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3 ; Repenser la mémoire de l’eau par les cartes mentales

Dans le document Une Seille, des Seilles (Page 63-67)

Nous avons lors d’autres enquêtes anthropologiques, utilisé un outil communicationnel innovant. La carte mentale est un outil qui permet le dialogue interdisciplinaire entre les sciences techniques et les sciences sociales. Elle comporte de nombreux avantages méthodologiques pour les liens entretenus avec les enquêtés. L’appui cartographique donne une importante visibilité des conflits et permet le décloisonnement des pratiques et de représentations des acteurs.

Lors de nos entretiens avec les techniciens de l’environnement et de l’eau, plusieurs cartes nous ont été offertes, comme supports de compréhension de la réalité. Lors de nos entretiens et la restitution de résultats, nous avons proposé des visuels cartographiques autour des paysages de l’eau, dans une perspective comparative à travers plusieurs périodes (20ème siècle) qui ont marqué les transformations de la Seille. Dans un contexte particulièrement tendu, l’appui cartographique s’est avéré être un outil de redémarrage de nouvelles discussions avec des acteurs peu enclins à échanger sur des considérations environnementales. Elle peut également constituer un « choc biographique ». Par exemple, en observant la radicalité des changements de la Seille, l’observateur se confronte à sa propre incapacité à se rendre compte de la portée du fait survenu (la pollution, l’inondation) et un déni de réalité (les conséquences de ces actes sur l’eau, et plus largement sur une échelle plus importante). En effet, la carte confronte la multiplicité de rationalités (Foucault, 1994) dans laquelle la rationalité cartographique s’intéresse à des réalités, des dimensions, des échelles d’observations et des objets proches ou lointains. Métaphoriquement, la carte mentale serait une sorte de « loupe » qui surdimensionne les aménagements et les modes d’usages divergents sur un même espace vécu. Parfois, on est confronté à de véritables « fantasmes territoriaux » dans la description d’un territoire qui se composent des grossissements des actions des uns et des autres, remplis de caricatures et stéréotypes ne faisant qu’alimenter le champ des représentations sociales. En les confrontant, l’analyse des conflits donne à la carte une dimension politique (Jacob, 1992). Alternative au langage oral, la carte nous offre « une autobiographie graphique », elle détient le pouvoir de se raconter, d’imaginer, d’articuler et de structurer le monde (Bailly, 1990). A l’échelle

63 individuelle ou collective, la carte est un support d’introspection et d’autonomie, l’acteur peut prendre connaissance des tensions ou des appréciations qui l’animent et du rôle qu’il joue dans les conflits d’aménagement du paysage, de l’écosystème ou encore de voisinage. L’objectivation des acteurs dans les processus conflictuels et la possibilité de comparer leur positionnement apporte une meilleure compréhension de soi, des autres et du territoire tel qu’il est vécu, enjeux qui nous paraissent centraux sur ce terrain Saulnois.

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