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REPRÉSENTATION, DESSIN ET CORPS

Dans le document Mue : une approche imaginaire de la cabane (Page 118-123)

L’être entre-baillé

A. REPRÉSENTATION, DESSIN ET CORPS

1.

DESSINER POUR EXPRIMER

Une grand quantité de champs d’étude et de pratiques en psychologie s’intéressent à la perception et la production de représentations graphiques.

D’abord il convient de distinguer deux catégories de travaux : les travaux où le dessin et les images constituent un moyen pour exercer une pratique thérapeutique ou pour faire de la recherche fondamentale sur différentes fonctions psychologiques ; et ceux où l’étude de la perception des images et des compétences graphiques chez l’être humain est un but en soi.

Je m’intéresse particulièrement à cette seconde catégorie parce qu’elle “se compose de travaux dans lesquels la présentation imagée est un objet d’étude en soi”,88 c’est à dire

que les chercheurs tentent d’obtenir des informations directement sur les connaissances du sujet à propos des dessins, ainsi que sur leur apprentissage.

Depuis les débuts de la civilisation humaine l’homme s’est exprimé dans des activités de représentations imagées et de notations figurales. Emiel Reith nous explique en effet que nous pouvons comprendre le dessin comme un langage, un langage narratif, décoratif ou l’expression des émotions.

.88 REITH Emiel, Quand les psychologues étudient le dessin, Université de Genève, 1997, p.132

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Ces représentations sont devenues si courantes de nos jours qu’il nous semble impossible de nous éloigner du dessin en tant que moyen d’expression de notre imaginaire et de notre psychologie.

Le dessin est dans les contenus obligatoires d’apprentissages scolaires des pays occidentaux. Des cours de dessin et de peinture sont proposés dans les centres socio-culturels et les écoles d’art pour que les participants puissent trouver une façon d’exprimer leur être intérieur. Les psychologues utilisent le dessin pour aller plus loin dans la compréhension de leurs patients.

Dessiner est une activité sensori-motrice, par laquelle la main guide un crayon sur la surface d’un support choisi, le tout dans un certain but. De cette façon nous pouvons découvrir qu’un trait de crayon peut signifier une multitude de choses. Il peut être un objet dans sa totalité ou un aspect de la structure physique de l’objet, la luminosité, ou la texture sur la surface d’un objet. Les possibilités sont infinies car chaque dessinateur va avoir son imaginaire à lui.

Les processus intellectuels jouent aussi un rôle très important dans l’acte de dessiner. Avant qu’un sujet ne puisse commencer à realiser sa représentation graphique, il doit évoquer et organiser des connaissances sur les objets qu’il souhaite reproduire.

Ensuite, afin de pouvoir juger si le dessin fini correspond au but recherché, le sujet doit pouvoir prendre du recul par rapport à son dessin, l’examiner d’un œil critique. Et encore plus, si le but de l’image est de transmettre une information à des tiers ou d’exprimer des idées et des émotions particulières, il doit disposer de compétences

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sociales pour se mettre à la place d’un observateur, qui peut avoir ou non accès aux mêmes connaissances que lui-même.

En conclusion, le dessin va jouer différents rôles selon le besoin du spectateur. Ma recherche ne s’éloigne pas de ce que psychologues et chercheurs travaillent de nos jours car la représentation graphique est un moyen d’expression dans sa totalité qui nous permet de comprendre la diversité des pensées, des perceptions et de l’imaginaire présents dans chaque personne.

Et plus particulièrement cela va nous aider à comprendre un peu plus le monde intérieur des gens qui ont accepté d’ouvrir leurs coeurs et de dessiner pour moi une cabane.

2.

LE CORPS ET LE DESSIN

“Ce corps qui est le mien. Ce corps qui n’est pas le mien. Ce corps qui est pourtant le mien. Ce corps étranger. Ma seule patrie. Mon habitation” 89

En poursuivant le sujet de la représentation de la cabane, nous ne pouvons pas négliger la présence du corps, le corps humain en tant qu’habitant des dessins sur la plage, mais aussi le corps qui représente la cabane. Mais cet être physique est un être conditionné à sa réalité sociale. De nombreux chercheurs de l’expression corporelle convergent vers le même point dans l’étude du corps de l’homme occidental: nous avons le besoin d’effacer les acquis culturels ethniques, les modèles sociaux, les tabous qui modulent les rythmes biologiques, les réflexes et provoquent des automatismes musculaires.

.89 Jeanne HYVRARD. La Meurtritude, Paris, Editions de Minuit, 1977, p. 31

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C’est pour cela qu’en Occident le créateur scénique et le pédagogue du mouvement tentent d’éliminer les blocages par le désapprentissage des acquis, tant corporels que psychologiques. Le savant et l’artiste nous enseignent une meilleure connaissance du corps et nous invitent à le libérer des mauvaises contraintes, à lutter contre les apprentissages erronés. En conséquence, ils aident à développer la personnalité, donc à modifier le corps qui a “mal appris”.

Pourtant l’enfant va naître libre de tout blocage. Il découvre peu à peu son corps et la manière de l’utiliser; d’abord dans sa relation à sa mère puis à l’espace, et dans la suite de son développement il s’exerce à se poser en tant que sujet dans le monde. C’est donc son entourage qui va le transformer, créer les blocages et les tabous qui l’accompagneront jusqu’à la fin de ses jours.

“A force d’être toujours transportés, d’être enfermés dans des espaces trop restreints, d’être soumis inconsciemment aux conditionnements des foules, on perd tout sens de l’initiative, toute autonomie, et l’on est incapable d’assumer sa place dans un volume inhabituel. C’est pourquoi, dès que les enfants sont sur une route, dans un champ, ils “explosent” et se “défoulent” 90

Yvonne Berge propose que l’éducation du sens spatial chez l’enfant recrée des liens entre l’homme et la nature. Et ce retour à la nature n’est-il pas une façon d’effacer ce “mal appris?” En dessinant les cabanes sur le sable, face à la mer, ne cherchons-nous pas à nous éloigner de notre quotidien et tout ce qu’il implique pour réécrire avec notre corps et avec notre esprit un idéal lointain pourtant présent en chacun de nous?

.90 Vivre son corps. Pour une pédagogie du mouvement. Yvonne Berge, Editions du Seuil, Paris, 1975

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