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Repenser les structures, les outils et les méthodes

Dans le document Territoires ruraux et enjeux éducatifs (Page 57-60)



La place fédérale dans la mise en œuvre des projets

Les associations locales sont en prise directe avec les attentes de la population et dans la mise au débat ou la négociation des actions avec les élus locaux. Ces deux atouts peuvent cepen- dant parfois paradoxalement peser contre l’émergence ou la viabilité du projet. Les associa- tions ont aussi leur public et leurs habitudes qui peuvent limiter la réflexion sur des besoins plus collectifs. Par ailleurs, elles sont généralement limitées en termes de moyens et d’inves- tigation au-delà du territoire communal. Enfin, trop près d’une gestion quotidienne ou trop impliquées politiquement (en connivence comme en opposition) avec les élus locaux, elles ont autant besoin d’un regard extérieur que d’un soutien favorable mais politiquement neutre au local et de compétences techniques qu’une fédération est susceptible d’apporter. On peut rela- tiviser cette observation avec le constat que les associations locales peuvent également s’in- vestir avec réussite dans un projet lorsqu’elles sont en capacité d’élaborer du réseau local, souvent interassociatif, mais ces situations ne sont pas très fréquentes. Le développement des compétences « jeunesse » par les communautés de communes imposant de s’en préoccuper au niveau intercommunal passe jusqu’à présent essentiellement par l’appui des fédérations. D’un autre côté, une structure fédérale intervenant sur un territoire local doit poser les limites de ses capacités ou compétences. La logique du projet associatif l’empêche de pouvoir pré- tendre à une gestion locale qui réponde entièrement à sa mission. Les meilleures conditions étant liées à la complémentarité entre les différentes structures, locales et fédérales, mais celle-ci n’existe pas toujours. Entre l’absence de structure locale en certains endroits, le manque d’intérêt ou la difficulté à mettre en œuvre cette complémentarité, les motifs d’adap- tation sont nombreux.

De fait, les situations ont immédiatement été très différentes d’un département à l’autre, au moment où se développaient les dispositifs les plus incitatifs aux politiques de jeunesse. Alors que près de la moitié des structures fédérales des foyers ruraux s’intéressaient à la mise en place des contrats éducatifs locaux (CEL), contrats enfance (CE) ou contrats temps libre (CTL), la grande majorité d’entre elles situaient en premier lieu leur action en termes d’exper- tise ou d’ingénierie, mais à des degrés d’implication divers… On peut globalement encore aujourd’hui classer ces interventions fédérales en trois grandes catégories dont aucune n’im- pose d’exclusive :

– le choix d’une politique globale en réponse ou en proposition aux institutions et collectivités ; – le choix de l’expertise de service en appui d’un réseau associatif existant et visant à déve-

lopper de nouvelles dynamiques locales ;

– le choix de la compétence thématique et de l’ingénierie locale en appui à l’émergence de dynamiques locales.

Toutes ces situations peuvent être portées par une même fédération, en même temps, selon les territoires, les attentes effectives ou des capacités d’intervention. Elles présentent les unes et les autres à la fois des difficultés et des intérêts spécifiques. Les actions en elles-mêmes ne posent a priori pas de problème sur la qualité et la pertinence du projet associatif, mais la manière et les intentions par lesquelles elles sont conduites ne sont pas sans conséquence, à la fois sur, comme il a été dit plus haut, la place – au sens du rôle ou de la mission – de l’as- sociation ou de la fédération mais aussi sur la relation entre l’association (ou fédération) et la collectivité, entre l’association (ou fédération) et le public…

Quel bon équilibre dans ces interrelations permet un projet concerté de territoire ?

Cette question, portée essentiellement par les fédérations, est centrale pour le projet des foyers ruraux qui l’abordent autant en tant de praticiens qu’en termes d’analyse de leurs pro- pres pratiques. C’est par une approche des catégories citées plus haut que nous allons tenter au mieux de présenter quelques réponses.



De l’expertise sur incitation des institutions ou des collectivités

Dès 2001, on notait des différences entre les fédérations envisageant une politique volonta- riste de développement des dispositifs et celles qui, pour des raisons de moyens ou de choix politiques, ne s’étaient pas investies au-delà d’une réponse technique et politique à la sollici- tation de leurs partenaires institutionnels. Cette démarche n’excluant évidemment pas le sou- tien à leurs structures adhérentes dans la mise en place ultérieure de projets locaux, ces fédérations s’y impliquaient d’abord pour une mission d’intérêt général. La fédération dépar- tementale (FD) de Charente-Maritime aura ainsi, au lancement du programme, fortement contribué à la conception d’un ouvrage interassociatif de référence sur les objectifs et le cadrage des CEL pour le compte du comité de pilotage départemental. Sans jamais avoir été acteur direct, cette même fédération contribue encore activement à des travaux de réflexions initiés par la DDJS sur la question de la plus-value associative. La fédération de l’Ardèche développait, elle, dès 2002, des études participatives pour le compte du conseil général sur la capacité des cantons à assurer le devenir des communautés de communes avec compétence jeunesse (cf. encadré ci-après). Quelque temps impliquée dans l’animation de groupes de jeu- nes locaux repérés durant l’étude, soit sur demande des communes consultées, soit sur demande des associations locales, cette action de la fédération a progressivement disparu avec le cadre de la commande publique.

