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CHAPITRE 2 - UNE PREMIERE VOIE DE PASSAGE CONCEPTUELLE : DE LA THEORIE

2. Une relecture de la théorie des coûts de transaction

2.1 Introduction de la section

Nous allons aborder dans cette section la théorie des coûts de transaction. Notre objectif sera d’en faire une relecture à l’aune de la problématique d’externalisation. Ce travail nous a semblé indispensable pour en préciser à la fois les qualités et les limites. Il ne s’agit pas de faire ici une lecture « à plat » de la TCT dans l’optique d’une opérationnalisation quelconque. En revanche, il s’agira d’en identifier les racines et les concepts clés pour nous aider dans la construction de notre voie de passage. La TCT est bâtie à partir d’emprunts conceptuels à des disciplines diverses comme le droit, l’économie ou les théories des organisations. Cette richesse en fait une théorie carrefour originale à laquelle il est difficile d’échapper si l’on s’intéresse aux frontières entre marché et hiérarchie.

Dans un premier temps, nous évoquerons les concepts fondateurs sur lesquels la théorie a été patiemment bâtie au cours des quarante dernières années. Nous aborderons ensuite l’adaptation du cadre conceptuel de la TCT à l’étude du phénomène de l’externalisation. Enfin, nous nous référerons à certaines recherches qui tentent un croisement entre la TCT et un cadre théorique complémentaire, en l’occurrence l’approche par les ressources. L’objectif de ces travaux est de disposer d’un spectre théorique plus large pour cerner au mieux les problématiques d’externalisation.

2.2 Un retour sur les fondements de la théorie des coûts de

transaction

2.2.1 Introduction de la partie

Cette partie est consacrée aux fondements de la théorie des coûts de transaction. Tout d’abord, nous présenterons les principaux emprunts de la théorie et sa place au sein du courant institutionnaliste. Nous évoquerons ensuite la diversité des facteurs influençant les coûts de transaction. Nous poursuivrons avec les différentes formes contractuelles, les questions des limites de la firme avant de revenir plus en détail sur la conception de l’opportunisme par le calcul économique et la confiance. Enfin, nous nous attarderons sur les principes d’adaptation du marché et de la hiérarchie qui sous-tendent la démarche théorique

proposée par Williamson, ainsi que sur les particularités des formes hybrides de gouvernance entre marché et bureaucratie.

2.2.2 Les emprunts disciplinaires de la TCT

La théorie des coûts de transaction peut se concevoir comme une théorie économique des arrangements institutionnels prenant pour fondement la transaction comme unité d’analyse (Commons, 1932). Le cadre proposé s’intègre dans l’école économique néo-institutionnelle qui a pour vocation l’étude de l’ensemble des « institutions du capitalisme » (Williamson, 1985). L’organisation économique y est conçue alors comme un moyen de contrôler les échanges (Quélin, 2002).

Partant du constat de Roberston (1928) sur la présence d’« îlots de pouvoir conscients dans un océan de coopération inconsciente », c'est-à-dire les firmes, la théorie des coûts de transaction se situe dans la lignée des travaux de Coase (1937). L‘existence de la firme est alors justifiée par les coûts d’utilisation des mécanismes de prix sur le marché. Le recours au marché entraîne des coûts. Coase, prix Nobel d’économie en 1991, se démarque des théories économiques essentiellement centrées au cours des années 1930 sur les problématiques monopolistiques. Il s’agit d’analyser la nature des coûts et ce de manière comparative (Williamson, 1991b). La théorie se centre sur les « market failures » donnant naissance à une institution alternative au marché : la hiérarchie. L’incertitude et les difficultés d’accès à l’information génèrent des coûts : les coûts de transaction (Arrow, 1969). Deux formes alternatives au problème de la coordination économique émergent : le marché et la hiérarchie.

Les emprunts disciplinaires de la théorie sont nombreux comme l’atteste le tableau de synthèse suivant (cf. Tableau I). Ces différents emprunts alimenteront notre lecture de la théorie développée dans les parties suivantes. Ceux-ci se situent majoritairement dans le champ du droit, de l’économie et dans celui des organisations. Williamson conçoit la TCT comme une théorie des frontières que ces dernières soient organisationnelles ou disciplinaires. Ces emprunts lui ont permis d’ouvrir les « boîtes noires » du marché et de la firme proposées par les théories économiques orthodoxes.

