• Aucun résultat trouvé

Section 2 – Les éléments explicatifs de la démarche entrepreneuriale durable

2.2. La recherche de relations entre les variables

2.2.1. La relation Connaissances / Idée

Nous avons constaté l’existence d’une relation entre l’Idée de création d’une entreprise durable

et les connaissances de l’entrepreneur durable. En effet, les références relatives à l’idée sont

largement présentes dans les nœuds correspondant aux connaissances. L’entrepreneur durable

puise dans ses connaissances pour construire son idée. L’entrepreneur durable construit son

idée à l’aide de ses connaissances relatives à :

Chapitre 5- Le traitement et l’analyse des données collectées

184

- Son réseau ;

- Ses propres recherches ;

- Le marché dans lequel il compte évoluer ;

- Ses compétences (scolarité, expériences personnelle et professionnelle) ;

- Les dispositifs d’accompagnement ;

- Ses parties prenantes (éventuels fournisseurs, organismes financiers, …).

Cependant, il convient de définir la nature de la relation entre l’idée et les connaissances. Pour

cela, nous avons analysé le discours encodé dans ce « Nœud Relation Idée / Connaissances » et

nous avons conclu qu’à plusieurs reprises, ce sont les connaissances qui génèrent l’idée. En

effet, la scolarité et l’expérience personnelle des entrepreneurs sont les variables les plus

récurrentes dans la construction de l’idée. Le tableau suivant résume les types de connaissances

contribuant à la construction de l’idée chez nos entrepreneurs durables.

Cas

La scolarité BA : est un docteur en chimie qui a travaillé dans le cadre de sa thèse sur les molécules tensioactives provenant des résidus de l’agriculture céréalière. Et ce, au sein d’un programme de recherche européen.

VGT : est titulaire d’un BAC Pro Restauration, « La restauration c’est tout ce que je sais faire dans la vie… j’ai un BAC Pro en cuisine et restauration. Donc je me suis dit, qu’est-ce que je fais ? je me lance, je vais créer mon restaurant, je vais crier ce que je veux faire… »

L’expérience personnelle

N&S : est une coiffeuse qui doit son idée de faire de la coiffure végétale à ses problèmes de santé et à son expérience personnelle dans le domaine de l’homéopathie, l’aromathérapie et la phytothérapie.

SA : dirige une boutique de commerce divers, elle a trouvé son idée dans ses propres habitudes de consommation. Elle voulait partager les produits qu’elle utilisait au quotidien avec un public plus agrandi. « Et puis à un moment je me suis dit, les produits que je consomme aujourd’hui ne se trouvent pas sur Reims, c’est peut-être l’occasion de les proposer ».

SBS : tiennent une boutique de produits d’entretien écologiques, ils ont été très jeunes impliqués par cette activité car leur papa était droguiste et fabriquait lui-même ses produits. « Je faisais le vendredi soir le marché bio avec mon père…après les gens nous demandaient où est-ce qu’on pouvait trouver ces produits…on s’est dit c’est quand même dommage, … on devrait essayer de créer quelque chose qui nous plait… »

L’expérience professionnelle

BA : après son doctorat, il a eu un poste d’ingénieur de recherche, puis de directeur des recherches au sein d’un laboratoire qui développait ces molécules. « … et donc là, j’ai bien vu que ça marchait, qu’il y avait une possibilité, il y avait beaucoup d’intérêt pour ces molécules-là. Et c’est à ce moment que j’ai décidé de les proposer ».

Chapitre 5- Le traitement et l’analyse des données collectées

185 CN : est coiffeuse végétale. A l’issu de sa formation en coiffure, elle a travaillé dans divers endroits puis elle a repris son cœur de métier, la coiffure. « En faisant d’autres petits contrats, je me suis rendu compte que c’était la coiffure que j’aimais bien mais pas de la manière dont elle était travaillée…je me suis laissé un an de battement pour faire autres choses, et c’est là où j’y suis revenu mais à ma façon »

VGT : a commencé sa carrière professionnelle en tant que salarié de la restauration. Il a travaillé dans un restaurant étoilé à Reims.

Le réseau LGBS : était dessinateur indépendant de maisons traditionnelles, puis une rencontre avec celui qui était devenu son associé a fait qu’il se convertisse à la maison en bois. « L’idée est venue à deux. J’étais avec mon associé…il avait un atelier de conception en menuiserie. Tous les deux on se cherchait à un moment donné ».

Tableau 20 - Les connaissances impactant l’idée de création

Nous constatons que l’expérience joue un rôle considérable dans la construction de l’idée chez

nos entrepreneurs durables. Qu’elle soit professionnelle (poste occupé auparavant) ou

personnelle (milieu familiale, la santé, …), positive ou négative. Ajouté à cela, la scolarité

apparait comme un facteur favorable dans la construction de l’idée. Cependant, elle ne joue pas

un rôle dans l’orientation de l’entrepreneur vers la durabilité. Dans beaucoup de nos cas,

l’entreprise crée est dans la continuité logique du parcours scolaire de l’entrepreneur, mais elle

ne fait pas forcément de lui un entrepreneur durable.

Nous pouvons attester, au final qu’il existe une relation entre les connaissances et l’idée.

Autrement dit, les connaissances de l’entrepreneur génèrent l’idée de création d’une entreprise

durable.

Par ailleurs, nous avons constaté qu’il y a eu des connaissances qui ont été générées suite à la

création de l’entreprise. En effet, afin de profiter des dispositifs d’aide à la création d’entreprise,

nos entrepreneurs durables ont suivi une formation à la gestion de l’entreprise en collaboration

avec la Chambre de Commerce et d’Industrie et la Chambre des Métiers. Ce qui fait que nos

entrepreneurs durables vont acquérir de nouvelles connaissances en gestion d’entreprise suite à

la création de leur propre entreprise. Ce qui laisse apparaitre une éventuelle relation inverse

entre l’idée et les connaissances. Aussi, la particularité de l’idée de nos entrepreneurs durables

les incite à aller pousser leurs recherches dans différents domaines touchant particulièrement

aux normes de développement durable sur ses trois volets. En effet le nœud « Recherches et

Chapitre 5- Le traitement et l’analyse des données collectées

186

documentation » est encodé de 23 références. Celles-ci émergent le plus souvent suite à la

création de l’entreprise (donc suite à l’idée).

L’entrepreneur durable est toujours à la recherche de la dernière technologie respectant

l’environnement, du dernier produit le plus responsable, de la dernière méthode de

commercialisation la plus fiable et la plus propre. Ceci montre alors l’existence d’une relation

inverse entre les connaissances et l’idée.

Ce qui nous laisse confirmer que les connaissances génèrent l’idée et l’idée nourrit les

connaissances de l’entrepreneur durable. Cette relation n’est pas établie seulement au moment

de la création de l’entreprise durable mais tout au long du processus.