• Aucun résultat trouvé

La recherche en Sciences de l’Information et de la Communication au Bénin

Communication au Bénin

Les Sciences de l’Information et de la Communication sont une discipline récente née à la fin du XXème siècle. En France, cette discipline universitaire est créée en 1975. Elle prépare les étudiants « aux métiers de l’information et de la communication, de la documentation à la

publicité, en passant par le journalisme, la communication organisationnelle et politique, l’audiovisuel, la muséologie, l’information scientifique, les technologies de réseau49 ». La

société française des sciences de l’information et de la communication en est la société savante. Pour Eric Dacheux « les sciences de l’information et de la communication ont un objet de

recherche : la communication. Elles remettent en cause les idées reçues comme la manipulation des médias ou la transformation de la société par internet50 ». Elles observent de plus en plus

les mutations induites par les innovations technologiques sur les sociétés, les organisations et les individus. Ainsi que la série des champs d’observations interdisciplinaires dans lesquelles les sciences de l’information et de la communication, offrent un regard nouveau, celles des technologies de réseau nous intéressent à plus d’un titre, ce qui justifie qu'elles soient au centre de la présente recherche.

La discipline structurée des sciences de l’information et de la communication est d’exigence récente dans la carte universitaire du Bénin. En effet, à la suite de la redéfinition de la carte universitaire du Bénin en 2017, l’Université d’Abomey-Calavi s’est dotée d’un Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication. Ledit institut est né de la transformation institutionnelle de l’Ecole Nationale des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication créée en 2014 avec le concours de la Direction Générale des Médias du Ministère en charge des Technologies de l’Information et de la Communication. Cette école a été créée pour renforcer les capacités des acteurs des médias en République du Bénin.

Mais avant la création de cette école nationale devenue institut, les acteurs des médias et les spécialistes de l’information et de la communication étaient formés dans les écoles publiques et privées telles que :

58  l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) ;

 l’Institut de Formation et de Recherche en Informatique (IFRI) ;  l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA) ;

 l’Ecole Supérieure de Formation en Journalisme et en Communication (ESFJC) ;  l’Ecole Supérieure de Formation Professionnelle en Journalisme (ESFPJ) ;  le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) ;

 l’Ecole Supérieure d’Administration d’Economie, de Journalisme et des Métiers de l’Audiovisuel (ESAE).

Les offres de formation proposées sont variées et donnent droit pour certaines à des spécialisations de niveau Brevet de Technicien Supérieur et Licence en :

 Information et communication ;  Imagerie cadrage ;

 Infographie ;

 Internet et multimédia.

Elles donnent aussi droit pour d’autres à des professionnalisations de niveaux Licence et Master en :  Journalisme ;  Communication ;  Documentation ;  Archivage ;  Réseaux informatiques ;

 Ingénierie de réseaux de transport numérique ;  Ingénierie de télécommunication.

Ce qui reste constant de nos jours est le fait que les formations offertes en sciences de l’information et de la communication au Bénin, ne donnent pas encore droit à une thèse de

doctorat en sciences de l’information et de la communication. Aucune école doctorale ne dispose d’unité de recherche ou de laboratoire spécialisées en sciences de l’information et de la communication au Bénin.

Par ailleurs, avec les enjeux de la télévision numérique terrestre (TNT) en phase finale de déploiement au Bénin, les défis de bonne transmission des données par le biais des réseaux informatiques sont pris en charge par les centres de formations en télécommunication et réseaux informatiques. C’est notamment le cas des formations universitaires dispensées par l’Ecole Supérieure des Télécommunications du Bénin (ESTB) et les établissements privés dispensant des cours de télécommunications et de réseaux de transports numériques.

Aussi est-il important de souligner que le secteur des professionnels des médias du Bénin est bien structuré, et matérialisé par l'existence d’un patronat et d’une association des hommes du métier. Il s’agit de :

 le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA) et  l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB).

En matière de recherche en Sciences de l’Information et de la Communication, les initiatives n’ont pas encore permis la formation des docteurs par les centres de recherche et les laboratoires des universités béninoises. Il y a cependant le département de linguistique qui forme des docteurs en linguistique qui assume pour la plupart des activités de recherche en sciences de l’information et de la communication. Il n’y a également pas d’offres de formations de niveau Maîtrise et Master dans les domaines du journalisme et de la communication qui offrent une initiation à la recherche en sciences de l’information et de la communication. La piste des formations en cotutelle avec les départements en charge des sciences sociales dans les universités publiques du Bénin est fortement exploitée. Elle permet la formation doctorale de plusieurs béninois en sciences de l’information et de la communication notamment dans les universités européennes et canadiennes. Dans ce cadre de recherche en cotutelle, l’Institut de Mathématique et de Sciences Physiques (IMSP) et l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC) délivrent des titres de docteur en sciences de l’ingénieur. Quant à l’école

doctorale pluridisciplinaire de l’Université d’Abome-Calavi, elle offre des possibilités d'études doctorales avec des titres de docteurs, notamment en linguistique et en sociologie.

