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Regard de professionnels : une professionnalisation nécessaire ?

Il est important de dissocier deux types de professionnels. Les professionnels de premier niveau : ceux qui accompagnent les jeunes au quotidien dans leur démarche, et ceux de second niveau : les professionnels de santé et/ou du social. Ces derniers constituent, selon les projets, les interlocuteurs des jeunes dans des domaines aussi variés que la sexualité, les addictions, le mal-être, ou encore la violence, pour ne citer que quelques exemples. Ils offrent aux jeunes un levier dans l’acquisition des connaissances et de vérification des informations, mais également dans l’appréhension des outils d’intervention pédagogique pouvant être utilisés.

Si le fait d’être jeune apparaît comme un atout majeur pour la prévention…

« Je pense qu’au niveau de la communication, cela passe mieux, le vocabulaire, il n’y a pas de rapport d’autorité aux adultes, il y a une espèce de pied d’égalité. Les jeunes n’ont pas l’impression d’être jugés. Il y a aussi le renvoi d’une image positive, le pair qui peut les aider à s’identifier. » (Professionnel de santé, centre médico-psychologique, Beaune.)

…la façon dont les informations peuvent être retransmises par les jeunes interpelle beau- coup plus, notamment dans le cadre des rencontres entre les jeunes. C’est ce que souligne une autre professionnelle de santé :

3. Nous sommes ici dans le cas de figure où les actions proposées sont ouvertes à tous les jeunes, sans que cette participation ait un caractère obligatoire.

PROFESSIONNALISER LES PAIRS-ÉDUCATEURS EST-IL NÉCESSAIRE ?

« Que peuvent dire les jeunes, s’ils ont une question auxquelles ils ne peuvent pas répondre, ou qui engagent la vie de l’individu ? »

Il apparaît donc essentiel de donner aux jeunes, par le biais de formations, des bases solides de connaissances dans les différentes thématiques qu’ils auront choisi d’évoquer. Pour autant, et ce contrairement aux pays anglo-saxons, les professionnels rencontrés in- sistent beaucoup plus sur la véracité de l’information santé transmise que sur la question des techniques d’animation, de la gestion des émotions qui constituent un point essentiel dans la rencontre entre jeunes. Cet aspect avait été évoqué par Vanessa Perriolat, ani- matrice de prévention à la Mutualité française PACA qui avait mis en œuvre des projets de peer-education : « Une formation plus orientée vers les compétences psychosociales, l’écoute, la communication et les techniques d’animation pour permettre la mise en place d’interventions plus efficaces, faciliter la communication entre les jeunes et éviter de les mettre en difficulté. » Cette remarque permet ainsi d’élargir les axes de formation des jeunes et de dépasser une formation visant avant tout l’acquisition de connaissances sur la santé.

Dans le cadre du relais-santé de la mission locale de Beaune, le groupe de jeunes femmes volontaires a organisé et animé le groupe de pilotage devant environ une centaine de personnes (élus, institutionnels, professionnels, jeunes, association de prévention). Nous retranscrivons ici le ressenti de la responsable « partenariat » du centre d’examen de santé de Dijon, qui résume bien les effets indirects des programmes d’éducation par les pairs.

« Elles ont toutes pris la parole, ce qui pour certaines n’était pas évident, c’était fort. D’autant qu’on est très mal préparé pour ce genre de technique, ce n’est pas dans l’apprentissage scolaire. Cela peut être pesant pour certains, et c’est vrai que c’était sympa de les voir toutes à la tribune, comme scellées ensemble, avec le président en bout de table… Elles faisaient front… On voit tout le cheminement depuis que je les ai reçues la première fois. Et dans cette présentation, elles font face à des professionnels, des officiels, des gens qu’elles connaissaient pour l’importance de leur projet. Donc, ça n’était pas forcément évident. On voit la confiance acquise, ce ne sont déjà plus les mêmes personnes. C’était vraiment l’illustration de tout le chemin qui était matérialisé par leur présence et leur Powerpoint qui était vraiment pro. Clairement, cela aurait pu être vendable pour un jury de recrutement en entreprise. C’est très valorisant pour elles. » (Responsable « partenariat » du centre d’examen de santé de Dijon.)

Comme nous le voyons au travers de ces extraits d’entretien, la question de la profession- nalisation des jeunes-pairs est posée avant tout en termes d’articulation entre les connais- sances données par les professionnels et leur « retransmission » en langage « jeune ». Pour autant, ces professionnels reconnaissent-ils ces pairs, comme des jeunes ou bien comme

des professionnels ? Dans ce cadre, le relais-santé jeune de Beaune est considéré par les

professionnels comme un « dispositif complémentaire » renforçant ce qui existe déjà sur le territoire.

« Le relais-santé c’est pour moi, véritablement un lieu ressource, c’est l’incarnation par la présence de jeunes que la mission locale peut englober toutes les problématiques du jeune et qu’elle consi- dère vraiment le jeune comme une ressource. Cela donne un côté positif, pas psychologique. C’est un sas d’information, que je considère comme un partenaire. » (Professionnel santé-social.)

S’il existe une nécessité de renforcer les compétences des jeunes, cet aspect n’occulte pas, chez les professionnels, le fait que la « mise à disposition de jeunes » est un atout important pour consolider la cohérence de leur intervention.

Couverture de l’agenda santé réalisé par les jeunes relais-santé de 2012, mission locale de Beaune

L’éducation par les pairs :