• Aucun résultat trouvé

Reconstruction de d´eformations ou contraintes r´esiduelles

Dans le document PROBL`EMES INVERSES (Page 92-100)

Certains processus de fabrication (moulage, forgeage, coupe, soudure) impliquent des transformations thermo-m´ecaniques et m´etallurgiques complexes. Celles-ci induisent des contraintes r´esiduelles dans les pi`eces en service. La d´etermination des contraintes r´esi-duelles est un probl`eme pratique important et difficile, qui se pr´esente parfois comme un probl`eme inverse.

Un exemple d’approche non destructive. Gao et Mura [7] se sont int´eress´es `a la situation suivante : un corps Ω, libre de sollicitations ext´erieures

σ.n=0 sur∂Ω

comprend un sous-domaine D⊂Ω si`ege de d´eformations plastiques εp r´esiduelles, r´esul-tant par exemple du processus de fabrication. Il est alors possible d’´etablir une ´equation

Fig. 4.10:Reconstruction d’un conductivit´e (d’apr`es Kohn et McKenney) : (a) conduc-tivit´e r´eelle, (b) reconstruction sans bruit, (c) reconstruction3% bruit (11 it´erations), (d) reconstruction3%bruit (50 it´erations).

4.5. Reconstruction de d´eformations ou contraintes r´esiduelles 93 int´egrale reliant le d´eplacement u(x) (x ∈ ∂Ω) sur la fronti`ere externe `a la distribution de d´eformation plastique :

1

2uk(x) + (VP) Z

∂Ω

Σkij(x,y)nj(y)ui(x) dSy = Z

D

Σkij(x,y)εPij(y) dVy (4.49) la notation Σkij(x,y) d´esignant la composante (i, j) du tenseur de contrainte au point y cr´e´e par l’application d’une force ponctuelle unitaire de direction k au point x (solution fondamentale de l’´elasticit´e). Ce tenseur est singulier comme|y−x|au voisinage dex, et l’int´egrale du premier membre ne converge qu’au sens des valeurs principales de Cauchy.

Pour une r´epartition donn´ee deεp, l’´equation (4.49) permet par des m´ethodes d’´el´ements de fronti`ere [3] le calcul de u sur ∂Ω. Ce probl`eme direct est bien pos´e, car l’´equation int´egrale est (pour l’inconnue u) du type Fredholm de seconde esp`ece, qui a une solution u unique et stable [11].

R´eciproquement, supposant mesur´es les d´eplacements en surface induits par l’appari-tion de la d´eformal’appari-tion inconnueεp, on peut envisager d’utiliser l’´equation int´egrale (4.49) pour le calcul de εp; cela d´efinit un probl`eme inverse. Cette fois, l’´equation int´egrale (d’inconnue εp), de la forme

Z

D

Σkij(x,y)εPij(y) dVy =Fk(x) (x∈∂Ω) (4.50) est du type Fredholm de premi`ere esp`ece, et le probl`eme inverse est donc mal pos´e (grande sensibilit´e aux erreurs sur u). De plus, toute d´eformationδε (a) compatible (b) nulle en-dehors de D(c) induisant un d´eplacement nul sur∂D cr´ee un d´eplacement nul en-dehors de D, de sorte que εp +δε v´erifie aussi (4.49). On est donc en pr´esence d’un probl`eme inverse

• dont la solution exacte (pour des donn´ees exactes) n’est pas unique

• sensible aux erreurs exp´erimentales

De plus, le sous-domaine Dsi`ege de la d´eformation plastique esta priori inconnu. Il faut donc introduire a priori une r´egion V, D ⊆V ⊂Ω fix´ee englobant D. Ceci constitue en soi une informationa priori. D’autre part, il importe de r´egulariser la r´esolution de (4.50).

∂Ω

D V

a b

r

Fig. 4.11:Exemple num´erique en d´eformation plane : principe (d’apr`es [7]).

94 Chapitre 4. Identification de grandeurs distribu´ees

Fig. 4.12:Exemple num´erique en d´eformation plane : solution exacte (trait plein) et reconstruite (pointill´e) des contraintes r´esiduelles sur le cercle de rayon r= 1,1b (gauche) etr= 1,5b(droite). (d’apr`es [7]).

