CHAPITRE 2 : LA GESTION DES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS DANS LES
2.5. La description des composants majeurs du milieu naturel de la réserve naturelle
2.5.2. Le relief actuel
Le relief du site de la réserve naturelle se présente comme un vaste synclinal perché
dominant la vallée du Grésivaudan, du Mont-Granier (1933 m) à la Dent de Crolles (2062
m), ces deux sommets constituant à la fois les extrémités et les deux points culminants de
la réserve (voir la figure 16). Cette vaste dalle calcaire urgonienne massive constitue un
relief de surface karstique comportant de nombreux lapiaz et un réseau souterrain très
développé.
Fig. n
o16: Le versant sud de la réserve naturelle Les Hauts de Chartreuse
(Vue du côté de la Dent de Crolles vers l’intérieur de la réserve, Băltescu O., 2008).
Le paysage à la fois massif et cloisonné peut se décliner en deux grands types
d’unités paysagères : les bordures très pentues, peu accessibles sont dominées par le
manteau forestier et les parois rocheuses qui couronnent les éboulis, et le cœur du massif
constitué de plateaux de faible pente couverts de pinèdes, de pessières, de landes et
d’alpages.
L’élément majeur de la morphologie de la réserve est représenté par les formes
karstiques résultant du travail de dissolution de l’acidité des eaux pluviales et de fonte
nivale sur et dans les calcaires urgoniens particulièrement riches en carbonate de calcium.
Le relief karstique comprend des formes exo karstiques et endo karstiques. Dans
la première catégorie on retrouve les lapiazs et les micro-dolines, et la deuxième est
représentée par le réseau souterrain.
L’Alpe-l’Alpette est la principale unité karstique de la réserve. C’est dans ce val
que l’expression morphologique des différences lithologiques est la plus marquée. Ainsi,
le cœur du synclinal est rempli de « Lumachelle » grossièrement lapiazée, recouverte au
nord contre le Granier, de craie marneuse de Crétacé supérieur. Cette roche est défoncée
par des dolines de soutirage dont certaines sont aménagées en mars pour le bétail. Les
calcaires urgoniens sont extrêmement lapiazés et présentent aussi de nombreuses
micro-dolines. Le Granier présente certainement le modelé karstique le plus typé de toute la
réserve naturelle, car il est constitué exclusivement de calcaires urgoniens.
En ce qui concerne le réseau souterrain, il est très bien développé, favorisé par
l’abondance des précipitations, qui induit un taux d’érosion de l’ordre de 80 à 100
mm/millénaire (Gidon, 2005). Les failles décrochantes individualisent quatre unités
hydrogéologiques possédant chacune un ou plusieurs réseaux karstiques remarquables
(Plan de gestion de la réserve naturelle Les Hauts de Chartreuse, 2006). Ce sont :
- le système souterrain du Granier : ce réseau développe plus de 65 km de
conduits souterrains, sur une surface de seulement 3 km
2entre 1713 et 1933
m d’altitude.
- le système souterrain de l’Alpe : couvre environ 10 km
2, entre 1633 m et
1867 m d’altitude, pour un développement de 82,6 km. C’est l’un des plus
grands de France ; on connaît actuellement 36 entrées.
- le système souterrain du massif de l’Aulp du Seuil couvre une superficie
d’environ 13 km
2, pour un développement total de 35,5 km; au point de vue
hydrologique, l’Aulp du Seuil présente la particularité d’offrir deux
émergences : le Guiers Vif et Mort Rû.
- le système souterrain de la Dent de Crolles a 7 entrées, et l’eau collectée par
tout le réseau forme un ruisseau souterrain qui constitue la source du Guiers
Mort.
Si dans le cas de la réserve naturelle L’épicéa de résonance de Lăpuşna s’impose
un relief volcanique fortement érodé, donnant l’aspect d’un massif montagneux doux et
boisé, dans le cas de la réserve naturelle Les Hauts de Chartreuse les formes
spectaculaires de relief karstique impliquent des exigences en vue d’une gestion durable.
2.5.3. Les particularités climatiques
La réserve naturelle Les Hauts de Chartreuse est située dans les étages
montagnards et subalpins, caractérisés par un climat froid (la température moyenne
annuelle est comprise entre 3 et 10 Cº) et humide (entre 1400 et 3000 mm précipitations
annuelles) (Grandjean, 1995).
Sur le territoire de la réserve naturelle il n’y a aucune station météorologique, les
données traitées proviennent des stations de Saint Pierre de Chartreuse et de Saint Hilaire
du Touvet (sur la période janvier 2000 - décembre 2006), respectivement de l’ouest et
l’est de la réserve naturelle, ainsi les données climatiques présentées sont à titre indicatif.
Les deux stations étudiées présentent une moyenne de températures annuelles et une
moyenne des écarts annuelles des températures extrêmes à peu prés similaires. Cependant
la station de Saint Pierre de Chartreuse présente une amplitude importante entre la
moyenne des températures maximales et la moyenne des températures minimales,
attestant une influence continentale (voir la figure numéro 17).
Les précipitations du massif de Chartreuse sont caractérisées par une influence
océanique atténuée : le relief est soumis aux flux très humides d’ouest et de nord-ouest.
Les précipitations annuelles sur les massifs sont fortes et ne présentent pas de régime
saisonnier marqué. Leur importance fait de la Chartreuse un des massifs les plus arrosés
de la chaîne des Alpes françaises (Grandjean, 1995). Les principales variations de
précipitations sont dûes à des effets orographiques et aux effets de l’altitude.
Fig. n
o17: La dynamique de valeurs moyennes des températures minimales et maximales
pour les stations météorologiques de Saint Hilaire de Touvet et de Saint Pierre de
Chartreuse, pour la période janvier 2000 - décembre 2006.
Saint-Pierre-de-Chartreuse
-15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII
T
em
pérat
ur
e
Température minimale moyenne Température maximale moyenne
Saint-Hilaire-du-Touvet
-15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII
T em pér at ur e
Température minimale moyenne Température maximale moyenne