Cette ouverture a eu pour première conséquence de « découvrir » des coûts de transaction « partout » (Williamson, 2008, p.7). Aucune typologie de coût n’avait été construite pour guider la réflexion. Le projet de la TCT a consisté, au cours des trente dernières années, à opérationnaliser l’intuition première de Coase (1937).

Tableau I - Les influences majeures de la TCT

Champ d'influence Références Influence Lwelynn

(1931) * Le contrat comme cadre à la relation McNeil

(1974, 1978)

* Un continuum de formes contractuelles du contrat classique au contrat relationnel Commons

(1932) * La transaction comme unité d'analyse Coase

(1937)

* La firme justifiée par les coûts d’utilisation des mécanismes de prix sur le marché

Knight (1941) * Le principe d'efficience

Hayek (1945)

* L'adaptation comme problème économique central

* Le marché comme dispositif d'adaptation spontané et autonome

Simon (1957, 1978)

* Rationalité limitée des agents économiques

* L'analyse comparative discrète Davis &

North (1971)

* La distinction et les interactions entre l'environnement institutionnel et les institutions de gouvernance

Théorie des organisations Barnard (1938)

* L'adaptation comme problème économique central

* L'organisation comme dispositif d'adaptation coopérative

Economie Droit

2.2.3 La théorie des coûts de transaction au sein du courant institutionnaliste

La théorie des coûts de transaction s’inscrit dans le champ de l’économie néo-institutionnelle. Celle-ci s’est développée en réaction à l’économie institutionnelle « ancienne » pour laquelle les institutions ont un rôle mais ne sont pas étudiées en détail. Pour Arrow (1987), il ne s’agit pas de donner de nouvelles réponses à des questions traditionnelles comme l’allocation des ressources et leur utilisation, mais de souligner que les institutions peuvent être également analysées par une approche économique. Il est question de se départir des approches traditionnelles pour répondre à des questions inédites liées à l’émergence des institutions économiques à partir de l’histoire économique et de fondements plus microanalytiques (Arrow, 1987).

Le schéma suivant montre comment Williamson insère le projet intellectuel de la TCT au sein du champ de l’économie des institutions (cf. Schéma XXIX). Il identifie trois niveaux

d’analyse interconnectés entre eux avec une échelle de temps allant de l’instantané au millénaire.

Les flèches continues du schéma permettent d’insister sur les contraintes que les niveaux supérieurs infligent aux niveaux inférieurs. Les flèches discontinues soulignent, en retour, les contraintes des niveaux inférieurs sur les niveaux supérieurs. Ces dernières sont en général largement ignorées. L’économie néo-institutionnelle s’est focalisée essentiellement sur les deuxième et troisième niveaux au détriment du premier niveau.

Schéma XXIX - L’économie des institutions

Source : traduit et adapté de Williamson (2008, p.12).

Le premier niveau : l’encastrement social

Le premier niveau est celui de l’encastrement social. La question suivante posée par North, prix Nobel d’économie en 1994, synthétise le projet de recherche associé à ce niveau : « What is about informal constraints that gives them such a pervasive influence upon the

long-run character of economies? » (1991, p.111).

LLLL encastrement socialencastrement socialencastrement socialencastrement social

Institutions informelles,

coutumes, traditions,

normes, religion

LLLL environnement environnement environnement environnement

institutionnel

institutionnelinstitutionnel

institutionnel

Les règles du jeu : les

droits de propriété

La gouvernance

La gouvernance

La gouvernance

La gouvernance

Le jeu : les contrats,

alignement de la

gouvernance avec les

transactions

Niveau d

Niveau d

Niveau d

Niveau d analyseanalyseanalyseanalyse Echelle de Echelle de Echelle de Echelle de tempstempstempstemps Objet de lObjet de l analyseObjet de lObjet de lanalyseanalyseanalyse

