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Ce chapitre présente les différentes améliorations qui pourraient être réalisées dans le but d’améliorer la méthode développée dans cette étude.

5.1

La confrontation du modèle avec les résultats passés

Pour vérifier la robustesse du modèle et surtout du couplage réalisé, il serait intéressant par la suite de confronter les résultats obtenus avec la tendance observable actuellement de l’augmentation des émissions de GES. Les séries de données du passé seraient ainsi des pistes intéressantes à exploiter afin de vérifier la concordance de la réalité avec le modèle de GTAP.

Il serait ainsi pertinent de définir des scénarios décrivant exactement l’année en cours de l’étude afin de voir si les simulations économiques de GTAP-BYP (dont l’année de départ est l’an 2006) sont cohérentes avec la réalité actuelle. Les émissions de GES obtenues à l’aide du couplage pourraient être ensuite comparées à celles mesurées lors de l’année en cours.

La compatibilité du modèle avec la réalité pourrait donc être vérifiée à la fois au niveau des paramètres économiques mais également au niveau des extensions environnementales.

5.2

De nouveaux couplages possibles

Au cours de ce projet deux couplages ont été définis : le couplage entre Open I/O et GTAP et le couplage entre EXIOBASE et GTAP. Les résultats similaires obtenus pour la même région lors de ces deux couplages montrent que la combinaison entre les données économiques de GTAP-BYP et les extensions environnementales d’une base I/O n’est pas limitée par des spécificités particulières à EXIOBASE.

Les résultats de l’analyse de sensibilité (voir ANNEXE 8) soulignent de plus la robustesse de GTAP lorsque les paramètres économiques initiaux varient.

Dans le futur, il serait alors possible de réaliser un couplage de GTAP avec une autre base I/O en vue d’obtenir des résultats plus précis concernant certaines régions du monde ou certains secteurs de GTAP. Par exemple la fabrication du bioéthanol qui est déterminée dans GTAP mais

pour l’instant non modélisée par la base I/O car issue de développements technologiques trop récents.

5.3

L’utilisation d’une nouvelle méthode d’impact régionalisée

Dans ce projet la caractérisation des impacts ne fait pas de différences entre les régions du monde. En d’autres termes, une émission provenant des États-Unis aura le même impact qu’une émission provenant d’Inde. Cependant dans la réalité les impacts environnementaux observés dépendent fortement du lieu d’émission pour certaines catégories d’impact notamment pour l’acidification (Roy, Deschenes, & Margni, 2012) et l’eutrophisation (Helmes, Huijbregts, Henderson, & Jolliet, 2012) mais par pour les émissions de GES. La nouvelle méthode d’impact développée récemment par le CIRAIG, IMPACT world+, permet de prendre en compte les spécificités régionales des émissions. Il serait alors pertinent d’utiliser cette méthode d’évaluation des impacts dans le but d’obtenir des résultats plus précis en ACV-M. Le même constat avait été fait par Dandres et al. (2012) lorsque le modèle GTAP était couplé à la base de données d’inventaire ecoinvent.

5.4

Les variations de la matrice économique

Le modèle GTAP permet de générer une nouvelle matrice économique A en fonction des variations apportées à l’économie par chaque scénario. Cette matrice est calculée à chaque fois que GTAP effectue une simulation. Le couplage s’effectue ensuite en combinant les données de la matrice environnementale B sur le produit de la matrice A.

Cependant cette solution n’est pas optimale car elle suppose que la matrice B ne varie qu’une fois la matrice A déterminée alors qu’en réalité les deux changent de concert. Une solution envisagée serait de découper la période de temps étudiée (2006-2020 pour l’étude de cas) en plusieurs intervalles de temps et d’effectuer des simulations dans l’ordre chronologique avec le modèle GTAP pour chaque intervalle tout en réutilisant les données de la simulation précédente (hormis pour le premier intervalle). De cette façon, les changements des matrices A et B seraient définis pour chaque intervalle permettant ainsi une visualisation des changements sur l’ensemble de la période étudiée.

L’avantage de cette technique est qu’elle permettrait d’appliquer à la matrice économique A différentes méthodes traditionnellement utilisée en analyse I/O telle que les analyses de structures ou la décomposition en plusieurs éléments.(Majeau-Bettez, Strmman, & Hertwich, 2011) Ces techniques permettraient alors de mieux saisir les transactions monétaires modélisées et surtout de lier directement les émissions environnementales aux variations des secteurs économiques sur une base dynamique ce qui diminuerait l’incertitude inhérente au couplage entre les extensions environnementales et les variations de la valeur de la production.

5.5

Vers l’ACV hybride

Depuis plusieurs années, de nombreux auteurs de la communauté I/O (Kytzia, 2009; Lenzen, 2000; Majeau-Bettez et al., 2011; Sangwon Suh, 2003) se sont penchés sur la question de différences entre l’analyse processus et l’analyse I/O. En effet, ces deux méthodes peuvent être vues comme complémentaires : l’analyse processus fournit ainsi des données sur des procédés industriels d’une grande précision, tandis que l’analyse I/O permet d’obtenir des données sur l’ensemble d’un secteur industriel.

Dans ces conditions, une nouvelle méthode ACV a été proposée qui rassemble la précision de l’analyse processus avec l’exhaustivité des bases I/O : l’analyse hybride (S. Suh et al., 2004). Cette analyse est particulièrement difficile à mettre en place, car elle suppose de retrancher certaines parties au sein des secteurs économiques des bases I/O pour y insérer des processus plus détaillés afin d’éviter le double comptage. Elle nécessite donc une connaissance globale de l’économie de la région ainsi que des relations monétaires unissant les secteurs économiques touchés. Cependant elle permet ensuite d’obtenir une plus grande précision au niveau de l’inventaire des substances émises dans l’environnement et des ressources consommées car tous les procédés connus sont supposés être modélisés sans rencontrer le problème des frontières du système.

Dans cette étude l’analyse hybride pourrait s’effectuer en partant du couplage GTAP- ecoinvent effectué par Dandres et al (2011) et en appliquant la méthode de couplage développée ici. Cependant les analyses hybrides s’effectuent en général sur des procédés industriels de faible ampleur (Wiedmann et al., 2011). Une analyse hybride sur une économie d’une région entière n’a pour l’instant jamais été tentée. Le défi majeur rencontré serait alors de parvenir à identifier les

procédés détaillés prioritaires sur l’ensemble de l’économie. Cependant ces procédés peuvent varier selon la perturbation initiale annoncée.