En ce qui concerne le renforcement du capital humain, il existe plusieurs centres dans les secteurs publics et privés pour assurer la formation indispensable à la prise en main des chantiers d’innovations technologiques. Il y a notamment des instituts et écoles publics relevant

60 de l’Université d’Abomey-Calavi au Sud et au Centre du pays et ceux relevant de l’Université de Parakou au Nord du pays. Le pool des Universités privées d’enseignement supérieur offrant des formations dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est concentré dans les villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo et Parakou. A titre d’illustration, les structures de référence en matière de formation supérieure en TIC dans l’enseignement public au Bénin sont entre autres : l’Institut de Formation et de Recherche en Informatique (IFRI), l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), l’Institut de Mathématique et de Science Physique (IMSP), l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management (ENEAM) et l’Institut Universitaire de Technologie (IUT).

En plus des écoles et instituts publics offrant des renforcements de capacités dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication, nous avons sur le site web de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur (DGES), la liste des établissements privés pouvant délivrer des diplômes de licence et de master. De cette liste nous pouvons déduire ceux qui sont autorisés à délivrer des diplômes donnant droit à l’exercice des métiers relevant des Technologies de l’Information et de la Communication. Il s’agit de :

 l’Ecole Supérieure de Gestion d’Informatique et des Sciences (ESGIS) ;  l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA,) ;

 la Haute École de Gestion et de Journalisme (HEGJ) ;

 l’Institut Supérieur de Communication et de Gestion (ISCG) ;  l’Université Polytechnique International du Bénin (UPIB) ;  l’Institut Universitaire West African Union ;

 l’ Haute Ecole de Commerce et de Management (HECM) ;  l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) ;

 l’Ecole Supérieure Métiers des Energies Renouvelables (ESMER) ;

 l’Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication (ISSIC) ;  l’Institut Cerco ;

 l’IRGIB Africa ;

 l’Ecole Supérieure Sainte Félicité (ESSF) ;

 le Houdegbe American University Bénin (HNAUB) ;  Les Cours Sonou ;

 l’Université Africaine de Technologie et de Management (UATM GASA).

Au cours de nos recherches nous avons aussi identifié quelques chercheurs dont les thèses portaient sur les sciences de l’information et de la communication contextualisées aux problématiques liées au cadre béninois. Au nombre de ceux-ci nous avons: Alphadio Modesto AYIBATIN, qui a présenté une thèse le 07 décembre 2015 à l'université Paris 2 sur le thème: l'influence du griot et des médias dans le processus démocratique, le cas du Bénin. Dans ses analyses, il a essayé de montrer que l'oralité qui est la source principale de transmission d'informations depuis des siècles en Afrique noire, continue d'avoir droit de cité aujourd'hui sur le continent en général, et au Bénin et en Guinée particulièrement, et ce malgré l'avènement et la pénétration des Technologies de l'Information et de la Communication. Il y met en exergue les rapports qu'ont les populations avec la chose technologique. Dans son travail un accent particulier a été mis sur la place prépondérante de la parole historique du griot dans l'univers communicationnel et dans la transmission de l'information. Alphadio modeste AYIBATIN a osé même une comparaison entre ce dernier et les médias modernes, ainsi que leurs influences idéologiques respectives.

Le docteur Paul Fouda ONAMBELE, lui, s'est penché dans sa thèse soutenue en 1996 à Bordeaux 3, sur le thème " informations et communications de la FAO en matière d'agriculture en Afrique occidentale, cas du Bénin, de la Côte-d'Ivoire, du Ghana, du Nigeria et du Togo." Il s'agit d'une thèse en sciences de l’information et de la communication dans laquelle l'auteur fait le lien entre l'émergence et le développement des médias et les facteurs de production agricole. Il y montre notamment comment la FAO se sert des TIC pour être une source d'information fiable en matière de données agricoles dans le monde.

Nous avons aussi visité le travail du docteur Agnès Kassa Gazard qui, quant à elle a présenté une thèse le 25 septembre 2012 sur le thème: “Stratégie de communication pour la lutte contre le vih/sida en Afrique subsaharienne: le cas de la République du Bénin", pour l'obtention du titre de docteur en sciences de l’information et de la communication. Elle fait dans cette thèse le point des stratégies de communication mises en branle par les États et les organismes régionaux et internationaux en Afrique subsaharienne pour combattre le sida. Elle évalue dans son travail les changements de comportement induits par les technologies de l'information et de la communication employées à l'occasion des séances de IEC.

62 Quant au Dr Wenceslas G. Gbétohou Mahoussi qui a soutenu lui aussi une thèse pour obtenir le titre de docteur en sciences de l’information et de la communication, dans son sujet intitulé "Analyse des pratiques informationnelles dans le champ juridique au Bénin" soutenu à l'université Paris 8 le 20 octobre 2017, il met en relief les apports des TIC au secteur du droit béninois. Il y montre les critères qui sous-tendent le partage des informations entre les juristes, et les moyens mis en œuvre pour cette fin. Mais il aborde aussi les insuffisances inhérentes à l'implémentation des TIC dans le cadre juridique du Bénin.

