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Les recommandations de la note d’état corporel des brebis

CHAPITRE II : L’ETAT CORPOREL DES BREBIS

7. Les recommandations de la note d’état corporel des brebis

Au cours d’un cycle de production (gestation, lactation, repos), le poids vif et l’état d’engraissement des brebis varient fortement en fonction du bilan nutritionnel (différence entre les apports nutritifs et les besoins des brebis). Lorsque les apports sont supérieurs aux besoins des animaux, ces derniers prennent du poids et constituent des réserves corporelles essentiellement énergétiques, majoritairement sous forme de lipides. À l’inverse, lorsque le bilan est négatif, les brebis perdent du poids et mobilisent leurs réserves corporelles pour compenser le déficit. Il est possible de ne pas couvrir les besoins à chaque instant du cycle ; cette tolérance correspond aux recommandations alimentaires. Les recommandations intègrent le rôle des réserves corporelles qui s’accumulent lorsque les besoins sont relativement faibles (pendant la phase de repos et la gestation) et peuvent être mobilisées pendant la lactation et principalement au cours des deux premiers mois. Au cours d’un cycle de production, la succession des phénomènes accumulation-mobilisation des réserves doit aboutir autant que possible à un bilan nul ou positif chez les primipares (Hassoun et Bocquier, 2007).

Les recommandations de la note d’état corporel des brebis au cours d’un cycle de production proposé par MLC (1983) et INRA (1988) sont présentées dans le tableau 04. Tableau 04. Note d’état corporel recommandé pendant le cycle annuel de production

(Dedieu et al., 1989). Stade physiologique

de la brebis

Notes recommandées par MLC (1983)

Notes recommandées par INRA (1988)

Lutte 3.5 3 à 3.5 Flushing efficace si la note est comprise entre 2,5 et 3,0

90 j de gestation 3

3 à 3.5 Eventuellement 2,5 pour les troupeaux à très faible prolificité. En cas de note inférieure à 3,0 accroitre de 10% les apports recommandés en fin de gestation

Agnelage 2.5 3,5 Note à atteindre impérativement

pour les brebis prolifiques 42 jours de lactation

2 mois de lactation 2 Minimum

2,5 à 3,5 Ne pas descendre en-dessous de 2 et ne jamais dépasser une

variation de plus de 1 point en 42 jours

Sevrage 2 à 2,5 Ne jamais poursuivre la sous-

alimentation énergétique au-delà de 8 semaines de lactation.

7.1. La brebis tarie

La brebis tarie a des besoins faibles par rapport à sa capacité d’ingestion. C’est donc la période la plus favorable pour lui permettre de reconstituer ses réserves corporelles. Cette reconstitution doit se faire aussi progressivement que possible (Hassoun et Bocquier, 2007). 7.2. Autour de la lutte

En période de lutte, on peut compenser un état d’engraissement moyen par un «Flushing» : cette suralimentation énergétique pendant la période de reproduction (débutant trois semaines avant et s’achevant trois semaines après la lutte) permet d’b améliorer surtout la prolificité et, dans une moindre mesure, la fertilité moyenne du troupeau (Hassoun et

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Bocquier, 2007). Selon Bocquier et al. (1988), il est recommandé d’atteindre une note de trois à la lutte. Ainsi, Kessler (2003) exige une note comprise entre 3 et 3,5.

Alors que pour Paquay (2005), l’état corporel du troupeau doit être correct un mois avant la lutte et doit s’améliorer pendant les semaines qui précédent et qui suivent la fécondation.

Par ailleurs, Adjou (2013), indique que les notes d’état corporel (NEC), aux périodes de début et de fin de lutte, sont essentielles à la réussite de la reproduction. Plus que le score initial, c’est la dynamique de l’état et le bilan énergétique qui importent au cours des phases de préparation à la lutte. Des ovins dont la note est inférieure à 3 en début de Flushing peuvent se révéler plus fertiles que ceux dont la note est plus élevée, mais qui restent sur une position d’état statique. C’est le cas notamment de certains types génétiques qui présentent naturellement des scores d’embonpoint corporel plus faibles (races prolifiques).