Gao et Mura ont propos´e de r´esoudre le probl`eme inverse sous la forme minεpp|2

Z

V

Σkij(x,y)εPij(y) dVy −Fk(x)

2

≤δ (4.51)

Ils pr´esentent un exemple num´erique (figures 4.11, 4.12), avec des donn´ees en d´eplacement simul´ees, qui montre que le champ de contraintes r´esiduelles est raisonnablement recons-truit en-dehors deV. Par contre, cette m´ethode ne garantit pas une reconstruction pr´ecise dans V en raison de la non-unicit´e du probl`eme par rapport `a εp etD.

Une mod´elisation de l’approche par enl`evement de mati`ere. Ballard et Cons-tantinescu [2] proposent une mod´elisation de la mesure de contraintes r´esiduelles par enl`evement de mati`ere. Dans leur approche, le corps Ω est si`ege d’un champ de contraintes r´esiduelles σR auto-´equilibr´e :

σR.n=0 sur ∂Ω

Ils consid`erent la m´ethode destructive consistant `a enlever de la mati`ere, couche apr`es couche. Cela d´efinit une famille de corps Ωt, index´ee par un temps fictif t (Ω0 = Ω).

Notons St le front d’enl`evement.

σ σ

t

St

= =m

Pour chaque Ωt, la contrainte se redistribue de fa¸con `a rester auto´equilibr´ee.

σm.n=0 sur ∂Ωt (4.52)

4.5. Reconstruction de d´eformations ou contraintes r´esiduelles 95 Letenseur des contraintesσm pour le domaine Ωt est suppos´e mesur´e sur le front d’enl`e-vement. Ballard et Constantinescu font l’hypoth`ese que la variation de contrainte ∆σ = σm−σR induite par l’enl`evement de mati`ere est ´elastique. Ils peuvent alors appliquer la th´eorie des ´equations int´egrales au probl`eme ´elastique d’inconnue (∆u,∆σ) pos´e sur Ωt. Compte tenu de (4.52), les valeurs de ∆u et σR.n sur la fronti`ere sont reli´ees par l’´equation int´egrale

1

2∆uk(x)+(VP) Z

∂Ωt

Σkij(x,y)nj(y)∆ui(x) dSy− Z

∂Ωt

Uik(x,y)(σRijnj)(y) dSy = 0 (4.53) et on a ´egalement la relation

mij −σijR](x) =Cijkℓ(PF) Z

∂Ωt

Uk,ℓa (x,y)(σabRna)(y)−Σkab,ℓ(x,y)nb(y)∆ua(x) dSy (4.54) Ballard et Constantinescu remarquent alors que, en tout point deSt, l’´equation d’´equilibre divσR =0 prend la forme

∂N

∂n =−∂R

∂r −∂S

∂s +n.σR.∇n+r.σR.∇r+s.σR.∇s (4.55) avec (n´etant la normale unitaire au point deSt consid´er´e et r,s,n´etant une base locale orthonorm´ee)

N =σR.n R=σR.r S =σR.s

Supposant σR connu sur St, le second membre de (4.55) est enti`erement connu (il ne contient pas de d´eriv´ee normale), de sorte que (4.55) donne la valeur de la d´eriv´ee normale de σR.n. Une fois celle-ci calcul´ee, on peut pr´edire la valeur de σR.n sur le front St+∆t. L’´equation int´egrale (4.53) pour Ωt+∆t permet alors de calculer ∆u sur ∂Ωt+∆t. Apr`es quoi l’´equation int´egrale (4.53) donne explicitement le tenseur σR complet en tout point de St+∆t.

Cette approche n’a pas encore vu de d´eveloppement num´erique. D’autre part, le probl`eme d’´evolution (4.55) est probablement instable.

Bibliographie

[1] Balageas, D. L., Deom, A. A., Boscher, D. M. Characterization of non destructive testing of carbon-epoxy composites by a pulsed photothermal method.

Materials Evaluation, 45, 461–465 (1987).

[2] Ballard, P., Constantinescu, A. On the inversion of subsurface residual stresses from surface stress measurements. J. Mech. Phys. Solids, 42, 1767–1788 (1994).

[3] Bonnet, M. Equations int´egrales et ´el´ements de fronti`ere. CNRS Editions / Eyrolles, Paris, France (1995).

[4] Bui, H. D. Sur quelques probl`emes inverses ´elastiques en m´ecanique de l’endomma-gement. InDeuxi`eme Colloque National de Calcul des Structures, pp. 26–35. Herm`es, France (1995).

[5] Calderon, A. P. On an inverse boundary value problem. InSeminar on Numerical Analysis and its applications to Continuum Physics., pp. 65–73. Soc. Brasilian de Matematica, Rio de Janeiro (1980).

