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Les résultats obtenus montrent tout d’abord qu’il y a une relation significative et positive entre les scores de TRA de type inhibé et désinhibé et le score de TC lorsque les enfants ont en moyenne 9 ans (T1). Le fait de contrôler pour le score de l’autre type de TRA a pour effet d’augmenter la corrélation, ce qui se veut un résultat inédit, à notre connaissance. Les résultats des analyses de régression, au T1, montrent par ailleurs que la variance du score de TC est expliquée à contribution à peu près équivalente, de façon significative et indépendante, par les scores de TRA de type inhibé et désinhibé et par la présence du TDAH.

Les résultats sont relativement identiques lorsque les enfants ont 11 ans (T2) : la relation est significative et positive entre les scores de TRA de type inhibé et désinhibé et le score de TC. Cette relation demeure également significative et devient plus forte lorsqu’on contrôle pour l’autre type de TRA. Au T2, les analyses de régression montrent, tout comme au T1, une contribution unique et indépendante des scores de TRA de type inhibé et désinhibé dans l’explication du score de TC. Tout comme au T1, les scores de TRA de type inhibé et de type désinhibé, ainsi que la présence du TDAH sont des prédicteurs significatifs au T2. Le score de TRA de type inhibé est toutefois le prédicteur qui explique le plus de variance.

Les cinq études recensées ayant examiné les relations entre le TRA ou ses symptômes (de type inhibé et désinhibé) et l’ensemble des symptômes associés au TC ont également montré un lien significatif entre ces variables (Kay et al., 2016 ; Lehmann et al., 2016 ; Millward et al., 2006 ; Minnis et al., 2002 ; Vervoort et al., 2013). Nos résultats convergent donc avec ceux des études s’étant intéressées spécifiquement au TC. L’étude de Vervoort et al. (2013) montrent néanmoins des conclusions opposées en faisant état de résultats significatifs et non-significatifs qui semblent être fonction de l’instrument de mesure utilisé ou du répondant. L’utilisation

de scores combinés multi-répondants dans les analyses, telle qu’effectuée dans la présente étude, permettrait possiblement d’obtenir un meilleur portrait de l’ensemble des symptômes de TRA et de TC de l’enfant.

Les études antérieures ayant examiné la relation entre les symptômes du TRA et les PCE montrent des résultats beaucoup plus contradictoires. Parmi les études ayant traité de ces relations, deux études sur quatre ont trouvé au moins un lien significatif entre les PCE et les symptômes associés au type inhibé (Overbeek et al., 2014 ; Scheper et al., 2016) et sept études sur huit ont trouvé au moins un lien significatif entre les PCE et les symptômes associés au type désinhibé (Gleason et al., 2011 ; Jonkman et al., 2014 ; Kay et al., 2016 ; McGoron et al., 2012 ; O’Connor et al., 1999 ; O’Connor et Rutter, 2000 ; Scheper et al., 2016). Ceci étant dit, sur l’ensemble des résultats examinant les relations entre les PCE et le TRA de type inhibé ou désinhibé, la moitié sont significatifs et l’autre moitié ne le sont pas, suggérant donc la présence de résultats divergents à l’intérieure d’une même étude. Les PCE reflètent une catégorie large de difficultés comportementales, pouvant inclure des manifestations d’impulsivité, d’agressivité, d’inattention et d’opposition, influençant le dysfonctionnement de l’enfant à différents degrés (Kazdin, 2005). Cet éventail de manifestations peut induire des divergences entre les résultats, notamment parce que certaines de ces manifestations sont liées au TC et d’autre moins ou pas. En ce sens, le TRA pourrait être davantage lié au TC qu’à d’autres PCE, ce qui pourrait expliquer que des liens significatifs soient plus difficiles à examiner à des niveaux non-cliniques de TRA ou de TC.

La présente étude démontre par ailleurs que les enfants d’environ 9 et 11 ans présentant un score élevé de TRA de l’un des types présentent un score significativement moins élevé de l’autre type. Les scores de TRA des deux types sont donc négativement corrélés entre eux. Plusieurs études montrent que les deux types de TRA sont deux syndromes cliniquement cohésifs qui sont distincts l’un de l’autre (Gleason et al., 2011 ; Smyke et al., 2002 ; Zeanah et Gleason, 2015). C’est d’ailleurs

ce qui a motivé le passage d’une perspective où l’on parle de deux types de TRA dans le DSM-IV à l’établissement de deux troubles distincts dans le DSM-V (APA, 2013 ; Gleason et al., 2011). Les résultats de la présente étude semblent donc suggérer que les modifications apportées dans le DSM-V étaient indiquées. Deux études antérieures suggèrent pourtant que le type inhibé et le type désinhibé peuvent se présenter conjointement chez un même enfant, mais les conclusions demeurent difficiles à établir (Elovainio et al., 2015 ; Jonkman et al., 2014). À tout le moins, le contrôle de l’autre type de TRA dans les analyses a permis d’augmenter la force de l’association entre l’autre type de TRA et le TC, rendant ainsi le type de TRA « plus pur ».

Plusieurs études ont fait l’hypothèse que les symptômes associés au type inhibé seraient davantage associés aux problèmes de comportements intériorisés et que les symptômes associés au type désinhibé seraient plutôt associés aux PCE (Elovainio et al., 2015 ; Gleason et al., 2011 ; Jonkman et al., 2014 ; Scheper et al., 2016 ; Vervoort et al., 2013). Bien que la présente étude ne porte pas sur les problèmes de comportements intériorisés, elle nous permet de constater que les deux types de TRA sont significativement et modérément associés avec l’ensemble des symptômes associés au TC. L’ensemble des symptômes associés au type inhibé du TRA est d’ailleurs plus fortement corrélé avec l’ensemble des symptômes associés au TC que l’ensemble des symptômes associés au type désinhibé du TRA, et ce, au T1 et au T2. Seules deux études, sur les cinq ayant des données pour l’ensemble des symptômes associés au TC, ont des données pour les deux types de TRA (Lehmann et al., 2016 ; Vervoort et al., 2013). Ces études montrent au moins un lien significatif entre l’ensemble des symptômes associés au TC et l’ensemble des symptômes associés aux types inhibé et désinhibé du TRA. Ceci étant dit, l’étude de Vervoort et al. (2013), tel que mentionné précédemment, présente également des liens non-significatifs entre ces variables. Les résultats de l’étude de Lehmann et al. (2016) peuvent être mis en relation avec ceux de la présente étude : l’âge de la population est semblable à celle de l’étude, soit une moyenne de 8 ans (étendue de 6 à 10 ans).

2.! DIRECTION DES EFFETS ENTRE LES SCORES DE TRA DE TYPE INHIBÉ

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