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4. RECOMMANDATIONS POUR LE FLEUVE AMAZONE

5.4. Industrie agroalimentaire

4.4.1. Recommandation 7 : Sensibilisation et éducation de la population

Afin de diminuer le risque que représente une saison de mauvaises cultures, la plupart des agriculteurs utilisent des pesticides, mais n’en connaissent pas toujours les dangers et les restrictions. De plus, les populations étant pauvres, les contenants sont fréquemment fractionnés ce qui limite l’accès aux instructions des fournisseurs. Une proportion élevée d’analphabétisme limite également la compréhension des méthodes d’application recommandées par les fabricants. Un manque de connaissances des agriculteurs quant à la toxicité des produits qu’ils emploient est donc responsable de comportements nocifs pour la santé des populations et de l’environnement.

En Allemagne, un partenariat entre des sociétés agrochimiques et une entreprise d’eau a démontré qu’une amélioration des pratiques était possible grâce à l’éducation de la population et a permis des réductions de la quantité de polluants se retrouvant dans les sols et dans l’eau allant jusqu’à 30 %. Plusieurs programmes de formation du personnel responsable de l’application des pesticides ont également été mis de l’avant en France et en Belgique, et ont connu un succès immédiat. Ces initiatives européennes viennent démontrer qu’une sensibilisation et qu’une éducation de la population est à la base d’une meilleure connaissance et donc d’une utilisation plus raisonnable des pesticides.

À la lumière du succès qu’on eut les initiatives de sensibilisation et d’éducation ailleurs dans le monde, la première et plus importante recommandation concernant l’industrie agroalimentaire se veut de promouvoir une éducation et une sensibilisation accrue des populations amazoniennes aux effets néfastes d’une surutilisation des pesticides et d’un manque de précaution, principalement dans les plaines inondables. Les populations rurales ont un accès plus limité aux marchés et aux services sociaux et ont des infrastructures moins développées, cependant ils peuvent compter sur les ressources naturelles les entourant afin de subvenir à leurs besoins (Guedes et al., 2012). Il est donc important de mettre de l’avant les façons possibles qu’il existe afin de protéger ces ressources pour qu’elles continuent de répondre à leurs besoins primaires. La sensibilisation de la population dès maintenant assurera des générations futures plus sensibles aux enjeux environnementaux et plus au courant des activités et des comportements dommageables. La sensibilisation et l’éducation peuvent se faire aussi tôt qu’à l’école et peuvent se poursuivre lors de la formation en entreprise, de foires commerciales, d’évènements d’envergures, de rencontres de villages ou de villes, de regroupements d’agriculteurs, etc. Les agriculteurs doivent être le principal public cible visé par ces activités d’éducation afin d’assurer que les enjeux

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environnementaux reliés à l’industrie agroalimentaire soient bien cernés par les principaux acteurs. Ainsi, des programmes d’éducation et de formation quant aux façons sécuritaires d’appliquer et de gérer les pesticides augmenteraient les efforts de préservation de la qualité des sols et de l’eau.

Les principaux acteurs impliqués dans ces activités de sensibilisation sont les entités responsables de l’application des lois. En effet, le gouvernement se doit de mettre tout en marche afin d’assurer les connaissances nécessaires à la compréhension de la loi et des règlements. Lorsque les effets réels des pesticides sur les sols, sur l’eau et sur la santé seront connus, les entités gouvernementales auront également moins de difficulté à faire appliquer la loi les encadrant. Des équipes de sensibilisation devront être montées et pourront parcourir les différents lieux ou évènements clés afin de rejoindre le plus grand nombre d’agriculteurs possibles. Les différents gouvernements pourront également tenter de faire affaire avec des organismes non gouvernementaux qui œuvrent dans la protection de l’eau et des écosystèmes. Certains d’entre eux ont des campagnes de sensibilisation déjà montées qui ont déjà été utilisées ailleurs dans le monde. C’est notamment le cas de l’organisme Pesticides Action Network International (Pesticide Action Network International, s.d.) ou de l’organisme américain Northwest Center for Alternatives to Pesticides (Northwest Center for Alternatives to Pesticides, s.d.). Ainsi, de tels partenariats permettront de limiter les ressources financières nécessaires découlant de la mise sur pied des programmes en plus d’accélérer le processus.

Bien que les agriculteurs soient les principaux concernés lorsque vient le temps de limiter l’usage de pesticides afin de protéger les eaux de surface et souterraines, les compagnies assurant l’épuration et la distribution de l’eau potable sont également directement touchées. En effet, la quantité de travail qu’ils ont à faire dépend directement des contaminants se trouvant dans les eaux avant le traitement. Comme il a été vu au troisième chapitre, Postel et Thompson (2005) proposent que les activités de prévention de la pollution des eaux soient en partie financées par les entreprises responsables du traitement de l’eau potable. Ainsi, une partie moins importante devra provenir des fonds gouvernementaux. L’Agence nationale de l’eau, entité gouvernementale responsable de la gestion de l’eau au Brésil, ainsi que la compagnie Waters pourraient donc être en mesure de fournir des ressources financières ou humaines afin d’aider à l’atteinte des objectifs de sensibilisation et d’éducation de la population en terme d’utilisation judicieuse des pesticides (Water Saving, 2014). La compagnie américaine Waters a comme mission d’optimiser les opérations et de faire des découvertes en ce qui a trait à la gestion et à la distribution d’eau potable ainsi que d’assurer la conformité aux règlements en vigueur (Environmental Expert, s.d.). La sensibilisation de la population est donc dans la même lignée que la vision de l’entreprise. Le tableau 4.7

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qui suit suggère les différents acteurs à impliquer et la provenance du financement pour chaque action ainsi qu’une visée de temps afin d’orienter la recommandation 7.

Tableau 4.7 : Actions à entreprendre, acteurs impliqués, financement nécessaire et échelle de temps pour la recommandation 7

Actions concrètes à appliquer Acteurs impliqués Financement Échelle de temps

Monter des équipes de

sensibilisation en santé de l’eau

Brésil : Ministère de l’Agriculture ou Ministère de l’Environnement

Pérou : Service national sanitaire et phytosanitaire agricole

Colombie : Ministère de la Protection sociale ou Ministère de l’Environnement

Budgets

gouvernementaux, compagnies de traitement ou de recherche sur l’eau potable, investisseurs privés, organismes œuvrant en protection de la biodiversité 6 mois – 9 mois Contacter différents organismes

afin de discuter d’une collaboration possible

Monter des conférences, activités et séminaires explicatifs

Équipes de sensibilisation en santé de l’eau, organismes nationaux et internationaux impliqués Budgets gouvernementaux, compagnies de traitement d’eau potable, matériel fourni par différents organismes, organismes œuvrant en protection de la biodiversité Sans limite de temps Déterminer les évènements où il

sera possible d’intégrer les interventions des équipes de sensibilisation

Contacter les populations et agriculteurs concernés pour chaque évènement

Transmettre l’information et les bonnes pratiques

Effectuer des suivis qualitatifs quant aux changements apportés par les agriculteurs suite aux activités de sensibilisation

Entités gouvernementales, équipes de sensibilisation en santé de l’eau, regroupements

d’agriculteurs Sans limite de temps

Adapter les activités suite aux

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