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UNE RENCONTRE CAPITALE

Dans le document Joël Lautier joue et gagne (Page 22-26)

Le championnat de France joué à Rouen en 1987 est un open de 13 rondes réunissant 30 joueurs. Les conditions de jeu sont déplorables. Le tournoi a lieu dans un hangar, très bruyant (une autoroute et une voie de chemin de fer le longent) où un froid hivernal succéde à une chaleur accablante. En deux jours, le thermomètre passe de 35° à 10° et bien sûr, il n'y a pas de climatisation et encore moins de chauffage. Les joueurs arrivent au début de l'épreuve torse nu pour repartir emmitouflés dans un anorak.

Les quatre meilleurs juniors français (Apicella, Degraeve, Koch et Lautier) participent pour la première fois au National. Epreuve très importante pour eux car plus d'un an avant le championnat du monde d'Adélaïde, le sélectionneur a décidé que le junior le mieux placé représentera la France aux Antipodes.

Un an avant cette partie, Degraeve et Lautier se sont affrontés lors du National 2 d'Epinal. Joël gagne mais Degraeve malgré cette défaite termine deuxième avec 7,5, à un demi-point du gagnant Koch, et loin devant Lautier 8* avec 5 points.

Quelques mois après la partie de Rouen, en avril 1988, tous les meilleurs juniors se retrouvent à Lyon pour le Masters junior. Une nouvelle fois, les résultats sont différents: 18r Koch, 2e Degraeve, 3e Lautier, 4e Apicella. Ces quatre juniors sont d'un niveau très proche.

Avec le recul du temps, on se demande si la carrière de Joël aurait été la même s'il avait perdu cette partie contre Jean-Marc. Tout d'abord, il ne serait pas allé à Adélaïde, il n'aurait pas été champion du monde junior, il n'aurait peut-être pas trouvé de sponsor... Une partie jouée à neuf heures du matin, à Rouen, dans un hangar frigorifié, décide de toute une carrière, de toute une vie et même du développement des Echecs en France.

En gagnant cette partie, Joël termine à la 3e place du National, ce qui est à quatorze ans un véritable exploit. Il marque 8,5 points sur 13. Il perd ses trois confrontations contre les maîtres internationaux Haïk, Andruet et L.

Roos, mais il bat celui qui deviendra champion de France, Christophe Bernard.

Cette victoire est son meilleur résultat et elle montre que la norme de MI n'est pas loin. Ici, il ne la rate que d'un point.

Degraeve opte pour une sous-variante peu analysée. Il perd un temps avec 6. Ab5+ et Lautier égalise facilement par 10...é5. Ensuite, une série d'échanges laisse penser que la partie se dirige vers la nulle. Au 25e coup Degraeve commet avec Ab2 une petite imprécision que Joël exploite admirablement avec 25.... 4)f4 et 26.... f5. Par la suite, il ficelle son adversaire qui se retrouve en zugzwang, puis il place son Fou en b6 et lorsqu'il joue 39.... e3 la cause est entendue.

CHAMPIONNAT DE FRANCE préfère sortir rapidement des sen- tiers battus. Il est vrai que beaucoup de joueurs souhaitent éviter la dé- fense Najdorf que Lautier adoptait fréquemment avec succès. A la septième ronde, Jean-Pierre Boudre, lui joue le classique 3. d4

Lors de la troisième ronde, Chely Abravanel préféra 4. Ad3 Ag4 5. h3 Ah5 6. Ae2?! lbç6 7. d3 e5 8. 0-0 Wç7 9. lDbd2 Ae7 10. lDç4 0-0 11.

lDe3 .td8 12 . lIe 11Ie8 13. 't!ia4 1Ib8 14. Ad2 Wd7, la partie assez équili- brée se termina par la nulle.

4 . . . . g6

Certains grands-maîtres préfèrent 4....lDç6 5. d4 çxd4 6. çxd4lDxe4 7.

d5 Wa5+ 8. £hç3 £ixç3 9. bxç3 4)d8 ou 9. ,..^e5 avec une position favo- rable aux Blancs.

Le pion e4 est imprenable àcause de 5. #a4+ et 6. Wxe4.

5. 0-0 Ag7

6. Ab5+

Déplacer le Fou une seconde fois ne présente pas d'intérêt. 6. 2e1

liJd2 donne une partie fermée où les deux adversaires louvoient pour placer le mieux possible leurs piè- d'ouvrir le jeu si rapidement: :8.We2 puis 9. Sd1, ou 9. d3 suivi de l'idée 10. ttJbd2 est peut-être meilleur.

