• Aucun résultat trouvé

Recherches sur le compostage industriel

Chapitre 3 : Le recyclage et la valorisation des déchets comme fonction inhérente de l’AU

I. Diagnostic des acteurs et des déchets à Sfax

3) Recherches sur le compostage industriel

L’Institut Préparatoire aux Etudes d’Ingénieur de Sfax (IPEIS) encadre des recherches sur le compostage des déchets organiques et verts d’origine animale ou végétale et issus des secteurs de l’agriculture ou encore de l’industrie agroalimentaire. C’est à partir de quelques-unes des thèses réalisées par des chercheurs de l’IPEIS que nous établissons un état des lieux des rejets agricoles et agroalimentaires valorisables en compost et des problématiques soulevées par ces types de déchets.

En Tunisie, le compostage suscite de plus en plus d’intérêt puisque l’urbanisation s’accroit et l’exploitation des terres agricoles s’intensifie. L’urbanisation et l’exploitation agricole permettent ainsi de dégager des quantités importantes de déchets agricoles tout en augmentant la demande au niveau du besoin en matière organique pour la fertilisation des sols.

77

a. Un besoin en matière organique

En Tunisie, traditionnellement, le fumier de ferme constitue la principale source de matière organique dont dispose l’agriculteur pour répondre aux besoins accrus d’amendement pour les sols. Toutefois, les quantités générées de ce produit résiduaire organique ne répondent que partiellement aux besoins grandissants dûs à l’augmentation des surfaces cultivées et la régression de l’élevage. En effet, en Tunisie la quantité de fumier produite annuellement est évaluée à 4 millions de tonnes. Elle représente environ 50 % des besoins de l’agriculture traditionnelle30.

Les sols agricoles renferment 1 à 3% de matière organique. En Tunisie la majeure partie des sols (80%) renferment des teneurs en matière organique inférieures à 1%. Le manque de fumier est encore plus important dans les régions du centre et du sud de la Tunisie. On observe une absence de restitutions organiques substantielles par une chute du taux d’humus dans le sol, notamment dans les zones arides. Des études apparaissent sur la recherche de sources alternatives d’engrais comme dans les boues de station d’épuration des eaux domestiques, le compostage des ordures ménagères et des résidus agricoles et forestiers.

La valorisation des déchets riches en matière organique par la voie de compostage peut assurer des fertilisants qui sont les composts pouvant contribuer à la réduction du déficit en fumier pour satisfaire les besoins de l’agriculture.

b. Le secteur agroalimentaire

Le problème majeur posé par les déchets organiques du secteur agroalimentaire en général, celui du secteur oléicole et avicole en particulier, ainsi que l’impact des déchets ménagers municipaux, résulte de leur composition biochimique, leur fermentation et leur putréfaction.

En Tunisie, il existe 1450 huileries. Le secteur oléicole produit des rejets hydriques (margines) et solides (bois de tailles, grignons,…) qui sont rejetés dans la nature. Sfax produit 55% de la production nationale d’oeufs et 25% de la viande de volaille. Les fientes de volailles sont des déchets nocifs, contenant beaucoup d’ammoniaque qui peuvent détruire les plantes. Ces matières biodégradables engendrent une pollution de la nappe phréatique, du sol et de l’air. La valorisation de tels déchets et leur recyclage par co-compostage présenteraient des rôles importants dans les stratégies nationales de gestion des déchets.

78

c. Le processus de compostage

Les principaux intérêts du compostage sont :

- La valorisation des déchets organiques ou non organiques capable de fournir un squelette carboné humique bénéfique pour le sol et assimilable par les plantes.

- Le compost à partir de rejets agroalimentaires pourrait participer à entraver le déficit des sols appauvri en matière organique, valoriser ces rejets pour des fins agricoles et réduire le risque de contamination des ressources hydriques, atmosphériques et édaphiques.

Le compostage des rejets agricoles, urbains et industriels, consiste à utiliser ce processus de transformation de la matière organique d’origine végétale ou animale pour en faire un produit fini, proche des humus naturels31. Le compostage permet d’obtenir une matière organique stabilisée car la matière brute peut présenter une certaine toxicité. Le compost est obtenu à partir du mélange de matière organique et de matière sèche. La matière organique amène l’apport en carbone et la matière sèche en azote.

« Le rapport C/N (Carbone/Azote) est l’indicateur le plus utilisé pour déterminer le comportement d’un produit organique lors du compostage. Pour un bon déroulement de la fermentation des matières organiques, le rapport C/N du mélange de déchets au départ doit être compris entre 25 et

40 ». (Sadaka et El Taweel, 2003)

« Les teneurs en matière organique et en carbone se stabilisent, ensuite, au cours de la phase de maturation (Manios et al., 2004). Ces évolutions, similaires à celle du rapport C/N (Carbone/Azote),

montrent deux phases. La première de fermentation, au cours de laquelle le rapport C/N et les teneurs en carbone et en matière organique montrent des réductions importantes, suive d’une phase

de stabilisation, signe de maturité des composts ». (Hsu et Lo, 1999)

Ce diagnostic nous a permis de bénéficier d’un aperçu du réseau de collecte des déchets ainsi que les acteurs de la gestion des déchets. Nous avons vu que la municipalité et les services de l’état à Sfax gèrent la collecte, le transport et l’enfouissement des déchets. Nous savons que des associations travaillent avec la société civile pour réduire les pollutions diverses. Nous sommes conscients des nombreux rejets dans la nature, notamment de la part des industriels, mais aussi, qu’il existe un potentiel au sein des déchets organiques agricoles ou ménagers.

31 Righane Hafedh, « Le compostage des grignons épuisés : évolution, valorisation agronomique et intérêt

environnemental », mémoire en Géologie Appliquée à l’Environnement, sous la direction de Guedarri M., Tunis, Faculté des Sciences, 1998.

79 Maintenant que nous connaissons les déchets qui ne sont pas valorisés, comme les déchets organiques ménagers, nous pouvons dresser un plan d’action concernant la sensibilisation au tri des déchets et à leur valorisation.

II. Renforcement de la gouvernance locale en matière