96 Chapitre 4. Identification de grandeurs distribu´ees [6] Constantinescu, A. Sur l’identification des modules ´elastiques. Th`ese de

Docto-rat, Ecole Polytechnique, France (1994).

[7] Gao, Z., Mura, T. On the inversion of residual stresses from surface measure-ments. ASME J. Appl. Mech.,56, 508–513 (1989).

[8] Ikehata, M. Inversion formulas for the linearized problem for an inverse boundary value problem in elastic prospection. SIAM J. Appl. Math., 50, 1635–1644 (1990).

[9] Kohn, R., McKenney, A. Numerical implementation of a variational method for electric impedance tomography. Inverse Problems,6, 389–414 (1990).

[10] Kohn, R., Vogelius, M. Relaxation of a variational method for impedance computed tomography. Comm Pure Appl. Math., 40, 745–777 (1987).

[11] Kupradze, V. D. Dynamical problems in elasticity, vol. 3 of Progress in solids mechanics. North Holland (1963).

[12] Ladev`eze, P., Leguillon, D. Error estimates procedures in the finite element method and applications. SIAM J. Numer. Anal.,20, 485–509 (1983).

[13] Nakamura, G., Uhlmann, G. Uniqueness for identifying Lam´e moduli by Diri-chlet to Neumann map. In M. Yamaguti, et al. (eds.),Inverse problems in engineering sciences. Springer-Verlag (1991). (ICM 90 Satellite Conference Proceedings).

[14] Reynier, M. Sur le contrˆole de mod´elisations ´el´ements finis : recalage `a partir d’essais dynamiques. Th`ese de Doctorat, Universit´e Pierre et Marie Curie, Paris, France (1990).

Chapitre 5

Minimisation de la fonction-coˆ ut et m´ ethode de l’´ etat adjoint

Sommaire

5.1 Aper¸cu de quelques m´ethodes de minimisation . . . 98 5.2 Minimisation d’une fonctionnelle quadratique . . . 100 5.2.1 Utilisation de la factorisation QR . . . 100 5.2.2 Utilisation de la d´ecomposition en valeurs singuli`eres . . . 101 5.2.3 Cas de l’inversion gaussienne lin´eaire . . . 101 5.3 M´ethodes d’´evaluation du gradient : discussion . . . 102 5.4 M´ethode de l’´etat adjoint en dimension infinie . . . 104 5.5 Etat adjoint et analyse modale . . . 109 5.6 Lin´earisation, ´equations d’observation . . . 111 5.7 Etat adjoint et probl`emes d’´evolution non-lin´eaires . . . 113 5.8 Identification de domaines inconnus par ´equations int´egrales

de fronti`ere . . . 116 5.9 Algorithmes ´evolutionnaires : principe et exemples . . . 120 Bibliographie . . . 123

97

98 Chapitre 5. Minimisation de fonction-coˆut et m´ethode d’´etat adjoint Les chapitres pr´ec´edents ont mis en ´evidence le fait que la r´esolution pratique de probl`emes inverses passe le plus souvent par la minimisation d’une fonction-coˆut. Le probl`eme de minimisation incorpore d’une part l’information physique sur le probl`eme consid´er´e (distance entre donn´ees mesur´ees dobs et calcul´eesd(p), d’autre part des infor-mations a priori (terme r´egularisant R(p)) :

p∈minRnJ(p) J(p) =D(dobs,d(p)) +R(p) (5.1) Dans certains cas, des informations a priori sont ajout´ees (ou substitu´ees `a R(p)) au moyen de contraintes d’in´egalit´e, et la minimisation (5.1) est faite sous contraintes.

Rappelons que le probl`eme direct, c’est-`a-dire le calcul de la mesure d pr´edite par le mod`ele physique pour une valeur donn´ee de l’inconnue p, n´ecessite habituellement la r´esolution d’un probl`eme aux limites et/ou d’´evolution, qui en lui-mˆeme peut se r´ev´eler coˆuteux :dest fonction deppar l’interm´ediaire des ´equations de la physique du probl`eme1: on parle parfois d’´equation d’´etat. Lors de la minimisation de J, chaque ´evaluation de J n´ecessite un tel calcul direct.

5.1 Aper¸ cu de quelques m´ ethodes de minimisation

Le choix de la m´ethode de minimisation d´epend bien sˆur des caract´eristiques de la fonction-coˆutJ choisie et de la nature des contraintes ´eventuellement pr´esentes.