8 . . . . 0-0

9. d4 çxd4

10. çxd4 e5

Les Noirs doivent se battre pour le centre soit par le coup du texte soit avec 10.... d5!? 11. e5 tiJe8 (avec l'idée fiJç7 et 4)e6) ou 11.... 4àe4.

11. dxe5

Cette simplification ne s'impose pas car les Blancs peuvent l'effec- tuer à tout moment, 11. tiJç3 h6 12.

L'affaiblissement de la colonne

«ç» peut être critiquée car pour dé-

velopper son Fou Degraeve permet

Les Noirs ont au moins égalisé mais avouons que l'on se demande com- ment ils peuvent forcer le gain.

14. l b 2 llfd8

15. We2 uaç8

16. Itaç1 &f8

Le Cavalier étant peu actif en d7, Joël le transfère en e6, où il aurades vues sur d4 et f4, via la case f8.

Après 16.... Af8 17. a3 jLxa3 18.

Sa1 Ztxç3 19. Axç3 Wxç3 20. Itxa3 les Blancs restent avec une qualité de plus.

17. a3

Le bon sens veut que le Cavalier f3, qui n'exerce pas un grand pou- voir sur cette case, se recycle en ç4 via d2, mais ce plan (17. lDd2) est 19. bxa4 £>e6 menaçant 20.... £tf4 et llJd3 avec un net avantage.

1 7 . . . . Wb6

18. b4 We6

Joël réactive sa Dame qui est passive en a5 ; en e6 elle menace les deux ailes, elle peut venir aisé- ment en b3 pour effectuer une pres- sion sur l'aile-dame ou en g4 avec l'idée tàh5 et £rt4 pour mener une attaque de mat.

19. tàa4

19. lied 1 préparant l'échange les Tours sur la colonne ..d» et si 19.... l'échange général par 20. g3 mais il est vrai qu'après 20.... b6 le Cava- lier en a4 est mal placé tandis que les Noirs menacent 21.... lWg4 et intéressant) 24. Wç7 (24. Wç3 4)xb2 25.fxb2 Wxf3 gagne) 24.... Wxf3 (24.... 4)e6 gagne aussi) 25. Wxd8 'ti'xf2+ 26. &h1 ltJxe1 gagne. meitteur,car si 24.... gç8 (24.... tàd4 25. &f1 suivi de 26. ltJxd4 et 27. vont survenir après ce coup. Donc que 25. Ae3 2ç3 26. 2a2. Puis les Blancs joueront ensuite t e 2 et t d 2

pour chasser la Tour puis ils cher- cherontàéchangerlesTours.cequi conduira à une finale sensiblement égale.

2 5 . . . . £>f4 26. lid2

2 6 . . . . f5

La seule façon pour prendre l'avantage. Le pion e5 est tabou : 27. Axe5 Axe5 28. ltJxe5 2ç1 + 29.

2d1 Sxd1 mat, la suite est la même sur 27. 4àxe5.

27. g3 fxe4

28. 4)h4

Le pion e5 est toujours imprena- ble :28. Axe5 ltçl + 29.£}e1 4)d3 ou 28. 4)xe5 Axe5 29. gxf4 (29. Axe5 nç1 +) 29.... Axf4 30 .1Id7 Uç7 laisse les Noirs avec un bon pion de plus.

2 8 . . . . llJd3

29. tàxg6 rM7

30. llJh4 We6

La position noire est désormais gagnante car les Blancs sont en zugzwang si le Fou b2 se déplace, il est perdu, la Tour d2 n'a que deux cases (e2 et d2) et le Cavalier h4 est inexistant.

31. tàg2 Af6

Le Fou s'installe en b6 après être passé par d8, de là il pilonne le pion f2.

32. h4 b5

33. We2 Ad8

34. lbe1 lbxe1

35. Wxe1 h5

Quelle précision ! Joël placera le Fou en b6 au prochain coup mais avant il fixe les pions adverses sur les cases noires pour mieux pouvoir les attaquer par la suite.

36. t e 2 Ab6 37. &d1 irf8 38. &e1 lIf3

39. lIe2 e3

40. fxe3 Uxe3

41. Sxe3 Axe3

42. t e 2 Ab6 Les Noirs abandonnent.

Après 43. Wf3 çkf5 44. Aç3 e4+

45. wg2 (45. We2 wg4) 45.... wg4 46. Ad2 Aç7 47. Ae1 e3 laisse les Blancs sans coup : si le Fou bouge les pions ((g» et «h» sont perdus et si 48. Wh2 "éfô gagne.

PARTIE N° 2

Dans le document Joël Lautier joue et gagne (Page 22-26)

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