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4. AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET CONNECTIVITÉ

4.1 Reconnaissances internationales et engagements fédéraux

Il est complexe de planifier la connectivité à grande échelle. Les frontières et les barrières politiques rendant la tâche ardue. Il faut toutefois se rappeler que le gouvernement fédéral du Canada possède peu de pouvoir pour encadrer les usages en terres privées et que l’aménagement du territoire est une compétence provinciale. Malgré tout, plusieurs conventions et initiatives ont été prises par plusieurs pays au courant des dernières années pour traiter de la connectivité. Le Canada est impliqué dans

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l’ensemble de celles présentées ci-dessous. Pour celles dont les objectifs arrivent à échéance, il est possible de déterminer si les engagements ont été respectés.

4.1.1 Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services

écosystémiques (IPBES)

Le Canada a participé à la création de cette plateforme qui vise à offrir des rapports scientifiques objectifs dans les domaines de la biodiversité, des écosystèmes et des services écosystémiques. Ces connaissances permettent ensuite de guider les pays associés dans leurs décisions. Le dernier rapport de l’IPBES sur la biodiversité rapporte l’urgence d’agir pour la préserver. Les conséquences de la fragmentation et son impact sur la connectivité sont bien mis en évidence. (IPBES, 2019b) Le gouvernement du Canada précise qu’il base ses politiques sur les recommandations de l’IPBES. (Environnement et Changement Climatique Canada, 2018b) Malgré tout, de nombreuses recommandations sont ignorées pour le moment. Comme précisé plus haut, la connectivité est trop souvent ignorée et les politiques de protection de la biodiversité sont très limitées.

4.1.2 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

Le Canada est membre du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat depuis 1988. Ce regroupement est responsable d’étudier l’évolution des changements climatiques et leurs impacts sur la société. Le groupe a une influence sur les politiques nationales sur les changements climatiques. Sachant que la connectivité est essentielle au déplacement des espèces, les recommandations de ce groupe d’experts sont en lien direct avec sa restauration et sa préservation. (Ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, 2018)

Malgré tout, le Canada ne semble pas orienter ses efforts vers la connectivité. La protection des habitats est considérée à trop petite échelle. Son plan vise la protection d’espaces naturels, mais leur connectivité n’est pas nécessairement prise en considération. (Gouvernement du Canada, 2019)

4.1.3 Union internationale pour la conservation de la nature

L’union internationale pour la conservation de la nature (UICN) travaille à « influencer, encourager et assister les sociétés à conserver l’intégrité et la diversité de la nature et veille à ce que toute utilisation

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des ressources naturelles soit équitable et écologiquement durable » (traduction libre de : UICN, s. d.). Ses activités sont diversifiées autour de cette mission et la récente publication de ses lignes directrices pour la conservation des zones de connectivité est en lien direct avec cet essai.

Ce rapport analyse la gouvernance des différents types de zones de connectivité. Sa conclusion démontre adéquatement la complexité du sujet, car chaque type est gouverné par plusieurs paliers du gouvernement. Ceux-ci ont tous un pouvoir de décision et la protection du territoire est dépendante du bon vouloir de tous ces acteurs. Malgré ce frein, l’UICN affirme fortement recommander de voir la connectivité à une large échelle pour s’assurer du succès du processus. (Worboys et al., 2016)

4.1.4 Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 et objectifs d’Aichi

Ce plan visait la protection mondiale de la biodiversité et une augmentation des avantages de celle-ci pour la population. Jusqu’à maintenant, la totalité des signataires n’arrive pas à atteindre les objectifs de la stratégie (SCDB, 2011). L’évaluation de mi-parcours des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 a mis en lumière le fait que plus de 90 % des objectifs avaient de faibles chances d’être atteints (SCBC, 2014). En grande majorité, les objectifs d’Aichi qui arrivaient à échéance en 2020 ne seront pas atteints. Par exemple au Canada :

 Les programmes de subventions ayant des impacts négatifs sur la biodiversité sont toujours en place ;

 Les secteurs touchant à l’agriculture ne sont pas tous gérés de manière durable ;

 Le taux de restauration des écosystèmes fournissant des services essentiels est trop bas ;  Le taux de fragmentation des milieux naturels est encore en forte hausse.

La fin de l’année 2020 arrivant rapidement, il est improbable que le Canada puisse rattraper ce retard. Ce plan présentait plusieurs objectifs, mais très peu de solutions pour aider les intervenants à les atteindre.

L’un des objectifs les plus médiatisés est la protection d’au moins 17 % de son territoire terrestre et de ses eaux d’intérieurs avant la fin de 2020. Le Canada est encore loin de ce chiffre, mais il est estimé qu’il lui resterait encore assez de temps pour changer la situation. (Environnement et Changement climatique Canada, 2019). La création de grandes aires protégées par le gouvernement en territoire public fédéral est l’une des avenues possibles pour l’intégration de la connectivité, car son pouvoir sur l’utilisation des terres en territoire privé est plus limité. Malgré tout, l’intégration de ces zones

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protégées dans un réseau écologique est essentielle et la planification de la sélection de ces lieux devrait considérer ce concept. (Société pour la nature et les parcs du Canada, 2015)

Cependant, le fédéral pourrait participer beaucoup plus activement à l’avancement de la connectivité en se donnant des orientations claires, des plans rigoureux qui identifient bien les mécanismes de mise en œuvre à l’intérieur de ses champs de compétences, en misant sur l’information et l’éducation populaire tout en débloquant des budgets pour assister les provinces et les acteurs de la conservation. (Bureau du vérificateur général du Canada, 2018)