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Ce travail de thèse s'est enrichi de différents modèles d'études pour comprendre les relations entre histoire de vie et connectivité des habitats écologiques essentiels (HEE). Les espèces d'Ammoditydae ont servi d'exemple d'espèce à faible dispersion et très dépendantes des habitats côtiers sableux mais présentant des différences d'utilisation des habitats entre les espèces (i.e. variabilité interspécifique). A l’opposé, le bar européen a montré un fort potentiel de dispersion larvaire puis différentes modalités d'utilisations des habitats de nourricerie par les juvéniles, reflétant également une variabilité intraspécifique des histoires de vie à ces différents stades.

Les capacités de dispersion mesurées chez les Ammodytidés à travers les profils microchimiques de l'otolithe ont montré différentes utilisations d'HEE. A. tobianus et G.

semisquamatus utilisent probablement le même habitat ou ayant les mêmes caractéristiques

lors de leur cycle de vie et ont de faibles capacités de dispersion. Ces traceurs semblent indiquer l'utilisation d'HEE non disjoints spatialement correspondant à une connectivité entre HEE réduite spatialement de l'ordre du kilomètre (Figure 5). Chez les deux espèces du genre

Hyperoplus les capacités de dispersion sont plus importantes au vu des profils

microchimiques, de la présence uniquement de certaines classes d'âge et de leurs capacités natatoires importantes révélées par les traits fonctionnels impliqués dans la locomotion. Ces caractéristiques leur permettent d'utiliser probablement des HEE distincts à une échelle un peu plus grande (Figure 5). Cependant les durées de vie larvaire n'ont pas été mesurées chez ces 4 espèces et pourraient peut-être s'avérer différentes et rendre compte d'un processus de dispersion et en conséquence des colonisations différentes.

Figure 5 : Relations théoriques entre les capacités de dispersion mesurées chez les différents

genres, la connectivité et la distance théorique entre les HEE et leur impact sur le brassage entre les populations. Les brassages entre les populations augmentent la résilience des populations face à des changements environnementaux ou pressions extérieures.

Pour le bar européen, nous avons mis en évidence que les capacités de dispersion sont plus importantes. Les larves effectuent depuis les zones de ponte une migration moyenne d'environ 3 mois, mais avec des durées pouvant être variables au sein des sites, avant d'être recrutées dans les habitats de nourricerie. Ces résultats concordent avec la bibliographie (Reynolds et al., 2003, Parlier, 2006). Les capacités de mouvement des juvéniles sont probablement plus importantes que celles des lançons au vu de la variabilité des profils microchimiques au niveau de la phase juvénile. Ces deux premiers stades de vie permettent déjà à l'espèce de parcourir de grandes distances et d'utiliser des habitats très distants spatialement (Figure 5). Mais ses capacités de dispersion sont encore plus importantes pour les adultes. En effet les déplacements vers les zones de reproduction en hiver peuvent s'étendre sur une centaine de kilomètres et les mouvements dans les zones côtières en période estivale ont été mesurés sur une vingtaine de kilomètres (Pawson et al., 2007, 2008). Les échanges entre les HEE à l'échelle régionale, voire à l'échelle de la Manche, induisent un brassage génétique des

Br assag e d e s p op u la tions (r é sili e n ce ) Connectivité et

Distance entre les HEE

Fort Faible 100 km 1 km (log) 10 km Migrateur Résident

populations important puisque aucune différenciation génétique n'a été réellement démontrée pour le moment à cette échelle géographique (Bonhomme et al., 2002, Fritsch et al., 2007).

A l’opposé, les faibles capacités de dispersion des Ammodytidés tendent en faveur d'une structure en métapopulations à des échelles spatiales plutôt locales (Figure 5). Une analyse via des marqueurs génétiques pour étudier la structure et le brassage génétique au sein des espèces de lançon sera engagée dans les trois prochaines années et est une perspective intéressante de poursuite des travaux présentés ici. En effet, le brassage génétique et la variabilité des histoires de vie permettent aux espèces d'augmenter leur capacité de résilience (Figure 5) (Secor, 2007, Kerr et al., 2010). Ces petites métapopulations seraient sans doute plus vulnérables que le bar européen, face aux changements environnementaux et aux pressions extérieures comme la détérioration de leurs habitats sableux.

A

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