Du siècle au

millénaire

De la décennie

au siècle

De l année à la

décennie

Prendre en compte la

dimension non

calculatoire au sein de la

discipline économique :

ordre spontané

Déterminer

l environnement

institutionnel adéquat :

règle économique du

premier ordre

Déterminer la structure de

gouvernance adéquate :

règle économique du

second ordre

Th

Th

Th

Thééééorieorieorieorie

Théorie

sociale

Théorie des

droits de

propriété

Théorie des

coûts de

transaction

LLLL encastrement socialencastrement socialencastrement socialencastrement social

Institutions informelles,

coutumes, traditions,

normes, religion

LLLL environnement environnement environnement environnement

institutionnel

institutionnelinstitutionnel

institutionnel

Les règles du jeu : les

droits de propriété

La gouvernance

La gouvernance

La gouvernance

La gouvernance

Le jeu : les contrats,

alignement de la

gouvernance avec les

transactions

Niveau d

Niveau d

Niveau d

Niveau d analyseanalyseanalyseanalyse Echelle de Echelle de Echelle de Echelle de tempstempstempstemps Objet de lObjet de l analyseObjet de lObjet de lanalyseanalyseanalyse

Du siècle au

millénaire

De la décennie

au siècle

De l année à la

décennie

Prendre en compte la

dimension non

calculatoire au sein de la

discipline économique :

ordre spontané

Déterminer

l environnement

institutionnel adéquat :

règle économique du

premier ordre

Déterminer la structure de

gouvernance adéquate :

règle économique du

second ordre

Th

Th

Th

Thééééorieorieorieorie

Théorie

sociale

Théorie des

droits de

propriété

Théorie des

coûts de

transaction

Pour Williamson, ce niveau est souvent pris comme donné a priori par les économistes. Ce niveau est celui des contraintes informelles engendrant des pratiques spontanées (Williamson, 1998). Le choix économique délibéré fondé sur le calcul y est un facteur marginal. Les normes, les coutumes, les traditions et la religion ont un rôle prépondérant. Les changements y sont lents, de l’ordre du siècle au millénaire. ll permet de se focaliser sur les contraintes informelles « invisibles » pesant à long terme sur les échanges économiques.

Le second niveau : l’environnement institutionnel

Le second niveau est celui de l’environnement institutionnel. Les structures y sont le résultat de politiques déterminant les règles du jeu de l’économie. Les institutions gouvernementales, judiciaires et bureaucratiques en font partie. Ces institutions forgent le droit de propriété. Ce niveau est celui des contraintes formelles (North, 1991). Les règles économiques qualifiées de premier ordre y sont déterminées. Un changement cumulatif et progressif des règles du jeu est difficile à mettre en œuvre. Les crises permettent à l’occasion de remettre en cause les règles établies. Sans cela, la période où se déroule le changement s’étend sur des dizaines d’années, voire des siècles.

A partir des années 1960, ce niveau d’analyse a été le lieu du développement du courant de l’économie des droits de propriété, complété une dizaine d’années plus tard par l’étude des contrats. Les contrats avaient été négligés jusqu’à cette période car le paradigme économique dominant était fondé sur l’idée que tous les contrats étaient garantis parfaitement et sans coût par le fonctionnement de l’état de droit [(Richer (1991, p.7-8) repris par Williamson (1998, p.28)].

Le troisième niveau : les institutions de gouvernance

Le troisième niveau est le lieu des institutions de gouvernance. Il n’est plus question de considérer le système institutionnel comme parfait et sans coût. C’est dans cette brèche que la TCT s’engouffre par la comparaison des coûts de fonctionnement des différents dispositifs institutionnels de gouvernance pour déterminer lequel d’entre eux est le plus économe. Il s’agit dorénavant de jouer avec les règles du jeu édictées au sein du second niveau. Williamson qualifie ce niveau d’économie de second ordre en comparaison de l’économie néo-classique considérée comme une économie de troisième ordre (Williamson, 1998)

fondée sur l’analyse marginale.