7.3. Début de la gestation

Au cours du début de gestation (les trois premiers mois), les besoins alimentaires n’augmentent pas notablement par apport à ceux d’une brebis en entretien du fait d’une croissance modeste du (ou des) fœtus (Hassoun et Bocquier, 2007). L’EC pendant cette période nous renseigne s’il est nécessaire de supplémenter les brebis (Robinson, 1985). Une note d’état corporel de 3 à 3,5 est recommandée en début de gestation (Gadoud et al., 1992). 7.4. Fin de la gestation

Selon Hassoun et Bocquier (2007), la fin de la gestation (deux derniers mois) est une période délicate chez les brebis prolifiques. En effet, leurs besoins s’accroissent fortement alors que leur capacité d’ingestion reste stable et que le taux de substitution augmente. La proportion d’aliment concentré doit alors augmenter pour que la ration satisfasse les recommandations alimentaires.

Par ailleurs, Drogoul et al. (2004), ont montré que la brebis doit faire appel, mais de manière modérée, à ses réserves corporelles, si les apports alimentaires ne sont pas satisfaits, une trop forte sous-alimentation risque d’entrainer une réduction du poids de naissance des agneaux et de provoquer une toxémie de gestation.

D’après Kessler (2003), il ne faut pas engraisser les brebis pour éviter le risque d’avoir des naissances difficiles, mais ne pas non plus les maintenir dans un état de maigreur, car il peut s’ensuivre une réduction du poids des agneaux à la naissance et un mauvais développement de la mamelle. Pour cela, il faut atteindre une note d’état corporel de 3 à 3,5

jusqu’à la mise bas. Dans le cas des races herbagères, une note de 2,5 à 3 sur une grille de 5 est à atteindre juste avant la mise-bas (Pottier, 2008).

Par ailleurs d’après Sagot et Pottier (2010) ; Adjou (2013), afin d’obtenir des agneaux suffisamment lourds à la naissance, et que les mères expriment tout leur potentiel génétique en termes de production de lait, les brebis doivent montrer un état corporel suffisant au moins quatre semaines avant l’agnelage. En fait, il convient de maintenir l’état corporel entre la fin des luttes et l’agnelage.

Il est donc judicieux de gérer les besoins de la brebis en fonction de leurs réserves corporelles. Les réserves accumulées au cours de la période de repos sont utilisées partiellement en fin de gestation et surtout au début de lactation, de ce fait, toute période de mobilisation doit être suivie d’une phase de récupération (Jarrige, 1988 ; Freer et al., 2007). 7.5. A l’agnelage

La note à atteindre impérativement pour les brebis prolifiques à l’agnelage est de 3,5 (INRA, 1988 ; Adjou, 2013).

D’après Molina et al. (1991), si les besoins au cours de lagestation ne sont pas couverts (en fonction du nombre d’agneaux et de poids moyen des agneaux à la naissance), la brebis puise trop tôt sur ses réserves corporelles pour assurer la croissance du fœtus. Il s’ensuit un mauvais état de la mère à la mise bas et des agneaux chétifs et petits à la naissance (Drogoul et al. 2004, Freer et al. 2007). Les brebis grasses à la mise bas perdent plus de poids et de NEC que les maigres du fait qu’elles ont plus de réserves corporelles à mobiliser (Molina et al. 1992). En outre, Atti et al. (1995), ont trouvé que la production laitière des brebis graisses est supérieure à celle des maigres. Cette différence de production, notamment en premières semaines, est due à la différence du poids et plus particulièrement de l’EC à la mise bas.

7.6. Période d’allaitement

Durant l’allaitement, la brebis atteint quantitativement, l’étape de besoins les plus élevés de tout son cycle de production (Caja et Gargouri, 1995). La note d’état corporel à atteindre à la fin du premier mois de lactation ne doit pas être inférieure à deux ; par contre lors du sevrage la brebis doit avoir une note comprise entre 2 et 2,5 points (Kessler, 2003).

Lakhssassi et El Fadili (2011), montrent qu’à partir du 2ème mois d’allaitement et jusqu’ au sevrage, une légère reconstitution des réserves corporelles des brebis est observée.

Selon Hassoun et Bjocquier (2007), la brebis allaitante en bon état corporel à l’agnelage peut puiser sur ses réserves (essentiellement énergétique) sans risque de troubles métaboliques, cependant, il faut veiller à couvrir les besoins protéiques correspondant à la

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production de lait à fin de réaliser les objectifs de croissance des agneaux. Ainsi d’après Hale et al. (2010), les brebis qui allaitent deux agneaux perdent du poids, et leur note d’état corporel descend à deux, même avec une alimentation adéquate.