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5. RECOMMANDATIONS

5.1 Recommandations sociales

5.1.1 Développer les aires protégées à gouvernance partagée et communautaire pour favoriser le partage des bénéfices

Puisqu’environ 100 millions de personnes vivent encore dans des conditions de vie précaires en Chine, il est essentiel de développer des méthodes pour améliorer leur qualité de vie et ainsi réduire la situation de pauvreté dans laquelle elles vivent actuellement. Les aires protégées peuvent ainsi permettre une amélioration des conditions de vie lorsque les activités économiques sont adéquatement développées et que le partage des bénéfices découlant de ces activités soit justement distribué à travers les populations vivant aux pourtours ou à l’intérieur des aires protégées (Scherl et al., 2004). Les gouvernances collaboratives et communautaires sont ainsi essentielles pour permettre aux communautés de participer activement non seulement aux processus décisionnels de la réserve, mais aussi dans les activités économiques et de surveillance pour obtenir un partage plus équitable des bénéfices étant reliés à ces activités (OCDE, 2006). Cette participation doit être favorisée afin de limiter les problèmes et les conflits entre parties prenantes qui surviennent lorsque les communautés sont écartées des activités d’une aire protégée (Nepal, 2002).

5.1.2 Développer la conservation au-delà des aires protégées

Pour favoriser la conservation de la biodiversité et la protection des écosystèmes pour ainsi permettre un développement local des communautés, les aires protégées ne suffisent pas (YCELP et CIESIN, 2012). Par ailleurs il est essentiel de développer un réseau plus adéquat entre aires protégées afin d’accentuer la conservation des écosystèmes à une échelle plus large et de limiter la mise en isolement des espèces (ib.). Des programmes de conservation des territoires agricoles et forestiers à l’extérieur des aires protégées

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permettraient ainsi d’offrir des corridors biologiques pour favoriser la connectivité des espèces (OCDE, 2006). La restauration écologique au sein et aux alentours des aires protégées permettrait également de favoriser la conservation de la biodiversité et offrirait un meilleur « rapport coût-efficacité pour relever les défis mondiaux du changement climatique, de la sécurité alimentaire et du développement économique et social » (Agence parcs canada, 2012, p.1).

Pour assurer la pérennité des aires protégées à long terme dans un pays où l’économie ne cesse de croître, il est important aussi d’assurer une gestion des forêts et des terres agricoles à l’extérieur des zones protégées pour offrir une connectivité entre les écosystèmes. La gestion écologique et l’agriculture à petite échelle autour des aires protégées permettraient ainsi de conserver les ressources et favoriser la productivité notamment puisque les petites exploitations agricoles utilisent moins de fertilisants et d’engrais chimiques en plus de constituer des sanctuaires d’agrobiodiversité. Ce sont environ la moitié des petites fermes du monde qui sont présentes en Chine ce qui confirme l’importance de conserver cette méthode pour favoriser la conservation de la biodiversité (Altieri, 2009).

Il serait également important de favoriser les systèmes de certifications pour que les produits forestiers soient utilisés durablement dans le but de limiter les impacts négatifs des coupes forestières non durables (OCDE, 2006).

5.1.3 Reclassification des aires protégées avec la participation des communautés locales

Le fait que la majorité des aires protégées en Chine relèvent de la catégorie V selon la classification de l’UICN, le caractère à usage multiple qu’elles revêtent pose problème pour les efforts de conservation dans les milieux riches en diversité biologique, bien que les objectifs de ces aires protégées ressemblent beaucoup plus aux objectifs relevant d’une aire protégée de catégorie I (MacKinnon et Yan, 2008). Par ailleurs, l’incompréhension du système de classification des aires protégées pose problème afin de structurer un système d’AP qui permettrait dans un premier temps une protection de la biodiversité et dans un deuxième temps un accroissement des bénéfices sociaux y étant liés (ib.). Le fait que les nombreuses aires protégées en Chine relèvent de différentes instances ministérielles n’aide en rien les lacunes de gestion auxquelles font face les aires protégées actuellement. La

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figure 1.1, disponible en page 7, permet ainsi de constater que la situation institutionnelle actuelle ne permet pas une gestion durable des aires protégées compte tenu de l’implication d’une multitude d’agences et de ministère.