La TCT innove sur de nombreux points, notamment quant à la conception de la firme. La TCT n’est plus la simple « boîte noire », rôle auquel la théorie micro-économique néo-classique la cantonne. L’unité d’analyse n’est pas les prix et les quantités mais les coûts de transaction. Il ne s’agit pas pour la TCT d’analyser les principes d’équilibre général ou partiel du marché par l’optimum de Pareto. Il s’agit, en revanche, d’analyser « les frontières » entre marché et firme par une méthode contingente et comparative des structures de gouvernance. Le fait d’utiliser un mode de gouvernance plutôt qu’un autre ne doit pas être un choix a priori mais doit être déterminé au cas par cas, comme le souligne Coase (1937, p.389) dans le passage suivant repris par Williamson (1998, p.9) : « …to bridge what

appears to be a gap in [standard] economic between the assumption (made for some purposes) that ressources are allocated by means of the price mechanism and the assumption (made for some purposes) that this allocation is dependent on the entrepreneur-coordinator. We have to explain the basis on which, in practice, this choice between alternatives is effected ».

Pour Williamson, cette explication du choix d’une structure de gouvernance se fonde sur le principe d’analyse discrète des différentes structures de gouvernance issu des travaux de Simon (1978) portant sur l’analyse comparative des organisations. Le passage suivant y fait référence : « As economics expands beyond its central core of price theory and its central

concern with quantities of commodities and money, we observe in it… a shift from a highly quantitative analysis, in which equilibration at the margin plays a central role, to a much more qualitative institutional analysis, in which discrete structural analysis are compared… Such analyses can often be carried out without elaborate mathematical apparatus or marginal calculation. In general, much cruder and simpler arguments will suffise to demonstrate an inequality between two quantities than are required to show the conditions under which these quantities are equated at the margin » (Simon, 1978, pp.6-7, cité par Williamson, 1991,

p.270).

Le projet consiste à appliquer ce précepte d’analyse comparative discrète sur la base des trois considérations suivantes. La hiérarchie est le prolongement des relations contractuelles de marché par d’autres moyens. En second lieu, le droit des contrats offre un cadre d’analyse pour définir chaque forme de gouvernance générique. Enfin, l’analyse marginale de l’approche néo-classique n’est pas adaptée à l’étude de l’économie de deuxième ordre (cf. Tableau II).

Tableau II - Micro économie et économie des coûts de transaction : une

comparaison

Micro-économie Economie des coûts de transaction Unité d'analyse Prix, quantités Transactions

Objet d'étude Marché

Equilibre partiel

Organisations, structures de gouvernance

Cadre d'analyse Equilibre général Frontière entre marché et firme

Méthode d'analyse

Méthode monolithique Méthode contingente et comparative

Source : d’après Quélin (2002, p.15).

2.2.4 Le concept de coût de transaction et les facteurs l’influençant

Le concept de coût de transaction et sa décomposition

Arrow (1969, p.48) a été le premier à utiliser le concept de coût de transaction. Il le définit comme le coût de fonctionnement du système économique : « market failure is not absolute ;

it is better to consider a broader category, that of transaction costs, which in general impede and in particular cases completely block the formation of markets. It is usually though not always emphasized that transaction costs are costs of running the economic system. An incentive for vertical integration is replacement of the costs of buying and selling on the market by the costs of intrafirm transfers; the existence of vertical integration may suggest that the costs of operating competitive markets are not zero, as is usually assumed in our theoretical analysis ».

Williamson reprend cette notion de coût de transaction pour en préciser le pourtour. Il considère que les coûts du fonctionnement du système économique ne peuvent se réduire à ceux de l’échange marchand. Il les étend aux coûts liés à l’échange organisationnel. Le contrat et les coûts afférents à son établissement sont centraux dans l’analyse qu’il s’agisse des contrats de marché ou de ceux d’origine organisationnelle.

Les coûts se décomposent en fonction du moment de la signature du contrat. Il y a ceux qualifiés d’ex ante ou d’ex post.

font partie les coûts de négociation du contrat, ceux de rédaction du contrat, et ceux de définition, vérification et authentification des garanties.

• Les seconds sont liés aux mécanismes de pilotage de la transaction comme les coûts de mauvaise adaptation du contrat, les coûts de renégociation du contrat et ceux de suivi et de surveillance du contrat. Dans les coûts ex post, il ne faut pas oublier les coûts de rupture du contrat mettant fin à la transaction.