De son côté, et dans sa thèse portant sur : “La communication politique au Bénin (1945-2011), vers la naissance de la profession ? ", Dr KAKPOVI Bellarminus fait une analyse croisée des discours politiques, des moyens mis en place pour convaincre, et des résultats obtenus. Il ressort de ses investigations que les TIC ont une franche part dans l'efficacité des médiatisations politiques.

Nous pouvons aussi tirer parti des travaux d'un autre chercheur comme le Dr Serge Armel ATTENOUKON. Ce dernier, dans sa thèse soutenue en mars 2011 pour obtenir le grade de Philosophiae Doctor (PhD) en psychopédagogie à l'université de Montréal sur le thème " Technologies de l'information et de la communication et rendement académique en contexte universitaire béninois : cas de l'université d’Abomey-Calavi", affirme ce qui suit : “Il se dégage

qu’au delà de leur aspect attrayant et convivial, les TIC pourraient s’avérer une puissante source de motivation dans le processus d'enseignement/apprentissage lorsqu’elles sont utilisées conséquemment51”. Il s'agit là d'un principe global appliqué à l'enseignement supérieur.

Ce même principe est d'autant vrai pour d'autres secteurs où les technologies sont sollicitées pour un meilleur rendement. C'est le cas de l'agriculture où les drones et les téléphones de nouvelles générations peuvent inciter les producteurs à plus entreprendre et à oser prendre de nouveaux risques porteurs.

51 Attenoukon, S. A. (2011) Technologies de l'information et de la communication et rendement académique en contexte

universitaire béninois : cas de l'université d’Abomey-Calavi. Thèse de doctorat : Psychopédagogie. Montréal :

Conclusion

La dynamique de l’évolution du secteur des TIC au Bénin, notamment l’environnement socio- économique, est favorable à l’éclosion des initiatives innovantes au profit des autres secteurs de développement. La mise en place ďactions provoquant de l’émulation chez les jeunes et les poussant à créer des produits numériques est encourageante. La libéralisation de l’environnement et le cadre réglementaire de sa gouvernance sont profitables à l’éclosion de savoirs nouveaux. L’un des secteurs où l’innovation technologique est aujourd’hui indispensable est l’agriculture surtout celle orientée sur les filières favorisant l’entrée de devises comme l’ananas.

La cité de l’innovation et du savoir dénommée « Semecity » en République du Bénin qui vise à « construire aujourd’hui les succès de demain52 » , est un cadre idéal d’expérimentation de produits et de projets favorisant une forte utilisation du potentiel des technologies de l’information et de la communication dans les sphères du développement économique et social. Notre thèse qui se veut inclusive quant aux paramètres à prendre en compte dans la compréhension des rapports entre TIC et bien-être paysan, considère la recherche comme un secteur primordial. En effet, elle ouvre au secteur des TIC et à la ressource humaine qui l'a en charge des perspectives d'appréciation et d'analyse plus grandes et plus spécifiques. Dans le cadre béninois et particulièrement chez les producteurs d’ananas du sud Bénin, l'existence et l'opérationnalisation de ces centres de formation constituent des atouts majeurs d'autant plus que leurs enfants, les jeunes diplômés sortis des instituts et centres universitaires sont aujourd'hui enclins à s'auto employer, ou à retourner dans l'entreprise familiale, ou encore à rechercher du travail dans les filières porteuses comme celle de l'ananas qui en a cruellement besoin. Par ailleurs, l'homme étant l'élément le plus actif dans la chaîne de l'innovation technologique, nous l'avons mis au centre de nos préoccupations, en investiguant aussi sur sa qualité et sa disponibilité pour les producteurs.

64

Deuxième partie : L’approche

théorique et méthodologique

Introduction

La recherche scientifique impose à ceux qui s’y adonnent, la clarification des contextes conceptuels dans lesquels les travaux sont entrepris et menés mais exige aussi un canevas théorique qui soutend le bien-fondé de la recherche. Nous ne nous dérogerons point à ces exigences conceptuelles et théoriques. Lorsque l’idée de notre sujet ainsi que son champ d’observation ont été clarifiés avec le directeur de recherche, nous nous sommes fait le devoir de définir avec plus de précisions les motivations profondes qui sont à la base du choix du thème que nous avons opéré. Les difficultés auxquelles les producteurs d’ananas font face par rapport à l’importance des surfaces emblavées appellent de l’expertise et de l’attention pour changer de caractéristiques et devenir plus performants. Mais cela ne peut se faire sans la définition d’objectifs et d’hypothèses de recherche. Ces démarches nous mèneront directement à la méthodologie à adopter sur le terrain, et serviront par ailleurs de balises pour la collecte des données.

66

Chapitre 5 : Le cadre conceptuel et