Fonctionnelle J diff´erentiable, sans contraintes. Ce cas de figure corres-pond notamment au choix, fr´equent en pratique, de distances mesure-calcul en norme quadratique :

J(p) = 1

2(dobs−d(p))TW−1(dobs−d(p)) +R(p)

o`u W est une matrice (d´efinie positive) de pond´eration. Cette situation englobe aussi l’inversion«gaussienne»non-lin´eaire (chapitre 3), W ´etant la matrice de covarianceCD et R(p) = 12(p−pprior)TC−1M(p−pprior).

Si le terme r´egularisant R(p) est ´egalement diff´erentiable, les m´ethodes classiques de minimisation faisant appel `a l’´evaluation du gradient peuvent ˆetre utilis´ees :

• Gradient conjugu´e,

• Quasi-Newton (actualisation BFGS ou DFP du pseudo-hessien),

• Marquardt-Levenberg

L’erreur en relation de comportement (chapitre 4) entre ´egalement dans cette cat´egorie.

Les algorithmes de minimisation mentionn´es d´eterminent une suite de directions de descente sn construite `a partir du gradient ∇pJ(pn) au point courant et proc`edent `a une minimisation unidimensionnelle, ou line search, suivant chacune de ces directions successives :

mint≥0 J(pn+snt)

Chaque type d’algorithme se distingue notamment par le principe mis en œuvre pour construire cette suite [7], [9], [13] :

1Par exemple, la valeur de la temp´erature `a la fronti`ere d’un corps thermiquement conducteur d´epend de la conductivit´e, `a travers l’´equation de la chaleur.

5.1. Aper¸cu de quelques m´ethodes de minimisation 99 1. Gradient conjugu´e : direction sn «conjugu´ee» (c’est-`a-dire orthogonale au sens du produit scalaire associ´e `a la matrice hessienne H de J) avec les directions ant´erieures :

s1 =∇pJ(p1) et sn.si = 0 (i < n) 2. Quasi-Newton (Newton avec pseudo-hessien d´efini positif actualis´e)

s1 =H−11pJ(p1) et H−1n+1 =H−1n + ∆Hn−1 , sn+1 =H−1n+1pJ(pn) o`u l’actualisation ∆H−1n est d´efinie par une formule en fonction de pn+1−pn et

pJ(pn+1)−∇pJ(pn), dont il existe plusieurs variantes (les plus utilis´ees ´etant BFGS et DFP) ;

3. Marquardt-Levenberg (Newton avec hessien H approch´e), pour moindres carr´es : H = 1

2

p

X

k=1

rk2(p)∇∇J ≈(∇r)T∇r

L’´evaluation du gradient joue clairement un rˆole primordial dans ces types d’algorithmes.

La suite de ce chapitre (sauf la section 5.9) se place dans l’hypoth`ese d’une fonction-coˆut J(p) diff´erentiable, pour la minimisation de laquelle on souhaite faire appel `a une m´ethode utilisant son gradient (gradient conjugu´e, quasi-Newton, Marquardt-Leven-berg...). Compte tenu du coˆut num´erique (essentiellement ´egal `a celui d’une r´esolution directe) d’une ´evaluation de J, ingr´edient minimal pour toute m´ethode de minimisation, il est essentiel d’optimiser le coˆut additionnel entraˆın´e par l’´evaluation du gradient deJ. Fonctionnelle non diff´erentiable. Ce cas de figure correspond par exemple au choix de distances en norme L1

D(dobs,d(p)) =

m

X

j=1

dobsi −di(p)

ou L :

D(dobs,d(p)) = max

1≤j≤m

dobsi −di(p)

L’inversion «probabiliste», ou «bay´esienne» (Tarantola [17], voir chapitre 3) conduit, dans le cas de densit´es de probabilit´e uniformes, `a la minimisation d’une norme L. Il est montr´e dans la mˆeme r´ef´erence que ces formulations d´ebouchent sur l’utilisation d’algorithmes de programmation lin´eaire (minimisation de fonctionnelles lin´eaires avec contraintes lin´eaires).

M´ethodes ´evolutionnaires, algorithmes g´en´etiques. La minimisation de J peut ´egalement reposer sur l’utilisation de tirages al´eatoires. Des d´eveloppements r´ecents ont en particulier conduit aux m´ethodes ´evolutionnaires, dont un aper¸cu est pr´esent´e en section 5.9.

100Chapitre 5. Minimisation de fonction-coˆut et m´ethode d’´etat adjoint

Dans le document PROBL`EMES INVERSES (Page 92-100)