L’une des premières étapes à favoriser afin d’améliorer le développement local et la gestion des aires protégées serait d’augmenter le nombre d’aires protégées de catégories I à IV puisque ces catégories sont à usage strict et limitent les activités économiques à l’intérieur même des zones protégées (voir les définitions en annexe 1). Bien que limitatives par rapport aux activités possibles dans les aires protégées de catégorie I à IV, certaines mesures peuvent être entreprises en ce sens afin de limiter les impacts sur les communautés : plusieurs communautés habitent au sein des aires protégées en Chine, il serait ainsi intéressant de sensibiliser les populations locales à l’importance de préserver la nature, de développer des activités soucieuses de l’environnement et génératrices de revenus et leur offrir des compensations afin qu’ils puissent adapter leurs moyens de subsistance à la nouvelle vocation de l’aire sans pour autant limiter leur développement. Un support aux communautés s’avère de ce fait essentiel (Thomas et Middleton, 2011).

5.1.4 Accroître la participation éclairée des populations rurales et urbaines par rapport aux enjeux relatifs à la préservation de la biodiversité.

Tel que mentionné dans le rapport du PNUD de 2007-2008 sur le développement humain de la Chine, l’éducation est fondamentale au développement :

«Education is fundamental to human development, not only because of its intrinsic merit in enhancing the value of life, but also because it allows citizens to meaningfully participate in events and processes that affect their lives. It enhances human dignity, contributes to economic growth, and increases social mobility and integration» (PNUD, 2008 p. 40).

En 2005, ce sont 2,5 % du PIB national qui était alloué à l’éducation (PNUD, 2008). Ces investissements doivent toutefois perdurer afin de permettre d’éduquer les populations pauvres du pays afin qu’ils puissent améliorer leurs conditions de vie, mais également afin d’intégrer dans le système scolaire actuel de niveaux primaire et secondaire, des ateliers sur l’environnement et sa protection à l’échelle nationale, puisque les sujets enseignés actuellement peuvent différer de région en région ce qui peut avoir comme effet de

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marginaliser certaines cohortes d’élèves concernant leur sensibilisation à l’environnement (China Education Center, 2012).

Par ailleurs, l’éducation passerait également par un plan de sensibilisation à l’échelle nationale sur les réalités actuelles des pertes de biodiversité pour non seulement sensibiliser les populations situées à proximité des aires protégées, mais aussi les populations urbaines qui sont enclines à visiter les réserves en tant que touristes.

L’importance de sensibiliser dans un premier temps les populations locales apparaît comme essentielle afin de leur permettre de comprendre les enjeux auxquels elles seront confrontées au cours des prochaines décennies advenant un usage non durable des ressources qui les entourent. Sans sensibilisation, ces communautés ne peuvent saisir l’importance et leur rôle de modèle dans les efforts de conservation des écosystèmes. Tel que présenté dans le plan d’action national pour la communication, l’éducation, la sensibilisation et la participation de la protection des zones humides, la légitimité de vouloir participer à un programme national de sensibilisation paraît essentielle pour faire saisir au peuple chinois, l’importance (ici des milieux humides) de leur participation dans la protection des écosystèmes (AEF, 2009). Le plan d’action présentait même quelles sources étaient les plus intéressantes pour transmettre les messages éducatifs et publicitaires reliés aux zones humides et à leur protection. La télévision obtenait pour tous les groupes interrogés la première place, mis à part les groupes d’étudiants qui stipulaient que la source d’information principale pour obtenir des renseignements sur les milieux humides consistait au milieu scolaire (ib.). L’utilisation de ces données pour offrir un même genre de programme éducationnel, qui serait axé sur la protection de la biodiversité et de son importance pour la population chinoise semble être une solution efficace pour les moyens de sensibilisation du grand public (ib.).

Une première vague de sensibilisation pourrait donc être effectuée à travers un message publicitaire annoncé sur la chaîne de télévision nationale sur l’importance de la protection des écosystèmes ainsi que des services qu’ils offrent à la population chinoise. Une deuxième vague de sensibilisation pourrait être effectuée au sein même des aires protégées, particulièrement là où de forts achalandages touristiques ont été enregistrés afin de

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sensibiliser les touristes à l’importance de protéger les écosystèmes en général, mais également sur l’importance de limiter leurs déplacements dans les aires protégées pour ainsi limiter leurs impacts sur les écosystèmes sensibles. Pour terminer, une troisième vague pourrait être effectuée à travers les différents bureaux gouvernementaux afin d’offrir des formations de quelques heures aux communautés afin de leur permettre de mieux saisir l’importance qu’elles ont face à la protection des écosystèmes.