Les coûts de mauvaise adaptation des contrats sont considérés comme fondamentaux quant à la nature comparative de la TCT. Il s’agit de déterminer la structure de gouvernance la plus économe donc la plus adaptée au regard des coûts de gouvernance engendrés. La diversité des formes organisationnelles rencontrées s’explique par cette recherche de la structure de gouvernance minimisant ces coûts. Pour Williamson (1996), repris par Quélin (2002, p.20), la gouvernance a pour objet de traiter, d’identifier, d’expliquer et de résoudre (mitigation) tous les problèmes contractuels.

Les facteurs influençant les coûts de transaction

Les facteurs influençant les coûts de transaction synthétisés dans le schéma suivant (cf. Schéma XXX) peuvent être divisés en trois grandes catégories : ceux liés au comportement humain, ceux associés à la transaction et ceux relatifs au contexte de la transaction.

Schéma XXX - Les facteurs influençant les coûts de transaction

Coûts de transaction Les facteurs associés au

comportement humain

La rationalité limitée

L’opportunisme

Les facteurs associés à la transaction

La spécificité des actifs

L’incertitude interne

La fréquence

Les facteurs associés au contexte de la transaction

L’incertitude environnementale

Le nombre d’acteurs Coûts de transaction

Les facteurs associés au comportement humain

La rationalité limitée

L’opportunisme

Les facteurs associés à la transaction

La spécificité des actifs

L’incertitude interne

La fréquence

Les facteurs associés au contexte de la transaction

L’incertitude environnementale

Le nombre d’acteurs

• Les facteurs associés au comportement humain

Concernant les facteurs humains, deux concepts sont mis en avant par Williamson (1975) : celui de rationalité limitée et celui d’opportunisme.

Le concept de rationalité limitée de Simon (1957) est essentiel. L’ambition est de dépeindre le comportement humain de manière plus réaliste. Cette rationalité se différencie de la rationalité substantive ou parfaite proposée dans nombre de travaux économiques. Il s’agit de prendre en compte la difficulté pour l’homme à trier et à stocker une information par nature incomplète. L’être humain n’atteint pas de solution optimale mais s’arrête dans sa recherche d’information quand il atteint une solution correspondant à ses besoins. La hiérarchie permet alors de faire face à l’incertitude par l’utilisation de procédures routinières et par la division du processus entre

plusieurs agents. Elle permet de fractionner le risque d’erreur et de prendre les actions de correction adéquates.

La notion d’opportunisme est également centrale dans la vision de l’homo œconomicus proposée par Williamson. Un comportement opportuniste consiste à rechercher son intérêt personnel par la ruse et la tricherie. L’opportunisme y a pour fondement des révélations partielles, déformées ou fausses d’informations pour conclure un contrat dans son propre intérêt ou dans celui d’un tiers (Williamson, 1985). C’est l’hypothèse qui est la plus critiquée par les détracteurs de la TCT. Il s’agit pour ceux-ci d’une vision particulièrement sombre du comportement humain. Williamson ne se contente pas de l’hypothèse classique de l’homo œconomicus guidé par son propre intérêt, mais il en propose l’élargissement (Joffre in Koenig, 1999, p.152).

Deux formes d’opportunisme peuvent être distinguées (Coriat & Weinstein, 1995, pp 55-56) : l’opportunisme ex ante et ex post.

L’opportunisme ex ante s’appuie sur la tricherie, lors de la négociation d’un contrat, sur les qualités relatives du produit ou du service faisant l’objet de la transaction. Cet opportunisme rejoint le problème de sélection adverse (Akerlof, 1970).

L’opportunisme ex post ou post contractuel émerge lors de la phase d’exécution du contrat. Il se fonde sur l’incomplétude du contrat signé entre les parties. Il y a possibilité de tricherie du fait des difficultés pour surveiller et pour faire respecter la mise en œuvre effective des clauses contractuelles. Cet opportunisme est à associer au risque moral « moral hazard » mettant en avant l’impossibilité ou le coût prohibitif pour l’une des parties de s’assurer du respect des engagements par l’autre.

• Les facteurs associés directement à la transaction

Concernant les facteurs d’influence des coûts de transaction associés directement à la

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