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Relations entre les activités humaines et les milieux naturels

PARTIE IV – DESCRITIFS DES ACTIVITES HUMAINES

D. Activités en marais salants

7. Relations entre les activités humaines et les milieux naturels

Les marais littoraux sont largement connus dans la littérature scientifique pour leur productivité et leur contribution à l’édifice trophique du littoral (jeunes stades et phases larvaires de nombreux invertébrés marins (crustacés, les mollusques, vers…) et autres espèces adaptées (anguilles,…). Ils fournissent également une forte production phyto-planctonique qui alimente les milieux marins côtiers et contribue à la production conchylicole des Traicts.

Sur le plan des vertébrés, les marais salants sont le domaine de prédilection d’une avifaune abondante, tant en période de nidification qu’en période migratoire et hivernale.

La grande richesse des marais salants tient à la diversité des conditions de niveaux d’eau et de salinité, liées notamment aux pratiques salicoles.

Elle tient aussi à l’évolution spontanée, et plus ou moins avancée, des friches. Cette évolution est très souvent la conséquence des modifications du régime et de la nature des eaux, et se traduit par une évolution (partielle ou totale) du peuplement végétal et animal dans les unités concernées. Dans la mesure où elle est géographiquement limitée et maîtrisée, cette évolution spontanée est donc un facteur d’accroissement de la diversité biologique des marais, à l’échelle des bassins de Guérande et du Mès.

En période de reproduction, la présence de nombreuses espèces végétales et animales dépend de la satisfaction de toutes ces exigences écologiques particulières.

7.2 Milieux naturels et saliculture

L’activité salicole est à l’origine de la plupart des milieux lagunaires. Elle nécessite une gestion dynamique des marais et une alimentation en eau salée des bassins, indispensable au maintien de l’habitat lagunaire, habitat communautaire d’intérêt prioritaire.

En terme de biodiversité, l’activité salicole est particulièrement intéressante car elle repose en effet sur une succession de bassins aux fonctions complémentaires : décantation, concentration et cristallisation, où l’habitat peut se développer sous des faciès variés du fait de modalités de gestion de l’eau et de niveaux de salinité variables. Seul le mode de gestion propre aux œillets entraîne, localement, un appauvrissement biologique.

D’une manière générale, les pratiques traditionnelles de la saliculture constituent donc un atout majeur pour la préservation de l’habitat lagunaire sous ses différents faciès. Le soutien à la remise en activité de salines abandonnées contribuera donc à l’entretien des milieux lagunaires et à leur biodiversité.

Il est également souhaitable de soutenir certaines modalités de gestions relatives aux niveaux et modalités d’entretien de certaines composantes du marais (talus, réseau hydraulique,…), à la gestion de l’eau en période hivernale, aux structures internes de certaines pièces d’eau de marais (aménagements d’îlots favorables aux végétations halophiles et à la nidification de limicoles).

7.3 Milieux naturels et conchyliculture

L’activité conchylicole en claire nécessite une gestion dynamique des marais, un réseau hydraulique salé fonctionnel et une bonne alimentation en eau salée des bassins, indispensables au maintien de l’habitat lagunaire. Son développement à l’intérieur du marais contribue à l’entretien du réseau hydraulique. Les activités aquacoles extensives participent également à cet entretien.

Contrairement à la création de bassin de stockage, qui consisterait en une destruction nette d’habitat lagunaire (« bassins en dur »), l’utilisation en claire conchylicole ne modifie pas structurellement le milieu.

En terme de biodiversité, l’activité d’affinage présente cependant certains facteurs limitants : gestion homogène des bassins, maintien de niveaux d’eau relativement élevés, assecs parfois longs ou brutaux…

A l’avenir, les mesures contractuelles7 proposées aux professionnels pour soutenir la « réhabilitation des marais » ou « la gestion raisonnée des claires ostréicoles » devraient comprendre des orientations favorables à la biodiversité. L’évaluation environnementale à prévoir dans ces contrats permettra de mieux préciser l’évolution de l’habitat lagunaire et des habitats associés dans les claires de marais, voire de proposer, aux professionnels volontaires des préconisations de gestion plus favorables à la richesse biologique des milieux.

7.4 Perspectives de gestion

La menace réelle consiste en la fragmentation des habitats de marais. Ces espaces font l’objet d’aménagements traditionnels liés aux propriétés spécifiques de ce milieu : la production de sel, l’élevage en claires… Si certaines de ces activités sont anciennes ou en

7 Ces mesures contractuelles prendraient la forme de CAD ou de MAE

renouvellement, les menaces potentielles des habitats de marais sont liées à une déprise des activités, avec abandon progressif des pratiques qui autorisaient le bon renouvellement des eaux salées.

L’usage raisonnable de l’habitat lagunaire est donc d’utiliser rationnellement ses spécificités : production de sel, de plantes halophiles et d’animaux marins en semi-extensif ou extensif. Le maintien et le développement de cette triple vocation naturelle suppose l’entretien des voies de pénétration de l’eau salée et une qualité satisfaisante des eaux douces qui y transitent.

Compte-tenu des informations apportées par l’inventaire biologique8, il apparaît que la grande majorité des friches devra être gérée en eau salée (afin de faciliter un retour à la saliculture), mais que d’autres devront l’être en eau douce ou légèrement saumâtre.

Ces espaces, gérées en eau douce ou saumâtre, seront à définir avec les représentants professionnels, gestionnaires et utilisateurs du marais. Certains espaces de marais, utilisés à des fins cynégétiques ou pédagogiques, constituent un intérêt ornithologique pour les spécialistes. Ces nouvelles vocations nécessitent également de mettre en œuvre des modes de gestion appropriés.

Différents critères seront à prendre en compte pour l’aide à la décision sur ces secteurs : - intérêt écologique des friches,

- intérêt salicole pour la profession (importance des travaux à réaliser pour une réexploitation, productivité de la saline , candidats immédiats à une reprise, autres gestionnaires candidats),

- développement de plantes envahissantes,…

Ces préconisations de gestion devront demeurer adaptables aux réalités socio-économiques de la profession paludière.

Traditionnellement, la saliculture traverse des périodes de déprise et de reconquête salicole, la répartition des salines exploitées et abandonnées évolue également spatialement. La préservation de la biodiversité passe par le maintien – voire la diversification – des habitats naturels des marais de la Presqu’île Guérandaise en tenant compte des critères spatiaux et temporels qu’induit la saliculture. A ces « critères dynamiques » devront donc répondre des « préconisations de gestion dynamiques ».

Il convient par ailleurs de se souvenir que le mode de gestion et la qualité de la gestion pratiquée par les acteurs locaux et les utilisateurs du marais conditionnent le maintien ou la disparition de l’intérêt biologique, identifié dans les différentes unités foncières concernées.

Carte n° 20