (Liquète, Maury, 2007).

2.4- Le système de représentations du sujet :

La question de l’intérêt d’étudier le « système de représentation » des acteurs d’un secteur d’activité, ne date pas d’hier : déjà dans son travail de thèse en 1984, en documentation, Christiane Volant rappelait que le système de représentations regroupait l’ensemble des représentations existantes de la fonction documentaire par l’ensemble des acteurs d’un système. L’auteure, qui s’intéressait au monde de l’entreprise, releva à l’époque onze types de représentation d’un système documentaire, parmi lesquels, quatre semblent essentiels y compris pour l’analyse des actions dans les espaces numériques de travail, à savoir : le système documentaire en tant que lieu de diffusion et de circulation de l’information, lieu de traitement et d’analyse de l’information, ainsi que, lieu de conservation et de stockage de documents, enfin, lieu d’orientation vers d’autres sources d’information.

170 Joël de Rosnay, Le Macroscope, vers une vision globale, Seuil, 1975.