Analyse

Ce type d’implication des fédérations présente l’intérêt de la reconnaissance des institutions posée a priori ou acceptée par elles, mais n’entraîne pas nécessairement de dynamique asso- ciative locale. Par ailleurs, dans le rapport aux collectivités qui sont en recherche ou en attente de compétence d’expertise, la collaboration potentielle peut se trouver en concurrence avec des cabinets privés. Concurrence croissante au fil des ans, pour laquelle les fédérations asso- ciatives ne bénéficient pas, hélas, de la reconnaissance spécifique qu’elles revendiquent pour- tant à juste titre sur leur capacité à la mobilisation des publics dans l’énoncé de leurs besoins, voire dans une gestion participative. Enfin, la compétence, même reconnue dans la mobilisa- tion et l’étude préalable, ne signifie pas une potentielle collaboration ultérieure dans la conduite des actions, où la régie peut finalement s’imposer.

PRATIQUES/ANALYSES

Construction d’une dynamique jeunesse sur des territoires par une étude participative en Ardèche

La fédération départementale de l’Ardèche lance en 2003 une étude associée à l’expérimentation de projets locaux. Ci-dessous, les éléments de présentation de cette démarche associative. À la suite de ce travail et de la dynamique partenariale constituée à cet effet, la fédération se portera candidate en 2005 à l’élaboration d’un schéma de développement services et équipement « enfance » sur le pays « Ardèche méridionale ». Le projet de cette candidature a été présenté par l’association de deux réseaux – la fédération des foyers ruraux et le collectif enfants parents professionnels. Malgré la reconnaissance non remise en cause de ces deux réseaux, fortement implantés sur le territoire par de nombreuses structures locales, peut-être même à cause de cela, c’est un cabinet d’expertise qui a été retenu par les responsable du « pays ». La qualité de l’étude réalisée n’est pas en cause, mais les associations locales ont clairement regretté l’absence de mobilisation et de participation de leurs responsables à l’étude telles qu’ils l’avaient vécues deux ans plus tôt.

Objectifs

L’action est destinée à accompagner les préadolescents sur un territoire. Les publics sont repérés par les collèges. La démarche touche également les adultes (responsables associatifs, élus locaux). Pendant trois ans, la FDFR 07 en partenariat avec la DDJS a mis en place plusieurs actions et col- loques pour sensibiliser et inviter les élus locaux, les élus associatifs à se rapprocher des jeunes de leur village. En parallèle avec nos associations relais, nous avons accompagné la mise en place d’ac- tions spécifiques pour les jeunes.

Le conseil général s’associe à ce partenariat pour mettre en œuvre des dynamiques jeunesse sur les territoires des communautés de communes.

Démarche(s)

L’expérimentation est toujours menée à partir d’un canton. Il n’y pas de schéma particulier sur la structuration du canton, mais priorité aux territoires ruraux. Nous pouvons retrouver dans chacun d’entre eux les handicaps « classiques » du milieu rural (éloignement du bourg centre, des commu- nes en elles) et nous ne retrouvons pas de collèges dans tous les cantons. Des structures intercom- munales existent dans certains d’entre eux, toutefois aucune n’a la compétence jeunesse. Deux pays sont en cours d’élaboration sur le département, leur mise en place n’a débuté qu’en début 2003. Le périmètre géographique est différent à chaque action, puisque nous travaillons sur des cantons différents. Leur seul point commun est d’avoir en majorité des communes rurales voire très rurales et un bourg centre. Nous intervenons dans le nord, centre et sud Ardèche. Certains cantons sont considérés plus « riches » que d’autres (sur le plan économique). Les uns et les autres peuvent avoir des atouts, ou handicaps différents.

À chaque nouvelle démarche auprès d’un territoire, seul le conseil général de l’Ardèche finance l’ac- tion. Par contre si des besoins nouveaux en terme d’interventions apparaissent après le première année, les communes ou communautés de communes financent l’intervention de la FDFR 07. Pour que nous arrivions à cette deuxième étape de financement, il est indispensable d’impliquer les élus locaux dans notre action et ce, dès le démarrage. D’ailleurs, pour toute nouvelle action sur un territoire donné et avant même d’intervenir dans le ou les collèges pour rencontrer les jeunes, nous prenons rendez-vous avec les différents maires des communes concernées, celles ayant un nombre de préadolescents conséquents.

Méthode

Une organisation avec des exigences participatives

Le projet d’expérimentation est présenté et mené à la base par la FDFR 07, les associations locales, les élus locaux, le conseiller général, la CAF du secteur, le service vie associative du conseil général, les responsables d’établissements scolaires et la DDJS sont invités au comité de suivi. Lors de la seconde réunion du comité de suivi, les jeunes adolescents rencontrés et intéressés viennent nous rejoindre.

Concernant la mise en place d’actions spécifiques aux jeunes adolescents, ils ne sont accompagnés à la seule condition d’une participation à toute la mise en place (réflexion sur le projet, éventuelle- ment sur la création d’une association, réflexion d’un règlement intérieur). Des réunions sont



De l’ingénierie territoriale pour développer

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